La kalachnikov belge de Mr Juppé
Notre nouveau ministre de la défense, vieux briscard de la politique, a donc trouvé la réponse aux questions légitimes posées sur la mort des deux otages français. Aux toutes dernières nouvelles même, une « commission consultative » a donné son feu vert pour lever le secret défense sur l’assaut mené au Niger. C’était donc au ministère de la défense de répondre à cette demande de la justice, et c’est justement ce que vient de faire Mr Juppé, à une vitesse jamais vue à ce jour : logique, il venait auparavant d’en discuter les paramètres à révéler ou non avec les autorités du Niger. On souhaite que ce soit fait dans la plus grande transparence, car pour l’instant, comme on dit poliment, les « zones d’ombres » subsistent. Et parmi celles-ci, celle de la réponse de Mr Juppé aux parents des otages abattus comme quoi ils avaient été « tués par des balles de kalachnikovs ». Une assertion qui ne demande qu’a être prouvée, car il semble bien que tout va se jouer dans les jours à venir dans un débat reposant sur le calibre des armes utilisées. Et là, à vrai dire, à moins d’avoir un exemplaire de balle utilisée, le flou peut être en effet entretenu : des explications balistiques s’avèrent nécessaires dans cette tortueuse affaire. Les voici.

"Des balles de kalachnikov" : le mot lancé par Mr Juppé le 18 janvier n'est pas anodin. Par définition, en effet, le fusil mitrailleur originaire d'URSS tire des balles qui ne peuvent pas être confondues avec celles utilisées par les armes de l'Otan ou celles utilisées par les troupes françaises. Restons en effet à la kalachnikov classique, car il existe aussi une kalachnikov tirant de plus petites balles : le modèle AK-74 que tout le monde connait, c'est en effet celle avec laquelle Oussama Ben Laden a décoré tous ses arrières plans de terroriste actif (bien que manipulant l'arme personnellement comme un amateur !). La balle que tire cet engin est plus petite, de calibre 5,45x39, assez voisin de celle des armes de l'Otan. Au Cos, qui a donc intervenu au Niger, on est équipé de balles de calibre similaire : le fameux FAMAS est chargé en 5,56 mmx45 mm OTAN, comme le Sig Sauer 551 ou le Colt M4 : voire le FN Minimi5. Le H&K MP5 parfois employé (c'est l'arme utilisée par les terroristes de Mumbai) est à part : il tire soit du 10 mm Auto (ou parabellum, dite MP5/10) ou du 40 S&W (MP5/40), rarement utilisées jusqu'alors en fusil mitrailleur. Or la kalachnikov classique des preneurs d'otages de l'Aqmi au Niger n'est pas celle exhibée par Ben Laden : c'est le modèle "long", classique, à savoir tirant de la cartouche 7,62x39 mm, d'un tout autre format donc. On comprend très bien que dans ce cas que MrJuppé tienne autant à souligner le fait : entre les balles tirées par les paras du COS avec n'importe laquelle de leurs armes portatives, et une "kalachnikov", il ne peut en effet y avoir confusion : c'est calibre 5,45 contre 7,62, et sur un corps, ça se mesure, hélas aux blessures infligées, qui ne sont donc pas les mêmes. Mr Juppé a dont tablé sur des faits indiscutables. Sauf qu'une dépêche retrouvée datant de quelques jours seulement remet en cause cette analyse différentielle et ses conclusions un peu hâtives. Ce qui est en cause, ce sont les tirs en provenance des trois hélicoptères français présents sur les lieux.
La dépêche a été relevée dans une certaine indifférence dans le magazine Le Point, où un actif journaliste, spécialiste de la chose militaire, Jean Guisnel, suit les informations sur l'armée de très près. Son texte est sans ambiguité aucune : "La direction générale de l'armement nous a confirmé mardi soir avoir passé commande de "plus de 10.000" mitrailleuses 7,62 mm modèle MAG 58 auprès du fabricant belge d'armes légères FN Herstal. Annoncé par la presse belge le 15 janvier, le contrat a en fait été signé le 15 décembre 2010, à la suite d'une compétition. La DGA ne souhaite pas préciser les autres parties prenantes mais aucune n'était française. La MAG 58 est un standard international, elle équipe déjà plusieurs dizaines d'armées dans le monde, dont celle des États-Unis." Un juteux contrat pour Herstal, une belle somme à débourser pour un gouvernement censé faire faire des économies à sa population : "Au total, les armées françaises devraient commander 10 881 exemplaires de cette arme, pour environ 100 millions d'euros, indiquent des sources belges, mais, à ce stade, seule une première tranche conditionnelle de 500 exemplaires a fait l'objet d'un contrat pour la seule armée de terre. Les premières armes devraient être livrées avant la fin de cette année" nous dit Guisnel. Mince, cent millions d'euros, voilà qui n'est pas peu : c'est presque le prix d'un Rafale (fort) bradé aux brésiliens !
