La guerre des Empires
Quatre entités ont des visées impériales sur l’ensemble de la planète : les Etats-Unis bien sûr, la Chine évidemment, mais aussi l’Islam et la religion juive avec comme armes la foi.
Écartons de nos préoccupations ceux qui ne peuvent plus ou qui ne pourront jamais avoir la prétention de régenter le monde.
L’ONU tout d’abord ! Les résolutions adoptées sont de l’ordre du vœu pieu, ainsi dans l’une d’entre elle, l’assemblée générale rappelle qu’il faut aborder le règlement des problèmes mondiaux de manière multilatérale, ouverte, transparente et efficace… et pour apporter des solutions communes aux problèmes, il faut un esprit de coopération mutuellement bénéfique pour bâtir un avenir partagé reposant sur l’humanité que nous avons en commun. Certes…
L’Europe ensuite ! La voie d’une Europe européenne était tracée dès l’origine, elle ne pouvait se construire que rivale des Etats-Unis et incluant la Russie. Les traits religieux et culturels essentiels sont les mêmes de l’Atlantique à l’Oural avec en commun un fond chrétien de détestation (plus ou moins sincère) de l’argent et des biens matériels. In God we trust est symboliquement imprimé au dos des billets de banque américains. Le peuple américain ne croit pas au Dieu chrétien, il croit en lui et constitue le premier exemple de théocratie, l’argent pouvant tout, absolvant tout. L’Amour déifié des uns contre l’argent sacralisé des autres ne peuvent que s’affronter. Par mille exemples il serait possible de trouver des preuves de cet antagonisme irrémédiable. Mais l’Europe qui sortait de son expansion coloniale n’avait ni l’ambition, ni l’envie de s’affronter à quiconque et se rangea aux côtés de ses amis d’outre Atlantique sans barguigner.
L’Amérique du sud et l’Afrique ravagées par des désirs étrangers de domination et d’ingérence ne pouvaient en aucun cas vouloir dominer le monde. L’Amérique du sud avait déjà fort à faire pour préserver sa culture, l’Afrique pour préserver ses richesses.
La Russie malgré ses 146 millions d’habitants n’a aucune envie de conquête. Sa densité de population est de 8 habitants par km2 : l’empire est déjà là mais il est vide. La Russie qui affirme sa volonté d’internationalisme doit se défendre contre les assauts de la « communauté internationale » qui ne lui pardonne pas ses désirs d’indépendance et de liberté d’action. Et les différences cultuelles entre l’âme slave et le pragmatisme anglo-saxon rendent là encore impossible une collaboration entre égaux : le plus faible doit périr, va périr, a péri.
Restent donc les véritables combattants, les Etats-Unis, la Chine, l’Islam, la religion juive.
Il n’est pas nécessaire de décrire le désir d’hégémonie des USA tant il est criant. Le désir de puissance, qui ne fait que s’aviver lorsque qu’il n’est que partiellement satisfait, est devenu prégnant partout et en tous domaines. Beaucoup d’américains pensent sincèrement que leur nation est un modèle insurpassable et que les autres peuplades ne peuvent que les envier.
La Chine n’a pas renoncé, à être communiste. Le parti unique, qui comprend environ 6% des habitants, assure un contrôle idéologique étroit de la population. L'Assemblée nationale populaire compte près de 100 délégués milliardaires, dont l'homme d'affaire le plus riche de Chine. Ce manque visible de démocratie fait l’objet de critiques véhémentes de tous les esprits éclairés des pays occidentaux ; pourtant le système de parti unique a de fait été adopté par toutes les démocraties. Qui peut encore distinguer distinctement entre démocrates et républicains, conservateurs et travaillistes, républicains en marche républicains couchés… La conquête chinoise ne met cependant pas en avant le communisme qui l’anime : les dirigeants savent qu’ils rencontreraient plus de pièges qu’ils n’auraient de solutions. La Chine mise sur l’internationalisme en laissant aux pouvoirs locaux le soin de régler les problèmes politiques mais en mettant à leurs dispositions d’énormes forces de production aculturées et apolitiques suffisamment énormes pour les submerger.
Des volontés impériales animent aussi les religions musulmanes et juives, les seules qui subsistent encore, les superstitions papales de Dieu-Amour ayant été anéanties par les marchands.
La population mondiale de juifs est de l’ordre de 14 millions dont presque la moitié vit en Israël. Rien n’est plus étranger au judaïsme que le prosélytisme, il n’est guère possible de rejoindre « un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur » lorsqu’on est gentils. Mais comment dominer lorsque le nombre n’est pas en votre faveur ? Par le raffinement de l’esprit tout d’abord. Ce raffinement était une condition de survie tant, des persécutions médiévales aux temps présents, l’antisémitisme a traversé l’histoire. La Shoah représente l’horreur à son paroxysme. Une certaine élite juive influençait les gens ordinaires grâce à une surreprésentation importante dans tous les lieux de pouvoir, de décision, d’art, de culture. À partir du martyr, la sacralisation d’un peuple fut effectuée sans révélation comme une évidence. Nier l’holocauste était se mettre en marge, à bon escient, de la société, de la civilisation. Le peuple reconnu comme élu n’avait cependant pas que des propositions relevant normalement des cieux, d’autres bien plus terre à terre étaient liés aux intérêts matériels de ce monde. En cela, les intéressés devenaient critiquables, mais difficilement critiqués si on ne voulait pas lié être irrémédiablement voué aux gémonies.
Les quatre millions de musulmans tués dans les guerres du Golfe, d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan depuis 1990 ne sont pas traités comme des martyrs bien que seuls les intérêts occidentaux suscitaient et alimentaient les conflits par les flux d’armes déversés sur les pays de la région. Les occidentaux font la guerre parce que c’est rentable, ceci permet de rapatrier une bonne partie des fonds dépensés en pétrole. L’Iran est le seul pays qui pourrait à terme inquiéter militairement Israël, les Perses s’adaptent aux nouvelles technologies, ils sont ingénieux, cultivés, ils ont prouvé leur bravoure lorsque l’Irak les a assailli… L’Iran est le pays musulman le plus avancé sur la voie de la modernité. Pourtant, c’est l’Arabie, le pays le plus rétrograde de la planète, qui a toutes les faveurs des occidentaux. Incompréhensible si on ne voit pas que l’Arabie sera pour l’éternité incapable d’affronter Israël. Les musulmans propagent leur foi par le nombre et la cohérence de leur communauté, c’est la raison pour laquelle la division chiisme-sunnite est si importante… pour les occidentaux. Contrairement à la plupart des autres religions, il est aisé (du moins rapide) de se convertir à l’Islam. Il suffit de réciter une profession de foi qui se résume par : « J'atteste qu'il n'y a pas de divinité excepté Dieu, et j'atteste que Mahomet est le Messager de Dieu ».
Deux chemins vers la domination par la foi se dessinent donc, l’un par la subtilité et le pouvoir d’influence d’une incontestable élite, l’autre par la conversion des masses, plus par l’horreur du réel que par l’amour d’un dieu.
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