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La liberté d’expression existe, à condition de plaire au Sultan d’Ankara !

 

Les agences de presse internationales (Reuters, AFP, etc) font état de l’arrestation et de l’emprisonnement, la semaine dernière, de Bengul Garninsu.

Mais qui est Bengul Garninsu et surtout qu’a-t-elle fait pour mériter cela ?

Bengul Garninsu, âgée de 48 ans, membre du Comité central du Parti Républicain Turc (socialdémocrate), a été arrêtée dans la partie de Chypre occupée par la Turquie depuis 1974. Bengul Garninsu était accusée d’être impliquée dans une organisation terroriste. Les policiers qui ont fait irruption dans sa maison ont trouvé, disent-ils, les preuves nécessaires à son arrestation : Un livre interdit et un drapeau (avec une carte du Kurdistan). Elle a été présentée à un « juge » qui a émis une ordonnance de détention de deux jours à son encontre.

Dans la réalité, le régime instauré par Erdogan en Turquie déborde largement dans la partie occupée de Chypre où ses partisans et toutes les « institutions » établies, contrôlées et dominées par la puissance occupante - la Turquie - fonctionnent au seul profit du sultan d’Ankara. Les droits des Chypriotes grecs et des Chypriotes turcs sont systématiquement violés.

L’arbitraire est de mise et les exemples ne manquent pas : En décembre dernier, une autre jeune femme, Fadila Chikhou, citoyenne chypriote d’origine syrienne, a été arrêtée par le régime d’occupation après avoir franchi la ligne de démarcation pour se rendre en zone occupée. Elle était accusée d’avoir participé à une manifestation des Kurdes contre l’invasion turque d’Afrin. Cette manifestation avait eu lieu dans la partie libre de Chypre. Et Fadila Chikhou avait jeté une affiche représentant Recep Tayyip Erdogan par terre et l’avait piétinée, tout en brandissant une affiche représentant Abdullah Ocalan, le leader kurde emprisonné en Turquie.

Dernière question et pas des moindres : depuis quand lire un livre et parler est un délit passible d’emprisonnement ?

Ah oui, j’oubliais : un régime du début du siècle dernier a brulé massivement des livres sur la place publique…et, plus récemment, le gouvernement Erdogan a interdit quelques 140 000 livres de droit de cité dans les bibliothèques publiques turques car jugés subversifs et soutenant le terrorisme ; il s’agit des livres de Baruch Spinoza, d’Albert Camus et de Louis Althusser. Leurs ouvrages, entre autres, ont été retirés des bibliothèques publiques turques, au motif qu’ils mettaient en avant les idées du prédicateur Fethullah Gülen, ennemi juré du président turc, exilé aux États-Unis et accusé d’être le cerveau de la tentative de coup d’État de juillet 2016.

 


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8 réactions à cet article    


  • Christian Labrune Christian Labrune 19 mars 2019 15:53

    à l’auteur,

    Ce n’est pas bien de dire du mal de nos alliés, et le Mussolini des Turcs est notre allié, pour la plus grande gloire de l’Europe, tout aussi bien que Khamenei & Rohani, ces grands démocrates de la grande démocratie iranienne.

    J’en profite quand même pour signaler une pétition soutenant Nasrin Sotoudeh, une iranienne qui vient d’être condamnée à plus de trente ans de prison pour son opposition constante au régime des mollahs.

    Elle recevra aussi 148 coups de fouet pour avoir soutenu des iraniennes qui s’étaient publiquement débarrassées d’une sorte de voile Decathlon.

    https://www.change.org/p/lib%C3%A9rez-l-avocate-iranienne-nasrin-sotoudeh-freenasrin


    • Christian Labrune Christian Labrune 19 mars 2019 16:01

      Dernière question et pas des moindres : depuis quand lire un livre et parler est un délit passible d’emprisonnement ?

      ==================

      Quand un régime politique est parvenu à l’ultime degré de sa perfection, jusqu’à répondre à toutes les exigences de la vérité vraie, il faudrait être complètement fou pour oser critiquer. Tout opposant devrait donc, le plus vite possible, cesser d’exister.

      J’ajouterai que dans la République islamique d’iran comme dans le Turquie du frère Erdogan, la politique est directement inspirée par la parole de Dieu enfermée pour l’éternité dans le Coran. C’est une garantie.