La France a donc décidé d'acheter ses armes, et c'est bien en connaissance de cause, car elle connaît bien son effiicacité, nous rappelle le journaliste : "cette nouvelle arme est bien connue de l'armée française, puisqu'elle équipe déjà les hélicoptères EC725 et Cougar modernisés qui les emportent en sabord". Et là, ça devient sacrément intéressant : sachant que trois Cougar étaient à la poursuite des 4x4 avec les deux malheureux otages, cela devient même plutôt... gravissime. Cette fameuse mitrailleuse, proche de la M240 américaine n'est pas un modèle récent (elle est sortie en 1958), mais il est devenu incontournable, car elle apporte une puissance de feu plus importante que celle qu'apportent les armes de l'Otan : elle tire en effet des balles de 7,62, de format 7,62 x 51 mm, devenu de fait le second calibre standard de l'Otan. Selon la direction générale de l'armement, en effet," le Caracal est doté de 2 mitrailleuses MAG 58 de calibre de 7,62 mm montée en sabord". Idem pour les Cougars "modernisés" ou "rénovés". avec aussi "2 mitrailleuses MAG 58 de calibre de 7,62 mm montée en sabord" : ceux-là même qui ont œuvré au Niger. Effectivement : la "MAG" est bien présente en effet sur les deux types d"hélicos comme le montre ce forum dédié.
Entre le calibre 7,62x39 de la Kalachnikov et le 7,62x51 de la M-58, que reste-t-il comme différences sur les corps traversés par ces balles et là tout le mystère. En somme, d'affirmer que ce sont des balles de calibre 7,62 qui ont tué nos otages ne suffira donc pas. N'étant pas médecin légiste, je suis bien incapable de vous dire si une balle de M-58 tirée d'hélicoptère fabrique des dégâts corporels différents d'une balle de kalachnikov tirée au sol. En revanche, vu que les deux calibres étaient présents des deux côtés, il ne reste que les balles elles-mêmes comme preuve formelle de ce qui s'est réellement passé. Et ça, pour l'instant, il n'en n'existe aucune preuve pour le second otage, aux corps retrouvé calciné et non porteur de balles d'après ce qu'on en sait (selon la déposition du procureur en charge du dossier). Que pourra donc transmettre à la justice Mr Juppé comme preuve formelle de la responsabilité des deux morts ?
La justice, qui devrait aussi s'intéresser à un autre problème encore plus ardu dans cette histoire vénéneuse. Celui relaté par le Canard Enchaîné, qui, très bien renseigné comme à son habitude par la bande, a décrit une toute autre situation que celle décrite par Mr Juppé. Selon lui, tout d'abord, "l'état-major des armées a lancé une enquête sur l'intervention, à la frontière du Niger et du Mali, des commandos français qui ont tenté de sauver les deux otages capturés parles terroristes d'Aqmi. Lors dela poursuite des ravisseurs, l'avion Atlantique 2 jouait le rolede PC volant". Ça c'est une chose que personne ne conteste semble-t-il : on a utilisé de gros moyens. En revanche, la suite détonne avec la version officielle : "selon la Direction du renseignement militaire et la Direction des affaires stratégiques, le commando d'Aqmi a été guidé, à l'intérieur de Niamey, par une voiture de gendarmes nigériens. Puis accompagné jusqu'à la sortie de la ville. La garde nationale nigérienne fera ensuite savoir - mais est-ce vrai - aux commandos f rançais qu'un 4 x 4 de la gendarmerie venait d'être capturé par les terroristes. Une version contestée, à Paris, par les services français".
