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Accueil du site > Tribune Libre > La Guerre contre la drogue : l’exemple chaotique des États-Unis

La Guerre contre la drogue : l’exemple chaotique des États-Unis

Les États-Unis sont l’exemple parfait de l’inefficacité de la prohibition de la drogue. Voici quelques chiffres : Le pays représente 4% de la population mondiale, 25% des détenus de la planète, liés le plus souvent à la drogue, 10000 morts par an dans des réglements de compte et des centaines de milliards de dollars de recettes supplémentaires tous les ans pour les mafias. Une étude laisse suggérer, d’après Angela Dills, que le taux d’homicide est de 25 à 75% plus élevé qu’il ne le serait sans la prohibition de la drogue.

L’échec de la prohibition de la drogue :

Les chiffres ci-dessous proviennent du livre Drugs : America’s Holy War d’Arthur Benavie.

La prohibition de la drogue ne supprime pas l’usage de la drogue. Il le fait passer sur un marché parallèle, élevant le coût d’usage et donc le prix. Ainsi, selon un rapport des Nations Unies de 2001, un kilo d’héroïne coûte environ $300 à produire au Pakistan et se vend environ $290 000 aux États-Unis. Une étude fut effectuée pour analyser les 414 meurtres survenus à New York entre mars et octobre 1988. De ceux-ci, 218 (53%) furent classés comme étant reliés à la drogue, dont 162 résultèrent de violences entre gangs rivaux, 8 furent la conséquence d’un vol pour obtenir de l’argent pour acheter de la drogue et 23 furent causés par la consommation d’alcool. La prohibition de la drogue a donc un grand impact sur la violence.

La prohition de la drogue a causé plus de morts que les drogues elles-mêmes alors que le tabac cause 435 000 morts par année aux États-Unis en 2000 : Le taux de mortalité pour 100 000 utilisateurs est de 650 pour le tabac, 150 pour l’alcool, 80 pour l’héroïne, 4 pour la cocaïne et 0 pour la marijuana. Ceci dit, beaucoup de décès attribués aux drogues dures résultent du fait qu’elles circulent via un marché noir et du coup, le risque que la drogue soit de mauvaise qualité est bien plus élevée. La plupart des décès causés par la cocaïne résultent du fait qu’elle a été consommée en même temps que de l’alcool, avec un résultat définitif décuplé.

Nous avons déjà connu, avec le problème de l’alcool dans les années 20, un épisode semblable dans l’histoire américaine. La prohibition de l’alcool produisit les mêmes effets que la prohibition de la drogue aujourd’hui : crimes, gangs, morts d’alcooliques, en particulier à la suite d’absorption d’alcool trafiqué. De même que la plupart des morts par usage de la drogue, et ils sont comparativement peu nombreux, le sont à la suite de l’utilisation de drogues de mauvaise qualité parce que sur le marché noir il n’y a aucun contrôle de celle-ci. Là où sur un marché privé légal, la concurrence peut jouer pleinement et que les acteurs peuvent (et doivent) innover, les trafiquants n’ont pas à se donner cette peine. En dernier recours, c’est le bourreau qui est appelé.

La guerre contre la drogue est immorale.

Non la prohibition des drogues n’a pas empêché les usagers de consommer des drogues. Elle leur fait courir un risque accru car ils sont désormais obligés de se fournir chez des contrebandiers ? contrebandiers en général peut fréquentable. On prétend protéger les individus contre eux-mêmes en prohibant ce qu’ils consomment, mais la conséquence est pire que le mal lui-même. On a transformé un vice en crime sans victime, mais un crime tout de même. On a commencé à mettre des individus en prison lorsqu’ils n’avaient lésé qu’eux-mêmes, on a déformé la nature même du mot « crime » (dans sa définition anglaise) en appelant crime un acte qui n’impliquait personne d’autre que l’utilisateur-même.

La guerre contre la drogue est inefficace et immorale. Elle tue plus que la drogue-même, enrichit les criminels privés, donne plus de pouvoir aux politiciens, accroît la tendance vers l’État Policier, et appauvrit tout le monde. La guerre contre la drogue est une guerre contre la liberté.


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9 réactions à cet article    


  • Lonzine 29 mai 2015 19:06

    L’exacte théorie de milton friedman ( burk je me lave le clavier)


    • sls0 sls0 29 mai 2015 23:14

      Un coup d’oeil sur les prix (en $) :

      Cocaïne fabriquée en Bolivie. au Pérou et en Colombie)
      Prix payé au producteur par le collecteur pour 200 kg de feuilles
      (= 1 kilo de pâte base « lavée ») 200
      1kg de pâte base payé au producteur 350
      1kg de base lavée payée à l’intermédiaire 500
      1kg de chlorhydrate à la sortie du laboratoire 1 500
      1 kg de chlorhydrate payé par l’exportateur colombien 2 500
      1 kg payé à I’importateur de gros (Miami) 10000
      Gros (New York) 20000
      Gros (Paris) 30000
      Gros (Copenhague, Moscou, Ryad) 150000
      Rapport de la vente au détail (produit coupé) 500 000
      Cette escalade des profits est théorique, car beaucoup de consommateurs de cocaïne dans les pays riches achètent par dizaines. voire par centaines de grammes une drogue relativement pure.

