La guerre en Ukraine : la hotte du père Biden bientôt vide ?
L'opération militaire spéciale de l'armée russe déclenchée le 24 février dernier complète aujourd’hui sa deuxième semaine et l'Occident bruit déjà de rumeurs d'avant-goût de victoire car s'imaginant le Président russe Vladimir Putin, désormais reconnu comme l'enfant putatif d'Adolf et de Joseph, concept très occidental s'il en est, s'embourber dans les plaines d'Ukraine comme jadis l'URSS s'enlisa dans les vallées d'Afghanistan.
Kiev n'est pas tombée, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, acteur de son état, jouant à fond le rôle de sa vie, est omniprésent sur les médias du Couchant d'où son homologue russe est désormais consciencieusement banni. Ce dernier, le méchant hollywoodien incarné du jour, n'a plus voix au chapitre depuis que Russia Today et Sputnik, entre autres, ont été coupés à l'Ouest et que les réseaux sociaux font subir à son camp des avanies pires que celles subies par celui de feu le Président états-unien Donald Trump.
La quasi disparition de 'Radio Moscou' et une armée russe qui, à la différence de celle des Etats-Unis à chacune de ses croisades, ne communique pratiquemment pas sur ses opérations, facilitent d'autant cette auto-congratulation à l'écho démultiplié. Vladimir Putin a échoué dans ses objectifs de guerre, il piétine et, voeu pieux, il sera bientôt éliminé par les siens !
Qu'en est-il ? Dans son allocution télévisée, le président russe annonçait que son but était de “protéger les personnes qui ont été soumises à des abus, à un génocide par le régime de Kiev” et, qu'à “cette fin, nous chercherons à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine”. A l'évidence le succès n'a pas encore été obtenu et, bien que la démilitarisation relative au démantèlement des infrastructures et à la destruction de l'armement lourd semble bien avancée, il n'a pas encore été mis un terme aux abus et nombre de neo-nazis courrent toujours.
Cette opération spéciale dure, malheureusement, encore et rappelons, à titre de comparaison, qu'en 2003 il a fallu 22 jours à la coalition des 48 pays de l'Operation Iraqi Freedom pour aller renverser la statue du Raïs à Bagdad. Force est de mentionner, également, que cette cavalcade héroïque occasionna un nombre incalculable de victimes irakiennes, estimé en centaines de milliers, tant civiles que militaires, alors que Kiev, officiellement, ne déplore à ce jour que de l'ordre de 500 pertes civiles, chacune étant de trop, cela va sans dire.
Vladimir Putin n'ayant pas annoncé la conquête de l'Ukraine comme objectif, il ne s'attaque pas de front aux villes et il s'avère que la grande majorité des victimes civiles sont des 'dommages collatéraux', comme le porte-parole de l'OTAN, l'inénarable Jamie Shea, l'expliquait si bien en 1999 pendant l'opération 'Ange Miséricordieux' contre la Yougoslavie. En Ukraine, beaucoup de ces victimes auront eu le 'tort' d'avoir vu une batterie anti-aérienne s'installer à la proximité immédiate de leur immeuble, usine ou école !
L'armée russe semble cependant sur le point de remplir les objectifs assignés en occupant une zone de plus en plus étendue dans le Donbass, où les neo-nazis recherchés, du bataillon Azov notamment, ont commis la plupart de leurs exactions, et en étant sur le point de conquérir encore quelques villes clé comme Mariupol et Odessa tout en s'efforçant de faire le moins de victimes civiles possible. Elle a également permis le rétablissement de l'alimentation en eau potable de la Crimée, coupée depuis 2014, ce qui est assimilable à un crime contre l'humanité et, cerise sur le gateau, il semblerait qu'elle ait démantelé la plupart des laboratoires d'armes biologiques financés par les Etats-Unis.
Washington et Londres, après avoir excité les Ukrainiens contre la Russie pendant des années, leur 'laissant entendre' qu'ils assureraient leurs arrières si l'ours venait à sortir de sa tannière, les laissèrent lâchement et littéralement en plan dès que les premières bombes commencèrent à tomber en clamant haut et fort qu'ils ne s'engageraient pas militairement contre Moscou, faisant ainsi à nouveau la démonstration de la traditionnelle duplicité anglo-saxonne, pour laquelle il est invraisemblable que certains se laissent encore prendre.
C'est alors, qu'interprétant leur parole dont ils ne sauraient se dédire, ils entreprirent de motiver leurs alliés à les joindre dans l'adoption de toute une ribambelle de sanctions, inédites pour beaucoup, contre la Russie avec la volonté affichée de punir tout un peuple. Ceci parce que Moscou a osé entreprendre, de son propre chef, une opération militaire à l'image des quelques demi-douzaines menées par ces deux capitales depuis la Seconde Guerre mondiale.
