La LTE une Loi de désindustrialisation et de mise de l’énergie au service de la finance
Il faut le dire d’emblée, la LTE est avant tout une Loi qui place le domaine de l’énergie au service de la finance. C’est clair avec la privatisation de l’hydroélectrique. Et le secteur des énergies dites renouvelables, - terme qui a été refusé à tort à la filière des Surrégénérateurs au Pu-, est déjà entièrement confié à l’initiative privée avec une manne publique démesurée, via la CSPE et autres taxes sur l’électricité. Le premier examen à l’Assemblée nationale de la LTE a ainsi fait apparaitre qu’il y a avait déjà une ardoise liée à la CSPE (c'est-à-dire des sommes prélevées sur les factures des consommateurs mais non transmises au destinataire final) d’un montant de 5 milliards d’euros.
Parallèlement la LTE prévoit de faire régresser fortement l’électronucléaire, qui est conçu et géré par des entreprises sous maîtrise publique. Dont il faut souligner que c’est une source d’électricité quasi indépendante, - le coût du combustible pèse peu dans le prix de revient du MWh-, qui fournit du courant de manière stable à un prix bas. Nous reviendrons bien entendu sur le cas particulier de l’EPR de Flamanville.
Comme il faut bien « habiller » médiatiquement cette dérive du secteur énergétique vers les aléas de l’exploitation privée du secteur de l’énergie, on l’appelle Loi de transition, sans vraiment motiver cette nécessité de modifier l’équilibre de la production actuelle de courant. En se référant à la sacro sainte hypothèse CO2 anthropique qui fait l’objet dans notre pays d’un culte quasi sectaire, qui bannit toute contradiction, on suggère que cette Loi est destinée à diminuer ce que l’on nomme notre empreinte carbone. Comme l’a si bien décrit Viviane Forester il y a tout un vocabulaire bâtit par le système pour éviter la confrontation avec les réalités physiques et économiques. C’est très pratique en l’occurrence parce que la diminution de la part du nucléaire ne va pas dans le sens d’un gain sur les émissions de CO2 et contredit fortement cet argument.
Dans le fond cette Loi est d’abord anti nucléaire, - on ne donne aucune raison à la réduction importante de la part du nucléaire avec un plafonnement aux alentours de 63,2 Gigawatts électriques-, dans la ligne politique continue qui s’exerce depuis des dizaines d’années. Et qui a déjà causé des dégâts au niveau industriel et de la recherche. Elle vise aussi à favoriser une bulle financière autour des EnR éolien et photo voltaïque. Enfin elle prévoit une réduction drastique de la consommation électrique et de l’énergie en général, sur la base de la consommation 2012 et alors que celle-ci n’a pas diminué depuis. Les leviers principaux en sont l’augmentation forte des tarifs du courant et l’exclusion de la consommation. Pour laquelle on a trouvé un terme élégant, l’effacement.
La chose la plus renversante qui est apparue dans les échanges à l’Assemblée nationale est que les promoteurs de cette Loi, dont François Brottes, déjà l’auteur d’une loi tordue et inapplicable sur les tarifs de l’électricité dont l’essentiel est la suppression des tarifs sociaux et les charges reportées sur les couches moyennes, n’ont fait réaliser absolument aucune étude d’impacts pour les orientations pourtant importantes de cette loi. Que ce soit au niveau du financement, ce qui a conduit les députés prenant la parole à livrer des chiffres complètement discordants et souvent influencés par l’idéologie la plus primaire quand il s’agit d’élu tel Denis Baupin, ou au niveau de l’emploi. Ne parlons même pas de celui de l’économie où la balance du commerce extérieur est complètement ignorée, comme la nécessité d’un complément de chaudière à flamme pour l’intermittence. On doit ainsi subir dans les prises de paroles un vocabulaire ésotérique qui utilise les termes d’horizons pour les objectifs, de gisements pour l’emploi, on parle d’économies d’énergie sans situer leur niveau atteignable concrètement. Le terme complètement ésotérique d’économie circulaire nécessite une page complète d’explications alambiquées dans le dictionnaire.
Il en résulte logiquement que cette loi est très insuffisamment financée, ce qui a été souligné par de nombreux orateurs.