L'affirmation du "Canard" est donc très grave, encore, car elle évoque clairement une complicité des policiers nigériens, évoquée par les français et dénoncée tout de suite. Un Canard déchaîné qui continue ainsi : "gendarmes camouflés ? A la suite de l'attaque du convoi des terroristes, qui avaient reçu un renfort venu du Mali, une quarantaine de Français, à bord de quatre hélicoptères ou déposés au sol, ont détruit quatre voitures, dont l'une, semble-t-il, transportait les otages. Et, parmi les morts, les militaires français ont découvert deux hommes portant l'uniforme des gendarmes nigériens, masqué sous un autre vêtement. Deux hommes accusés d'avoir ouvert le feu sur l'un des hélicoptères français. Les responsables nigériens n'admettent pas cette version et nient que ces deux morts soient réellement des gendarmes. D'où ce soupçon des services français : personne ne veut reconnaître, à Niamey, que l'Aqmi avait enrôlé des complices sur place". Des complices dans l'armée nigérienne ? Des soldats déguisés ? Car on leur a bien rendu les armes, lors du retour de leurs cadavres !
Sur "armées.com", où l'on soutient la thèse de Mr Juppé ("il n’est pas question de fabriquer une « bavure » française"), on tient un discours assez semblable pourtant sur le scénario du tir fourni à partir des hélicoptères : "Les otages avaient été emmenés dans des 4X4, dans un en particulier, qui aurait été, selon des sources maliennes dont la fiabilité n’a pas été éprouvée, ciblé et détruit par un tir provenant d’un hélicoptère et dans lequel les otages avaient été transférés. Ce qui expliquerait la calcination d’un ou des deux corps. Nous avons annoncé, hier, que trois gendarmes nigériens avaient trouvé la mort dans les affrontements avec les ravisseurs et terroristes venus les soutenir ; ce qui est très bizarre c’est qu’on les aurait trouvés auprès des otages peu après l’assaut meurtrier. On attend les explications nigériennes à ce sujet". Ce n'est même pas à demi-mot que l'on reconnait le tir d'hélicoptère, mais en l'atténuant quelque peu en en faisant "une source malienne". "Selon des sources maliennes, des hélicoptères français ont tiré sur les véhicules des ravisseurs, avant que les commandos n'interviennent au sol". "La traque des ravisseurs a pris fin au Mali, avec le feu vert de Bamako. Des sources des services de sécurité maliens situent l'assaut final "à une quinzaine de km de la localité malienne de Tabankor" (35 km au sud de Ménaka), dans une zone désertique, où ont été retrouvés des "véhicules calcinés" peut on lire ailleurs.
Or là, il y comme qui dirait complète contradiction avec deux personnes ayant parlé un peu vite semble-t-il : "le 10 janvier, le Premier ministre François Fillon avait déclaré que les deux hommes avaient été "éliminés froidement". Le lendemain, son ministre de la Défense avait dit avoir "toutes les raisons de penser que les otages ont été exécutés par les ravisseurs". Le premier ministre s'est-il depuis aperçu que pour le cas de l'un des deux otages sa phrase devient terrible pour lui et son gouvernement : "éliminé froidement" résonne étrangement en effet tout à coup pour le cas surtout de Vincent Delory. "Selon le rapport effectué par le professeur Lecomte, Vincent Delory a reçu une rafale de kalashnikov dans le dos. Il aurait pu alors tomber près d'un véhicule en flammes, mourir de ses brûlures ou d'asphyxie" a t-on expliqué dans France-Soir : des balles de 7,62, donc... Quant au rôle des vrais-faux gendarmes nigériens abattus, c'est le porte parole de la Défense, et Directeur de la Délégation à l’information et à la communication de la défense qui, en fait, avait révélé l'affaire dans ce qui pourrait représenter dans quelques semaines une belle bourde : "Laurent Teissière, qui avait affirmé, la semaine dernière, que ces hommes en uniforme nigérien n’étaient pas entravés et qu’ils avaient affronté les commandos français". Sans lui, l'affaire serait restée... inconnue. L'ancien secrétaire général d’Eurocopter de 2000 à 2004 s'est-il laissé entraîner par sa fougue en dénonçant ce qui logiquement devrait mener à un bel incident diplomatique ? Des gendarmes nigériens qui auraient tiré sur les français, nous affirmait le porte-parole de Mr Juppé ! Avec quelles armes ? Lors du dernier exercice conjoint avec les USA, les soldats nigériens étaient équipés de... kalachnikovs...de calibre 7,62 !
