La main de Dieu dans la trompe des hémiptères ?
Comme dans le refrain de la chanson de carabin : "Y'a des morpions qui m'emm...la nuit...", j'ai de temps à autre quelques sales bêtes , d'indésirables idées noires qui, telles de vilains parasites sont aussi efficaces qu'une surchauffe estivale à retarder la venue du sommeil. Il y a bien sûr toutes ces saloperies qui rongent la vie des gens, ces injustices (voir l'article de Chalot sur le couple privé d'eau !), la misère du plus grand nombre, qu'une overdose de JT de TF1, ou de leurs équivalents génériques d'autres chaines ne suffiraient pas à estomper. Mais quand, par un nécessaire sursaut de conservation vitale, et avec le secours d'une mirabelle artisanale, j'arrive à oublier ces dégueulasseries, il m'arrive de songer à une énigme qui me turlupine depuis longtemps, un problème de luxe, qui me fait dire en même temps que j'ai bien du pot de pouvoir me poser ces questions...
Les Hemiptères sont des insectes dont font partie les bien connus pucerons, cigales... et qui comprend aussi les punaises. Mais qu'on se rassure, il ne s'agit pas d'une attaque directe de celles qui infestent certains appartements, et je touche du bois, car il paraît qu'il est assez difficle de s'en débarrasser.
Les pièces buccales de nombre des représentants de cet Ordre d'Insectes constituent un "rostre" type "piqueur", leur permettent de transpercer différents tissus, végétaux ou animaux, et donc d'atteindre de liquides dont ils se nourrissent ; sève, sang... Comment un rustre peut-il avoir des pensées pour un rostre ? Je vous le demande.
Voilà donc mon tourment de pacotille : Ces insectes sont hyper spécialisés dans la récolte d'un aliment pas très commode d'accès, un peu, comme dans d'autres Ordres chez les papillons ou les moustiques femelles et, à première vue - et c'est encore plus flagrant s'agissant des Cochenilles - ont une bobine assez éloignée d'insectes tels que criquets, sauterelles ou scarabées, dont les pièces buccales,groupées autour de la bouche, séparées et bien identifiabes, sont au nombre de 7, en comptant l'hypopharynx, sorte de "langue". Elles permettent le broyage d'aliments solides assez aisément accessibles
Mais la dissemblance n'est quapparente : l'examen détaillé, à la suite d'une dissection fine telle qu'un asticoteur de mouches en est capable, montre que leur rostre est bel et bien composé des mêmes pièces buccales, étroitement coaptées par des dispositions anatomiques comparables au système tenon - mortaise, formant ainsi des tubes capables de véhiculer des fluides, avec une disposition morphologiquement identique même s'il en manque parfois. Si on ajoute à cela les parentés phylétiques attestées par l'étude du génome, c'est à dire de l'ADN, l'appartenance des Hémiptères à la Classe des Insectes apparaît indiscutable.
Alors me direz-vous, où est le problème ?
Le problème est d'imaginer comment sont apparus des insectes aussi diaboliquement sophistiqués au plan anatomique, à partir d'un archétype moins spécialisé. Qu'à partir d'une microévolution il y ait eu bricolage de pièces buccales broyeuses permettant de passer d'un broyage de végétaux au mastiquage de chair, soit. Transformer un souteau en couteau à dents ne doit pas demander bien des transformations... Qu'il y ait eu des papillons ancestraux avec une trompe rudimentaire n'autorisant que l'accès aux fleurs à large corolle, puis que des bidouillages microévolutifs aient aboutis aux Siffredi des Lépidoptères, capables d'atteindre des fleurs en tubes étroits, comme chez les Composées, soit... Mais l'apparition d'un complexe buccal hautement élaboré de type hémiptère par petits acoups mutationnels défie l'entendement : il a fallu que ces rostres soient d'emblée fonctionnels, avec toutes les options, sinon, tintin pour la soupe, cachée sous une écorce ou sous la peau...
A l'époque où j'usais mes fonds de culotte dans les amphis, avant donc que soient mis en lumière l'existence de gènes particuliers, dits homéotiques, un vieux prof avait soulevé cette question en disant, les universitaires n'étant pas tenus à la réserve au plan religieux ou philosophique : "je ne peux y voir que la main providentielle de Dieu"
Alors je m'adresse à toutes celles et ceux qui en savent long sur la question : les données nouvelles en génétique peuvent-elles expliquer la (brusque ?) apparition de ces formes très finement spécialisées ? Vite, à moi, une personne avertie, experte en théories nouvelles comme un Berbard Dugué, féru d'ondes nouvelles, ou un érudit amusant comme Taupo capable de bonne vulgarisation... Aidez-moi, éclairez-moi, par pitié, :
Dieu a-t-il mis Sa Patte dans la trompe des pucerons ?
Je serais fâché de l'apprendre, tellement il y a de choses bien plus graves, qu'il aurait peut-être bien dû éviter.
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