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La Méchante Semaine n°2020-27 du 29 juin au 5 juillet 2020

Cette méchante semaine a été riche en interrogations et en inquiétudes : quel impact et quel coût des mesures proposées par la convention sur le climat ; où en est le patriotisme économique français ; face à la Turquie et à la Russie, quelle place pour la France ? ; comment et pourquoi rendre la justice indépendante et responsable ? ; antiracisme, indigénisme, communautarisme, féminisme, écologisme, abstentionnisme, quelles sont ces menaces qui pèsent sur la démocratie ; enfin, un nouveau premier ministre pour quoi faire ?

 

Pour répondre à toutes ces questions, Méchant Réac ! ® a fait appel à : Olivier Maurice ; Jérôme Bascher ; Eric Delbecque ; Mathieu Bock-Côté ; Hadrien Desuin ; Frédéric Mas ; Maxime Tandonnet ; Charles Consigny ; Ivan Rioufol ; Laurent Bouvet ; Jacques Garello ; Pierre Vermeren ; Douglas Murray ; Philippe Bilger ; Renaud Girard ; Olivier Babeau ; Benjamin Morel ; Brenda O’Neill ; Mathieu Mucherie ; Loïk Le Floch-Prigent ; Christophe Boutin ; Gilles-William Goldnadel ; Josépha Laroche ; Valérie Toranian ; Nicolas Baverez ; Régis de Castelnau ; Guillaume Jeanson ; Alain Bauer. 

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Convention nationale citoyenne sur le climat : quel impact, quel coût ?

 

Alors qu'Emmanuel Macron vient de proposer des mesures suite aux travaux des citoyens, Loïk Le Floch-Pringent se livre à un exercice intéressant : quel pourrait être l'impact sur la planète si les propositions de la Convention citoyenne pour le climat étaient appliquées ?

 

Quant à Jacques Garello, le président de la République ayant annoncé que le soutien de l’État à la mise en œuvre de ces propositions s’élèverait à 15 milliards d’euros, pose LA question : entre facture citoyenne et facture démocratique, qui paiera le prix de l’écologie ?

 

Résultats des municipales 2020 : la double menace, écologisme et abstentionnisme

 

Le taux d’abstention de 60 % enregistré dimanche au second tour des municipales est symptomatique du climat de défiance nationale envers les dirigeants politiques, qui n’avait jusqu’alors pas touché les conseils municipaux et les maires, explique l’historien Maxime Tandonnet. Un mythe vole en éclats : celui de l’attachement intrinsèque de la population à la démocratie locale. L’abstention est signe de la déception, d’un nihilisme politique croissant, de la perte des références civiques, de la disparition du sentiment d’un destin commun qui se joue dans les urnes.

 

Olivier Maurice, d’ailleurs, s’interroge : pourquoi continuer à aller voter alors que la politique a été dévoyée et que les hommes politiques ont surtout des aspirations personnelles ?

 

Appuyée sur un projet socialiste qui n’a rien de neuf, la poussée écolo qui a déferlé sur de nombreuses villes de France n’est pas nécessairement une chance pour le pays, ni pour le climat, estime le chroniqueur et essayiste Olivier Babeau. Le socialisme vert n’est plus un récit d’espoir mais de peur. Le socialisme vert prospère sur la crise démocratique en même temps qu’elle l’accélère.

 

Pour Ivan Rioufol, les Verts, qui vont gérer Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours ou Annecy, produiront des sociétés toujours plus éclatées. L’arsenal doctrinaire qui se met en place avec les Verts est en contradiction avec l’attente souverainiste et protectionniste qui se devine chez les Français oubliés. La déroute du parti présidentiel aux municipales tient sans doute à sa faible implantation locale, mais surtout à sa déconnexion des réalités quotidiennes.

 

Peut-on réellement parler de "vague verte" après le résultat du second tour des élections municipales ? Que révèle la vision politique écologique sur les écarts d'opinion qui persistent au sein de la société française ? C’est une nouvelle guerre des France qui s’annonce avec la vraie/fausse vague verte aux municipales pour Christophe Boutin.

 

Le retentissement médiatique suscité par la « vague verte » est exagéré : les médias regardent les grandes villes pour tirer des conclusions nationales, analyse Benjamin Morel. Mais la percée inédite des écologistes est un coup de semonce pour la majorité. Emmanuel Macron a creusé entre lui et la gauche une vraie tranchée. En 2001, la gauche subit une défaite dans de nombreuses villes, mais s’empare de Paris et Lyon. Le bilan de la soirée est que Lionel Jospin sort renforcé. La préoccupation écologique est croissante dans l’opinion et peut entrer en résonnance avec l’ensemble des logiciels politiques.

