La lente et inéluctable disparition des libertés
La censure et les injures sont les réponses invariables de ceux qui n'ont plus d'arguments à faire valoir, ce sont des violences morales qui préfigurent les violences physiques.
(Paroles d'Altimar, grand-prêtre de Karanac)

La censure généralisée, dernier avatar de la guerre de l'information
Partout dans le monde, la liberté d'expression se réduit comme une peau de chagrin. Ce mouvement n'est pas uniforme et ses modalités varient selon les régions et les systèmes qui prédominent mais il est universel.
Si le voyageur qui passe quelque temps dans un pays étranger a la curiosité de lire les journaux et d'écouter les médias locaux, il s'apercevra très vite que la majorité des sujets abordés sont une propagande à peine déguisée de l'action du gouvernement en place, que ce soit des actions sociales ou des traités signés avec les puissances extérieures (toujours avantageux, bien sûr).
Le pouvoir de l'image télévisée est encore plus grand car il s'adresse directement à l'émotion, alors que la lecture permet un certain recul par rapport au texte écrit, c'est pourquoi le nombre d'états dans le monde entier n'exerçant pas de contrôle sur les chaînes est extrêmement réduit, sinon insignifiant.
Tout cela existait de longue date, et beaucoup de gens avaient compris comment contourner la doxa officielle par le biais des informations extérieures, même dans les pays les plus fermés et les plus surveillés tels que la république de Chine, ou la Turquie, ou les sultanats.
La donne a vraiment changé avec la démocratisation d'Internet et son accès mondial, chaque individu disposant d'une connexion ayant un accès immédiat à des informations que beaucoup de décideurs auraient aimé bien voir cachées. Deux évolutions convergentes se sont progressivement mises en place pour contrer cet inconvénient. La première parade, et aussi la plus simple, est la mise sous surveillance des fournisseurs du net. Par exemple, en Russie, les députés viennent de voter un loi pour étendre le contrôle d'internet, ce que la Chine fait depuis longtemps.
Cette méthode brutale n'étant pas possible dans le monde occidental habitué à avoir les coudées franches, d'autres stratégies se sont développées. La plus ancienne consiste à utiliser la puissance de la propagande pour dénigrer les opinions indésirables et les diaboliser. La méthode est extrêmement efficace dans les milieux où la réputation est importante, comme celui des artistes, ou celui du journalisme, entraînant un conformisme particulièrement répandu. C'est ainsi que pratiquement toutes les réactions des personalités d'Hollywood sont interchangeables au mot près. En France, c'est sous Hollande que la méthode a commencé à prendre de l'ampleur, on ne compte plus les mises au rencart des éditorialistes rétifs, les semblants d'indignation à la moindre phrase n'allant pas dans le sens du "camp du bien" et les innombrables procès intentés par les associations soit-disant antiracistes. Macron continue dans la même voie, bien sûr, et traque les dernières associations patriotiques qui existent encore.
La seconde stratégie bâtit un mur d'argent autour de l'accès à l'information, seuls les grands groupes possédant de puissants moyens financiers peuvent se permettre d'obtenir les informations de première main qui étaient déjà loin d'être gratuites. La concentration des GAFA, le quasi monopole de Google, YouTube et Facebook rendent le contrôle beaucoup plus facile qu'avant.
Tout naturellement, les gouvernements et les associations font pression sur ces entreprises pour supprimer les comptes des utilisateurs qui leur déplaisent, ce qui arrive de plus en plus souvent. La censure est parfois plus sournoise, avec la technique du déférencement sur Google, par exemple, où le moteur de recherche ignore délibérément les sites correspondants. Les GAFA n'étant pas neutre idéologiquement, l'ombre de la censure se généralise partout. L'UE a récemment appelé les médias sociaux à censurer immédiatement l'information mise en ligne
L'un des derniers clous du cercueil est l'extension des droits d'auteurs par une proposition de directive du parlement européen, c'est-à-dire que les liens provenant d'un éditeur de presse seront soumis aux copyright, c'est-à-dire payants. Un auteur bénévole d'agoravox, pourrait donc dans l'avenir être obligé de payer pour illustrer son article avec une image provenant d'un site, ou même d'une parodie. Inutile de détailler les dégâts sur l'expression populaire.
L'alibi de la protection, et la loi des grands nombres
"La tendance de l'humanité est invariable, en voulant se protéger elle construit involontairement sa propre prison."