      Héroïne (fabriquée au Pakistan)
      Prix d’un kg d’opium payé au producteur par le négociant 60
      Prix payé par le laboratoire au négociant 80
      Prix d’un kilo de morphine base (10 kg d’opium) à la sortie du laboratoire 1 200
      Prix de |’héroïne à la sortie du laboratoire 3 000
      Prix payé à la frontière du Pakistan 5000
      Prix de gros en Turquie 12000
      Prix de gros en Hollande 50 000
      Rapport de la vente au détail 1 500000
      Ces chiffres n’ont qu’une valeur indicative et peuvent connaitre des variations sensibles selon le pays, |’année et la saison, le contexte politico-militaire, etc.

      Où les banques ont le plus de travail avec l’argent de la drogue ?
      Quels sont les pays qui profite le plus de l’argent de la drogue ?

      Quand je vois des bidasses américains qui amènent la démocratie, c’est surtout la production de drogue qui augmente. On ne les voit plus du coté du triangle d’or mais en Afghanistan, la production se déplace.

       A qui profite le crime ?


      • Diogène diogène 30 mai 2015 07:57

        La prohibition est incompatible avec le néo-libéralisme.

        On ne peut pas organiser des trafics et les combattre.
        C’était le cas pour l’alcool dans les années 30 et pour les produits financiers après 2008.

        Ce qui serait « moral », ça serait de mettre fin à un système socio-économique fondé sur l’enrichissement rapide des gros malins par la spoliation destruction des gogos.

        Les solutions types salles de shoot sont des emplâtres sur des jambes de bois.
        Sans omettre le fait que les gros bonnets de la drogue sont pour le moins protégés par des hommes d’état, quand ce ne sont pas les mêmes.

        • Le p’tit Charles 30 mai 2015 10:29

          Un autre exemple...en Afghanistan...Depuis l’arrivée des américains ce pays est devenu le premier producteur de cocaïne...grâce à l’aide des USA...ça laisse rêveur non.. ?


          • philouie 30 mai 2015 10:33

            @Le p’tit Charles
            de cocaïne ?
            m’étonnerait ....


          • Le p’tit Charles 30 mai 2015 10:49

            @philouie.... (opium et haschich)...toujours de la merde de toute façon non.. ?


          • Hannibal GENSERIC Hannibal GENSERIC 31 mai 2015 11:47

            @Le p’tit Charles
             Partout où les Américains débarquent, la drogue suit immédiatement. Exemples au Moyen-Orient, dans lequel les Américains ont introduit le Captagon. Dopés , les kamikazes islamistes foncent avec leurs camions bourrés d’explosifs (américains) sur les points névralgiques des villes irakiennes ou syriennes. Ainsi ont-ils pu occuper sans trop de pertes de grandes villes dont Palmyre (Syrie) et Ramadi (Irak).

            LA CAUSE DU PEUPLE : CIA et narco djihadistes
            Les cinq armes de persuasion de Daech

            Le rôle des drogues dans le « Printemps arabe » et à Kiev
            Cela veut dire que la drogue rend d’éminents services au complexe militaro-industriel ricain : plus les guerres durent, plus on vend d’armes , surtout ceux qui sont friqués : Arabie, Qatar, et autres émirats.

          • julius 1ER 30 mai 2015 14:09

            enième article sur la prohibition......

            si l’on parle de légalisation/ encadrement et vente par des officines type pharmacie ..... vous allez voir la levée de boucliers surtout de la part de la Droite puritaine qui va vous servir l’argument 
            érodé/ erroné et servis depuis des décennies cad que cela va encourager le trafic en tous genres...sic !!!
            alors qu’avec la prohibition le trafic a explosé en 30/40 ans de manière exponentielle, c’est la même chose avec la prostitution avec la pénalisation du client qui a encouragé la prostitution sauvage sans rien régler sur le fond .....
            c’est à croire que les hypocrites/politiques touchent sur les 2 tableaux cad qu’ils caressent les électeurs réactionnaires et conservateurs dans le sens du poil(clientélisme) et dans le même temps ils doivent toucher des backshish tellement les sommes en jeux sont faramineuses !!!

            • jaja jaja 30 mai 2015 14:16

              Pour éradiquer le trafic légalisation des drogues, à commencer par le cannabis, « comme pour l’alcool ou le tabac, ainsi que leur commercialisation et leur vente par l’État, accompagnées d’une politique de sensibilisation et de prévention à l’école. »

              http://www.npa2009.org/communique/contre-la-repression-policiere-legalisation-des-drogues-pour-mettre-fin-au-trafic

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