La Méchante Semaine n°2020-24 du 8 au 14 juin 2020
Nous avons tous désaoulé de ces deux mois de confinement forcé et, comme à chaque fois, nous avons la gueule de bois devant ce monde d’après qui est toujours celui d’avant… Economie, finances publiques, éducation nationale, responsabilité des gouvernants, relations internationales, quelles seront les conséquences du traitement de la crise sanitaire ? Du meurtre atroce de George Floyd à l’affaire Traoré, des antiracistes aux néo-facistes, de Castaner à Belloubet, le monde d’hier n’est pas prêt à s’effacer. Cette semaine encore, Méchant Réac ! ® a fait appel à Nicolas Bouzou, Jacques Garello, Anne-Sophie Nogaret, Régis de Castelnau, Renaud Girard, Gilles-William Goldnadel, Nicolas Baverez, Jean-Philippe Delsol, Nicolas Lecaussin, Alain Finkielkraut avec Eugénie Bastié, Anne-Sophie Chazaud, Abnousse Shalmani, Amine El Khatmi, Olivier Babeau, Alexandre Devecchio, Mathieu Bock-Côté, Bertrand Soubelet, Philippe Bilger, Sophie Coignard, Guillaume Jeanson, Natacha Polony, Maxime Tandonnet pour éclairer nos lecteurs sur ces évènements.
COVID-19 : CONSEQUENCES
Pour Nicolas Bouzou, dans l’Express, une grande politique ne choisit pas entre l'économie, la santé, ou l'écologie, entre les jeunes et les vieux. Elle embrasse toutes ces dimensions à la fois car "Sauver des vies, c'est protéger l'économie".
Quand on entend Muriel Pénicaud annoncer que le chômage partiel est appelé à durer pendant les deux années à venir, cela signifie que les pouvoirs publics n’envisagent pas de rendre le marché du travail plus flexible. Jacques Garello dénonce ce scandale public du chômage partiel.
Quand l'Éducation nationale semble découvrir que quantité d'élèves n'ont d'élèves que le nom…Dans certains établissements, les “injoignables” représentent la moitié des effectifs constate Anne-Sophie Nogaret. Quant à l'enseignement professionnel, le taux d'élèves fantômes peut y avoisiner les 60 %…
Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête préliminaire sur la gestion critiquée de la crise sanitaire. Cette enquête vise principalement les chefs de "mise en danger de la vie d’autrui" et d’"homicides et blessures involontaires". Dans sa gestion de la crise sanitaire, faut-il se réjouir que le gouvernement soit éventuellement jugé… ou s’en inquiéter demande Régis de Castelnau.
Pour Renaud Girard, nous sommes entrés dans un monde où les traités ne sont pas signés pour durer très longtemps et où les puissances négocient des alliances temporaires. Le nouvel ordre international annoncé par George Bush père est mort sous les coups non coordonnés des trois plus grandes puissances militaires du monde. Le multilatéralisme souffre comme jamais. Nous entrons dans un monde néobismarckien. Il n’y a qu’un espace où on le pratique encore avec sérieux : l’Union européenne.
DE FLOYD A TRAORE
Comparer l’affaire Traoré en France au scandale Floyd aux États-Unis n’a aucun sens. Mais que peuvent les faits et la réflexion contre l’ignorance, l’émotion et l’intimidation ? s’inquiète l’essayiste Gilles-William Goldnadel. La foule médiatique déchaînée rend fou. Il existe un amalgame éhonté de ceux qui criaient hier “pas d’amalgame’’. Le monde d’après risque d’être celui de l’a priori recommandé et de la suspicion obligatoire à l’égard des policiers français dans leur combat périlleux contre la violence criminelle ou terroriste.
Un peu plus de trente ans après l’effondrement du soviétisme, les États-Unis menacent à leur tour de se désintégrer et de devenir « Les États désunis d’Amérique », selon l’expression de Nicolas Baverez. Donald Trump affiche un mépris pour la Constitution et l’État de droit, l’éducation et la science.