On le voit, en effet, la description de l'intervention par le journal satirique présente une opération lourde côté français : trois hélicopères Cougar, un Bréguet Atlantic (avec onze personnes à bord), au total près de 50 hommes, "drivés" de Paris par Benoît Puga, ancien patron du COS, l'homme de fer de Nicolas Sarkozy depuis le 5 mars 2010, un Sarkozy tenu au courant à la minute de l'évolution de la situation. Selon d'autres sources de presse, c'est bien de l'hélicoptère que les tirs principaux auraient eu lieu. A la fameuse M-58, aux balles de 7,62. 50 personnes, avec en face... 4 "terroristes", car selon ce que l'on sait, on dénombrait 9 morts à l'issu de l'assaut : 2 otages, 3 gendarmes nigériens (à qui on a donc bien rendu les honneurs) et 4 terroristes. Quatre, seulement, et non six, puisque les deux "faits prisonniers" par les français ont depuis... disparu des comptabilités des deux pays concernés : deux policiers/gendarmes de plus ? Une opération très lourde même selon J-D Merchet :"comme nous l'évoquions dès samedi dernier sur ce blog, nous pouvons confirmer que des parachutistes ont été largués au cours de l'opération du COS contre les ravisseurs des deux Français. L'hebdomadaire Air et Cosmos évoque également cette affaire. Si la première vague est arrivée en hélicoptères, l'intensité des combats a contraint l'état-major tactique à faire appel à des renforts, largués à courte distance par un avion présent sur place. Le nombre de paras largués est très réduit, de l'ordre de la dizaine d'hommes. Ce sont eux qui ont retrouvés le corps de l'un des deux otages tués". Ce qu'il y a d'étonnant dans cette explication c'est la notion "d'intensité des combats". Comment quatre preneurs d'otages peuvent-ils aligner une pareille ligne de feu devant une trentaine de soldats ? A moins de la "participation" des gendarmes nigériens cités ?
Quatre preneurs d'otages seulement dans... quatre voitures, annonce donc Le Canard Enchaîné : tout le problème est là en effet : vous voyez, vous, une prise d'otage d'une voiture avec UN seul homme armé à bord, avec une Kalachnikov modèle "long" pour menacer 4 ou 5 occupants ? C'est tout simplement impossible à faire, même à côté du conducteur. On a certes dit que les otages étaient "entravés". Mais si le pilote n'est pas un membre de l'Aqmi, et un otage lui-même, il faut à la fois dicter la route et surveiller les prisonniers. Non, décidément, pour 4 voitures, 4 activistes ne suffisent pas ! Le rôle des "gendarmes" en devient plus intriguant encore, alors. Quand au nombre exact, Mr Juppé le situait déjà à 6, le 12 janvier... : "il y a eu trois morts et trois blessés (du côté des ravisseurs) dans un premier temps. Ensuite un ravisseur est mort des suites de ses blessures. Il y a deux militaires français blessés », a poursuivi Alain Juppé". Les deux blessés "disparus" depuis des tablettes nigériennes et françaises... comme étant deux gendarmes, ou deux terroristes de l'Aqmi ? Le 12 encore, il en restait à cette version "ce sont donc les autorités nigériennes qui mènent l'enquête. Il n'y pas de Français qui participent à l'interrogatoire des deux blessés mené par les autorités nigériennes »." Le lendemain, les "prisonniers" blessés se révèlent être aussi des gendarmes... selon l'Elysée, qui le fait dire par TF1 pour le confirmer. Que penser de militaires français qui ne savent pas distinguer un terroriste de l'Aqmi d'un gendarme nigérien ? Ou quels vêtements portaient véritablement ces deux "gendarmes" pour qu'on ne puisse les distinguer de visu ? Non, franchement, là, il y a bien la preuve d'une forfaiture : une double forfaiture, les deux parties s'entendant entre elles pour ajuster au fil du temps leurs propos.
On retrouvera donc les corps des otages, et ceux des policiers nigériens , car il y avait bien plus de 2 véhicules de poursuivis : "parmi les véhicules retrouvés calcinés, il y a un gros véhicule 4X4 immatriculé au Bénin", a déclaré une autorité administrative dans le nord du Mali. A Niamey, des témoins du rapt avaient déclaré que les deux Français avaient été emmenés vendredi soir "à bord d'un 4x4 immatriculé au Bénin" : c'est celui des ravisseurs. Mais il y en a un autre, tout blanc celui-là : "parmi les véhicules calcinés figurait également "un véhicule de la gendarmerie nigérienne". Le ministre de la Défense, Alain Juppé, a indiqué lundi à Niamey que "des terroristes", mais aussi "des personnes portant uniforme de la gendarmerie nigérienne" ont été retrouvés morts après l'assaut, avec les otages. "A l'enquête d'établir quelle était la raison de leur présence dans les véhicules que nous avons arrêtés", a-t-il dit."