Dans la pratique, la LTE qui se voudrait être une loi de programmation, c'est-à-dire visant à atteindre des objectifs à un moment donné, est ainsi ramenée à une simple loi d’orientation et de contraintes notamment pour les travaux de rénovation.
La réduction de la part du nucléaire
On a vu en préambule que nulle part ne figure la moindre explication scientifique ou chiffrée, comme par exemple la diminution importante de la probabilité très hypothétique d’un accident nucléaire grave en France, à cette volonté de réduire la part électronucléaire dans l’électricité produite.
Répondant récemment à une question de Denis Baupin sur Areva à l’Assemblée nationale, le premier ministre Manuel Valls a déclaré :
« Cependant, je vous invite, monsieur Baupin, à faire attention au choix des mots, notamment lorsque l’on parle de faillite d’une grande entreprise comme AREVA.
Notre rôle, celui des pouvoirs publics, est de remettre le groupe sur pied car ces difficultés, que nous devons tous regarder avec lucidité, ne doivent pas faire oublier les compétences uniques des hommes et des femmes qui travaillent pour cette grande entreprise. (Applaudissements sur certains bancs du groupe SRC.)
Premier ministre. Ces compétences sont un enjeu essentiel pour la France, car nous aurons besoin d’une filière nucléaire en ordre de marche (applaudissements sur certains bancs des groupes SRC,UMP et UDI) pour répondre aux enjeux du parc nucléaire national, dans le cadre que définit le projet de loi sur la transition énergétique et la croissance verte.
C’est aussi un enjeu pour répondre aux opportunités qui existent à l’international – en Chine, au Royaume-Uni ou ailleurs. C’est la raison pour laquelle, quand on est un responsable public, parlementaire ou président de je ne sais quelle structure, il faut être attentif aux mots que l’on prononce quand on parle de la filière nucléaire française, notamment par rapport au marché international….. »
Il y a donc la conscience de la part du gouvernement que ce nucléaire est un atout de la France. On ajoutera que c’est la révélation pour nos responsables politiques d’une réalité parce que l’on se trouve « dos au mur ». Mais ne dit-on pas gouverner c’est prévoir ?
Manuel Valls a ainsi conclut :
« Elle (la LTE) prévoit un mix énergétique qui fait évidemment la part aux énergies renouvelables, qui baisse la part du nucléaire dans la production électrique, mais qui ne met en rien en cause cette filière dont le pays a besoin, pour lui-même mais aussi pour peser dans le monde. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) »
Pour le nucléaire la LTE définit des objectifs vagues, la baisse à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025, sans mentionner la fermeture de Fessenheim ou d’une autre centrale. Seul le plafonnement de la puissance électronucléaire installée à environ (parce que puissance installée n’est pas production) 63,2 Gigawatts électriques, le niveau actuel, est fixé.
S’il n’y avait tous les dommages collatéraux causés par cette orientation anti nucléaire sur la recherche, - blocage du réacteur d’irradiations Jules Horowitz, stagnation du projet ASTRID, liquidation du secteur recherche de l’IRSN…- et pour l’industrie qui a souffert du quasi moratoire sur le nucléaire d’une quinzaine d’années à partir de 1990, on dirait que tout cela n’est qu’une façade médiatique destinée à des accords politiques avec EElv.
Cette loi matérialise une nouvelle régression de notre secteur nucléaire dont l’importance vitale pour notre pays est reconnue par le premier ministre.
La part politicienne joue un rôle important dans cette loi puisque l’on a vu un retournement de veste total sur la question du nucléaire d’André Chassaigne pour le Front de Gauche dans ses explications de vote final : Il était aussi important d’inscrire dans la loi un objectif de réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique, ce dernier ne devant pas rester un simple mot.
Au court des débats sur la LTE est apparu le fameux et invraisemblable rapport de l’ADEME concluant à une situation à 100% d’EnR pour la production électrique en 2050 à des coûts compétitifs.
La question a été posée de savoir si le gouvernement, ou qui d’autre, avait demandé ce rapport avec cet objectif de 100% qui implique que l’on passe d’un objectif de 50%, hypothèse LTE, à zéro pour l’électronucléaire ?
