La France vue par un publicitaire québécois
Il est une image de la France bien ancrée dans la mémoire collective des Québécois. Elle relève du choc culturel vécu par les Québécois au contact de la France lors d’un voyage ou par le biais du cinéma et de la télévision de l’hexagone. Cette image vient d’inspirer une publicité québécoise pour la chaîne de pharmacies connue sous le nom « Jean Coutu ».
Puisqu’une image vaut mille mots : voir la publicité. Une jeune demoiselle québécoise en visite à Paris demande à deux Français où se trouve le « Jean Coutu » (pharmacie de ce nom) le plus proche. S’ensuit alors une gentille engueulade entre les deux Français à laquelle se joint une Française du haut de son balcon. La jeune Québécoise constate qu’elle n’obtiendra pas de réponse fiable, et elle s’en va en douce, sans dire un mot, pendant que les Français, inconscients de son départ, continuent de s’obstiner.
Le simple fait que cette image de la France soit le thème d’une publicité québécoise en dit long sur son influence dans la perception de la France au Québec. Bref, le choix du publicitaire québécois n’est pas anodin, et encore moins farfelu. Il rejoint la mémoire collective des Québécois.
La tendance des Français à s’engueuler sur tout et rien, en toutes circonstances et en tous lieux, à grands coups d’opinions, frappe encore de plein fouet l’imaginaire québécois. Au Québec, on ne s’engueule pas comme ça devant tout le monde. Placer son interlocuteur dans une telle situation y est perçu comme un manque de respect. Bref, se chicaner en public est un manque de savoir-vivre.
Pour le Québécois en visite en France, c’est un véritable cauchemar. La demande d’information la plus banale peut donner lieu à une engueulade extraordinaire entre les Français interpellés. Je me souviens encore de mon premier voyage à Paris, au début des années 1980. J’avais oublié ma montre à l’hôtel. Je me présente à une dame, et je lui demande poliment si elle peut me dire quelle heure il est. En réponse, elle m’engueule : « Allez vous faire couper les cheveux si vous voulez que vous indique l’heure ». Jamais on ne vous répondra ainsi au Québec, même si vous êtes le dernier des truands. Le même jour, en cherchant la FNAC la plus proche, je suis persuadé que j’obtiendrai une réponse civilisée si je m’adresse à un gendarme plutôt qu’à un simple citoyen, mais ce n’est pas le cas. À ma question : « Pouvez-vous m’indiquer la FNAC la plus proche ? », le gendarme me demande mon passeport sur un ton très sévère, constatant que j’étais un étranger, sans doute en raison de mon accent. Je me suis toujours demandé ce qu’il serait advenu de moi si je n’avais pas eu mon passeport dans la poche de mon veston.
Aujourd’hui, plus de vingt-cinq ans plus tard, je tire la même conclusion, à la lecture des commentaires que suscitent mes textes sur AgoraVox. Est-ce un trait de caractère des Français de s’engueuler comme ça ? En a-t-il toujours été ainsi tout au long de l’histoire de la France ? Est-ce une lente implosion de société française dite civilisée ?
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