Au delà de la désormais traditionnelle litanie de sanctions visant des entitiés et individus russes, dont la liste s'est considérablement étendue dernièrement, jusqu'à inclure le Président Putin en personne, un casus belli selon Moscou, les 'Occidentaux' ont gaillardement franchi le Rubicon en adoptant 'l'option nucléaire' dont il a longtemps été question, à savoir le débranchement de, à ce jour, quelques banques russes du réseau SWIFT, mesure qui fut immédiatement suivie par l'interdiction de transactions avec la Banque centrale russe et le gel de ses avoirs, tout au moins ceux accessibles aux pères Fouettards.
N'ayant toujours pas senti le vent du boulet, et enhardis par la (vraisemblablement fausse) impression que le Président Vladimir Putin et ses sbires sont tétanisés par une telle démonstration de force et d'unité, nous assistons désormais à une véritable surenchère entre états, entreprises et individus de la bien-pensance.
Ayant surmonté leur peur, ils laissent libre cours à leur imagination et il nous a été donné d'assister à un magnifique feu d'artifice de bonne conscience dont le bouquet final semble être l'embargo sur le pétrole russe que vient d'annoncer le Président des Etats-Unis Joe Biden.
En effet, what's next folks, That's all ?!... Si, après cette attaque directe aux intérêts vitaux de la Russie, Moscou ne plie toujours pas, quel expédient non létal peût-on encore sortir de la hotte ?
Car, après tout, la Russie peut se permettre de vivre en quasi autarcie, elle dispose d'hydrocarbures à profusion, elle a considérablement développé son agriculture grâce aux sanctions précédentes, elle dispose également encore de nombreux débouchés tels la Chine et l'Inde, pour ne citer que les plus considérables.
De plus, toujours grâce à l'ostracisme subi ces dernières années, Moscou a élaboré des systèmes de payment autonomes, certains en parallèle à ceux de la Chine, il dispose aussi d'un réseau internet propre qu'il est apparemment sur le point d'actionner, et qui sait quoi encore.
Finalement, le niveau d'endettement de la Russie est inférieur à 20 % du PIB, une chose inconcevable chez ses donneurs de leçon, et cela lui donne de la marge de manoeuvre si elle entreprend de créer de la fausse monnaie, à l'image de la Fed ou de la Banque Centrale Européenne, pour financer son effort de guerre. Tout cela sans compter la montagne d'or sur laquelle elle est assise, cette dernière pouvant bien servir pour l'estocade finale quand il sera demandé aux Etats-Unis de prouver l'existence de leurs 8.133 tonnes déclarées.
Jusqu'à présent Vladimir Putin n'a fait qu'encaisser les coups, à l'image de Sylvester Stallone dans la mythique série des films Rocky, et n'a rendu que quelques crochets dérisoires laissant accroire qu'il est sur le point de tomber KO. Un 'coup de massue' vient de lui être asséné, sera-t-il suivi d'un, de plusieurs autres ? Si oui, lesquels, “bon sang de bonsoir”.
Si ce n'est pas le cas, attendons nous à le voir progressivement déployer son jeu. Il n'est pas pressé, les bourses de ses 'aggresseurs', hors rebonds de 'dead cat', montrent que le temps travaille pour lui. Les prix des hydrocarbures et les pénuries alimentaires à venir sont également ses alliés. Il n'est pas garanti que les possibles émeutes de la faim susceptibles d'éclater dans de nombreuses parties du Monde lui seront nécessairement incriminées. N'en déplaise à beaucoup, le Monde est vaste en dehors de l'Occident, et seuls quelques privilégiés de la plupart des pays 'annexes' peuvent s'affranchir d'un possible ressentiment anti états-unien en chaussant les lorgnettes occidentales.
Autre gros, énorme point d'interrogation : que va faire la Chine ?
Pour finir, si toute la bravoure du camp occidental se limite à quelques tapettes sur le cuir de l'ours russe, l'Empire états-unien et ses satellites devront renoncer à la confrontation et accepter de s'affaisser intelligemment et tout en douceur comme a su le faire l'Union Soviétique le 26 décembre 1991.
Si, par contre, le jusqu'au boutisme des faucons neo-cons de Washington prévaut, il va falloir faire preuve de résolution et la défection d'alliés est envisageable, à l'image du récent coup de Jarnac des Polonais qui, quoique mettant beaucoup d'huile sur le brasier ukrainien, n'ont pas vraiment envie de subir le même sort que leurs voisins qui donnent la pleine mesure de la valeur de l'appui proclamé des Etats-Unis et de la Grande Bretagne, cette dernière s'étant manifestement 'opportunément' détachée de l'Union Européenne pour avoir les coudées franches dans la tentative de redistribution des cartes géopolitiques.
Nous nous retrouverions alors dans une situation similaire à celle de la bataille de Fontenoy en 1745, dont on connait l'issue, inversée cependant, puisqu'alors ce sera à Vladimir Putin de dire : « Messieurs les Occidentaux, tirez les premiers ! »
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