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Accueil du site > Tribune Libre > La journée des fêtes, la fête des journées

La journée des fêtes, la fête des journées

L’économie du temps serait-elle devenue l’avenir de l’économie ? On peut se poser la question dès lors que défilent, les unes après le autres, ces journées « pour » ou « contre », pour des valeurs solidaires, contre les fléaux des temps nouveaux, et ces fêtes convenues, censées produire du lien social, de l’amour, du bien-être...

Journée sans tabac, journée de la courtoisie au volant, journée de la femme, journée sans voiture, journée de solidarité, journée de dépistage du cancer de la peau, journée du patrimoine et, même, journée de la santé du pied, journée de la francophonie, il y a même la journée mondiale du soleil. Et puis, les fêtes, celle de la bière, des mères, fête de l’humanité, fête de la morue, fête de la nature, fête des lumières, des mère-grands, fête de la musique, des pères, fête de la science, fête des voisins... On ne s’en sort plus. À quand la fête mondiale des sardines en boîte ? A quand la journée internationale des utilisateurs de chiottes à la turque ? A quand la journée de ceux qui la portent à droite dans un caleçon de gaucher ? La fête du chasseur, des paires de couilles, la journée du sanglier, des ovaires, la fête de la brosse à dents, la journée des grabataires, la fête des p’tits n’enfants, la journée mondiale de l’allaitement au sein, la fête des fétichistes du mamelon, la journée sans relation charnelle, la fête du triolisme, la fête des gens contents, la journée des déçus de la vie, la nuit des morts-vivants, la fête des catholiques de confession musulmane, la journée de la voix d’opéra, la fête de la femme de ménage, la journée universelle contre la mort, la fête de la vie, le jour des saints ou le jour des morts (voilà qui rappelle quelque chose) ? Et ainsi de suite.

Le ridicule ne tue pas, il n’y a là-dessus aucun doute à avoir. Ça ressemble à ces choses dont on a découvert l’efficacité et le succès une fois et une seule et qu’on ressort à toutes les sauces sur des thèmes aussi variés que contradictoires.. Parce que ça marche, ça endort, ça rassure, parce que ça crée du nouveau, de la solidarité, de la fraternité, du politique, du lien social.

Comme une blague foireuse....

Cela ne comble, en vérité, que du vide. Et encore, même pas celui dont le peuple serait la victime innocente et inconsciente. Il choisit, en réalité, bien plus que ne le disent nos chefs, et d’abord nos chefs. Ce vide est plutôt celui d’une poignée d’hommes en manque d’idées, proprement politiques, dont l’intérêt bien senti a bien compris l’utilité de remplir le temps des peuples de tout prétexte à faire la fête ou à se « mobiliser » pour telle ou telle cause de bon aloi, festif ou moral ou les deux. L’on finit par y croire à force d’enfoncer le clou. D’ailleurs, à ce rythme, il faudra bien une fête des journées ou une journée de la fête. Ça deviendrait vite orgiaque sans limitations thématiques... Il faut un thème. Ça « formalise ». Alors, évidemment, il faudra préférer des thématiques politiquement correctes. On imagine mal une journée internationale de l’anarchie. Etant donné l’efficacité de ces événements organisés à profusion et encouragés par la puissance publique, il ne fait pas de doute qu’une telle journée signerait à peu de chose près la mort de l’anarchie politique. Voilà qui économiserait en police et en CRS. La musique pâtit à n’en pas douter de cette merveilleuse invention de Jack Lang. DJ guinguette, musique de bastringue, guitare de feu de camp et top 50 se tirent la bourre pour le plus grand « bien » de l’art du son. Il y du contrôle social dans ces artificielles communions rendues indispensables par les puissances médiatiques et les faiblesses humaines.

La fête aux voisins. Préparation des meilleures blagues. Et la journée de la cigarette sous contrôle. Un paquet dans la poche revolver à dégainer très vite à l’ombre des regards indiscrets et, il est vrai, distraits.

Contrôle et autocontrôle sont des mots qui vont si bien ensemble.


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3 réactions à cet article    


  • Bouli Bouli 1er juin 2007 15:00

    Bien dit ! ça sert surtout à se donner bonne conscience ces journées à thème. 2 exemples :

    1/ la journée de la lutte contre le sida : tout le monde met son ptit ruban rouge, chouette ! On fait des reportages, un peu, comme ça on a pas besoin d’en faire le reste de l’année ! Non le sida n’existe que le 6 décembre, ça empêche d’y penser les autres jours...

    2/ La journée de la femme. Il y a donc 364 jours de l’homme, supeeeeer ! « Non chérie, je te tape pas aujourd’hui, c’est ta journée mais je t’en mettrais le double demain pour compenser ! » Pendant presque 24h, on se rappelle que les droits de la femme en tant qu’être humain sont bafouées aux 4 coins du monde, et puis... et puis rien.

    je pourrais aussi embrayer (si je puis dire) sur la journée de la courtoisie au volant, insultez et klaxonnez sauf ce jour-là svp... On peut mutliplier les exemples à l’infini !

    En tout cas moi je suis pour une nuit des mort-vivants sans souci ! smiley


    • ExSam 2 juin 2007 22:03

      Très bon pamphlet sur ces petites heures données au bon peuple, pendant que nos Bernard Arnault se mitonnent de très riches heures.


      • Nick T Nick T 5 juin 2007 23:43

        Et le succès de ces fêtes, de ces journées, est tel qu’il semblerait que nos 364 jours annuels en soient réduits à rien comparés au nombre de journées, de ces fêtes censées s’y inscrire. Le calendrier n’est alors qu’un prétexte intéressant à la spectacularisation et à l’exploitation du temps. Voilà une tendance intéressante.

        Merci pour vos commentaires.

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