La Marche des Migrants Honduriens, causes, racines et enseignements
Des milliers Honduriens migrants économiques et victimes de la violence, marchent vers les Etats Unis, pays qui leurs a promis un refus d’entrée et les baïonnettes de l’armée américaine pointées vers eux comme cadeau.
Des migrants de l’Afrique, de l’Amérique Latine, très probablement de l’Asie, vont dans l’avenir se trouver dans la même situation.
Ce nouveau phénomène mérite une réflexion approfondie. Nous essayons de signaler quelques causes et dégager quelques conséquences de cet événement dramatique.
Le malheur des migrants et les enseignements à en tirer.
Six mille ou sept mille Honduriens migrants économiques et victimes de la violence, marchent vers les Etats Unis, pays qui leurs a promis un refus d’entrée et les baïonnettes de l’armée américaine pointées vers eux comme cadeau.
Paradoxe de la situation, les citoyens Etasuniens depuis plus d’un siècle peuvent entrer et sortir des pays latino-américains selon leur plaisir et leurs besoins d’exploitation de ces peuples ; il n’y a pas eu de frontières fermées pour eux ; la mondialisation bénéficiant aux plus puissants, existe déjà depuis longtemps, mais dans un seul sens.
Le président étasunien James Monroe le 2 décembre 1823 avait formulé et résumé sa politique vis-à-vis de l’Amérique Latine sous cette phrase bien connue : « Amérique pour les Américains », sous-entendu pour les nord-américains. Formulation qui était déjà une continuation de la pensée de son prédécesseur Thomas Jefferson quand il l’a formulée dans des termes similaires : « l’Amérique a un continent pour elle seule ».
L’orientation politique de ces deux phrases s’est concrétisée par le vol des richesses naturelles, minières, voire humaines par les Etats Unis. Mais elle s’est aggravée dernièrement rendant l’Amérique Latine plus dépendante et en conséquence plus fragile et pauvre. En vérité cette domination et emprise n’a pas cessé depuis bien longtemps de la part des étasuniens.
On dit comme sophisme de distraction, que la pauvreté a diminué dernièrement dans toute l’Amérique Latine. Cette diminution de la pauvreté est calculée selon ces indices utilisant la moyenne arithmétiques, ils sont bien menteurs. Ceci parce que si on prend l’homme le plus riche du Mexique et du monde Monsieur Carlos Slim et les avoirs misérables du paysan mexicain, bien évidement cette moyenne montre un progrès par rapport à il y a 50 ans. Le problème c’est que Monsieur Slim est plus riche maintenant et le paysan mexicain est plus pauvre.
Avec certaines différences et nuances, il y a une similitude avec la situation qui se présente en Europe avec les vagues de migrants venus de l’Afrique et des pays du Moyen Orient. Les causes et les raisons de leurs efforts pour migrer sont les mêmes : une souffrance presque millénaire due à leur exploitation, et en conséquence une misère permanente et galopante. Ceci rend chaque année qui passe, leur vie plus instable, la transformant dans une situation plus dramatique et insoutenable.
Bien évidemment, toujours dans les relations entre les peuples, il y a eu l’imposition de la loi du plus fort, ceci est un constat de l’histoire. Sinon comment expliquer la présence militaire des Etats Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et d’autres pays dominateurs, en dehors de leurs frontières. L’empire romain agissait d’égale manière.
L’excuse morale pour calmer leurs remords s’ils existent, et les critiques que ces faits provoquent, se traduisent souvent par l’affirmation que les pays colonialistes, dominateurs et en conséquence exploiteurs, ont apporté comme un cadeau inestimable : les bienfaits de leurs cultures ; ils ont appris à ces peuples à lire et à écrire leur langue. Ces arguments devraient prêter à des véritables éclats de rire, face aux grandes civilisations de la Mésopotamie, de l’Inde, de l’Egypte, du Guatemala, du Pérou, de la Turquie, du Maghreb, du Mali, etc., elles auraient disparu sans laisser des traces dans la vie quotidienne de ces peuples. De ce fait pour les dirigeants des pays colonisateurs de l’époque, sauf exceptions, les traces de ces civilisations et grandes cultures de ces pays conquis, n’ont pas eu d’importance et beaucoup ont été effacées au plus vite. Seuls quelques savants et amoureux de ces régions ont pu maintenir et reconnaître leur importance.
La réalité c’est que ces pays dominateurs une fois sur place, ont procédé à effacer toute empreinte de la culture autochtone. Bien évidemment les peuples de ces pays ne parlaient pas n’écrivaient l’anglais, ni le français, ni l’espagnol ou le portugais. L’autodafé des livres aztèques par les espagnols, de même que les vols des œuvres d’art qui se trouvent actuellement dans les musées des pays « barbares » européens, est la preuve évidente de cet agissement des pays conquérants.
Or il existait et il existe dans ces pays de l’amour pour la beauté, de la science et des arts. Les belles sculptures, la musique, le chant, la danse, la littérature sont la démonstration palpable que ces peuples ont eu, et ont une culture.
Un autre argument vis-à-vis de ces peuples pauvres voire miséreux, c’est qu’ils ne sont pas reconnaissants vis-à-vis de la générosité des pays occidentaux. Un jour il va falloir demander aux peuples des pays occidentaux s’ils savent lire correctement, parce que tous les rapports économiques objectifs, signalent que pour chaque euro ou dollar donné ou investi dans ces contrées, c’est plus de 100 fois sa valeur qui sort en richesse de ces pays pauvres, vers les pays riches occidentaux.