Des émeutes prospèrent aux Etats-Unis, en France et ailleurs au nom de l’antiracisme. La crise est accusée d’avoir fait souffrir les Noirs plus que les autres, justifiant ainsi leur révolte. En réalité, l’antiracisme est instrumentalisé par la gauche radicale pour manifester et semer la révolution affirme Jean-Philippe Delsol. Aux Etats-Unis, la population noire a largement profité de la croissance économique de ces dernières années et elle est désormais très intégrée. Elle n’a pas pâti plus que les autres de la crise. Les soulèvements et autres manifestations auxquels nous assistons sont idéologiques.
LES « ANTIRACISTES » : CES NOUVEAUX FASCISTES
A première vue, cette organisation donne l’impression d’une nébuleuse dont le but serait juste de créer le chaos dans les rues. On aurait tort de la sous-estimer et les tragiques événements qui se déroulent ces jours-ci montrent, une fois de plus, qu’une foule déchaînée et coordonnée peut créer d’énormes dégâts, prévient Nicolas Lecaussin dans son article ANTIFA ou la terreur léniniste anticapitaliste. En réalité, l’antifascisme n’est qu’un prétexte pour cette organisation et au nom du « progressisme » et de l’ « antiracisme », on détruit et on pille.
« L’émotion doit inspirer la réflexion, mais elle ne peut pas dispenser de la connaissance » rappelle Alain Finkielkraut dans le grand entretien qu’il a accordé à Eugénie Bastié. Le philosophe s’inquiète du déploiement d’un nouvel antiracisme qui tient moins à promouvoir l’égale dignité des personnes qu’à déconstruire l’hégémonie occidentale dans les pays occidentaux eux-mêmes. « La honte d’être blanc a supplanté la mauvaise conscience bourgeoise » car combattre l’hégémonie occidentale à l’intérieur même de l’Occident : tel est l’objectif que s’assigne le nouvel antiracisme.
La France est un État en phase de décomposition avancée, car voici que s’est abattue sur nous une seconde vague pandémique mondiale, celle de l’hystérie collective de repentance racialiste, indigéniste et décoloniale, fondée sur les délires hallucinés du gauchisme culturel à la fois moribond et furibard… Anne-Sophie Chazaud nous explique que le logiciel unique de l’antiracisme (qui n’est pas le contraire du racisme mais bien au contraire son indispensable jumeau symétrique), tenant lieu délibérément d’alpha et d’omega de toute pensée sociale, cette conception victimaire, à la fois geignarde et vindicative, communautarisée, racialisée, paresseuse, qui a besoin du racisme comme une moule est accrochée à son bouchot, a supplanté toutes les autres dans bon nombre d’esprits subissant ainsi à la fois l’abêtissement de masse, le gavage et lavage de cerveau, mais aussi la démocratisation de l’inculture et l’enseignement de l’ignorance (pour reprendre l’expression de Michéa, plus que jamais d’actualité). Le paradigme communautariste, violemment anti-patriote et populicide, la comédie d’un prétendu progressisme mondialiste qui n’est que la violente soumission des plus fragiles, la stigmatisation des adversaires souverainistes en ennemis, c’est très exactement sur ce programme qu’il s’est fait élire, car, redisons-le, le logiciel idéologique du macronisme est le gauchisme culturel dont il est issu : le fantasme du libre marché et les donneurs d’ordre de Macron auprès desquels il est allé prendre conseil, dit-on, ces derniers jours, ont besoin de cette idéologie qui fabrique des marchés de niche et atomise les peuples tant méprisés et les nations tant honnies. Ce monde délirant, racialisé, complaisant envers la délinquance, a largement été co-produit par la Macronie qui en a besoin pour régner, quand bien même celle-ci s’apercevrait, mais un peu tard, que sa créature lui a désormais échappé.