La réponse est savoureuse : l’ADEME s’est auto saisit. Magnifique. Des cabinets d’architectures, des entreprises, des Labos d’études rament pour solliciter le financement de leurs projets et un organisme étatique s’auto saisit d’un projet fumeux où il utilise des hypothèses totalement irréalistes comme le fait de pouvoir stocker massivement l’énergie ou l’électricité dans très peu de temps à l’échelle des inerties technologiques. Quant à la baisse des coûts on voit bien que ce n’est pas la tendance puisqu’il a été remarqué à l’Assemblée nationale que la moindre réduction des tarifs garantis conduisait à la baisse des projets PV et éolien.
L’EPR de Flamanville :
Comme la fermeture de Fessenheim n’est pas inscrite dans la LTE, mais que le plafonnement de la puissance électronucléaire installée correspond à peu près au niveau actuel, il est clair que dans l’esprit de la LTE cet arrêt des réacteurs nucléaires de Fessenheim est conditionné par la mise en service de l’EPR de Flamanville d’une puissance de 1.600 MWe.
Certains ont ainsi pu interpréter les attaques de l’ASN contre l’EPR, dénonçant un problème sérieux, voir très sérieux à partir d’anomalies dont l’impact réel sur la vie de la cuve primaire se révélera négligeable, comme l’excuse pour ne pas fermer Fessenheim.
En fait, les actions d’obstruction de l’ASN qui vont au-delà du raisonnable, sont constantes depuis des années sur le chantier de l’EPR de Flamanville.
Intervention à l’Assemblée nationale de Julien Aubert, député UMP Vaucluse autour du problème d’Areva à l’adresse du premier ministre :
« Deuxièmement, AREVA souffre de l’explosion du coût de l’EPR de Flamanville, ce dont vos amis écologistes aiment faire état pour justifier la sortie du nucléaire.
Mais comment ne pas reconnaître que ce dérapage financier résulte de dix ans de surenchère sécuritaire sur le nucléaire de la part de ces mêmes écologistes – le fameux Minitel vert ? [C’est une allusion à la déclaration profondément imbécile de Denis Baupin qui avait, plus tôt, comparé la défense de l’EPR à un retour au minitel]
Troisièmement, AREVA est la vitrine d’une technologie que le projet de loi sur la transition énergétique discrédite aux yeux du monde en programmant, sous dix ans, la fermeture des vingt-deux réacteurs les plus anciens, c’est-à-dire ceux qui constituent la filière MOX.
À partir d’aujourd’hui, nous examinons en nouvelle lecture ce projet de loi qui veut nous imposer des objectifs intenables.
Ouvrez les yeux ! Monsieur le Premier ministre, vous allez acter l’arrêt de 80 % des réacteurs fonctionnant au MOX, ce qui équivaut à tirer un trait sur 10 % du chiffre d’affaires d’AREVA.
Vous voulez rendre un service aux milliers d’employés d’AREVA ? Envoyez un signal positif au monde sur la filière nucléaire ! Cessez de jouer au pompier pyromane ou, devrais-je dire, au pompier mythomane !(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) »
Aujourd’hui plus personne ne pense que la vie de l’EPR est mise en cause. Les Chinois proposent une association industrielle à l’EDF pour la réalisation des EPR britanniques projetés à Hinkley UK.
Les EPR de Taishan en Chine, étaient sur le point d’être chargés en combustibles, autorisation clé pour le démarrage. Il était certainement important politiquement pour la mouvance anti nucléaire de retarder cette étape décisive. Qui aurait démontré que l’on peut construire des EPR dans un temps normal. La suspension du chargement des cœurs nucléaires des réacteurs en Chine montre bien que la sûreté nucléaire n’y est pas négligée.
Une fois de plus cette affaire à la portée internationale va se traduire par un retard de chantier de l’ordre d’une année. Avec le taux d’amortissement du capital de 5% cela fait encore des euros supplémentaires sur le prix de revient du MWh. N’est pas aussi un but recherché ?
