La gauche déclare forfait pour 2012
Et la droite a déjà un maître.
Je ne vais donc parler que du PS. Nous sommes en mai 2010 et à la suite de deux mois où l’incompétence et l’indifférence sont portées haut comme pavillon de la fameuse gouvernance de l’Europe, aucun signal n’a été envoyé au peuple français de la part de l’opposition.
Que dit le PS sinon la même chose que le gouvernement, en enrobant le contenu de sa vision de la France avec des phrases types de genre la politique du gouvernement de droite est brutal et injuste, encourage les inégalités etc.
Jamais de remise en cause franche et entière de sa politique cautionnant la libération à outrance de l’économie.
Dans une tribune publiée dans Libération par la social démocratie, sous l’appel « Europe réveille-toi », comme si cette gauche n’est pour rien dans sa léthargie, voire son agonie. Cette social démocratie à laquelle se rattache le PS, a publié une déclaration incantatoire pour dire les mêmes choses que ce qu’a été fait pendant ces quelques semaines, c’est à dire céder au marché financier : « La réaction face à la crise grecque a été trop tardive, mal ficelée et incomplète. »
D’après cette pseudo gauche la réaction fut tardive, mais de qui se moque-t-on ?? Elle avait fait l’essentiel pour que le non des Français au traité de la constitution européenne refusé par référendum soit bafoué en ratifiant le traité de Lisbonne en Congrès. Donc, c’est effectivement trop tard pour faire quelque chose sinon d’inciter les États membres de l’Europe à penser autrement la mondialisation et comment y faire face. Mais à vingt sept, c’est plutôt demander la lune. « Le dispositif de bric et de broc qui a été retenu, nécessitant une intervention individuelle de chaque État européen et du FMI, ne protège pas de la contagion car il est difficilement reproductible à d’autres États ». S’il est reproductible, ce plan aurait bénéficié de la bénédiction de la gauche décomplexée vis-à-vis d’une Europe au service de la finance mondialisée. On parle de la spéculation comme on parle d’un fantôme, elle est partout mais insaisissable, elle fait peur et il faut s’en protéger comme du loup-garou. On lit plutôt une sorte de fatalisme, se serrer les coudes et faire appel à la solidarité, mais nulle question d’une riposte, de rendre coup pour coup, voire de donner le coup fatal à une situations intolérable aux peuples de l’Europe. C’est quoi la finance ? c’est quoi le marché financier ? c’est quoi la bourse ? Tout le monde utilise ces termes pour diluer les responsabilités, cela arrange pas mal de monde. Ainsi personne n’est responsable, mais tout le monde fait le nécessaire pour redresser la situation. « La zone euro a besoin d’un dispositif de sauvetage des États en difficulté qui puisse être activé rapidement et désarme par anticipation la spéculation. L’Europe en tant que telle aurait très bien pu intervenir sur la base des articles 122 et 143 du traité, comme l’a proposé le Parti socialiste européen, au travers d’un mécanisme européen de stabilité financière, préfigurant un Fonds monétaire européen », C’est maintenant qu’on nous parle des articles 122, 123 et 143 d’un traité d’environ 145 pages qui n’est en fait qu’un corpus hermeticum à la gloire de Dieu le libéralisme à outrance.
Disons un mot sur ce fameux traité avant de revenir aux article susmentionnés.
http://www.traite-de-lisbonne.fr/
http://www.diploweb.com/Le-traite-de-Lisbonne-un-traite-a.html
Ce traité signé le 13 décembre à Lisbonne remplace le feu traité instituant une constitution européenne. C’est le fameux mini traité ou traité simplifié promis par un candidat à la présidentiel de 2007. Mais il n’a de mini et encore moins de simplifié que l’illusion des mots. De son nom véritable « Traité modificatif »,il a fait la compilation et parfois des modifications des anciens traités, les protocoles et la charte des droits fondamentaux de l’union. Ce n’est jamais gagné pour trouver un texte ou une disposition ; il est même fort probable de se perdre dans son labyrinthe si l’on a pas le fil d’Ariane.
Ce traité supposé entrée en vigueur le 01 décembre 2009, mais ce n’est même pas sûr parce que l’Allemagne l’a ratifié le 25/09/2009, et les Pays-Bas le 12/09/2009, voilà un traité qui entre en vigueur avant la ratification de la totalité des pays. On aura tout vu avec cette Europe.
http://europa.eu/lisbon_treaty/countries/index_fr.htm
http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2009/09/lisbonne-avant-referendum/index.html
Quoi qu’il en soit nous subissons les méfaits de cette construction sans vision globale, les promoteurs manifestent un déni et un autisme de la réalité des enjeux de la puissance, se retranchant obstinément derrière un discours angélique d’un monde fraternel et libre où s’épanouit une concurrence libre et non faussé, un dogme religieux qu’il n’est pas bon de discuter.
Revenons à nos articles, et bien pour tout vous dire voici l’article 122 « 1. Sans préjudice des autres procédures prévues par les traités, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut décider, dans un esprit de solidarité entre les États membres, des mesures appropriées à la situation économique, en particulier si de graves difficultés surviennent dans l’approvisionnement en certains produits, notamment dans le domaine de l’énergie.
2. Lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné. Le président du Conseil informe le Parlement européen de la décision prise. » Il en a fallu de temps avant qu’on entende parler de la possibilité d’une entraide et de solidarité entre États. Seulement l’article est imprécis et ne présente aucune visibilité quant au moyens à mettre en œuvre pour venir en aide à l’État en difficulté, bien sûr la notion même de situation difficile n’est pas précise. Le plus grave c’est de se référer à ce texte au lieu d’avoir le courage de faire face à l’origine du mal. Tout fait pour ménager la susceptibilité du marché financier, ce manitou des temps moderne. Rien concernant, la séparation des banques d’investissement et des banques de dépôt, sur la traçabilité des transactions financières et leur taxation voire même leur limitation. On limite la vitesse sur la route, on met un peu partout des radars, on instaure des règles sécuritaires à peu partout, à tort ou à raison, des caméras, des passeports biométriques, des listes de données, des lois contre le téléchargement etc. Mais des actions et de comportement de prédation, ne suscitent que des déclarations de principe et l’appel à la solidarité entre États quand ce n’est pas la main directement dans la poche des salariés et des contribuables.
Quant à l’article 123 « 1. Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
2. Le paragraphe 1 ne s’applique pas aux établissements publics de crédit qui, dans le cadre de la mise à disposition de liquidités par les banques centrales, bénéficient, de la part des banques centrales nationales et de la Banque centrale européenne, du même traitement que les établissements privés de crédit. »
C’est bien la fameuse disposition qui interdit à la BCE de prêter aux États. C’est bien ce que la gauche avait ratifié sans sourciller. Elle n’est pas non plus choquée de voir la mise en place d’un plan qui permet à un système qui a mis à genoux un État européen de le renforcer au lieu de tout simplement le casser. 750 milliards d’euros n’est pas assez aux yeux de la gauche, il faut allez plus loin et donner davantage, question de bien rassasier le marché financier et qu’il ait une petite sieste nous laissant un peu de répit.
Enfin l’article 143 « 1. En cas de difficultés ou de menace grave de difficultés dans la balance des paiements d’un État membre faisant l’objet d’une dérogation, provenant soit d’un déséquilibre global de la balance, soit de la nature des devises dont il dispose, et susceptibles notamment de compromettre le fonctionnement du
marché intérieur ou la réalisation de la politique commerciale commune, la Commission procède sans délai à un examen de la situation de cet État, ainsi que de l’action qu’il a entreprise ou qu’il peut entreprendre conformément aux dispositions des traités, en faisant appel à tous les moyens dont il dispose. La Commission indique les mesures dont elle recommande l’adoption par l’État intéressé. Si l’action entreprise par un État membre faisant l’objet d’une dérogation et les mesures suggérées par la Commission ne paraissent pas suffisantes pour aplanir les difficultés ou menaces de difficultés rencontrées, la Commission recommande au Conseil, après consultation du comité économique et
financier, le concours mutuel et les méthodes appropriées. La Commission tient le Conseil régulièrement informé de l’état de la situation et de son évolution.
2. Le Conseil accorde le concours mutuel ; il arrête les directives ou décisions fixant ses conditions et modalités. Le concours mutuel peut prendre notamment la forme :
a) d’une action concertée auprès d’autres organisations internationales, auxquelles les États membres faisant l’objet d’une dérogation peuvent avoir recours ;
b) de mesures nécessaires pour éviter des détournements de trafic lorsque l’État membre faisant l’objet d’une dérogation, qui est en difficulté, maintient ou rétablit des restrictions quantitatives à l’égard des pays tiers ;
c) d’octroi de crédits limités de la part d’autres États membres, sous réserve de leur accord.
3. Si le concours mutuel recommandé par la Commission n’a pas été accordé par le Conseil ou si le concours mutuel accordé et les mesures prises sont insuffisants, la Commission autorise l’État membre faisant l’objet d’une dérogation, qui est en difficulté, à prendre les mesures de sauvegarde dont elle définit les conditions et modalités. Cette autorisation peut être révoquée et ces conditions et modalités modifiées par le Conseil. »
Cet article parle de la politique économique commune comme s’il en existait une. Et la tribune publiée dans Libération exhorte à « une coordination efficace des politiques macro-économiques, pas seulement pour consolider les budgets mais aussi pour relancer l’économie, avec des délais raisonnables pour réduire les déficits tout en investissant dans la croissance et l’emploi. ».
Tout porte à croire que la le PS se garde d’avancer des propositions pour un changement dans la politique de l’Europe et de la vision libérale des rapports des forces des protagonistes. Que le plus fort ait plus de droit devient tout à fait naturel, attendre uniquement qu’il daigne nous concéder quelque broutille.
Ajouter à cela les conflits de personnes, tout y est pour laisser le champ libre à une droite arrogante estimant qu’elle a carte blanche pour continuer le sac de la France. Quand l’un des ténors du PS déclare du projet socialiste « un programme sans vision neuve » voulait-il dire par là que le parti est dans la continuité, c’est-à-dire que ses membres refusent de travailler ensemble, par peur de faire profiter l’adversaire, qu’il appartienne au même parti ou au parti de gouvernement.
http://www.parti-socialiste.fr/articles/benoit-hamon-lever-le-tabou-du-financement-des-retraites (à la 5’).
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