« la gauche bouge » (qu’il disait...)
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A ceux qui pensaient que la Vème République durerait encore longtemps, à ceux qui confondent vie politique et garde-manger, le débat avec la propagande médiatique, l’incendie du moment se charge de rappeler quelques vérités. Au sommet, on tente de colmater la brèche de la coque d’un bateau en perdition. Capitaines abandonnés, ils savent qu’il y a le feu au lac et n’ont d’autre souci que de ne pas couler. Le SMIC les indiffère.
Pourtant, dans cet épisode, ce n’est pas leur vie politique personnelle qui nous importe, mais cette soudaine remise en lumière de la réalité des rapports sociaux dont la politique est l’expression. Arrive le moment où les gesticulations de salons, les stratégies de cour, les petits arrangements entre amis de l’alternance, n’endigueront plus l’irruption soudaine de la réalité sociale du pays.
Car pendant qu’on parle de Cahuzac, les travaux continuent. Les socialistes, affairés qu’ils sont à démontrer qu’ils sont capables, dans une mondialisation des enjeux qui nourrit l’indifférence civique, de gérer mieux que la droite les mutations du capitalisme en crise. Ils ont intégré une fois pour toutes que le chômage de masse et la précarité sont des données intangibles de l’ordre mondial, le tribut à payer par les plus faibles au plus forts.
Pour la précarité, justement, la loi de transcription de l’accord ANI made in Medef discutée actuellement au parlement, fera œuvre d’accélérateur. Le gouvernement montre en ne retirant pas ce projet de loi que pour lui « sécuriser le licenciement économique » est plus important que d’interdire les licenciements boursiers. En définitive, qu’il préfère faire payer les salariés plutôt que les fraudeurs.
Au fond, bien plus que les mesurettes qui seront prises pour « assainir la vie publique » de l’après Cahuzac et amuser la galerie, se pose la question du bras de fer entre la République et le libéralisme, entre la pensée libérale ordinaire et la démocratie sociale.
C’est quand on entend Michel Sapin parler le moins disant social en inversant les normes du droit du travail comme Laurence Parisot qu’on peut prendre la mesure du séisme à venir.
C’est en relisant « La gauche bouge » livre collectif de « transcourants » du PS qu’écrivit François Hollande (sous le pseudo Jean-François Trans…) avec Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Jouyet, Jean-Pierre Mignard qu’on prend la mesure de ce qui arrive.
Il y exposent ce que serait deviendrait la gauche, qui ne serait bientôt « … plus d’abord un projet économique… mais un système de valeurs. Ce n’est plus une façon de produire mais une manière d’être », que « Ce n’est pas par calcul ou par malignité que la gauche a accepté de laisser fermer les entreprises ou d’entamer le pouvoir d’achat des Français. C’est par lucidité. Refuser ces évolutions et ç’en aurait été fait de la perspective d’une gestion régulière du pays par la gauche »…
et ces autres passages :
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« Quant au repli sur la sphère privée, faut-il s’en plaindre ?… »
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« Quelle place accorder à l’individu dans les vingt prochaines années… voilà le seul enjeu. La deuxième piste est plus évidente encore : la lutte contre le chômage exige une extension massive du travail à temps partiel ».
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« La droite sera jugée sur un autre terrain que celui de l’emploi et de la sécurité : celui des mœurs... »
Le libéralisme faisait déjà des petits. Pour les « mœurs », on allait en reparler…
Léon
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