La madone en Palestine
Investie comme candidate du Parti socialiste aux prochaines élections présidentielles, Ségolène Royal a commencé cette semaine un périple au Moyen-Orient avec en point phare une visite au Liban et dans la bande de Gaza. Seulement, elle a vite oublié les concepts dont elle s’est fait le porte-étendard comme démocratie participative ou encore respect du choix du peuple.
La madone
des urnes (version Hertoghe) est allée cette semaine en première visite
presque officielle à l’étranger. Et pour ne pas faire dans la dentelle, elle a
décidé de s’en aller là où il y a le plus de mal et de rancœur dans le monde, dans
la bouillante région du conflit israélo-palestinien. Après une petite sérénade
au Liban où elle fut reçue presque en reine de France (le roi Chirac
ayant pris quelques heures de repos), elle a posé ses bagages et son contingent
en Palestine, en plein dans la bande de Gaza.
Au cours de sa
rencontre avec Mahmoud Abbas, le chef de l’autorité palestinienne, elle a choisi un discours ferme et touchant, comme nous le rapporte Associated Press : Je
tiens à vous rendre un hommage particulier pour les efforts que vous
accomplissez pour la constitution d’un gouvernement palestinien qui
représenterait un progrès substantiel vers la reconnaissance des principes du
Quartette pour la paix au Proche-Orient, a-t-elle déclaré.
Dans
la crise que traverse le Proche-Orient, les principes sont connus : le peuple
palestinien a droit à un État souverain et viable et Israël à une sécurité
durable, a-t-elle estimé, ajoutant avoir constaté lors de sa visite dans la
Bande de Gaza les frustrations et les angoisses du peuple palestinien.
Voila qui
est bien dit. Mais il y a quelque chose d’assez surprenant et de
presque embêtant dans ses éloges et dans ce discours un peu trop politically
correct. Dans sa course à la candidature du Parti socialiste, elle s’est
présentée aux Français comme étant celle qui innoverait dans la façon de faire
la politique, en associant un peu plus les citoyens aux
décisions importantes du pays. Ainsi, elle grantissait qu’avec les jurys
citoyens, l’avis du public aura été donné, soulignant que les gens ne
s’intéressent à la politique que si la politique s’intéresse à eux. On n’est
jamais déçu avec la démocratie participative, rajoutait-elle, pour rassurer
les Français.
Pourquoi donc ne pas
commencer elle-même par respecter les choix du peuple, d’un peuple, le peuple palestinien ? Les Palestiniens ont décidé que celui qu’ils aimeraient avoir comme chef
serait issu de la formation politique du Hamas. Ils ont rejeté le choix de
Mahmoud Abbas, préférant indirectement Ismail Hanniyeh comme
premier ministre. Pourquoi donc, si la destinée des Palestiniens est si
préoccupante pour la madone des urnes, n’a-t-elle pas saisi la première occasion de réaffirmer par un geste simple tout le bien qu’elle pense de la place du
peuple en démocratie ? Abbas n’est pourtant pas le (premier) choix du peuple.
Ou bien, ce qui est bien pour la France (démocratie participative) n’est-il
peut-être pas aussi bien pour les autres ?
Bizarre,
bizarre... Vous avez dit bizarre, comme c’est bizarre !
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