Si Abnousse Shalmani juge légitime l’émotion déclenchée par le meurtre raciste de George Floyd aux États-Unis, elle réfute toute comparaison avec la situation française. « Le nouvel antiracisme est un racisme déguisé en humanisme » estime l’essayiste. « Nous ne pouvons pas parler de ‘racisme systémique’, car ce serait insulter la mémoire de tous ceux nés ailleurs qui ont fait la France. En politique, Hégésippe Jean Légitimus, premier, et plus jeune, député noir de France en 1898, mais aussi les Senghor, Houphouët-Boigny, Gaston Monnerville, Sékou Touré ou Kofi Yamgnane - pour ne citer que les plus historiques -, sans oublier Rama Yade, Harlem Désir, Rachida Dati, Christiane Taubira jusqu’à la porte-parole du gouvernement actuel Sibeth Ndiaye, sont des figures publiques et légitimes. Dans les arts, nous pouvons dire que l’art moderne, qui fait légitimement la fierté de la France, est un art métèque. Les Picasso, Soutine, Modigliani, Chagall, etc., venaient d’ailleurs. Tout comme les écrivains Joseph Kessel, Apollinaire ou encore René Maran (prix Goncourt 1921), qui font partie intégrante de la culture française. Je me souviens encore du Discours sur le colonialisme et du sublime Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire qui étaient au programme lorsque j’ai passé le bac en 1995. »
Non, les Arabes et les Noirs ne sont pas des victimes de la France blanche. L'universalisme, qui était le pilier et la condition même de l’antiracisme, est attaqué par des individus qui rêvent d’importer en France le modèle américain, regrette le président du Printemps Républicain, Amine El Khatmi.
La France doit réaffirmer son universalisme, pour ne pas tomber comme aux États-Unis dans une approche ethniciste des liens sociaux, soutient l’essayiste Olivier Babeau. Alors qu’à Londres, Boston ou Auderghem on déboulonne des statues censées figurer la permanence de l’oppression coloniale, en France des voix se lèvent pour dénoncer le « privilège blanc ». « Ne mettons pas le doigt dans l’engrenage fatal des comptabilités raciales ». La rhétorique indigéniste qui s’est épanouie sur certains campus américains fait désormais florès en France. Fuyons cette idée délétère selon laquelle votre sexe, votre ethnie ou vos préférences sexuelles détermineraient votre place dans un débat.
Indigénisme, décolonialisme… Alexandre Devecchio revient sur les idées folles du nouvel antiracisme. Les mobilisations de ces derniers jours révèlent la percée d’une nébuleuse militante qu’on appelle la mouvance décoloniale. Encore méconnue du grand public, celle-ci poursuit, sous prétexte d’antiracisme, un agenda politique séparatiste. Non seulement, ce nouvel antiracisme conteste la légitimité des associations antiracistes traditionnelles, mais remet radicalement en cause notre modèle républicain. L’Unef syndicat étudiant historiquement laïque et proche du Parti socialiste organise désormais des réunions réservées aux « racisé(e)s », c’est-à-dire aux non-blancs. Les États-Unis sont en proie à une hystérie morale sur les questions de race et de genre qui rend impossible tout débat public rationnel (Mark Lilla, professeur à l’université Columbia de New York).
Un cap vient d’être franchi constate Mathieu Bock-Côté. Le fantasme de la guerre raciale qui habite l’imaginaire de l’indigénisme s’est dévoilé. La bourgeoisie mondaine a peur et témoigne de son ralliement au régime diversitaire en se pliant devant ses troupes de choc qui occupent physiquement l’espace public et se permettent de verser dans la violence. Les spéculations théoriciennes sur le vivre-ensemble pour retisser dans le discours ce qui s’effiloche dans le réel ne convainquent plus que les consultants en diversité. Et de conclure : « Non, sire, c’est une révolution »
CASTANER, CONSTERNANT !
Le général Soubelet, ancien numéro 3 de la gendarmerie ne mâche pas ses mots au lendemain de l’intervention du ministre de l’Intérieur sur le prétendu « racisme dans la police ». Celui-ci dénonce l’incompétence et l’amateurisme de ceux qui nous gouvernent.
A la suite des récentes manifestations contre les “violences policières”, l’affaire Adama Traoré a resurgi sur la scène médiatique. Scandalisé par le traitement politique réservé à cet interminable dossier, Philippe Bilger, magistrat honoraire, président de l’Institut de la parole et chroniqueur à Sud Radio, s’insurge contre le gouvernement pour qui “On a atteint le pire avec l’affaire Adama Traoré” : notre démocratie est complètement ridiculisée sur le plan judiciaire et les forces de l’ordre sont abandonnées. A quand un pouvoir qui mette en œuvre une philosophie relevant d’un humanisme efficace.
