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La guerre comme idiotie (9) : faire des ronds dans l’eau, c’est bien joli, mais...

La gabegie américaine et une forme prononcée d'incompétence s'étend à tous les stades de cette société où l'industrie d'armement maintient des centaines de milliers d'emplois, ou crée des engins totalement inutiles parfois comme on a pu le voir ici. Mais c'est aussi une industrie où la recherche de l'argent facile fabrique désormais des choses non seulement mal conçues mais aussi mal faites. L'épisode des bateaux de combats côtiers (Littoral Combat Ship ou LCS), rappelée ici par un lecteur attentif de ces questions, lors d'une publication précédente, illustre parfaitement la chose. Sur le papier, ces engins, de deux sortes, savent faire, c'est sûr, de magnifiques ronds dans l'eau. Le problème étant que ce n'est pas ça qu'on leur demande de faire comme mission.

Au départ, il y avait une belle intention, ma foi. Ce n'était pas de faire des ronds dans l'eau, mais de les éviter, avec l'achat de plusieurs sortes de navires. La Navy avait pris conscience en 2001 qu'elle avait... trop de navires, de tailles et de fonctions différentes, et qu'il était selon elle certainement possible de simplifier tout ça, en regroupant quelques fonctions bien précises sur les mêmes coques, au lieu de continuer à fabriquer des navires tous différents les uns des autres. En quelque sorte un bateau à tout faire.... voilà qui nous rappelle le sinistre F-35 en aviation, qui lui aussi devait tout faire en trois variantes présentées comme fort peu différentes au départ et devenues depuis des avions bien différents. Et le problème va se reproduire en effet : pour ménager les susceptibilités politiques, le contrat initial est réparti entre deux entreprises quine trouvent rien de mieux que de pondre deux projets totalement différents et aux équipements incompatibles entre eux ! Le programme LCS démarre avec les mêmes tares que celles du F-35 ! 

A peine les navires lancés, le Congrès se réveille en s'apercevant de la gabegie. Pour le Congrès et son rapport au vitriol de mars dernier seulement, la gamme des LCS devait aussi être au départ "une marine de combat de surface relativement bon marché équipée avec des paquets de mission modulaires "plug-and-combat" pour la lutte contre les mines, de petits bateaux et sous-marins diesel-électriques, en particulier dans les eaux littorales". En somme, des bateaux pas chers équipés à la volée selon les besoins des missions". Les espoirs de la Navy étaient ainsi clairement exposés : "le LCS est conçu pour satisfaire les besoins urgents à faible tirant d'eau des navires destinés à opérer sur le littoral (en eaux côtières) pour contrer les menaces croissantes des potentiels « asymétriques » tels que les mines côtières, les petits sous-marins diesel et au potentiel de transport d'explosifs ou de terroristes sur de petits bateaux rapides, et armés." On songe bien sûr aux démonstrations régulières des redoutables vedettes iraniennes lance obus autopropulsés, toutes fabriquées à partir d'engins civils, parfois issus de chantiers de bateaux de sport. L'annonce en 2010 de la production de copies iraniennes du Bladerunner 51, vedette rapide de 16 tonnes et 15.5 mètres de long, l'un des bateaux sportifs anglais des chantiers ICE parmi les plus rapides au monde accentuant la menace. La même semaine de l'annonce, les iraniens annonçaient le lancement de sous-marin de type Ghadir, des petits engins (120 tonnes) fort rustiques, correspondant exactement à la menace que serait chargée de contrer le fameux LCS. Des engins faciles à construire en masse, comme le montrent des clichés satellites pris au dessus de la base navale de Konarak. Au départ, donc, ces deux navires correspondaient bien à un besoin.

