1 Le monde du droit au temps du numérique

Dans Les blogs juridiques ou la doctrine en train de se faire à l'ère du web 2.0, Anne-Sophie Chambost constate que « si l'on a pu redouter un temps qu'Internet signe 'la mort du droit' (…), un nombre considérable d'avocats, de magistrats, de professeurs de droit et d'étudiants en diffuse aujourd'hui la connaissance sur le net »¹. Cette réalité devrait être accentuée durant les années à venir car « depuis la loi du 7 mars 2014, 'L’avocat est autorisé à recourir à la publicité ainsi qu’à la sollicitation personnalisée (...)' »². Aussi, en 2015, plus que jamais, se pose la question de la présence effective et efficace des cabinets d'avocats dans le monde numérique.

Sur Internet, les interactions humaines se développent selon le modèle du réseau plutôt que suivant une hiérarchie déterminée. Et, depuis le début de la présente décennie, il semble de plus en pus que le modèle du réseau prime aussi dans le monde réel.³ En conséquence, le temps où les diplômes, l'expérience et la renommée suffisaient à assurer une position d'autorité auprès du public est révolu. Il devient important de demeurer actif, hors-ligne et en ligne, afin de maintenir la vigueur et l'influence de son propre réseau. Cependant, il semble que les structures juridiques traditionnelles peinent à établir une présence forte sur Internet.

Le monde du droit est touché par ce que les commentateurs français de l'année 2015 ont appelé l' « ubérisation ».⁴ Diverses entreprises digitales investissent des domaines traditionnellement réservés aux praticiens du droit. L'Internet leur offre une rapidité d’exécution et une ampleur qui ne pourront pas être contrés par la seule action défensive des associations professionnelles. L'action offensive consistant à démontrer la valeur supérieure des professionnels du droit est capitale. Elle doit être menée sur le terrain privilégié des nouveaux acteurs qui « ubérisent » les services juridiques. Dans ce contexte, l'initiative start you up⁵ du cabinet August & Debouzy ouvre la voie à une percée du secteur juridique traditionnel sur Internet.

2 L'initiative 'start you up' du cabinet August & Debouzy

Start you up constitue simplement une opportunité pour les « start-ups les plus talentueuses » de bénéficier des « services juridiques d'un des cabinets d'avocats les plus prestigieux »⁶. L'innovation réside dans la manière dont elle est présentée.

Un site internet spécifique a été créé. Il a la même dynamique que les vitrines internet des start-ups digitales. Ce site spécifique repose sur une évocation assumée des États-Unis, pays vers lequel a été tourné l'écosystème français de start-ups en 2015.⁷ Enfin, il est prolongé par une présence sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram. Toutefois, cette présence est relativement défaillante.

Sur Facebook, l'activité de la page start you up demeure dénuée de toute interaction avec la communauté. Ce réseau est pourtant le plus indiqué pour élaborer une véritable stratégie de relations publiques. L'activité sur Instagram est également déficiente. Elle est certes en cohérence avec l'activité générale des profils Instagram dédiés à l'entrepreneuriat mais elle s'en distingue en étant impropre à constituer une source d'inspiration pour les aspirants entrepreneurs. Ces imperfections participent à l'insuccès relatif de start you up sur les réseaux sociaux. Elles invitent surtout à envisager une gestion de communauté professionnelle pour concrétiser la réussite d'une initiative comme celle du cabinet d'avocats August & Debouzy.

Cet article est issu de la lettre d'information La Nouvelle Union.