La garde des Sceaux a invité les proches d'Adama Traoré à lui rendre visite… et tendu ainsi les verges pour se faire battre. Sophie Coignard décrypte la séparation des pouvoirs selon Belloubet.
Pour Guillaume Jeanson, cette invitation constitue un manquement grave au principe de la séparation des pouvoirs. Pour l’avocat, « Nicole Belloubet et Christophe Castaner ont cédé au chantage de l’émotion ». Il s’inquiète aussi de ce que le ministre de l’Intérieur place l’émotion « au-dessus des lois ». Car l’horreur du drame dont a été victime George Floyd en Amérique se voit ainsi instrumentalisée pour sommer les citoyens français de choisir un camp. L’urgence ici, est la question de la cohésion. À trop souffler sur les braises ardentes du communautarisme, l’on en vient à consumer le reste d’unité nationale.
Même point de vue pour Régis de Castelnau : dans l’affaire Traoré, Macron et Belloubet bafouent la séparation des pouvoirs. On peut supposer que règne une saine ambiance au sein des organisations syndicales de policiers, de gendarmes et de magistrats. La séquence qui vient de se dérouler sur fond d’emballement mondial après la mort de Georges Floyd relayée chez nous par les manifestations autour du cas d’Adama Traoré, est une sacrée leçon pour ces gens-là.
Pour Natacha Polony, quand le macronisme enfreint la séparation des pouvoirs, ses conséquences sont tragiques. L'équilibre des pouvoirs n'est pas une lubie de constitutionnalistes mais un des fondements de la démocratie. La confiance ne naît que de la certitude que nous sommes collectivement liés et que les règles qui s'appliquent à tous sans exception sont le produit de la volonté majoritaire.
Dans le « village globalisé », la moindre image, partagée des millions de fois, peut désormais avoir plus de valeur que les principes juridiques fondamentaux qui structurent la vie en collectivité, regrette l’historien Maxime Tandonnet. La source essentielle de l’autorité ne se situerait plus dans les règles de droit, mais dans l’émotion.
Heureusement que notre police est républicaine et tolérante ! s’exclame Philippe Bilger. Le rôle de la police est d'autant plus fondamental aujourd'hui qu'elle est probablement la seule institution, avec une multitude de serviteurs exemplaires de l'Etat, à pouvoir empêcher la confrontation de deux France, leur antagonisme qui, si on n'y prend garde, deviendra mortifère.
La colère des policiers est limitée, maîtrisée : qu'on ne les pousse pas au bout du désespoir et de l'humiliation. Non, ce pouvoir ne mérite pas cette police...
MICHEL ONFRAY PAR LUI-MÊME
Michel Onfray livre son bréviaire politique, sa vision d'une France fatiguée d'elle-même, traumatisée par une année de Gilets jaunes et convalescente d'une épidémie de coronavirus. La gauche, Emmanuel Macron, Éric Zemmour, le gaullisme, l'extrême droite, le peuple, les médias… Onfray dit tout : « Il y a du peuple quand il y a une conscience de soi »
JEAN SEVILLIA A TOUJOURS 20 ANS
Vingt ans après la parution de son ouvrage le Terrorisme intellectuel, de 1945 à nos jours (Perrin), qui avait marqué une étape importante dans la lutte contre le politiquement correct, Jean Sévillia revient sur l'histoire de ce livre et alerte sur les dangers qui continuent de menacer la pensée libre : “La dictature de la pensée n’a rien perdu de sa force”. Tout ce sur quoi reposait la cohésion de la société française en tant que nation subit les coups de boutoir du politiquement correct. Plus que jamais, la liberté de penser est un combat.
J’AI LU, J’AI AIME, J’AI PARTAGE…
Pour Yves Roucaute, "les écologistes ont oublié 7 millions d’années de combats acharnés de l’humanité pour survivre face à une nature impitoyable". Dans "L’Homo creator face à une nature impitoyable", l’auteur montre que l’humanité ne peut survivre dans la nature sans l’affronter. Il y affirme le droit des hommes de coloniser et dominer la planète, loin des discours écologistes qui ont le vent en poupe.
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