On pensait donc n'avoir qu'une seule proposition : c'est compter sans le lobby des industries d'armement. Sur les 375 navires différents existants pour effectuer des missions similaires, le contrat conclu en 2004 devait en remplacer une soixantaine. 56 exactement, dont 30 frégates FFG-7 de classe Oliver Hazard Perry (de 125 à 138 m de long et 4200 tonnes), 14 petits MCM de classe Avenger, commissionnés en 1987, faisant 1300 tonnes pour 68 m, spécalisés dans le déminage et les contre-mesures, et 12 MHC-51 de classe Osprey, datant de 1993, des petis chasseurs de mines côtiers de 57 m de long et 800 tonnes. On s'attendait donc à un seul candidat à retenir, quand la Navy annonce qu'elle en a retenu deux... différents. Des sénateurs et des Congressistes ont dû batailler ferme, on suppose, pour que l'on coupe ainsi la poire en deux... multipliant à long terme les frais d'entretien : le bel espoir des débuts de tout unifier est déjà vain. Dans son rapport, le Congrès remarque amèrement que "les deux navires utilisent également une différente intégration des systèmes de combat (c'est à dire, des différentes sortes de capteurs intégrés, d'ordinateurs, de logiciels et d'écrans tactiques) qui ont été conçus par chaque équipe industrielle." L'un attribué à Lockheed Martin, habituellement connue comme entrreprise d'avions et de fusées, et l'autre à General Dynamics, elle aussi issue du milieu aérien. Deux entreprises qui ont diversifié ces derniéres années leur usage de l'aluminium et des matières composites dans le milieu marin. Au final, les deux projets se retrouvent fort différents, extérieurement : l'un est un navire classique, l'autre un trimaran d'allure révolutionnaire. A bien regarder, en réalité les deux... proviennent de recherches étrangères. Le Freedom Class a de fortes allures de navire italien de chez Fincantieri, la société associée à la construction des frégates Fremm françaises qui semblent bien avoir lancé un design nouveau après l'épisode Sawari.  La firme, qui construit aussi des bateaux de croisière prestigieux, a récemment construit les caissons pour relever le Condordia. A bien regarder, ce n'est pas vraiment une surprise : Marinette Marine Corporation, la subdivision de Lockheed Martin (Marietta, jadis) appartient à... l'italien Fincantieri, qui fournit par exemple à bord les générateurs électriques diesel V1708, signés Isotta Fraschini, marque connue de moteurs italiens... appartenant aussi à Fincantieri. Pour le design, outre le modèle italien, en réalté Lockheed-Martin avait au départ dessiné... une frégate, qu'elle avait ensuite réduite en taille à deux reprises pour fabriquer... la plus petite proposition : dès la conception, le design était floué... par cette frégate rapetissée ! C'était plutôt "Chéri, ils ont rétréci le bateau" comme concept ! 

De l'autre côté idem, mais avec des australiens, ceux de chez Austal, le navire étant fabriqué au chantier Austal USA de Mobile en Alabama. Austal fabriquant des bateaux de garde-côtes pour la Navy australienne. Mais aussi un trimaran, le Multirole vessel (MRV 80) de 80 mètres de long en aluminium (ici en vue 3D à gauche), proposé en 2009. Visiblement élaboré sur la même idée de départ que l'Independance Class de sa filière US.  La mondialisation produit aussi ce genre de phénomène, et l'argument de donner du travail à des ouvriers américains en prend un coup également lorsque l'on apprend que le troisième exemplaire de Freedom Class sera produit en italie même par... Fincantieri ! Un exemplaire... supprimé des commandes de chantier US en 2007, à moins d'un arrangement sur le prix, jugé par la Navy trop élevé : visiblement, les chantiers italiens travaillent... à moindre prix ! Ce n'est pas le seul emprunt étranger : le canon sélectionné pour les deux navires, le 57mm Mk 110 Naval Gun signé BAE et General Dynamics n'est que la copie du Bofors Defence 57 mm Mk 3. Un canon facturé 7,2 millions de dollars pièce !

Les premiers engins décidés sont donc construits, on les lance et ils effectuent leurs premiers essais qui ne vont être, pour les deux modèles, qu'une longue suite de déboires, comme le relève l'effrayant rapport du Congrès. Effrayant, car non seulement on y trouve des choses défectueuses, ce qui peut toujours apparaître lors de nouvelles séries, mais qui semblent structurelles ou mal pensées. Tout d'abord des pannes à répétition, notamment électriques, dont une qui tombe fort mal : lors de son premier déploiement à l'étranger en juillet 2013, (la honte !) l'USS Freedom tombe en panne complète d'électricité !! Les moteurs italiens ne fournissent plus de courant ! Un posteur moqueur fait remarquer que c'est délicat, en effet, ces pannes où on se retrouve dans le noir, si l'on vient de faire sur le rivage des prisonniers terroristes dont la prison possède elle aussi une porte... électrique !!! En mars, le navire en avait déjà eu trois consécutives ! Ce qui a le don de rendre furax un de ses opposants : "Je n'aime pas vous dire "nous vous l'avions bien dit'", a déclaré Ben Freeman, qui a mené la charge contre LCS au très efficace POGO, un projet de surveillance des dépenses du gouvernement (Freeman est maintenant le conseiller de la sécurité nationale chez Third Way, un groupe de réflexion démocratique plutôt centriste). "Nous parlions déjà de ces problèmes il y a deux ans, et on nous a dit à l'époque .... que tout cela sera traité, les défaillances de l'équipement comme les fissures"... ce qu'on ne pourra pas "traiter" c'est le fond plat de la LCS-1, qui rend sa navigation en haute mer difficile : c'est bien joli de pouvoir s'approcher du rivage, mais ça se paie une fois en pleine mer ! Bravo la gerbe à bord avec cette planche de surf géante ! 

