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La mort programmée du BAFA

Les centres de loisirs sont des espaces éducatifs de qualité. Ils contribuent à l'éveil artistique des enfants -merci Sapiens pour ton dessin- et développent les compétences physiques et créatives des enfants.

Ce ne sont pas des garderies.

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J'ai formé plus de 2000 animateurs pendant 15 ans, dans les formations BAFA , BAFD et formations continues.

A chaque fois j'en suis sorti heureux car ce qui formidable c'est d'accueillir des jeunes un peu déstructurés et de les transformer en huit jours en animateurs motivés, bienveillants et même enthousiastes.

Tous les mouvements d'éducation populaire qui organisent des sessions de formation BAFA ne pratiquent pas de la même façon, certains font beaucoup l'école et d'autres comme les Francas, les CEMEA ou les éclés pratiquent les méthodes actives.

On commence par être mis en situation : on joue, on court, on chante, on se défonce....Les jeunes aiment cela et c'est ainsi qu'une dynamique de groupe prend corps.

Je ne dis pas que les formateurs ne font pas des bêtises mais ils s' évaluent.

Lors d'un de mes premiers stages à Orly, j'ai bien apprécié un stagiaire ultra dynamique que j'appelais Monsieur 2000 volts.

Le BAFA s'effectue en trois parties, le stage théorique de 8 jours, le pratique de 14 jours puis l'approfondissement de 6 jours.

Après le stage pratique de cet animateur « exceptionnel », sa directrice de centre de vacances m'a pris à part lors d'une soirée pédagogique en me disant : je lui ai accordé un avis favorable parce qu'il est jeune et moteur mais il n'acceptait pas mon autorité car je suis une femme !

Je vous assure qu'après, dans tous les stages théoriques, j'ai insisté sur l'égalité des droits et sur l'autorité.

En BAFA, les jeunes progressent et nous aussi !

Il y a peu, j'ai commis un article, ici même, pour dénoncer l'abaissement de l'âge d'entrée en formation à 16 ans au lieu des 17. Je partage toujours ce point de vue confortée par les messages que m'ont adressés des formateurs de différentes « obédiences ».

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-bafa-a-16-ans-c-est-du-n-245312

C'est la mort programmée de la formation de qualité !?

Je ne pensais pas que je ne dénonçais que la partie émergée de l'iceberg des abandons.

Aujourd'hui en inscrivant mon petit fils !? -le temps passe vite- je n'ai trouvé pour février 2023 en Ile de France aucun stage première partie en internat.

Ils sont tous en demi pension, plus aucun proposé par l'un des grands mouvements d'éducation populaire n'est en internat.

Un responsable que j'ai eu au bout du film m'a expliqué la situation ; les coûts des locations des hébergements ont connu une hausse vertigineuse et comme le nombre de stagiaires a chuté nous sommes contraints de changer notre formule.

Cette explication se tient et en plus des organismes, véritables entreprises se sont mis sur le créneau pour faire du fric.

Ne trouvant pas de stage en demi pension près du domicile du futur stagiaire, je me suis tourné sur une formation proposée par un mouvement d'éducation ami qui organise pendant les vacances de printemps une formation en externat, donc sans restauration.... ! Il fallait le faire, ils l'ont fait !

Où va t-on si les animateurs ne peuvent pas vivre un internat... C'est là que l'on apprend la vie collective et c'est le soir, en veillée que se construit la dynamique d'une formation.

Si nous ne mettons pas un coup d'arrêt à cette mort programmée des stages BAFA de qualité, on va voir de nouvelles évolutions économiques comme la réduction du nombre de jours de formation dite théorique.

Un de mes amis m'a dit en forme de boutade :

«  bientôt pour être animateur, il suffira d'avoir fait comme enfant quelques jours de patronage ».

Ce n'est qu'une boutade ? A voir.

Ce qui m'étonne et me navre c'est qu'il n'y ait pas une réaction des grandes associations éducatives car toute cette destruction remet en cause des dizaines d'années d'action des mouvements d'éducation populaire pour que les temps péri et post scolaires soient reconnus comme des espaces éducatifs de qualité et non comme des garderies.

IL EST PLUS QUE TEMPS DE RESISTER !

 

Jean-François Chalot

 


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3 réactions à cet article    


  • jef88 jef88 7 janvier 2023 10:21

    J’ai passé mon BAFA en 1962 avec simplement un stage de 8 jours...

    Il a eut lieu dans une colonie de vacances inoccupée pendant les vacances de pâques .....


    • CHALOT CHALOT 7 janvier 2023 11:02

      Je l’ai passé en 1966 et ce n’était pas le BAFA mais le diplôme de moniteur de colonie de vacances et c’était 8 jours.


      •  C BARRATIER C BARRATIER 7 janvier 2023 11:24

        Il faut croire que les aspirations des jeunes ont changé, autrefois l’internat leur apportait une occasion d’être indépendant par rapport à sa famille. Je pense que ça aurait marché aussi à 16 ans. Les francas hors préparation au monitorat faisaient je crois des ’actions avec des moins de 18 ans.

        Aujourd’hui à 18 ans on est adulte ’(majeur). et on n’a pas forcément envie de se dépayser pour un stage en internat dans une colo libre aux vacances de printemps.

        Il est vrai que les centres sociaux ont besoin d’animateurs mais il ne s’agit pas d’une actions temporaire. C’est du plein temps, et on y fait carrière.A 30/40 ns on y est toujours et on gagne bien plus que le SMIC. Les centres sociaux emploient aussi des « services civiques » qui ne leur coûtent presque rien. Ils sont épaulés par des animateurs chevronnés.

        Un jeune de 18 ans aujourd’hui a des exigences salariales peu compatibles avec ce qu’on pouvait les payer dans une colo autrefois.

        A contrario dans les chantiers internationaux de Jeunesse et Reconstruction par exemple, les jeunes de 18/20 ans se régalent en internat découverte d’un payes éloigné (je pense aux coréens, russes, venant an France, aux français, espagnols partant aire un chantier en Corée...Ils ne sont pas payés du tout, ils sont majeurs mais souvent de familles fortunées (pas toujours, je pense à une grecque de famille pauvre qui avait économisé sur de petits jobs en Grèce pour pouvoir partir)

        Bref, le paysage a changé, et l’évolution en cours continuera, des vents divers poussent le navire Bafa sans voile ni moteur..

        Probablement on inventera autre chose que le Bafa ! Les formations au monitorat de colo sont antérieures au Bafa qui aura été un moment.

        Cet article est bienvenu, et nous conduit à mesurer l’usure du temps

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