En Chine, aux USA, et partout ailleurs dans le monde, l’EPR se trouve en concurrence avec l’AP1000 du consortium Westinghouse/Toshiba. L’attaquer de cette manière le place évidemment en position de faiblesse.
Les économies d’énergie
Il faut tout de même rappeler ici que le thème des économies d’énergie a beaucoup servi dans le domaine politique. Après 1981 les économies d’énergie ont été un axe d’action politique classique sous le premier septennat de Mitterrand. C'est-à-dire beaucoup de déclarations pour rien.
La question de fond est de savoir à quel niveau on peut aboutir avec un financement donné. Pour l’isolation des logements anciens on sait que la facture se monte à plusieurs dizaines de milliers d’euros par habitation. Pour quel gain ? La première des choses à savoir est que l’on ne garantira jamais un niveau d’économie finale. On évoquera environ 20% surtout pour rassurer le client.
Mais ce n’est pas le but. Comme l’a expliqué Ségolène Royal à propos de la proposition d’un député de faire rentrer les auto-rénovations dans le processus des avantages ce qu’elle a refusé, il s’agit d’un business.
Les économies d’énergies sont vues comme un business qui favorise l’emploi dans des entreprises agréées, sans obligation de résultats.
Les certificats d’économie d’énergie, CEE, autour desquels il a été construit un marché financier, sont révélateurs de cette orientation financière de la LTE et de son caractère coercitif à l’égard des petits.
Alors que des députés demandaient à ce que les petits revendeurs de GPL soient exclus du dispositif des CEE, Ségolène Royal a imposé son refus. Qui va évidemment conduire à des problèmes pour les plus faibles qui ne peuvent baisser leur volume de vente.
Ce qui est bien entendu passé sous silence est que l’objectif de 20% d’économies d’énergie en 2030 sera atteint par le fort renchérissement du prix de l’énergie et par la coercition.
Dans ce dispositif de contraintes sur la consommation, il y a donc ce que l’on appelle pudiquement l’effacement. Concrètement c’est une coupure de courant pour le consommateur gérée par un compteur « intelligent », dont l’intelligence n’est pas du tout au service du consommateur, qui survient naturellement au moment où il a le plus besoin de courant électrique.
Par ailleurs ces compteurs, dans le cadre de ce que l’on appelle aussi les « smart grids », permettent de collecter des données sur les gens, qui peuvent être utilisées ou vendues et en tout cas portent atteinte à la vie privée.
Un des scandales qui se préparaient et qui a été heureusement évité, était la livraison de cette gestion de l’effacement à un secteur privé dédié. C'est-à-dire pas obligatoirement lié aux producteurs d’électricité. C’est dire aussi que dans l’esprit de cette loi il y a la privatisation comme ligne générale. Et la défense des privilégiés puisque l’on en viendra à acheter la sécurité de fourniture de courant.
Comme la monnaie est un des moyens d’exploitation privilégié du système, notamment par l’intermédiaire des prêts, on introduit ces prêts comme moyen majeur de financement de travaux d’économies d’énergie. Avec quelques mesures de réduction d’impôts.
Le mécanisme est simple, les économies d’énergie permettent de financer des organismes financiers aux frais des propriétaires et des contribuables. Consciente de ce rôle des CEE, Ségolène Royal dans l’improvisation la plus complète, a proposé que le tiers des sommes correspondant aux CEE soit consacré à la précarité énergétique.
Au-delà de tous les effets d’annonce et des intentions, la réalité du secteur des économies d’énergie est bien décrite dans l’intervention à l’Assemblée nationale du député Bertrand Pancher UDI :
Nous l’avons largement démontré hier : tous les indicateurs dans le domaine du développement durable en France sont au rouge ; plus rien ne se fait en matière d’investissement dans les transports collectifs ; alors que l’objectif de rénovation de logements est de 500 000 par an, on est retombé à 200 000 à peine ; les résultats en matière d’énergies renouvelables sont très en dessous des objectifs que la précédente majorité avait fixés pour 2020 ; même chose pour la réduction de la consommation énergétique ; bref, tous les drapeaux sont en berne et nous ne croyons pas une seule seconde que l’on atteindra l’objectif complètement fantaisiste de ramener la part d’électricité d’origine nucléaire à 50 % en 2025.
