La loi du plus fort
« La raison du plus fort est toujours la meilleure », nous disait Jean de La Fontaine dans sa célèbre fable Le loup et l’agneau. On lui doit aussi, parmi mille autres, cet adage qui a traversé les siècles, les jardins de Versailles et la cour pavée du Conseil d’Etat dont il ornerait à merveille le fronton décrépi : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
L’allocution télévisuelle du chef de l’Etat, en cette veille de 1er avril, n’aura pas fait rire grand monde et aura peut-être fait grincer quelques dents, mais cette vieille mémé gâteuse qu’est devenue la France des papy boomers boira comme elle l’a toujours fait ses frustrations à la paille, heureuse qu’il y ait malgré tout un pilote dans l’avion, quoi qu’on dise du pilote et quoi qu’on pense de l’avion.
Les syndicats enseignants qui poussaient à la fermeture des écoles et à des vacances anticipées auront eu gain de cause ; les petits virus à pattes qui postillonnaient dans leurs masques iront répandre leurs miasmes ailleurs, sous la garde de leurs grands-parents – s’ils ne les ont pas déjà tués au cours des deux vagues précédentes – ou de leurs parents sommés de faire du télétravail tout en faisant école à leurs gamins, ce qui n’est tout de même pas si compliqué si on y met un peu de bonne volonté. L’expérience de l’année dernière ayant été un franc succès (décrochage scolaire, disputes, divorces, dépressions, violences domestiques…), il n’y a aucune raison que ce mois d’avril pose de sérieuses difficultés, d’autant que la météo est à l’école buissonnière et que rien n’interdit aux darons de laisser à leurs ados la clé des champs et un billet ou deux pour qu’ils s’achètent un pack de Kronenbourg et passent leurs après-midis au parc.
Le pari, pour Macron pourrait sembler avoir été perdu puisqu’il se gargarise d’avoir lutté jusqu’au bout du bout pour laisser les écoles ouvertes. Il n’en est rien. Les parents des classes moyennes, rincés financièrement et psychologiquement par une année quasi complète de service civil obligatoire, rejetteront pour une partie d’entre eux la faute à ce merdier sur les enseignants, seule profession au monde à réclamer courageusement son droit de retrait au vu de la situation sanitaire. Les enseignants les plus débonnaires se défausseront sur leurs syndicats qui se défausseront sur le père Blanquer pour n’avoir pas su fournir aux premiers de cordée les gants de toilette, le savon de Marseille, les masques FFP8 et les lunettes anti UV promis depuis la rentrée. Le fermier Macron a appris à identifier, avec le temps, les animaux de sa basse-cour susceptibles de lui mordre les mollets et ceux dont il n’a rien à craindre. Il a donné aux quelques oies qui menaçaient de déposer un congé maladie anticipé ou une plainte au pénal les épluchures qu’elles réclamaient pour qu’elles cessent de caqueter quotidiennement dans les médias ; pour tous les autres, lapins, cochons, moineaux, vaches et moutons, ce sera Pâques au charbon, école et cantine à la maison, journée mondiale de la femme digitale (le 17 avril) et mois de la vaccination.
Côté vaccins, justement, tout va bien. Ou du moins tout ira bien. Oyez, oyez, bonnes gens, après quelques errements, quelques retards au démarrage dus à un carambolage sur l’autoroute C19, les maîtres chocolatiers Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson ont promis de livrer au plus vite en friandises médicinales les vaccinodromes de l’Hexagone et des Antilles. Il y en aura pour tout le monde et pour tous les goûts, à condition d‘être un peu patients. En bon VRP de Big Pharma, notre grossiste national a présenté par le menu la liste des produits disponibles pour injection progressive, sans faire de favoritisme ni détailler inutilement la liste des effets secondaires observés jusqu’à présent. Seul AstraZeneca, en pleine manœuvre de rebranding (les thromboses et les décès suspects seront désormais étiquetés VaxZevria), n’a pas eu droit à une mention particulière, mais son PDG, Pascal Soriot, n’en voudra pas à son ami Macron de cet accès de discrétion dicté par les circonstances. A la dernière réunion-dîner à l’Elysée en juillet 2018 du Dolder Club (qui rassemble à intervalles réguliers le gotha de la pharmacie mondiale et des chefs d’état en quête de financements et d’idées innovantes pour l’avenir du genre humain), les huîtres et le vin étaient d’un goût si exquis qu’elles en ont scellé à jamais l’amitié des participants.
