La Géorgie à nouveau menacée par Vladimir Poutine
Qu’on se le dise, Vladimir Poutine n’a pas abandonné ses ambitions impérialistes dans le Caucase, bien au contraire. Dans une interview à une télévision russe accordée il y a quelques jours, le président russe s’est montré particulièrement inquiétant vis-à-vis de son voisin géorgien. Le Kremlin voudrait-il reconquérir par la force la Géorgie ?
Particulièrement cynique, Vladimir Poutine a admis que la guerre de 2008 opposant la Russie à la Géorgie avait été prévue et planifiée par l’Etat-major de l’armée russe. « Il y avait un plan, ce n'est pas un secret… C'est dans le cadre de ce plan qu'a agi la Russie. Il a été préparé par l'état-major général, fin 2006 ou début 2007. Il a été approuvé par moi et convenu avec moi » a-t-il avoué en direct admettant enfin que la version officielle d’une intervention russe pour soutenir les frères ossètes attaqués par la Géorgie était fausse.
Cette version, contestée depuis 2008 par le président géorgien Mikhail Saakachvili, avait pourtant convaincu les européens. Or, Poutine admet à présent que la Russie entraînait et formait même des miliciens ossètes en vu d’un appui après le lancement de la guerre.« Dans le cadre de ce plan, un entraînement de miliciens d'Ossétie du sud a été effectué (...) Nos spécialistes militaires pensaient initialement que ces milices ne pourraient pas aider dans une confrontation entre armées régulières, mais en fait, elles nous ont été fort utiles. » a expliqué le président russe.
Si Vladimir Poutine se permet de narguer ainsi les occidentaux, c’est qu’il se sait actuellement intouchable. En période électorale, les américains n’oseront jamais s’opposer à ses desseins. Quant aux européens, ils doivent tout d’abord gérer la crise de la zone euro.
Devant une telle léthargie diplomatique, le président russe pourrait ainsi décider de s’emparer de la Géorgie d’après de nombreux observateurs.« L'état-major général russe a sans doute un autre plan pour envahir et occuper le reste de la Géorgie. Comme en 2008, la décision de l'activer sera décidée par la même et unique personne, Vladimir Poutine. » affirme ainsi l’expert militaire Pavel Felgenhauer.
Vladimir Poutine a deux options : soit il utilise la manière forte et attend le moment opportun pour lancer ses troupes vers son voisin géorgien, soit il cherche à mettre à la tête de la Géorgie un pantin qui représentera les intérêts de la Russie, transformant ainsi à nouveau Tbilissi en vassal de Moscou.Ce pantin est déjà connu : l’oligarque Bidzina Ivanishvili, ouvertement soutenu par la Russie dans l’optique des élections à venir.
Celui-ci mène actuellement une campagne particulièrement agressive ciblant notamment les minorités ethniques et sexuelles et draguant principalement les ultra-conservateurs et l’Eglise orthodoxe.
Pour l’instant, Moscou joue les deux cartes. L’armée a d’ailleurs prévu en septembre, soit juste avant les élections législatives prévues le 1er octobre, des manoeuvres militaires dans le Nord Caucase avec la collaboration des forces armées des provinces séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Plus de 8 000 soldats devraient être mobilisés. Beaucoup de géorgiens, dont plusieurs blogueurs influents, se méfient d'un scénario similaire à celui d'août 2008. La Russie avait effectué des manoeuvres militaires dans le Caucase juste quelques jours avant d'envahir la Géorgie à ce moment-là.
Dans tous les cas, de telles opérations devraient mettre une grande pression sur les électeurs géorgiens au moment de voter. Bidzina Ivanishvili fait d’ailleurs d’ores et déjà valoir ses excellentes relations avec Vladimir Poutine afin de convaincre les géorgiens qu’il incarne un moindre mal, fût-ce au prix de facto d’une perte d’indépendance.
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