Des fissures ? Oui, et de graves, découvertes aussi sur l'autre type de navire, le trimaran, comme sur l'USS Freedom, ces dernières dûes a de mauvaises soudures, paraît-il. Des photos sidérantes de rouille interne ayant déjà envahi le navire quasi neuf n'étaient pas là pour rassurer !!! Le trimaran souffrant lui d'un autre mal : un mal connu pourtant. L'engin fonctionne avec des hydrojets, ses canaux internes sous la coque qui accèlèrent l'eau rejetée à l'arrière comme moyen de propulsion (dont l'énergie est fournie par deux turbines dérivées de réacteurs General Electric, des LM 2500, ici visibles à droite). A l'avant, à pleine vitesse, son étrave ne crée pas de vagues !  Le chantier australien fabricant des catamarans géants dotés de ces engins utlisant des modules hydrojets Wärtsilä LJX 1720 (ici à gauche), on aurat pu penser que ce seraient les mêmes à bord du LCS-2 (D'autant plus qu'il fabrique aussi des catamarans géants pour l'armée US, copies des premiers, tel ce HSV2 Non, ce sont des hydrojets Axial-Flow Waterjet Mk-1, fournis par Rolls-Royce Naval Marine de Walpole, dans le Massassusets., en collaboration avec l'ONR et le Naval Surface Warfare Center, de la Carderock Division. Or ces canaux d'hydrojets sont découverts corrodés en raison du contact entre l'aluminium et l'acier, dont on connaît pourtant les déboires depuis des lustres ! On sait néanmoins les assembler, notamment par friction, à condition de respecter quelques normes strictes. Qui ne semblent donc pas avoir été suivies ! Un spécialiste commente de façon sacarstique l'oubli fondamental lors de la construction du navire : "il s'avère que ce n'est pas la rouille, mais plutôt une question d'électrolyse entre les parties de l'hydrojet en acier inoxydable et les coques en aluminium, et lorsque la marine appelle un problème d'électrolyse une "corrosion agressive » cela me donne à penser que le métal a complètement disparu - et n'est donc pas rouillé. Dans le. cas du LCS-2, le problème aurait été accéléré par des courants pulsés dans la coque dûs à des problèmes de réseau de distribution électrique du navire, ceux qu'il a éprouvé depuis qu'il a été remis à la Marine. Normalement, un problème d'électrolyse serait empêché par l'utilisation d'un système de protection cathodique (CPS), mais ne devriez-vous pas le savoir - l'USS Independence (LCS 2) n'a pas de CPS..." Ne pas y avoir songé relevant... de l'incompétence la plus totale ! 

Le trimaran d'aluminium est allé en essai quatre jours seulement, dans le Golfe de Mexico, par temps clair et pas de houle. Cela a suffit pourtant pour déterminer tout un lot de malfonctions, notées ici par le rapporteur du Congrès : "la disponibilité de l'Indépendence (le LCS-2) pour tenir l'essai a été dégradée par des pannes d'équipement, y compris les problèmes de pupitres de commande, les équipements de production d'énergie, les composants informatiques du navire et l'équipement de mise en réseau, les composants de la chaîne cinématique de propulsion et les systèmes de communication. La Navy rapporte que les améliorations récentes apportées à la fiabilité des composants de la structure touchés ont permis d'améliorer la disponibilité opérationnelle de l'Indépendence ; cependant, aucun test de développement opérationnel formel n'a eu lieu pour quantifier cette amélioration" En somme, les essais avaient été largement ratés, ce qui n'a pas empêché la Navy de clamer "qu'ils avaient été réussis". .... L'une des craintes du Congrès qui demeurait étant la façon de contenir un incendie à son bord : "le test initial de feu d'aluminium a porté sur la dégradation de la résistance des panneaux d'aluminium et les soudures à des températures élevées (....) Les tests d'arrachement ont recueilli des données nécessaires à l'élaboration des méthodologies appropriées pour la simulation de rupture ductile à l'échelle structurelle dans le cadre des éléments de tout le navire".. mais rien de plus précis sur le sujet, pourtant crucial, les navires en aluminium résistant beaucoup moins au feu que ceux en acier, on le sait.

