La jungle chinoise aux portes de l’Europe
On croyait le communisme bien mort et enterré après l’implosion de l’URSS en 1991 et la victoire du libéralisme occidental totale. Quelle erreur ! Le voilà tout fringant qui tient sa revanche ! En intégrant l’ultra-libéralisme économique, la dictature communiste chinoise est en train de changer la donne. Son but est bien de ruiner les démocraties occidentales et leur État-providence en leur retournant l’arme de cet ultra-libéralisme économique sans foi ni loi que ces étourdies ont laissé se développer comme un nid de vipères en leur sein.
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Le droit du travail en Europe, « une invitation à la paresse »
Qui peut encore en douter ? La guerre est déclarée entre l’Europe et la Chine après les propos tenus récemment sur la chaîne Al Jazeera par M. Jin Liqun, président superviseur du China Investment Corporation (CIC) qui gère les fonds souverains considérables que la Chine a amassés (1) ?
Cet excellent homme explique crûment que « les problèmes survenus dans les pays européens sont uniquement dus aux problèmes accumulés par l’usure de l’État-providence. Je pense, estime-il, que les lois du travail sont obsolètes. Ces lois du travail incitent à la paresse, l’indolence, plutôt qu’au travail assidu. Le système incitatif est totalement détraqué (…) Pourquoi par exemple au sein de la zone Euro, pourquoi certains devraient travailler jusqu’à 65 ans ou plus, alors que d’autres , dans d’autres pays, pendraient leur retraite heureuse à 55 ans pour se prélasser sur la plage ? Ceci n’est pas juste. »
Devant le journaliste qui lui fait remarquer que « l’un de ces capitalistes extrêmes des Etats-Unis » pourrait tenir le même langage, ce bon M. Jin Liqun ne se démonte pas : « Vous savez, rétorque-t-il, l’État-Providence est bon pour une société qui veut réduire les écarts, aider les moins avantagés, profiter de la vie… mais l’État-providence ne devrait pas inciter les gens à ne pas travailler assidûment. Donc si vous regardez l’histoire des Pays Européens, lors des dernières 5 ou 6 dernières décennies, vous penserez que ce système doit être ajusté.(…) On ne devrait pas suivre les mauvais exemples des sociétés d’État-providence, martèle-t-il, où le travail assidu n’est pas encouragé. Si des gens ne travaillent pas, doivent-ils gagner autant que ceux qui travaillent dur ? Bien sûr c’est une invitation à la paresse. Ce n’est pas ce que nous voulons voir. »
Un choix clair entre liberté et servitude
On ne saurait mieux opposer ce qui différencie les démocraties européennes de la dictature ultra-libéralo-communiste chinoise : elle s’exclut l’une l’autre comme la liberté et la servitude.
1- 170 ans de libération sociale en France
On considère, en France, en effet, depuis plus de 170 ans, que la vie des hommes, des femmes et des enfants ne se limite pas au seul travail. Depuis la loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants jusqu’à celle de la semaine des 35 heures appliquée en 2000, le temps de travail qui abrutissait et détruisait la santé des citoyens sans patrimoine, a été progressivement réduit au prix de luttes incessantes et de compromis : la journée de travail a été fixée à 11 heures en 1900 et à 8 heures en 1919 pour une semaine de 48 heures, puis de 40 heures en 1936 et enfin de 35 heures en 1998/2000 ; dans le même temps, depuis le Front Populaire en juin 1936, des congés payés ont été imposés, passant progressivement de 2 à 3 puis à 4 et enfin à 5 semaines en 1982, tandis que des congés de maladie et de maternité devenaient des droits ainsi qu’une retraite à 60 ans en 1983.
Cette libération progressive des hommes, des femmes et des enfants pour leur permettre de se reposer, de s’adonner à leur vie familiale et d’accéder à la culture, a transformé la société française.
2- La jungle chinoise
Or, c’est justement ce que Jin Liqun appelle « une invitation à la paresse ». Il est joli, le communisme chinois ! Dans ce type de jungle, les prédateurs ne sont nullement gênés de voir un peuple abruti de travail pour un salaire de quelques bols de riz, vivant près des entreprises dans des cités-dortoirs loin de leur région d’origine, comme les travailleurs français au 19ème siècle. Les dictatures ont en commun de se moquer de la vie de leurs sujets et de ne se soucier que du bien-être de leurs oligarques et de leurs clientèles.
Se protéger ou retourner à l’âge de la pierre
Les Européens sont prévenus, c’est le cœur de leur civilisation que vise la dictature chinoise. Ainsi entendue, la compétitivité exige d’eux qu’ils retournent à l’âge de la pierre, comme vit la majorité du peuple chinois sous la botte des oligarques ultra-libéralo-communistes. Dès lors, il n’y a pas 36 solutions :
- ou les peuples européens acceptent de connaître le sort misérable du peuple chinois,
- ou ils s’y refusent, mais dans ce cas, des mesures drastiques de protection doivent être prises.
Les frontières européennes doivent se fermer aux produits chinois en dressant une barrière de taxes à la hauteur des droits sociaux volés aux travailleurs chinois par leurs bourreaux de dirigeants. Et sans attendre, chacun doit commencer par refuser à acheter chinois. On ne sous-estime pas la difficulté car désormais nombre d’entreprises sont allés s’installer en Chine là où la main-d’œuvre est corvéable à merci. Mais puisque la guerre est déclarée par la Chine, il faut regarder ces patrons cupides pactisant avec l’ennemi comme des « collaborateurs » et les traiter comme tels.
Si la mondialisation est l’alignement des peuples sur le niveau de vie le plus rudimentaire, alors il faut la combattre. Après tout, l’Europe forme un ensemble économique suffisamment vaste pour prospérer et elle a déjà beaucoup à faire avec les pays qui l’ont rejointe après avoir été ruinés par le communisme, pour harmoniser les droits sociaux non par le bas mais par le haut.
On peut espérer que les Chinois de leur côté découvriront un jour que le travail n’est pas tout dans la vie et que celle-ci est trop courte pour la perdre à seulement la gagner. Mais dans combien d’années ? Il a fallu 170 ans en France pour qu’un système de protection sociale soit organisé et deux guerres mondiales. Songe-t-on qu’en 1841, la loi sur le travail des enfants - qui n’ a été que peu appliquée avant que l’École publique et obligatoire fût créée à partir de 1882 - interdisait seulement que les enfants de 8 à 12 ans travaillent plus de 8 heures par jour, tandis que ceux de 12 à 16 ans pouvaient travailler 12 heures ? Voilà l’âge de la pierre d’où vient la France et où M. Jin Liqun voudrait la faire retourner. Dans l’attente d’un changement en Chine qui risque de prendre du temps, l’Europe a mieux à faire qu’à se laisser ruiner sa protection sociale par ces barbares à ses portes que sont les oligarques chinois dont la dictature politique et l’ultra-libéralisme économique sont les deux mâchoires pour broyer et asservir les peuples. Paul Villach
(1) AgoraVox, 12 novembre 2011 « M. Jin Liqun, président superviseur du China Investment Corporation (CIC), s’exprime sur Al Jazeera. »
http://www.agoravox.tv/actualites/europe/article/ce-que-les-chinois-pensent-de-l-32476
Documents joints à cet article
![La jungle chinoise aux portes de l'Europe](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L540xH270/1596684_3_df16_des-ouvrieres-chinoises-travaillant-a-la-chaine-f7810.jpg)
![La jungle chinoise aux portes de l'Europe](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L140xH169/image12-2307c.jpg)
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