 

Quelle est la vraie couleur des verts ? Selon Valérie Toranian, la vague verte (mâtinée de rose et de rouge) a bénéficié d’un alignement de planètes. Dans une société postmoderne qui se détourne de plus en plus du politique, fractionnée en archipel d’appartenances, où la revendication des identités l’emporte sur le projet politique qui les transcende, l’écologie a la fluidité requise pour plaire au plus grand nombre. Sur beaucoup de sujets, les valeurs sont floues, contradictoires, ou plutôt alternatives. Il y a des écolos républicains, des écolos gauchistes, des verts-rouges, des clientélistes, des communautaristes, des indigénistes, des opportunistes.

 

Patriotisme économique

 

Pour Nicolas Baverez, le Covid est le miroir du déclassement français. L’épidémie de Covid-19 s’inscrit dans une longue série de crises qui, depuis les chocs pétroliers, ont vu la France descendre à chaque fois une marche supplémentaire. Le plein-emploi n’a jamais été rétabli depuis le milieu des années 1970 alors que la dette publique progressait de 20 %.

 

Pour le sénateur Jérôme Bascher et l’essayiste Éric Delbecque, la souveraineté économique ne doit pas être confondue avec l’autarcie. Tous deux plaident pour une meilleure maîtrise de nos échanges et un contrôle plus étroit des investissements étrangers en France. Il est des centaines d’entreprises technologiques, stratégiques et de souveraineté qu’il convient de surveiller, de conserver. « La poursuite du bonheur » s’appuie sur la prospérité, donc sur la bonne santé du business. On pourrait labelliser des fonds de gestionnaires d’actifs comme fonds gestion d’actifs patriotes.

 

La France face à la Turquie et à la Russie

 

En se retirant de l’opération Sea Gardian conduite par l’OTAN, afin de protester contre l’absence de réaction de l’organisation atlantiste dans le différend qui oppose Paris et Ankara, la France adopte une position ferme mais justifiée par l’agressivité d’Erdogan, analyse Hadrien Desuin. On lutte au Moyen-Orient d’abord et surtout contre le retour ou l’avancée de la Russie dans la région. L’hypothèse d’un conflit plus grave de la Turquie contre la France est à prendre très au sérieux.

 

Pour Renaud Girard, parler en position de faiblesse avec les Russes ne sert à rien. Le général de Gaulle l’avait parfaitement compris, qui ne fit son voyage historique à Moscou de juillet 1966 qu’une fois la force de frappe française opérationnelle… Au lieu d’investir dans l’arme désuète d’un deuxième porte-avions, les armées françaises feraient mieux de renforcer les moyens du Commandement de la Cyberdéfense.

 

Justice indépendante et responsable

 

Des affaires juridiques particulièrement médiatisées ont eu un fort retentissement sur la vie politique ces dernières années : de Nicolas Sarkozy jusqu'aux Gilets jaunes ou bien encore l'affaire Fillon. La France est-elle confrontée à un problème de partialité de ses juges ? Et si l’heure était venue d’installer une vraie responsabilité des juges d’instruction débattent Régis de Castelnau et Guillaume Jeanson.

 

Philippe Bilger dénonce le laxisme judiciaire. Il est évident qu’il y eu connivence entre le P.N.F., la procureure générale et le pouvoir politique visant un candidat et même un vainqueur potentiel de l’élection présidentielle. Il y a donc au niveau politique une structure judiciaire de gauche qui a validé voire qui a commandé très directement ce qui a été mis en œuvre sur le plan judiciaire.

 

Antiracisme, Indigénisme, Communautarisme, Féminisme

 

Pierre Vermeren rappelle qu’il y a eu trois grandes traites des Noirs ont frappé l’Afrique au cours des siècles : la traite interne à l’Afrique subsaharienne, la traite arabo-musulmane et la traite européenne. Schématiquement, soldats et concubine viennent du nord, c’est-à-dire de la Méditerranée au Caucase, tandis que les domestiques - parfois aussi des soldats - viennent d’Afrique. Au total, trois grandes traites ont pillé l’Afrique d’une partie de ses forces vives pendant un millénaire. Il serait en effet douloureux, voire dangereux, de s’interroger sur les mécanismes réels des traites, quant à leurs responsabilités partagées en Afrique et dans le monde musulman. La culpabilité n’étant pas un sentiment partagé en terre d’islam, où l’opinion commune considère que Dieu a voulu ce qui advient, la mémoire de cette longue traite assassine s’est volatilisée.

 

L’universitaire et fondateur du Printemps républicain, Laurent Bouvet, n’est guère surpris par les polémiques actuelles sur le supposé racisme de la police et de l’État. Dans Le Péril identitaire (Éditions de l’Observatoire), essai aussi court que dense, il synthétise des décennies de travaux sur la question du communautarisme et revient aux sources du malaise occidental. L’extension des droits politiques et sociaux a permis l’émancipation collective sans la révolution violente. La question identitaire s’est donc portée sur un autre sujet : la laïcité et la place de l’islam en France.