L'autre désastre étant les communications à bord. Un sujet crucial pour des navires dépendants d'autres ou du rivage qu'ils sont chargés de contrôler (en photo le lancement sur le côté pas trop orthodoxe du monocoque USS Freedom). Le rapport sur le sujet est impitoyable : "la Marine a cerné les limites dans ses quatre rapports internes de la capacité des systèmes de communication des LCS pour transmettre des données par voie électronique", explique le GAO dans une récente mise à jour officielle du rapport. Pour le « Littoral Combat Ship, la marine doit tenir compte des limites du système de communication et obtenir des données opérationnelles à des coûts supplémentaires. Le LCS dépend de l'appui opérationnel et du contact avec le rivage plus encore que les autres navires de la Marine, aussi la fiabilité et la pertinence des systèmes de communication, et la bande passante nécessaire pour transmettre des informations, sont essentiels à l'efficacité des opérations et à leur tenue », note le GAO (...). Un rapport interne de la Marine a constaté que des problèmes avec le système de données ont persisté pendant des mois, entre autres problèmes de connectivité". Les données en question servant aussi à la maintenance du navire, qui se retrouve en difficulté si elle ne peut y accéder (non seulement il tombe eb panne, mais on ne peut le réparer en ce cas !) : "la flotte de LCS repose sur la maintenance conditionnelle, une méthode d'utilisation des capteurs pour surveiller et compiler des données sur la santé et la fonctionnalité des systèmes à bord du navire. Les avantages de cette méthode sont nombreux, car il permet aux ingénieurs d'identifier rapidement les problèmes potentiels dans le processus. Plus vite les problèmes antérieurs sont retrouvés, plus il est facile de maintenir un haut degré de fonctionnalité à bord et réduire les coûts de réparation les plus bas, à affrimé le capitaine Brintzinghoffer (c'est le "program manager for LCS fleet introduction and sustainment").. En particulier, la LCS utilise un système de collecte de données que la Marine a mis sur les navires dans le cadre d'un programme pilote. En outre, la LCS utilise aussi Oculus, une technologie d'analyse de l' état ​​du système construit pae Lockheed, et conçu pour compiler les données des systèmes opérationnels d'un navire". Plutôt gênant ! Voila une reminiscence maritime des déboires du F-22, la merveille muette avec les avions qui ne sont pas de son espèce.  Pour le déminage ce n'est guère plus enthousiasmant précise le rapport : "par exemple, le système de déminage télécommandé a connu des problèmes de performances. Depuis la Navy a conclu qu'il n'y a pas de meilleure alternative qui existe et que le système est en cours d'amélioration, et sera livré à partir de 2015 . De plus, le système laser de détection de mines de la Navy , utilisé pour détecter les mines de mer près de la surface, a su identifier de tels objets, mais la Navy prévoit des mises à niveau pour améliorer ses performances". Des démineurs qui détectent mal les mines, voilà qui pourrait être... dangereux (en illustration, le système "Arrete" mis en cause, un système aéroporté) ! Un journal peut titrer de façon amusante que comme on a détecté 640 erreurs après les essais, l'USS Freedom représente presque 2 erreurs par million dépensé (étant facturé 350 millions au départ). Un autre ironise sur "Back to the Future".... et renvoie les engins à la planche à dessins !

 

Pour ce qui est de la lutte anti sous-marine, c'est pire encore, en effet. Même les coucous bricolés par la marine iranienne avec leurs schnorkels larges comme des poteaux télégraphiques n'auraient méme pas été détectés ! "La Navy a redémarré le développement d'un module de guerre anti sous-marin en raison de l'échec du module initial, que la Navy a acheté mais a annulé car il ne pouvait pas fournir suffisamment de capacités (...). La Navy est en train d'analyser ce module de remplacement et les plans pour la livraison initiale en 2016 et sa pleine capacité opérationnelle en 2018. Est prévu d'y inclure la conception une profondeur variable du sonar, qui, selon les responsables, obtient de bons résultats en tests initiaux, et un détecteur remorqué parmi d'autres technologies. La maturité de ces technologies n'a pas encore été évaluée de manière indépendante". Bref, ça devrait marcher, mais rien n'est encore prêt... mais on a construit quand même le navire ! Un navire pas fait pour les eaux asiatiques, selon Bloomberg.