Des gendarmes, à qui on a pourtant rendu hommage au Niger (voir la photo), et que le Libération du jour (samedi 22 janvier) évoque comme ayant été pris en otages eux aussi par les ravisseurs des français lors d'un précédent accrochage. Chose qui laisse aussi dubitatif : depuis quand des preneurs d'otages poursuivis par hélicoptère s'embarrassent-ils de prisonniers supplémentaires qui ne peuvent que les ralentir, ou compliquer la surveillance ? Des terroristes qui à ce moment là épargneraient la vie de leurs otages pour en tuer d'autres après ? Selon Libération, toujours, l'assaut français aurait eu lieu en prime de nuit. A la lunette de visée nocturne : sans aucune présence de force nigérienne, donc, démunie de ce type d'équipement. Selon le journal, toujours, Alain Juppé aurait reconnu que les gendarmes emmenés, capturés lors d'un premier accrochage, "est un événement que nous n'avons pas connu d'emblée". D'où la bavure évidente quasiment reconnue ! Les français ont bel et bien reconnu avoir tué des gendarmes nigériens, mais pas les otages qui étaient dans les mêmes voitures ? Les lunettes de visée nocturne française sont particulièrement efficaces alors ! Dans cette affaire, la rapidité avec laquelle le gouvernement nigérien va passer l'éponge en quelque sorte sur les trois cadavres de gendarme n'explique-t-elle pas tout ? Une entente mutuelle pour dissimuler de chaque côté ce qu'il y a d'embarrassant ?
Quatre terroristes auraient donc pris en otage cinq personnes ? Voire sept, si l'on compte les deux autres nigériens remis au Niger et présentés eux aussi comme des gendarmes ? Avouez que c'est difficilement crédible : dans les deux véhicules, il faut deux pilotes qui peuvent difficilement surveiller les otages emportés. A moins d'avoir aux côtés un membre de l'Aqmi armé, et un autre derrière pour surveiller les autres otages. Or on apprend aujourd'hui, toujours dans Libération, que les preneurs d'otages devaient être plus nombreux, et que certains ont même "réussi à s'enfuir" pendant l'opération : on est donc obligatoirement à plus de deux véhicules attaqués. Quatre, au total, affirme le Canard. Et plus que six terroristes au total... On attendra les photos de Mr Juppé pour le vérifier, car lui en a dénombré six au départ. On y apprend aussi "que deux gendarmes nigériens blessés" sont actuellement soignés au Val de Grâce, à Paris : "on leur doit bien ça" aurait confié au journal un haut responsable français" ajoute Libé. Qui sont-ils donc ? Les prétendus "terroristes" arrêtés des toutes premières déclarations françaises ? Une prise en charge médicale après en avoir tué trois autres, opération de "réparation" pour laquelle s'était rendu en France Ousmane Cissé, ministre de l'intérieur du Niger (et de "de la Décentralisation, de la Sécurité et des Affaires Religieuses"). Des soldats en uniforme, ou portant l'uniforme sous un déguisement de preneur d'otage étaient à bord avec les otages français ? Voilà de quoi longuement parler avec les trois interlocuteurs de Mr Cissé, reçu par : "le Secrétaire Général, M. Claude Guéant, et le Chef d’Etat Major Particulier du Président Français, le Général d’Armée Benoît Puga, et au Ministère de la Défense Nationale par le ministre d’Etat, ministre de la Défense, M. Alain Juppé" précise "Lesahel.org". Parler ensemble de comment présenter les choses de chaque côté... sans se mélanger une nouvelle fois les pinceaux dans les déclarations mutuelles ?
Voilà en tout cas comment deux Etats défaillants arrivent à s'entendre sur un point commun : ne pas révéler les détails exact de ce qui est bel et bien une énorme bavure française, et une compromission nigérienne, sans doute, avec les preneurs d'otage. Vincent Delory et Antoine de Leocour ont bien été victimes de balles, et davantage encore, semble-t-il, de turpitudes diplomatiques. Aucun des deux pays concernés, dans cette sinistre bavure, ne nous dira la vérité, hélas. Et certainement pas Mr Juppé qui déclassifie à la vitesse éclair ce qu'il souhaite déclassifier uniquement. A savoir tout, sauf les photos des balles de 7,62 de la MAG58, devenues à ses yeux de si pratiques "balles de kalachnikov".
PS : De gauche à droite sur la photo des balles ouvrant l'article : la 7.62x39mm des AK-47 ; la 5.45x45mm des AK-74 (celle de Ben Laden), la 7.62x51mm OTAN des M-14 (USA) et des mitrailleuses comme la M-58, et la 5.56x45mm OTAN des diverses armes du COS.
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