 

L'essayiste britannique Douglas Murray souligne à la fois le radicalisme du mouvement Black Lives Matter et la difficulté à s'opposer à ses thèses. L’antiracisme est devenu un racket. Black Lives Matter a montré sa propension à la malhonnêteté. Mais par-dessus tout, j'ai peur de ce retour de la « race ». Bien sûr, le concept ne nous a jamais quittés, mais si vous lisez les travaux de ces professeurs américains ignorants et presque frauduleux, comme Robin DiAngelo, vous verrez qu'au nom de l'antiracisme, on racialise de nouveau la société. Comme je le défends dans La Guerre des communautés, le prix à payer sera élevé si on décide de présenter les Blancs comme un groupe homogène, de leur dire qu'ils sont affreux, coupables et que rien ne va chez eux. J'exècre ces antiracistes qui font de la provocation raciale. Les livres d'histoire de demain ne les épargneront pas. Je peux vous le garantir parce que je compte en écrire quelques-uns.

 

Après les émeutes suite à la mort de George Floyd et le "retrait" de la police qui a suivi, les Etats-Unis ont enregistré une explosion de la violence par armes à feu. Si la situation en France n’est pas aussi dramatique, le piratage de la lutte anti-raciste par l’extrême gauche produit aussi des effets désastreux sur l’ordre public. Pour Alain Bauer et Philippe Bilger, il faut s’attendre à payer la lourde facture des dérives de la lutte contre le racisme et les violences dans la police.

 

Les destructeurs de statues détestent les Français, ils détestent les blancs, ils veulent mettre à bas toute fierté française, dénonce Gilles-William Goldnadel. La dégradation des statues symbolise la dégradation du statut de la France.

 

Mathieu Bock-Côté accuse les indigénistes d’installer au cœur de la vie publique le fantasme mauvais de la France raciste. Et celui-ci de relever un paradoxe : l’idéologie racialiste se diffuse à grande vitesse dans les institutions qui produisent la légitimité culturelle. L’antiracisme consisterait aujourd’hui à replacer la race au cœur de la cité, mais dans la perspective du « racisé  ». La nation ne pourra affronter la poussée racialiste qu’en s’assumant comme identité forte ne doutant surtout pas de son droit de s’imposer chez elle.

 

Pour Brenda O’Neill et Mathieu Mucherie, c’est sous la pression, que de nombreux annonceurs ont décidé de boycotter Facebook en raison d’efforts jugés insuffisants de la part du réseau social pour lutter contre la violence en ligne. L’arme du boycott peut être redoutablement efficace. Elle peut aussi précipiter la guerre civile.

 

Charles Consigny juge lunaire la décision du New York Times d’écrire ‘Black’ avec une majuscule et ’Withe’ avec unee minuscule. Pour l’avocat, cette règle d’orthographe décidée par le quotidien new-yorkais est symptomatique d’une hystérisation des débats de société outre-Atlantique. Ce type de décision ne peut qu’ajouter à l’hystérie générale. On ne parle plus en termes de classes mais en termes de communautés.

 

Avec l’écriture inclusive, la France n’est pas en reste. Car démembrer la langue française fait-il pour autant reculer le sexisme ? Rien n’est moins sûr pour Jàsépha Laroche. Comment l'écriture inclusive est devenue le fer de lance d’un projet global éminemment politique... Ce parti pris idéologique – qui essentialise et sacralise graphiquement le genre – pourrait compliquer l’objectif d’intégration poursuivi par la République française, un objectif par ailleurs déjà bien compromis aujourd’hui.

 

Jean Castex, priorité à la continuité ?

 

Écarter un premier ministre populaire est un classique de la Ve République : à deux reprises par le passé, sous Pompidou puis sous Mitterrand, des premiers ministres soupçonnés de faire de l’ombre au chef de l’État ont été écartés. Le départ d’Édouard Philippe et la nomination de Jean Castex confirment cette tradition historique, analyse l’historien et essayiste Maxime Tandonnet. Les seconds chefs de gouvernement d’un mandat présidentiel sont généralement des personnes de confiance ou des proches désignés pour ne pas faire de l’ombre au chef de l’État. La refondation de la démocratie française devrait être la grande priorité de l’heure.

 

Pour Frédéric Mas, ce sont des réformes en profondeur et une rupture claire avec le socialisme diffus du premier gouvernement qui doivent être mises en place si nous voulons voir prospérer le pays et renaître les libertés publiques.

 

Plutôt que de céder aux sirènes médiatiques et parisiennes, le président de la République a choisi Jean Castex, un profil assez semblable à celui du Premier ministre sortant. L’image de sérieux et de professionnalisme d’Édouard Philippe a séduit les Havrais, Emmanuel Macron compte peut-être sur les mêmes ressorts pour rassurer des Français méfiants et divisés.

 

Laurent SAILLY, directeur de la publication


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1 réactions à cet article    


  • robert68 8 juillet 2020 18:44

    c’est toujours le premier ministre qui va au casse pipe c’est un peu normal qu’on parle un peu plus de lui ,l’autre restant dans son cagibit. Mais dire qu’il est populaire c’est allé un peu vite en besogne .

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