Puisque la majorité et l’opposition réclament toutes deux un rapport, je pense que l’on va s’amuser lorsqu’on disposera d’une vraie étude d’impact ! Encore faudra-t-il, monsieur le rapporteur, que ce rapport soit réalisé par une autorité véritablement indépendante. Cela nous rassurerait quant à la tenue de ces objectifs !
Les EnR éolien et Photovoltaïque
Revenons sur la déclaration précédente de Bernard Pancher :
Les résultats en matière d’énergies renouvelables sont très en dessous des objectifs que la précédente majorité avait fixés pour 2020
Le même député a déjà pointé une des raisons de ce rythme insuffisant au regard des intentions. La moindre baisse des tarifs garantis de rachat de l’électricité produite par cette source provoque une réduction des projets. Ce qui renforce l’idée que ce type d’EnR correspond à une bulle financière alimentée par l’argent des consommateurs.
Il y a aussi la réalité occultée du fait que les parcs éoliens et photovoltaïques sont pratiquement toujours rejetés par les populations riveraines.
Mais le mépris à l’égard des riverains s’est exprimé dans les échanges concernant la distance minimum d’installation des éoliennes par rapport aux habitations.
Alors que la distance d’au moins 1 km s’imposait en fonction de considérations diverses notamment sanitaires, mais il y aussi des questions de respect des paysages, de maintien de la valeur immobilière des biens, un espace de 500 m a été retenu. Ce qu’André Chassaigne a déploré : Sur l’éolien, la position de compromis trouvée n’est pas satisfaisante. La distance minimum de 500 mètres entre éoliennes et habitations, qui est maintenue, reste insuffisante.
Ce à quoi Denis Baupin a répondu :
M. Denis Baupin, rapporteur de la commission spéciale. C’est trop !
Il n’est pas possible de parler de cette loi sans citer le rôle essentiel qui a été concédé à Denis Baupin. Un personnage élu grâce au PS et qui n’a pas une réelle représentativité, dont toutes les interventions ont démontré une incompétence suffisante et prétentieuse, il a notamment déclaré sérieusement que l’on pouvait arrêter une centrale nucléaire immédiatement.
Le fait qu’il envisage sans problème l’installation d’une éolienne qui peut atteindre 120 m de hauteur et bientôt plus, à quelque chose comme 200 m d’une habitation, étale un mépris profond pour les gens.
Des problèmes liés à la part importante (au-dessus d’environ 20%) des EnR intermittentes éoliennes et photovoltaïque qui sont d’abord la nécessaire et très lourde adaptation du réseau électrique et la généralisation de smart grids, ainsi que le soutien avec des chaudières thermiques à flamme, ont été quasi ignorés à tous les niveaux de la discussion de cette loi. L’impact financier est pourtant de l’ordre de la centaine de milliards d’euros.
Enfin, bien que cet aspect technique concernant le réseau électrique ne soit plus ignoré par les responsables politiques, le rôle de stabilisateurs du réseau électrique que jouent les réacteurs nucléaires a été largement passé sous silence. Il est pourtant à l’origine des réticences, non avouées, que le pouvoir manifeste vis-à-vis de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.
L’emploi
Comme il a été dit, aucune étude n’a été consacrée à l’évaluation des conséquences sur l’emploi des orientations de la LTE.
Comme cette loi se situe dans le droit fil des politiques antis nucléaires qui ont constitué la ligne réelle des gouvernements depuis les années 90, on peut légitimement lui attribuer les problèmes actuels d’Areva [l’EPR a été bloqué par D Voynet à la fin des années 90 et il a fallu attendre 10 ans pour son lancement]. En ce qui concerne l’emploi cela se traduit par un plan de licenciement de 10.000 personnes dont la moitié environ en France.
L’avancée de l’examen des conséquences de la fermeture de Fessenheim a montré que le démantèlement ne pouvait en aucun cas compenser les pertes d’emplois, sans compter les déqualifications pour les techniciens que cela comporte.
Fermer des centrales nucléaires revient à une perte de plusieurs milliers d’emplois qualifiés directs, auquel il faut appliquer un facteur de l’ordre de 3 pour avoir le chiffre global.
