La loi des trahisons
Il faut bien garder à l’esprit que cette loi a fait passer 7 articles venus tout droit du programme présidentiel de Marine Le Pen, mais aussi la régularisation de 10 000 sans papiers. « En même temps » quand tu nous tiens…
L’extrême droite pense, à raison malheureusement, que son idéologie est inscrite dans la loi. La droite LR, se moque de l’extrême droite qui a voté la régularisation en oubliant qu’ils ont favorisé l’idéologie xénophobe dans la loi. Et les macronistes qui voulaient une loi pour se débarrasser des étrangers « pas gentils », comme si la loi existante ne leur permettait pas, votent cette même loi dont le président dit qu’elle n’outrepasse pas les principales lignes rouges. Mais l’opportuniste Macron n’a-t-il jamais eu de lignes rouges en dehors de celles qui défendent les riches et les dominants ?
Une bande d’idiots, d’hypocrites, de xénophobes et « d’inhumanistes » qui se sont rejoints pour rendre la vie des gens malheureux encore plus difficile. Le pire, peut-être, étant que seulement 5 députés du Modem seulement (qui en compte 51) ont eu le courage de défendre leurs valeurs chrétiennes. Là où on ne donne presque rien, tous ces députés pensent qu’on en donne encore trop en oubliant totalement que s’il manque de l’argent dans le pays, c’est parce quelques-uns se partagent le magot au détriment de tous.
La macronie qui n’en est pas à un déshonneur près, a expliqué, par la voix offusquée d’Élisabeth Borne, celle qui a refusé le débat 22 fois par son article 49, alinéa 3, que la motion de rejet a interdit le débat. Elle a aussi accusé la gauche d’avoir mêlé ses voix à celles de l’extrême droite pour voter la motion de rejet du texte, tandis que quelques jours plus tard, elle faisait tout pour faire passer l’idéologie de cette même extrême droite dans le texte. Le déshonneur est un sparadrap qu’on n’arrive jamais à décoller totalement.
La devise républicaine - liberté, égalité, fraternité - a, elle aussi, été trahie. Comme si la fraternité pouvait être limitée par une préférence nationale ; comme si notre égalité de droits ne pouvait exister qu’en en retirant aux étrangers ; comme si notre liberté ne pouvait s’épanouir que dans le malheur du migrant et sa mise en accusation permanente.
En effet, la loi "immigration et asile" de 2023 qui vise à protéger les Français repose sur une prémisse que les faits contredisent : celle attribuant aux immigrants la responsabilité des maux sociaux de la nation. Et, en effet, le taux de criminalité parmi les étrangers est de 0,6 %, légèrement inférieur à celui de la population générale. Lorsque des étrangers sont condamnés, c’est à 98 % pour des délits en lien avec le droit au séjour (faux papiers, vente à la sauvette, etc.). Cette loi ne vise donc aucunement la protection des Français, mais bien plutôt, la persécution des étrangers dès leur arrivée sur le sol national en accentuant leur précarisation, leur exclusion, et leur souffrance.
Puis, la bornée, a expliqué que ce rejet n’entamerait pas la volonté du gouvernement d’apporter des réponses aux Français, car, d’après elle, ils soutiennent majoritairement ce texte, elle qui a imposé la réforme des retraites honnie par plus de 80 % des Français. Puis, elle a accusé la gauche de s’être compromise avec l’extrême droite pour voter le rejet, avant de négocier dans les ombres institutionnelles, et céder à l’ultimatum de Retailleau à propos de l’aide médicale d’Etat, pour faire passer un texte, dépourvu de tout ce qui pouvait être considéré comme des avancées dans le texte initial et dont une partie est venu tout droit du programme de Le Pen signant ainsi l’amalgame entre insécurité, menace et immigration. Au final, Borne a jugé cette loi « profondément humaniste », et Macron a estimé que le camp présidentiel n'avait rien cédé sur ses principales lignes rouges, ce qui paraît tout à fait normal pour le professionnel du « en même temps ». Peut-être s’est-il même réjoui que la loi soit passée sans avoir besoin des voix du RN, lui qui se prétendait humaniste. Mais, le plus extraordinaire est que des membres de la majorité ont expliqué qu'ils avaient voté des sujets anticonstitutionnels en espérant une censure des dispositions les plus controversées considérant peut-être que le Conseil constitutionnel soit la lessiveuse de leurs consciences. Voilà à quel niveau de bassesse intellectuelle s’abaisse cette majorité présidentielle. Voilà comment la macronie dévoie la démocratie. Voilà comment inventer une démocratie sans convictions, sans valeurs et sans principes. Et si l’on peut espérer que quelques dispositions radicalement racistes soient encore censurées par le conseil constitutionnel, le ver est déjà dans le fruit, l’extrême droite a donné son tempo. À force de dire que les digues vont péter, les digues ont pété. Ça y est, c’est fait, les idées de l’extrême droite ont atteint le pouvoir.
S’agissant d’un parti qui se refuse à faire payer aux ultras riches leur juste part de contribution à l’impôt, on ne pourrait pourtant pas passer sous silence le fait que ce texte ôte les droits aux travailleurs étrangers de bénéficier des droits auxquels tout cotisant peut prétendre. Ce gouvernement a donc voté une loi qui prend dans la poche des plus démunis alors qu’elle ne le fait pas pour les plus repus.
Et le plus cynique dans tout cela, c’est que cette loi a jeté une lumière crue sur les bénéficiaires de l’immigration : les grands patrons, désireux de pouvoir bénéficier d’une main d’œuvre nombreuse, docile et bon marché, d’une réserve quasi inépuisable à même de réduire les ardeurs revendicatrices des travailleurs français souvent organisés. C’est pourquoi le patronat milite pour le maintien des flux migratoires. Alors la gauche trahirait-elle aussi les Français ? Ce serait ignorer qu’il y a un fossé entre intérêts purement mercantiles et défense des Droits humains.
Mais après le vote de la loi, la propagande continue. Un sondage Odoxa révèle que les Français seraient globalement satisfaits de cette loi issue de la Commission mixte paritaire. Les 8 principales dispositions prévues dans ce texte seraient approuvées par 72 % des Français.
Étant donné qu’au second tour de la dernière présidentielle on peut estimer à plus de 50 % des électeurs ceux qui se sont abstenus et ceux qui ont voté par défaut, plus de la moitié d’entre eux se seraient convertis aux idées xénophobes en un an. Qui peut le croire ?
La propagande continue et ces journalistes à la botte des milliardaires ne se posent plus de questions. Ils jargonnent pour semer la confusion, interdire de penser et trahir leur mission d’informer et défendre ainsi la démocratie. Peut-être ne s’en rendent-ils même pas compte !
Décidément, le « en même temps » des macronistes ressemble de plus en plus à un « ascenseur pour les fachos »*.
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* Sébastien Fontenelle
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