La marge et la page
La marge fait partie de la page, comment concevoir l’écriture d’un page sans une marge.
Et comment émarger sans écrire une page.
L’un ne va pas sans l’autre et l’autre ne peut se concevoir sans l’un.
Ecrire une page, c’est délivrer un message, une pensée, une histoire, compléter une actualité, un fait, une opinion, bref c’est le sens et parfois le combat d’une vie.
Ecrire en marge d’une page c’est ajouter une pensée, une remarque, une exclamation, une rectification, c’est ajouter quelque chose que l’on n’avait pas écrit dans la page, bref c’est donner du relief à cette page, donc à cette vie.
Les deux ne peuvent être dissociés, ils sont les deux facettes indissociables de la vie, le sens et le relief. Et ce relief permet une belle présentation de cette vie qui n’est finalement qu’une écriture de ce que l’on a été et de ce que l’on aurait voulu être, ou de ce l’on est et de ce que l’on sera. La page est peut être belle, mais elle ne pourra pas exister sans la marge, et la marge n’a aucun sens, sans la page. On peut parfois regretter la page mais dans ce cas on regrette la marge.
Et quand on est fier de cette page, on est fier de la marge.
Sauf pour les 4.680.200 chômeurs actuels, ils n’ont pas voulue de cette page de vie, mais se retrouvent maintenant en marge de la société. Ils ne l’ont pas écrite cette page, elle s’est écrite sans eux, et maintenant ils émargent au chômage.
La marge ne fait pas partie de leur page, mais ils sont bien obligés d’émarger.
Et l’une s’est conçu sans l’autre, un peu à leur insu. Ils n’ont pas voulu délivrer de message, de pensée, ni d’histoire, ni faire l’actualité. Et ils n’ont pas voulu donner le relief du chômage à leur vie. Les deux sont maintenant associés, ils sont les deux facettes maintenant indissociables de leur vie, sans être le sens et le relief de celle-ci.
Et ce chômage n’est pas une belle présentation de leur vie et ils n’auraient jamais voulu être cela, ce qu’ils sont devenus. La page a parfois été belle, une vie de travail, mais la marge n’a maintenant plus aucun sens. Ils ne regrettent pas toujours la page, mais regrettent la marge.
Et quand on est fier de cette page, on n’est pas fier de cette marge.
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