Et ce n'est pas fini encore. Le premier grief militaire que font les commandants des deux navires étant qu'ils sont très largement sous-armés pour lutter contre des attaques terroristes ou mener des combats de rivage. En janvier, une première sonnette d'alarme est tirée : "le LCS ne survivra pas à un combat. C'est l'avis de Michael Gilmore, le directeur des essais et des évaluations opérationnelles du Département de la Défense, dans une étude annuelle envoyée au Congrès le vendredi et officiellement publié mardi. La pensée de fond de Gilmore est que le Littoral Combat Ship (LCS) "ne devrait pas survivre" dans un combat. Son bureau annnonçant la réalisation dans la foulée d'un "test général de survie" pour les deux premiers LCS, pour donner à la Marine du temps pour compléter "un scénario d'analyse des dommages."  En d'autres termes, Le Freedom effectuera sa première grande mission à l'étranger - de police maritime et de lutte contre la piraterie autour de Singapour - sans passer cet examen crucial". Un beau pavé dans la mare ! Ce dont menace Gilmore, ce "test de survie", c'est ce que Craig Hooper, un bloggeur spécialisé, appelle un "shock test". A savoir une explosion réelle de mine ou de charge conséquente auprès de la coque pour savoir si elle résiste. Ou non. Et selon certains, il n'est pas sûr que les deux navires encaissent ce fameux choc... qui devrait être testé sur les navire 5 ou 6 de la série, ce qu'il estime être tardif. Etonnant qu'on n'y ait pas songé avant, lorsqu'il s'agît des... démineurs !

Zone militaire a relevé deux autres singularités encore : "mais ce n’est pas tout : la largeur des navires est trop importante pour leur permettre d’accoster dans certains ports, voire même leur empêcher d’évoluer à leur aise dans les « eaux resserrées », la décision de construire deux modèles va compliquer l’entretien et la logistique (il fallait s’en douter…) et surtout, le concept de modularité y est remis en cause. Pour être efficace, il doit être possible d’échanger les modules de missions en moins de 96 heures. Or, indique le rapport, cela n’est valable que si les équipements sont à proximité du quai où est amarré le LCS. En réalité, souligne le rapport, « réunir sur place tout le personnel nécessaire et le matériel adéquat pour procéder à l’échange pourrait prendre plusieurs semaines », ce qui, bien évidemment, amoindrit considérablement « l’utilité tactique initialement envisagée par les concepteurs. » Des navires pas faits pour les quais (le LCS-2 s'entend !) et des modifications qui auraient dû prendre quelques heures qui durent des semaines, on croit rêver... en comparaison, en Russie, la corvette de type Steregushchy sortie en 2006 est 30% plus petite mais bien mieux armée à canon de 100 mm, semble beaucoup plus efficace (et plus rustique, elle utilise 4 moteurs Kolomna diesels de 23 664 ch et non des turbines d'avion !). 

Le pire, c'est que l'US Navy s'en est déjà elle-même persuadée, de ces faiblesses, au point que le 13 mars, dans un mémorandum très sévère signé par l'acheteur en chef de la Navy, Sean Stackley et le Chief of Naval Operations Administration, Jonathan Greenert, on peut lire qu'ils proposent tous deux d'abanonner la série et de rechercher un autre type de bateau :“un petit navire combattant efficace et plus capable, proche des capacités d'un frégate". Ils lui reprochent aussi, comme Gilmore son manque de survivabilité, mise en cause également : "les défenseurs du programme ont souligné sa vitesse et son armement, en disant que le navire a été conçu pour des multi-missions missions en eau peu profonde et qu'il n'a jamais été conçu pour fonctionner comme un destroyer. Cela étant dit, l'usage par les force de combat d'un petit navire de surface est fortement liée à sa capacité de survie et à sa létalité en tant que paramètres exigeants et fondamentaux", selon leur note. La remarque prend de l'ampleur en avril lorsque le sénateur McCcain (dont l'avion à été descendu au Vietnam par la DCA) qui est resté très influent au sein du Senate Armed Services Committee, s'en empare et déclare que tout le programme est une "honte". Car l'idée de la fragilité face aux attaques traînait depuis des mois, voire des années déjà : en décembre 2011, Gilmore avait déjà dit et écrit noir sur blanc que "le LCS ne devrait pas survivre dans un environnement de combat hostile". Ce qui n"avait pas été entendu en haut lieu : lors d'une exposition navale en avril 2012, le Secrétaire Ray Mabus avait insisté pour dire que LCS est "un navire de guerre et il est tout à fait capable d'aller dans des situations de combat", tandis qu'il annonçant pour 2013 son déploiement à Singapour.