Cela ne constitue que le début des retombées néfastes sur l’emploi qu’implique l’orientation anti nucléaire de la LTE et de son contexte politique général.
On se trouve donc concrètement devant un désastre engagé et l’on parle, sans aucun soutien d’études, d’une centaine de milliers d’emplois créés par la LTE.
la transition énergétique doit permettre de générer 100 000 emplois sur 3 ans dans le domaine du bâtiment, des énergies renouvelables ou de l’économie circulaire.
Donc aucun détail n’est disponible sur ce bilan largement insuffisant et que l’on peut mettre en doute.
Par exemple, il y a une crise du bâtiment, peut-être ce marché de la rénovation permettra-t-il de limiter les pertes d’emplois dans le secteur, mais on peut douter que le bilan soit largement positif.
Pour l’éolien et le photovoltaïque les matériels sont importés et cette loi n’est pas de nature à inverser une tendance qui prévaut même pour l’Allemagne.
En ce qui concerne les chantiers de construction des champs éoliens et photovoltaïque, on peut penser que la nécessité de baisser les coûts d’investissements amènera à une plus grande exploitation des travailleurs. Dans le cadre du chantier ITER la directive Bolkenstein a été expérimentée avec un effet terrible sur les conditions de travail et de rémunération/indemnisation des travailleurs. Vraisemblablement cette option sera généralisée. On aura perdu des emplois avec un statut d’une certaine qualité chez Areva pour sombrer dans la précarité pour les travailleurs de ce secteur. Il est incompréhensible que cet aspect des choses n’ait trouvé aucun écho à l’Assemblée nationale.
Les conséquences à moyen terme
Le domaine du nucléaire était un puissant moteur de recherche et de développement dans les secteurs de la haute technologie et de l’instrumentation, de la robotique, mais aussi pour la physique fondamentale, les sciences du vivant et celles des communications, l’électronique.
La suspension des projets et des programmes dans l’électronucléaire a déjà eu de graves conséquences à ce niveau. On a ainsi loupé le passage au stade industriel de la séparation isotopique Laser dont la technique va se généraliser pour citer un exemple.
La liquidation de notre point fort, ainsi qu’un atout international, qu’est le nucléaire entrainerait une régression brutale de notre pays déjà affligé d’une grave crise que nos gouvernants successifs ont été incapable de juguler.
Ce n’est pas l’objet de cet article de décrire ce qui nous attendrait, mais il est clair que l’effondrement de notre système social complet, dont la liquidation progressive est déjà entamée, serait alors inévitable.
Conclusion
Sous l’angle de la relance dans le cas d’une économie ravagée, par une guerre ou bien par la concurrence mondiale sauvage comme c’est le cas de la notre, la politique énergétique doit être au centre du projet. Avec le programme du CNR qui, rappelons le, a fait vivre la France jusqu’à aujourd’hui où il sombre sous les attaques continuelle dont il fait l’objet depuis l’émergence de la politique néo libérale, l’investissement dans la production électrique avec les grands barrages, a été un moyen efficace pour développer l’industrie, mais également la qualité de vie.
Personne ne conteste la nécessité de faire des économies d’énergie. Mais cela ne peut être qu’un programme complément et non central, parce que n’est pas un vrai moteur industriel d’abord et parce que les dépenses sont lourdes pour des résultats non garantis.
Mais économies d’énergie ne veut pas dire restriction coercitive par des mesures imposées et la forte augmentation des tarifs de l’énergie, comme cette loi l’impose.
Sans aucune justification autre qu’électoraliste à destinations de mouvements animés par des idéologies rétrogrades, cette loi s’attaque à notre électronucléaire qui fournit un courant stable à bas coût et joue un rôle sous-estimé pour la stabilisation du réseau électrique. Mettant ainsi en péril un de nos derniers pilier industriel, de plus compétitif au niveau mondial. Alors que depuis près de 40 ans notre nucléaire n’a été affecté que par des incidents qui n’ont pas dépassé le niveau 2 (mais qui ont fait l’objet de manipulations constantes de la part des mouvances anti nucléaires dans le sens de l’exagération systématique des problèmes rencontrés), le catastrophisme employé comme une arme politique visant à faire passer notre naufrage économique pour une catastrophe naturelle, va nous conduire à l’aide de cette loi, à saccager un de nos derniers atouts industriel, moteur pour la recherche et les hautes technologies. C’est aussi un coût dur porté aux secteurs public et para public du nucléaire, qui comportaient pour les personnels un statut et des avantages sociaux que l’on ne retrouvera pas dans le privé.