(Paroles d'Altimar, grand-prêtre de Karanac)
Toutes les personnes agées se souviennent probablement des libertés dont elles bénéficiaient il y a longtemps et qui ont progressivement disparues. Chasser et pêcher sans permis était possible il y a un siècle, et quand on prenait la voiture, il n'y avait pas de radar et pas de ceinture obligatoire non plus.
Je sais, le peuple accepte toujours de troquer un peu de liberté contre un peu de sécurité, surtout lorsqu'on lui serine quotidiennement le nombre élevé de morts sur les routes, par exemple. Mais chacun peut constater que ce nombre ne diminue pas vraiment alors que les restrictions elles, sont devenues considérables. En fait, je connais certaines régions du monde où l'assurance n'est pas obligatoire et le nombre d'accidents bien moins élevé que chez nous. Comment font-ils ? C'est très simple, si vous causez un accident, vous allez directement en prison, et elles ne sont pas vraiment confortables, ce qui est très dissuasif.
Inversement, quelqu'un qui est couvert par toutes sortes de mutuelles va inconsciemment baisser la garde et prendra plus de risque. En me promenant en ville l'autre jour, je m'étonnais la proportion élevée de gens qui boîtent ou claudiquent, je pense que le fait de se savoir pris en charge médicalement entraîne une baisse de l'attention, ce qui explique le paradoxe.
Mais la véritable raison de la diminution de l'espace vital est la surpopulation. Gérer des flux importants comme les départs en vacances exige une stricte organisation et chacun ne peut pas faire ce qu'il veut, il faut rentrer dans une case bien précise. De même, les normes d'habitations ne peuvent plus permettre de grandes surfaces, petit à petit elles se réduisent pour pouvoir loger tout le monde.
Les endroits où les gens et les animaux sont libres de se déplacer se réduit sans cesse, les clôtures et les panneaux indiquant "propriété privée fleurissent partout. Il ne restera bientôt que quelques forêts domaniales, des zone de montagne et des bords de plage où les gens pourront se promener. Il n'est pas étonnant dans ces conditions, que la réintroduction d'animaux en voie de disparition comme l'ours ou le loup, tienne de la gageure. La situation est meilleure en Afrique, qui dispose de plus d'espace, mais pour combien de temps ?
Ce rétrécissement a des conséquences sur les enfants, les interdictions les cernent de tous côtés, les empêchant d'acquérir une expérience précieuse, la plupart du temps ils ne peuvent plus sortir seuls dans la rue, et leur espace de jeu se limite bien souvent à un bac à sable avec quelques balançoires. On leur reproche de se réfugier dans leurs tablettes et smartphones sans se poser la question de ce qu'ils peuvent faire d'autre.
Cette loi des grands nombres s'impose inéluctablement et va toujours dans le sens d'un amenuisement des libertés, comme l'entropie de l'univers qui augmente constamment.
Il fut un temps où je marchais sur la Terre
Les rayons d'or de l'aube soulignaient le moutonnement vert tendre des collines en dissipant la brume matinale. La barque glisse sur l'étang, plisssant la surface de l'eau en silence, puis froissant le rideau de roseaux...
Le manteau blanc recouvrant les cimes brille de multiples éclats cristallins, au-dessus un tournoie lentement, et plus bas le torrent cours sous la glace transparente.
Dans la savane, le tam-tam obstiné du martèlement des sabots soulève la poussière âcre au passage de la horde, accompagné par le craquement des branches sèches, des oiseaux en formation traversent le ciel avec des appels plaintifs.
Les membrures du vieux bateau gémissent, le vent siffle dans les haubans et gonfle les voiles, la proue trace son sillage accompagné par le ballet infatigable des dauphins, tandis que les baleines au long cours poursuivent leur transhumance...
Les arbres plaintifs craquent en gémissant sous le murmure de la brise et tachent le chemin en allongeant leurs doigts d'ombre. Des gouttes d'eau traversent l'entrelac des branches et les feuilles brillantes deviennent glissantes sous les pieds. Bientôt le l'orage gronde et déchire le ciel, des flèches de pluie transpercent le feuillage...
Le dernier pêcheur retire son filet, ombre chinoise sur le ciel teinté de rose saumon. Le soleil termine son périple dans l'océan et le manteau étoilé recouvre peu à peu cette petite planète au bord de la voie lactée.
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