Et puis après tout, ni l’ivermectine, ni l’hydroxychloroquine n’ont été non plus cités comme traitements potentiels par sa Grâce présidentielle, le seau du roi ne pouvant servir à cacheter tout et n’importe quoi. Ce qui marche au Sénégal, en Egypte, au Mexique, en Inde, au Japon, au Nigéria, au Bangladesh ou en Corée ne peut pas, ne doit pas marcher dans le Saint-Empire vaccinique. Après le divorce ô combien douloureux de l’Eglise et de l’Etat, il serait dommage de gâcher la cérémonie de mariage du Fric et de la Raison en laissant quelques pouilleux comme Didier Raoult ou le Prix Nobel de médecine 2015 Satoshi Omura s’approcher trop près du buffet.
Le monarque a montré ses muscles, par ailleurs, en fermant définitivement la porte de la salle du trône aux pleurnichards de l’APHP, au Saroumane du Conseil de l’Ordre et à la Sybille Karine Lacombe qui réclamaient à corps et à cris un mois d’embastillement complet pour la population, coupable de relâchement. Fidèle à sa réputation de lionceau sans scrupule, il a pris ce qu’il avait à y prendre (dénigrement de certains protocoles bon marché, chasse aux voix dissidentes, culpabilisation des Français, chantage au vaccin), bouffé les meilleurs morceaux et recraché l’os dans la poubelle une fois sa faim rassasiée et la sortie de bain assurée par le retour des beaux jours.
Plus aucun Français, à de très rares exceptions qu’il serait intéressant de suivre en psychanalyse, ne peut plus blairer les Gilbert Deray, Philippe Juvin et autres Martin Hirsch qui annoncent à tour de rôle l’apocalypse sur toutes les radios et tous les plateaux télé. Le pic des hospitalisations, comme il se murmure en off depuis le début de la semaine, sera probablement passé cette semaine, et notre cher président aurait eu tort de se priver de cette immense marque d’amour et de confiance dont il nous fait la grâce, à savoir un confinement light étendu à tout le territoire.
Les gros matous du pan-médicalisme boursouflés d’égo et gavés de liens d’intérêts se feront les griffes d’une autre manière et devront se résigner à regarder les lemmings qu’ils pensaient pouvoir bouffer tout crus se ruer dans les parcs pour profiter du printemps ; les râleurs, certes, continueront à râler et les souris voudront danser encore au son de la guitare et de l’accordéon. Ces menus plaisirs qui ne mangent pas de pain, le jeune lionceau ne s’en formalisera pas tant que les doses de vaccin trouvent preneur sans anicroche. Tant qu’à vivre en prison, autant qu’elle soit à ciel ouvert puisque le temps le permet. Les médias, à compter de la semaine prochaine, lèveront progressivement le couvercle et se féliciteront de la progression fulgurante de la vaccination qui accompagnera comme par magie la baisse des « cas » et des « réanimés ». Un nouveau chapitre commencera à s’écrire au début du mois de mai autour de la question des QR codes et du pass sanitaire qu’on nous vendra à grand renfort de propagande comme la dernière mise à jour décisive et non négociable de l’humanoïde 2.21. A mesure que l’armée des vaccinés gonflera en nombre, s’enrôler dans la résistance pour refuser toutes ces horreurs relèvera d’un sacerdoce qui en découragera plus d’un. A chaque jour suffit sa peine.
Pour cette fois, en tout cas, reconnaissons au roitelet qu’il a bien joué sa partition. Son regard est toujours aussi vide, ses éléments de langage plats comme la Terre et creux comme la Lune, mais le script était bien amené et le en même temps dont il s’est fait le chantre depuis 2017 a peut-être, cette fois-ci, réussi à faire mouche. Les anciens Grecs disaient que l’on jugeait de sa valeur au combat à l’aune de celle de son ennemi. Alors après tout, si tel est le cas, inclinons-nous (temporairement) devant la loi du plus fort et aiguisons nos lames en prévision des prochaines batailles.
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