Or, tout l’axe de développement de cette loi, c'est-à-dire le domaine des EnR, particulièrement éolien et photovoltaïque, ressort du privé. Dans le cadre de la libéralisation à la mode de Bruxelles avec l’application vraisemblable de la directive Bolkenstein, l’exploitation des travailleurs va y être renforcée.
Dans ce domaine des EnR éolien et PV les investissements sont très lourds et peu productifs si l’on se réfère au fait que le surcoût des tarifs de l’électricité, CSPE et taxes, pèse déjà au moins 10 milliards d’euros, alors que la part de ce type de renouvelable dans la production de courant n’est que de quelques %. [Pour cacher ce problème lié à ce type de production, on met toujours en avant des puissances électriques (par exemple près de 10.000 MWe pour l’éolien) qui ne sont pratiquement jamais atteintes et qui ne peuvent se comparer au 63,2 MWe de l’électronucléaire dont le taux de charge est d’environ 80%). C’est naturellement pour les Banques l’occasion de prêts juteux et pour les gestionnaires de parcs, avec les tarifs de rachat gonflés, la possibilité d’amortir les investissements dans un délai record.
C’est en cela, compte tenu également de toutes les contraintes sur la mise à niveau du réseau électrique et de sa gestion, de complément en chaudières à flamme…, que les EnR éolien et PV constituent le moyen de développer une bulle financière de grande ampleur.
Inscrire dans la LTE l’orientation privilégiée de développement de ce type d’EnR signifie la volonté de développer cette bulle financière. C’est placer l’énergie au service la finance. Que cela soit le fait du PS et d’EElv avec l’abstention du Front de gauche a une signification profonde et désespérante pour l’avenir de notre pays.
Il se pose donc naturellement la question du montant financier lié à cette bulle financière et plus généralement sur le coût que cette LTE va faire peser sur notre pays et son économie défaillante.
L’impréparation irresponsable et générale qui a présidé à l’élaboration de cette loi et les débats à l’Assemblée nationale dirigés par des responsables politiques maitrisant mal le sujet technique et faisant systématiquement appel à l’idéologie, ne permettent pas de disposer de chiffres officiels. C’est pourquoi il n’y a pas de paragraphe dans ce texte consacré à l’aspect financier de cette loi.
Avec les quelques chiffres cités et des évaluations, on aboutit à un montant qui doit être supporté dans une période relativement courte qui dépassera largement les 500 milliards d’euros.
Ce coût global, par le biais de la consommation d’électricité et d’énergie et des impôts, avec une part également pour des obligations de travaux, sera exclusivement supporté par les couches moyennes de notre population. Pour les plus démunis les chèques énergie ne compenseront pas la suppression des tarifs sociaux qui s’appliquaient à l’électricité. C’est pourquoi il y a eu cette proposition improvisée de Ségolène Royal de consacrer le tiers des montants des CEE à la précarité énergétique.
L’impact sur l’économie et l’emploi dans notre pays sera terrible. D’autant que l’orientation vers l’éolien et le PV va aussi grever notre balance commerciale à la fois par les achats de matériels et par la perte de marchés pour Areva et l’EDF.
La pesanteur idéologique que nous subissons, notamment par l’intermédiaire de nos médias empêche la prise de conscience de cette terrible vérité qui émerge d’une analyse des données et des faits dans le cadre du contexte et des mesures liés à cette LTE.
Le vote à l’Assemblée sur cette catastrophe économique a donné le résultat suivant :
Nombre de votants |
556 |
Nombre de suffrages exprimés |
525 |
Majorité absolue |
263 |
Pour l’adoption |
308 |
contre |
217 |
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