La haine ? Ce sont les médias qui la distillent !
Parmi les techniques utilisées par les médias pour promouvoir et défendre les objectifs économiques, sociaux et politiques des classes dominantes, la présentation des victimes comme dignes ou indignes de sympathie joue un rôle non négligeable dans la « fabrique de l’opinion ».
Les plateformes médiatiques modernes contrôlées par quelque groupes à l’échelle planétaire conditionnent les lecteurs, téléspectateurs et internautes par la vieille technique de la zizanie, en opposant les uns aux autres les groupes identifiés par segements comme ont appris à le faire les experts du marketing.
Nos opinions et nos préjugés sont repérés, analysés, pris en compte et renforcés grâce à un traitement de bases de données numériques concernant nos inclinations politiques et nos habitudes de consommateurs. Et nous payons pour ça !
La scène politique s'est atrophiée pour se résumer à une émission de télé-réalité focalisée sur des têtes d’affiches. Le débat est réduit à des commentaires, invectives et insultes sur les forums, ou sur les plateaux des talk-shows pipés par la sélection des chroniqueurs. Le résultat est le sentiment d'impuissance politique dans la population. Le marasme moral est non seulement un compost fertile pour un manipulateur comme Macron (pur produit issu du croisement des think-tanks et des médias), mais également un aiguillage efficace pour canaliser la colère et l’orienter vers d’autres cibles que le pouvoir en place.
Dans l’ancien monde, la tactique commerciale utilisée pour toucher le plus grand nombre de téléspectateurs ou de lecteurs. Consistait à se présenter comme « objectif ». C’était du moins le positionnement du journal « Le Monde », créé par le résistant Beuve-Méry à la demande de de Gaulle et cédé en 2010 à trois hommes d’affaires Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre Bergé. Cette « objectivité » se reconnaissait à une réaction terne, plate, à la troisième personne, sans idée personnelle, sans style. Une écriture plate.
L'idée était de ne choquer personne pour atteindre le plus large public possible. Cette caractéristique concernait aussi la RTF (puis l’ORTF) et les chaines de radio nationale. Beaucoup de gens croyaient qu’il s’agissait d’une position éthique à laquelle les organes de presse s’étaient engagés, alors qu’il s’agissait d’une stratégie commerciale pour la presse écrite et idéologique pour l’audiovisuel, dans le but de toucher le plus grand nombre.
Ce modèle médiatique a implosé avec l'arrivée des chaines d'actualités 24h / 24 et d'Internet. Dans le nouveau contexte, les organisations de médias adaptent leur contenu pour se concentrer sur des cibles sociologiques spécifiques. Le but n’est plus d’informer sur l’actualité, mais de choisir les histoires qui vont plaire au public visé en l’abreuvant d’un contenu qui va conforter son système de croyance, ses « opinions ». Il s’agit désormais dire aux gens ce qu'ils ont envie d’entendre. Plus de débats, mais des grand messes ou des combats de coqs, plus de risque d’être exposé à d’autres idées.
Le résultat est une stratégie marketing qui favorise et renforce les comportements addictifs et agressifs. Plus les habitudes des lecteurs et des téléspectateurs sur Internet et les appareils électroniques sont surveillées, plus la dépendance et l'agression sont alimentées.
Ce phénomène produit une masse de consommateurs de médias conditionnés pour ne voir que dans une direction. « Surfer » et consommer de l’actualité répond aux mêmes caractéristiques que d'autres addictions, comme fumer ou boire de l’alcool. Les gens deviennent accros à leur smartphone, leur tablette ou leur téléviseur et au processus d'activation des écrans, accros à l'idée que le JT de 20h ou l’article sélectionné pour eux par « Google Actualités » va les mettre encore plus en colère que la veille.
Mais comme dans toutes les addictions, il faut régulièrement augmenter la dose pour produire un effet d’une intensité comparable à celle des débuts. Il faut toujours aller plus loin dans les sujets qui mettent en colère pour que les gens reviennent sans cesse. Pour décrire l’adversaire, il faut passer de d’« incompétent » ou « corrompu » à « démagogue », « autoritaire », « dictateur ». Les mêmes éditorialistes libéraux qui, il y a bien longtemps, auraient été préoccupés par des choses comme la violation du secret professionnel ou la déontologie ne s'en soucient plus. Ils veulent juste atteindre leur cible. On le voit avec Poutine, Merkel, Salvini, Orban ou Trump, selon le support qui sera choisi. Un jeu de massacre dont sont victimes les anciens partis politiques et leurs leaders en France, au profit (éphémère) de ceux qui ont initialisé la machine à produire du vitriol pur.
La transformation du public en tribus antagonistes a été inaugurée par les commerciaux, à travers les panels les segments de clientèles et les marques arborées par le client lui-même comme un emblème d’appartenance à un groupe (vêtements de sport, automobiles, etc…). Cela fonctionne aussi en politique. Mais c'est une recette qui aboutit à la désintégration sociale.
Si on répète sans cesse aux gens que tous leurs problèmes viennent du groupe d’en face qui est « un danger pour la démocratie », un « populiste » (de gauche ou de droite), ils finissent pas le croire. Si on répète constamment aux gens que leur voisin immédiat est carrément dans le camp des nazis ou des terroristes, tôt ou tard, de la violence se manifestera.
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