En Italie on réagit vite : à peine savait-on que le 57 de BAE semblait léger, Finmeccanica se précipitait pour proposer le sien, son OTO Melara de 3 pouces (76mm), ancien Otobreda, refroidit par eau et tirant 3 fois plus loin que le canon initial. A voir la vidéo il tient la cadence ! C'est déjà celui utilisé sur la Classe Oliver Hazard Perry, tel l'USS Stark (en calibre 62 mm). Au Pentagone aussi on réagit, mais plus lentement. C'est la Deputy Defense Secretary Christine Fox qui prend enfin l'initiative de rédiger un mémorandum demandant de réduire le nombre de navires commandés de 52 vaisseaux à 32 seulement, étant donné les dégâts perçus sur les premières livraisons. Ce qui permettait d'attendre un peu avant de lancer une toute autre série de remplacement. Et de payer grassement les mises à niveau des engins existants, en paliant à leurs insuffisances... si c'est possible, malgré leur " prix fixe" de départ. Le 12 mars, la Navy commandait donc 4 navires pour l'année : à 699 millions les deux coques pour Lockheed-Martin et deux exemplaires, et à 684 millions pour Austal le contrat pour les seules coques (les navires étant équipés par un autre contrat). Chuck Hagel ayant réduit entre temps de 52 à 32 le nombre de navires à livrer. En ajoutant, plutôt embarrassé que Hagel "j'ai vivement conseillé à la Marine d'envisager une conception entièrement nouvelle, la conception des navires existants, et un LCS modifié. Nous devons étudier de près si le LCS a la protection et la puissance de feu pour survivre contre un adversaire militaire plus avancée et les nouvelles technologies émergentes, en particulier dans la région Asie-Pacifique", a déclaré Hagel. Sous entendu la Chine ou la Corée, ce pour qui avaient été imaginés les LCS en 2001... "Les menaces sur les navires combattant de surface continuent de croître - et pas seulement des puissances militaires de pointe, mais aussi avec la prolifération de munitions anti-navires des plus avancées et précises à travers le monde," ajoutait en chœur Christine Fox : bref ce sont des frégates dont ont besoin les américains ! Le Coronado, quatrième LCS de type Trimaran a été livré le 15 avril dernier (juste avant ses moteurs avaient pris feu !).... pas sûr qu'on aille jusque 32 exemplaires, à ce rythme là. Le "LCS Council", réunion ad hoc de pontes de la Navy créée pour le programme et qui avait demandé une révision en août 2012 est sabordée, et remplacée par le "Small Surface Combatant Task Force (SSCTF)", en mars dernier. A sa tête, John Burrow, du Marine Corps Systems Command, assisté par le Vice Adm. Tom Copeman, le responsable de la base navale de San Diego, qui avait ardemment souhaité le remplacement des LCS... voilà qui augure mal du futur du programme. Et cela urge : les frégates Oliver Hazard Perry FFG 7 seront toutes hors-service l'année prochaine !