      • Allexandre 19 mars 2019 18:24

        Et le sultan de l’Elysée et ses sbires des merdias, qu’en pensez-vous. ?


        • Oceane 19 mars 2019 21:45

          C’est marrant de laisser de côté tous ces « sultans »-maîtres du monde" pour aller cher celui de Turquie.


          • Dom66 Dom66 19 mars 2019 23:52

            La liberté d’expression existe, à condition de plaire au Sultan de l’Elysée KIF KIF

            Et aussi : La liberté d’expression existe, à condition de plaire aux modos d’AV

             smiley



              • L'Astronome L’Astronome 20 mars 2019 08:42

                 

                La dernière de Merdogan : l’attentat de Christchurch était dirigé contre la Turquie. Parano ? Manipulation ? Simple bêtise ? Le sultan turc s’est surpassé.

                 


                • Carlo Gallo 20 mars 2019 09:18

                  @L’Astronome

                  Juste pour donner quelques infos sur cette question. Ci-après les principaux extraits du papier de l’AFP repris par Le Monde :

                  Passe d’armes entre Ankara et Canberra dans le sillage de l’attentat de Christchurch

                   

                  Le premier ministre australien a vivement condamné, mercredi, des propos tenus quelques jours plus tôt par le président turc au sujet de l’attaque dans des mosquées en Nouvelle-Zélande.

                   

                  Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 06h08, mis à jour à 06h08

                   

                  Le premier ministre australien, Scott Morrison, a dénoncé, mercredi 20 mars, des propos « irréfléchis », « ignobles » et « offensants » tenus par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, au sujet de l’attentat d’un extrémiste australien dans des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. M. Morrison a averti que « toutes les options sont sur la table » en ce qui concerne les relations entre Canberra et Ankara.

                  M. Erdogan avait déclaré, lundi, que l’attentat s’inscrivait dans le cadre d’une attaque contre l’islam et la Turquie. « Ce n’est pas un acte isolé, c’est quelque chose d’organisé », avait-il alors affirmé lors d’un discours de campagne, deux semaines avant des élections locales. « Ils sont en train de nous tester avec le message qu’ils nous envoient depuis la Nouvelle-Zélande, à 16 500 kilomètres d’ici. »

                  Le président turc avait en particulier lancé que les Australiens qui seraient hostiles à l’islam subiraient le même sort que les soldats tués par les forces ottomanes lors de la bataille de Gallipoli, pendant la première guerre mondiale. Dans une référence à la présence pendant ce conflit de contingents australiens et néo-zélandais, il avait lancé : « Il y a un siècle, vos aïeuls sont repartis à pied ou dans des cercueils. Si votre intention est la même que la leur, nous vous attendons. »

                  La bataille de Gallipoli, également appelée bataille des Dardanelles, a opposé pendant neuf mois en 1915 et 1916 les forces de l’Empire ottoman à celles du Royaume-Uni, de la France et de leurs alliés. Elle a fait des dizaines de milliers de morts dans les deux camps et s’est terminée par une victoire des Ottomans.

                   « Des propos ont été tenus par le président turc Erdogan que je considère extrêmement offensants pour les Australiens et extrêmement irréfléchis dans l’environnement très sensible dans lequel nous sommes », a donc réagi M. Morrison.

                  Le premier ministre a notamment qualifié d’« ignobles » les commentaires faits par l’homme fort d’Ankara sur les réactions de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande après l’attentat de Christchurch, où un suprémaciste blanc australien a tué 50 fidèles dans deux mosquées.

                  M. Morrison a fait sa déclaration après avoir convoqué l’ambassadeur de Turquie et avoir rejeté les « excuses » qui avaient été présentées. « J’attends, et j’ai demandé, que ces propos soient clarifiés, soient retirés », a-t-il déclaré.

                  (…)

                  Les déclarations de M. Erdogan ont également suscité la colère de la Nouvelle-Zélande. Dès lundi, le vice-premier ministre Winston Peters a protesté contre l’utilisation politique par le président turc du massacre de Christchurch. Cette utilisation est « totalement injuste » et « menace l’avenir et la sécurité du peuple néo-zélandais et de nos citoyens à l’étranger », a-t-il déclaré. M. Peters a annoncé mardi qu’il se rendrait en Turquie cette semaine à la demande d’Ankara pour assister à une réunion spéciale de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

                   

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