La jungle de Montigny
J’emprunte matin et soir, la piste cyclable qui longe la voie ferrée et la nationale 10 pour aller travailler. La piste est protégée, j’aime chaque jour de travail, emprunter ce chemin verdoyant qui me rappelle la beauté de la campagne. Je pars de la commune de Trappes, elle me mène à Montigny. Elle est située à l’écart de la route, Je n’ai pas à affronter directement les conducteurs ivres de colère qui lassés des éternels bouchons aimeraient en découdre car frustrés de ne pas posséder une bicyclette. Je ne subis pas leurs invectives et la démonstration de leur puissance motorisée. Juste quatre kilomètres, mais effectués avec plaisir et sans danger.
Il y a maintenant presque un an, je découvris stupéfait, un bidonville surgissant d’un liseré de bois qui borde la piste. Je m’arrêtai pour contempler ces logis faits de tôles et de pierres, j’étais émerveillé par ces constructions moyenâgeuses. Ce moment était féérique, magique, irréel, comme dans un rêve, mais soudainement deux énormes chiens me coururent après, une fois sur mon vélo ils essayèrent de me mordre les mollets. Depuis ce temps, chaque jour, en passant devant leur campement, je découvre le quotidien de ces gens. Les femmes et les hommes se répartissent les tâches. Ils parcourent la piste, les femmes mendient à Montigny, quant aux hommes, ils vident les locaux à poubelles que les ensembles immobiliers leur mettent à disposition. Je les voie parfois avec leurs caddies remplis de nos déchets ou de bois pour se chauffer. Si un employé de CARREFOUR recherche la cinquantaine de caddies qui a disparu, il faut venir dans leur campement, mais attention aux chiens !
Le temps a passé et je les gène. Quel est donc ce gugusse qui passe et repasse avec son vélo et nous frôle dangereusement pendant nos activités de tous les jours, n’a-t-il pas autre chose à faire ? Quant à moi, Ils me font perdre de précieuses secondes, je dois slalomer entre eux et leurs caddies. C’est pourquoi, j’ai écrit aux différentes administrations pour savoir s’il était normal d’accueillir des gens dans de telles conditions. Si ces gens arriveront un jour à s’intégrer, si les enfants que je vois ne devraient pas aller à l’école pour apprendre deux ou trois mots de français, apprendre notre culture, apprendre notre histoire, notre principe de laïcité. Si leurs enfants se contenteront toute leur vie de ce quotidien. Mais c’est sans doute après avoir murement réfléchis, qu’ils décidèrent de ne me donner aucune réponse.
En France, il faut penser avec des pincettes. Si quelques-uns s’insurgent dans l’isoloir à chaque premier tour d’élection, pas moi. Je suis neutre, Je ne prends aucun risque, je ne ferai preuve ni de compassion, ni de racisme. C’est pourquoi je réclame qu’une piste leur soit attribuée. Nous ne nous gênerons plus, chacun sa piste, une pour les piétons, une pour les cyclistes et une pour les caddies.
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