Un spécialiste travaillant pour le Congrès résumant le problème de fond : "Ronald O'Rourke (c'est lui l'auteur du rapport au Congrès) a ajouté : « La Marine, avant d'annoncer les LCS comme solution privilégiée pour l'exécution de ces missions, n'a jamais procédé à une analyse rigoureuse de plusieurs des concepts montrant qu'un navire petit, rapide, et modulaire était en fait le meilleur et le plus prometteur façon de le faire". Avait-on besoin par exemple de navires super-rapides capables de faire de tels ronds dans l'eau ? Pas sûr ! Fallait-il choisir une turbine ou un bon vieux diesel ? Face aux attaques rapides, via des bateaux évoluant comme des bateaux de sport, est-ce nécessaire d'aller... moins vite qu'eux avec une turbine consommant beaucoup ? En fait, la Navy ne sait pas ce qu'elle veut. En 13 années de réflexion sur le sujet, elle n'a toujours pas tranché. Et là, un autre débat s'est en effet engagé : l'idée qui a prévalu au départ pour les LCS est que de petits navires "économiques" pourraient faire l'affaire s'ils travaillaient en réseau avec un vaisseau amiral plus résistant (un destroyer, beaucoup plus cher), un concept cher à l'amiral Arthur Cebrowski (décédé en 2005, il adorait se faire tirer le portrait, comme Petraeus, voir ici avec l'artiste peintre), appelé en 2001 comme responsable pour la Navy par Donald Rumsfeld, pour qui donc la survivabilité n'est pas un problème.. sur les "petits" navires. "Cebrowski soutient que vous n'avez pas à mettre toutes vos armes et vos capteurs sur un seul grand bateau : Vous pouvez avoir plusieurs petits vaisseaux reliés par un réseau et travaillant de concert. Si l'un d'entre eux est coulé vous en avez encore d'autres". Le problème étant que les "petits navires" valent au bas mot 670 millions de dollars pièce, une fois entièrement équipés. Une drôle de façon d'envisager le "low-cost"dans la Marine américaine ; et qui fait fort peu de cas de la vie des marins... à 32 exemplaires seulement, on en sera quand même à 21, 440 milliards de dollars de dépensés. (que de "big bucks" pour rien !) Pour des navires dont l'efficacité n'est toujours pas assurée... ou qui ne "résisteront pas à une attaque". Sacrifier délibérément ses propres marins, le nouveau concept fort de la Marine US ? 

le document essentiel :

http://www.fas.org/sgp/crs/weapons/RL33741.pdf

un article sur la "failure" du concept de LCS

https://www.strategypage.com/militaryforums/8-17943.aspx#startofcomments


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11 réactions à cet article    


  • Selvagor 28 avril 2014 14:10

    Le mieux est l’ennemi du bien. Bon, au lieu de s’embêter, ils devraient copier la marine Iranienne. Ce serait moins cher et meilleur.



      • Pyrathome Pyrathome 28 avril 2014 15:09

        Vos rafiots équipés avec ça auraient meilleure allure !

        http://navylive.dodlive.mil/2013/04/10/solid-state-laser-gun-to-be-placed-aboard-uss-ponce/

        Enfin, hélas comme prédateur des mers....


        Pour le vol MH 370 :

        http://www.tvqc.com/2014/03/vol-mh370-lingenieur-philip-wood-aurait-envoye-photo-en-provenance-lile-diego-garcia/

        http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=p2eQ3XGqMWA

        Pour moi, c’est crédible mais ce genre d’info est toujours à prendre avec circonspection....
        Avouez que ce n’est pas la première fois « qu’on » prend contrôle d’un avion de ligne en plein vol.....
        Ça pose toutefois des questions difficiles à résoudre !
        Où sont les passagers ? quel est l’objectif exact de l’opération ?
        Votre version est plus simple, certes, mais pas forcément la plus probable, il y a des gens tordus sur cette planète, vous le savez bien...


        • morice morice 28 avril 2014 15:21

          Vos rafiots équipés avec ça auraient meilleure allure !


          ça ne marche que par beau temps, plusieurs fois que je le dis ici... !!!

          « Pour moi, c’est crédible »

          eu, vous m’étonnez là : la photo est toute noir et c’est un fake de Wikistrike, et vous tombez dans le panneau ???

          manque de vigilance là... !!!!

          allez hop on y va dans le genre loufoque :


          belles foutaises, mais voici la plus belle :

          c’est cadeau pour vous ça... !!! spéciale dédicace !

          vendredi 28 mars 2014
          St Germain : Vol MH370, ils sont vivants !

          L’opération Vérité sur le Vol MH 370 sera liée au processus de divulgation des civilisations Extra-Terrestres !
          Dans quelques semaines débutera le nouveau système économique !
           