Alors de quoi s’étonner qu’il puisse exister des migrants qui veulent franchir les frontières des pays occidentaux, quand en réalité ils viennent d’une certaine manière à réclamer leur dû : un bien être que ces pays les ont empêchés d’avoir pendant des décennies de domination et d’esclavage.
S’il y a globalisation, il doit aussi exister pour faciliter les échanges, une comptabilité juste de la richesse due et de la richesse reçue par les uns et par les autres.
Mais il ne faut pas rester à une analyse purement de justice comptable, il faut aller plus loin et se demander pourquoi c’est maintenant que les pays appelés du tiers monde se réveillent et prennent massivement le chemin de la migration.
Toujours les peuples ont eu une compréhension profonde des éléments indicateurs d’un changement radical dans la vie d’un territoire ou dans notre cas : du monde actuel. A côté de cette perception profonde, ils ont fait preuve de sagesse et d’une quête de justice quand il fallait le faire. La marche de ces migrants Honduriens est une belle démonstration. Ce phénomène sociologique, économique de déplacement des populations se fait toujours dans un contexte général et avec des facteurs de déclanchement singuliers ou particuliers. Il nous semble que ces phénomènes plus que le reflet ou le résultat d’une simple crise économique ou sociale, sont annonciateurs et pathognomoniques d’un changement radical dans la situation du monde et en conséquence de sa domination impériale. Dans d’autres mots, la répartition impérialiste du monde actuel incarné par l’Europe et les Etats Unis est entrée définitivement vers sa disparition. Vouloir effacer les limites ou frontières est un signe et un symbole qui ne doit pas nous tromper, ni rester sans analyse.
Les pays colonialistes et néocolonialistes ont cru que tout leur était permis. Les Etas Unis comme plusieurs pays européens ont utilisé l’immigration quand elle convenait aux objectifs économiques et au développement de leurs nations. C’est leur droit. Mais le problème c’est que ces Etats ont continué à voir dans les enfants de ces migrants de la première heure, des étrangers. Alors ces enfants qui n’ont pas été acceptés et assimilés, se trouvant ainsi exclus de la culture de leur nouveau pays où ils vivent, n’ont pas eu d’autre chemin que de refuser cette exclusion et ils ont créé leur propre culture à la marge de la culture dominante. C’est ainsi qu’ils ont construit et élaboré dans les quartiers les plus délaissés de New York, de Chicago et d’autres grandes villes, les ghettos du crime, de l’alcool, de la drogue, de la prostitution et du trafic de tout genre. Tout ceci ayant comme soubassement et ciment la violence. C’est de là qu’émanent et prennent existence ces groupes de criminels qu’on a appelé les « Maras ».
Le gouvernement étasunien a eu la « géniale idée » d’exporter ces jeunes au pays de leurs grands-parents et parents et ceci principalement vers le Honduras. Là-bas ils sont arrivés dans un pays gangréné déjà par la corruption, corruption patronnée par les dirigeants des multinationales de ces mêmes pays développés.
Ces jeunes intégrants des « Maras » sont arrivés ainsi dans un terrain préparé pour le crime, l’extorsion, la corruption et ils se sont bien installés pour exercer leurs activités criminelles.
Le peuple de Honduras assassiné, extorqué, violé, appauvri, ne pouvant plus supporter cette situation, a décidé six ou sept mille parmi eux, d’aller demander des comptes de pourquoi cette injustice, de pourquoi les avoir envoyé ces criminels formés et formatés comme tels dans ce grand pays qu’est les Etats Unis vers eux. Mais il nous semble que ces honduriens ont pris cette décision par leur capacité subtile de perception que cet empire est un empire affaibli et en déliquescence. Alors ce fait est annonciateur que certainement dans l’avenir il y aura d’autres peuples qui demanderont justice vers les pays colonialistes et néo-colonialistes.
Des migrants de l’Afrique, de l’Amérique Latine, très probablement de l’Asie, vont dans l’avenir se masser et forcer les frontières des pays développés pour réclamer ce bien-être volé par l’injustice impérialiste, et aggravé par les périls climatique, économique, sociaux et culturels. Périls stimulés et augmentés par ces multinationales en écho à nos appétits démesurés en tant que consommateurs insatiables, ont provoqué la destruction de l’habitat de ces régions.
Il nous reste un seul cri d’alarme à exprimer et une leçon à signaler, afin de ne pas précipiter les événements qui se produiront inéluctablement : nous espérons que la France ne fera pas la même bêtise que les Etats Unis ont faite, en envoyant ces hommes et femmes vers le pays qu’est origine de leurs grands-parents. Ces citoyens français à part entière parce qu’élevés ou même nés ici en France, sont devenus des terroristes et de criminels par l’insouciance et la mésestime envers eux des différents gouvernements pendant des années. La France a formé dans nos banlieues ses propres bourreaux à longueur des années de mépris vers eux. Il est temps de bien ouvrir les yeux et de ne pas croire que la répression épaulée par des baïonnettes est la réponse à donner.
H. Ramirez A.
Neuilly sur Seine le 23/10/2018
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