La grande « panne » SNCF de Montparnasse : entre amateurisme et mépris des passagers (j’y étais !)
La matinée de ce dimanche 3 décembre 2017 partait plutôt bien. Après un café-croissant dans une brasserie jouxtant la cathédrale de Chartres (28), votre narrateur se dirigeait vers la gare SNCF pour attraper le train de 10h50 en direction de Paris-Montparnasse. Des raisons familiales me poussaient à gagner la capitale, ainsi que le plaisir de retrouver la cité pré-décorée pour les fêtes de fin d'année, une joie dont on ne peut se passer quand on a grandi, étudié et vécu dans une des plus belles villes du monde. Hélas, la journée allait tourner au cauchemar.
Arrivé sur le quai, j'apprends que mon "taxi" a dix minutes de retard, "pour raisons techniques". La routine, rien de bien inquiétant, mais il s'agissait en fait d'une entrée en matière. Après un trajet normal jusqu'à Versailles-Chantiers, où le train est arrivé vers 11h50, les choses sérieuses allaient commencer...
Cinq, dix, quinze, vingt puis trente minutes d'attente à quai, puis une annonce du conducteur, visiblement aussi agacé que ses passagers : 'je vous informe que ce train n'ira pas plus loin que Viroflay, en raison du non-respect de la fin de travaux prévus pour midi, et retardés en gare de Clamart. Je ne vous présente pas mes excuses au nom de la SNCF, car le personnel n'est pas responsable de la politique de privatisation, et de la décharge vers des sous-traitants des travaux d'entretien" (!)
Voilà qui avait le mérite d'être clair. Direction, donc, le quai voisin et le RER C pour gagner le coeur de la capitale. Mais le meilleur restait à venir.
Au domicile familial, une chaine info nous appris qu'une "panne majeure" bloquait tous les trains en gare de Paris-Montparnasse. Conséquence des fameux "travaux", un panneau de signalisation numérique a lâché : ce fameux "bug" dont parlait un responsable de la SNCF en soirée. Autrement dit, on sous-traite des tâches autrefois réalisées par des ouvriers d'état à des branquignols payés au lance-pierre, et en prime il n'y a plus de personnel en veille le dimanche pour la maintenance du système. Car c'est toujours le jour du seigneur que tout lache à Montparnasse (en fait, à Vanves-Clamart où sont situées les installations de signalétique). Merci les réformes du sacro-saint libéralisme économique, ses réductions d'effectifs de personnels publics et ses privatisations foireuses !
Il fallait donc rentrer plus tôt que prévu vers Chartres, en esquivant Montparnasse. Vers 16h30, Je suis passé par la ligne 10 du métro, puis à nouveau le RER C jusqu'à Versailles. Là, surprise ! J'apprends que les trains pour ma destination sont parqués à La Verrière (!), quatre stations plus loin. J'attrape un nouveau train pour cette destination, de justesse, sachant qu'il n'y a le dimanche qu'un train par heure cette destination.
Arrivé à La Verrière, je découvre un décor digne de juin 1940. Des masses de "réfugiés" sur le quai, fatigués et énervés. Des enfants en pleurs, des vieillards résignés. Aucun agent SNCF pour renseigner les passagers, seuls deux panneaux d'informations, avec des horaires de passages de trains fantaisistes. Avec d'autres compagnons d'infortune, je m'engouffre dans une rame à destination de Rambouillet. Arrivée vers 18h30... Et là, le meilleur gag de la journée se produit !
Il y a une correspondance à destination du Mans (via Chartres), sur un autre quai. Les gens se précipitent, une mère de famille manque de se ramasser dans l'escalier. Puis c'est la consécration : arrivés aux portes du train, celui-ci n'ouvre pas ses portes et part, quasiment vide (!) malgré les cris des passagers indignés. Car pour son zélé conducteur, l'heure c'est l'heure. Le gars est un bon fonctionnaire, tout aussi crétin et borné qu'un rentier libéral : ni jugeotte, ni soucis des autres, aucun respect pour ses semblables.
Bref, il fallait attendre 18h48 le prochain train. Il ne passera qu'à 19h50. Pourtant, il n'y a ni panne ni travaux entre La Verrière et Rambouillet. Il n'y a que l'amateurisme des cadres de la SNCF, les sous-effectifs le week-end et le mépris pour le troupeau des passagers. Un seul agent d'accueil présent dans la gare, un jeune gars payé à encaisser les mécontentements. Avec le froid et la nuit, l'atmosphère était sinistre. A noter que les passagers qui désiraient se rendre de Rambouillet au Mans devaient emprunter un train à 19h46 qui n'est jamais passé, puisque le notre, omnibus, bloquait la voie jusqu'à Chartres...
Arrivé à destination à 20h20 après quatre heures de périples, je suis rentré chez moi encore plus écoeuré par le triste état de ce qui fut jadis une grande nation, avancée, moderne, humaine et efficace. Nous avons vécu ce dimanche 3 décembre 2017 les conséquences à la fois de l'ultra-libéralisme et de la dénationalisation des consciences, qui engendre l'absence de respect pour les autres.
En bon libéral, le PDG de la SNCF annonce qu'il remboursera le peuple des passagers. Pas de bol, j'ai déchiré et jeté mon billet à l'arrivée, mais de toutes les façons je me fiche de sa charité. Au lieu de nous rendre nos cacahouètes, qu'il s'occupe de faire fonctionner correctement son service public semi-privatisé, ou qu'il nous dise clairement, après cet énième incident, que la France va descendre au niveau du Royaume-uni post-thatchérien, où les trains déraillaient faute d'entretien des voies. Assez de foutage de gueule messieurs ! Vous qui circulez en voitures de fonctions et en hélicoptère quand le peuple doit se serrer dans des rames bondées et sales. Rendez-nous nos trains modernes et ponctuels et respectez-nous, svp !
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