           
          Reçu par Kathryn May
          Mise à jour de Saint-Germain du 22 mars 2014

          Avertissement : De nombreuses personnes ne se sont pas encore informées sur l’existence d’autres civilisations parmi les 275 milliards de soleil que possède notre Galaxie et il y a plus de 1000 milliards de Galaxies visibles de la Terre ! 
          Les négociations des Extra-Terrestres avec les États ont échouées car nos gouvernants ont refuser d’arrêter le nucléaire pour collaborer avec eux (en effet certaines planètes sont devenues inhabitables à cause du nucléaire) ! 
          Bien sûr les énergies libres et gratuites ne faisaient pas les affaires des pétroliers et énergéticiens qui préfèrent nous rendre esclaves de leur système !
          Informations sur les E.T. : http://www.cosmos.sitew.fr/
          Et voir nos articles sur les E.T., voir liens sous la vidéo : http://changera.blogspot.fr/2014/03/avion-de-malaisie-ils-sont-vivants.html
          Bien sûr c’est très loin des infos données par les médias officiels que beaucoup de personnes pensent que ces infos ici sont pas sérieuses ! Si vous saviez toutes les manipulations et mensonges dont vous êtes les victimes, vous creuseriez un peu plus les pistes alternatives !
          Les familles des passagers seront sans doute contactées pour les rassurer et les protéger des pressions des élites qui nous cachent les vérités depuis des siècles !
          Message à faire circuler pour faire pression afin que la vérité éclate ! 
          Aucune trace réelle ne sera trouvée, à moins qu’ils en inventent !
          Demandons les vrais relevés radars de la dernière position du vol MH 370 !


          c’est-y pas beau ça ??? hein ??? le top !!

          • Pyrathome Pyrathome 28 avril 2014 19:22

            J’ai pas dit que j’y croyais, je dis simplement que ça pourrait être crédible.....
            Les théories les plus folles sont aussi crédibles, puisqu’on ne sait finalement rien ou pas grand chose sur ce dossier....
            Vous m’en direz tant, perdre un 777, rien que ça en 2014...


          • morice morice 28 avril 2014 19:34

            J’ai pas dit que j’y croyais, je dis simplement que ça pourrait être crédible.....


            pas avec ce très mauvais exemple en tout cas !! mauvaise pioche !!!

            un mec suicidaire n’hésite pas plus de 7 heures à se vautrer avec son avion. Et un fan de simulateur n’est pas nécessairement un terroriste. Aujourd’hui, le premier ministre thaïlandais à reconnu que ses radars avaient « suivi » le bouzin..

            .... sans faire pour autant décoller d’avion pour aller voir ce qui se passait ; en somme chez les généraux du pays, des Boeing qui feraient des loopings ne les sortirait pas de leur torpeur.

            pourquoi mentir autant depuis le début ? pour éviter d’avoir à payer les assurances ?

            qui a fait une connerie dans le lot ?

            on doit rappeler l’affaire du Vincennes et de l’Airbus iranien pour raviver des mémoires ?

          • Pyrathome Pyrathome 28 avril 2014 22:25

            “The technology that we use was originally designed to find nuclear warheads, submarines… our team in the Ukraine decided we should try and help,” David Pope from GeoResonance said.
            .
            Ah ah ah !!!..
            Donc ils avouent enfin qu’ils ont bien perdu des ogives nucléaires....puisqu’ils ont des technologies pour rechercher celles-ci...
            .
            Mais bon je suis désolé, on ne perd pas un avion de ligne comme ça de nos jours, on a bien retrouvé le vol Rio/Paris au milieu de l’Atlantique....Alors mensonges,pour ne pas payer les assurances ? oui, ça se tient évidemment mais c’est gros comme saloperie....



          • morice morice 29 avril 2014 11:20
            Donc ils avouent enfin qu’ils ont bien perdu des ogives nucléaires....

            ah ben pas qu’une fois...


          • Selvagor 28 avril 2014 16:59

            Pour en revenir au bateau, le LCS-2 rendrait sans doute mieux en rouge, avec des tubes néons fluos sous l’eau pour faire joli, un gros système sono pour pousser des bonnes basses et des enjoliveurs dorés tournants sur toute la coque. Si on veut faire des super ronds dans l’eau, il faut le faire avec style, façon fast and furious, navy drift. Après au moins, on ne pourra pas critiquer le prix du bateau.


            • Selvagor 12 mai 2014 09:40

              http://www.fool.com/investing/general/2014/05/11/the-navys-next-warship-could-give-one-lucky-compan.aspx


              Voilà où en est la marine Américaine : attendre la solution miracle après tous ces échecs.

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