La francophonie, un vecteur de croissance économique ?
Le 17e sommet de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) s'est déroulé début octobre à Erevan en Arménie. Cette réunion a permis de mettre en lumière les nouveaux enjeux de la pratique du français et à cet égard, le rôle central de l'Afrique dans la francophonie du XXIe siècle.
Après avoir vécu et étudié en France, j'ai rejoint le Sénégal et puis témoigner que cette chère langue française, longtemps limitée à la théorie, au monde de la littérature et de la philosophie, tire pourtant son épingle du jeu dans le monde des affaires. D'ailleurs son influence ne se dément pas auprès des intellectuels et amateurs de culture du monde entier, le français se classe troisième sur le podium en tant que langue des affaires. Dans le long discours qu'il a tenu à Erevan, le président français Emmanuel Macron a insisté sur cette réalité incontestable.
Plus que jamais, le français doit s'affirmer comme langue du commerce, des entreprises, en plus d'être un moyen de communication diplomatique. Cette francophonie des affaires a d'ailleurs fait l'objet d'un forum parallèle (le FFA) au déroulement du sommet d'Erevan. Cet essor économique en français est principalement porté par l'Afrique francophone. Grâce à ses 700 millions de locuteurs francophones à l'horizon 2020, le continent joue un rôle majeur dans cette transition.
Conscients de cette responsabilité qui est en même temps un atout, de nombreux chefs d’États africains se sont mobilisés. Pas moins de quinze présidents étaient à Erevan et le double de pays se trouvaient représentés sur place. Le président ghanéen, Nana Akuffo Addo (à la tête d'un pays anglophone entouré de pays parlant français) était aussi à Erevan : une preuve supplémentaire de l'intérêt économique de la francophonie.
Des perspectives dans tous les domaines
Le président Macron a exhorté les jeunes Africains à promouvoir l'usage du français et à répandre cette langue de liberté, autant que possible. Les chiffres sont d'ores et déjà prometteurs avec une augmentation de 8% d'élèves et d'étudiants en plus qui apprennent le français à l'échelle mondiale. Cette lingua franca devrait pouvoir s'imposer, au même titre que l'anglais, comme langue des affaires. Pour atteindre ce but, les outils ne manquent pas.
Le cadre juridique qu'offre le droit des affaires français favorise la création d'entreprises. Beaucoup d'avocats se sont spécialisés dans ce domaine, source de croissance économique. Les applications du système juridique français sont diverses et elles favorisent la protection, celle des structures, des salariés, des créateurs et donc des brevets entre autres. Les spécialistes en la matière connaissent souvent le droit européen en plus du droit français, tous deux dérivés du droit romain.
Parmi ces cabinets juridiques, certains sont aussi experts en common law pour faire le lien avec l'économie anglo-saxonne. La francophonie permet donc une ouverture profitable vers le monde, il ne s'agit pas d'un repli culturel ou identitaire. Outre les avocats, d'autres professionnels favorisent une croissance économique via des outils francophones. Les nouvelles technologies se déclinent aussi en français ! Cette langue n'est pas figée ni condamnée au conservatisme. Les académiciens ont intégré 20 000 mots supplémentaires à leur célèbre dictionnaire, dont beaucoup proviennent d'autres langues.
Il est temps aujourd'hui pour tous les Africains, et pas seulement mes compatriotes sénégalais, d'utiliser cette langue pour transformer cet héritage en chance pour l'avenir économique du continent, à l'aube des grands défis démographiques.
- La francophonie est à nouveau dirigée par une Africaine
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