La nouvelle génération de dopage créera des athlètes mutants
Au vu de l'évolution rapide de la thérapie génique et des possibilités de manipuler le génome grandit le risque que ce genre de dopage apparaîtra dans le monde du sport, notamment aux Jeux olympiques de Tokyo.
Néanmoins, les experts sont convaincus que les organes de surveillance suivent la situation de près, tandis que les premiers cas d'un tels dopage feraient leur apparition seulement quand les manipulations du génome deviendront une chose ordinaire dans le domaine de la santé. C'est ce qu'écrit la revue Svenska Dagbladet.
La thérapie génique est une méthode médicale de soin qui consiste à transplanter des gènes sains dans l'organisme d'un patient ou à activer ses gènes qui restent généralement inactifs. Le monde scientifique attend beaucoup de cette méthode en évolution depuis les années 1970, mais des obstacles surviennent régulièrement sur cette voie. Par exemple, dans les années 1990 un client est décédé alors que son système immunitaire a eu une réponse bien trop forte à la thérapie génique engendrant un dysfonctionnement des organes.
Mais un grand pas en avant a été fait quelques années plus tard en découvrant que la thérapie génique améliore la défense immunitaire chez les patients ayant une immunité très affaiblie.
Ces dernières années, la thérapie génique évolue très rapidement. L'UE a déjà approuvé jusqu'à 20 types de tels soins, notamment de maladies oncologiques ou musculaires. Ils sont jugés sûrs et efficaces.
La thérapie génique peut amoindrir les manifestations de maladies, les guérir entièrement et à terme sauver des vies. Mais elle peut également être utilisée dans les tentatives de moderniser le corps humain. C'est ce qui rend perplexe le médecin et expert du dopage Åke Andrén-Sandberg et d'autres experts. "Le risque est qu'une telle thérapie provoque dans l'organisme des processus impossibles à stopper."
A terme les méthodes de thérapie génique serviront probablement à soigner des traumatismes et à réparer les muscles endommagés.
"Je ne vois rien de mal à soigner des traumatismes et à rendre à l'individu des fonctions perdues grâce à la thérapie génique. Mais il est impossible d'améliorer ainsi les capacités de l'organisme", estime Åke Andrén-Sandberg.
Et si les sportifs d'élite utilisaient déjà le "dopage géniques" ? Selon Åke Andrén-Sandberg, c'est très improbable : "L'élite sportive est surveillée de près, du moins en Occident. Mais, bien évidemment, je ne peux pas affirmer que rien de tel ne se passe."
Un scandale a éclaté juste avant le début des JO de Turin de 2006 en rendant publique une correspondance par courriel. L'entraîneur des coureurs allemands Thomas Steinmann a été accusé de donner des stéroïdes à ses jeunes protégés. Et l'enquête a révélé qu'il était en contact avec le médecin des patineurs néerlandais à la recherche d'un produit appelé Repoxygen et se plaignait même qu'il était difficile à trouver.
Repoxygen était un récent médicament génique contre l'anémie, il ajoutait dans l'organisme un gène responsable de la production d'érythrocytes. Ce médicament peut être utilisé comme dopage en améliorant la capacité des muscles à assimiler l'oxygène et ainsi à accroître l'endurance.
Les méthodes de dopage génique existaient-elles déjà à l'époque, aux JO de Turin de 2006 ? Combien de mutants auraient pu être découverts dans les années qui ont suivi ? A quels dangers les athlètes se soumettaient-ils dans la bataille pour les médailles ?
Mais cette affaire a été rapidement oubliée. Aucun sportif utilisant le dopage génique n'a été découvert aux JO de Pékin, de Vancouver, de Sotchi, de Rio de Janeiro ou de Pyeongchang. Qu'en sera-t-il à Tokyo ?
Carl Johan Sundberg, professeur de physiologie moléculaire et appliquée de l'institut Karolinska (l'une des plus grandes universités de médecine en Europe qui se trouve dans la banlieue de Stockholm), n'exclut pas que le dopage génique soit utilisé dès à présent. Les rumeurs se multiplient mais aucun sportif n'a encore été pris par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Peut-être qu'il est utilisé après tout ? Ou simplement les tests actuels ne permettent pas de le détecter ? Impossible à dire avec certitude. Mais de nouvelles méthodes sont certainement apparues avant les JO de Tokyo.
D'après Åke Andrén-Sandberg, il est possible de remarquer l'apparition d'un gène stimulant la sécrétion des globules rouges dans les passeports sanguins utilisés depuis dix ans et où sont régulièrement enregistrés les indicateurs des analyses sanguines des athlètes. Alors que le dopage musculaire, quand des gènes sont introduits dans des groupes musculaires concrets afin d'accroître leur masse, est plus difficile à détecter. "Nous surveillons en permanence tous les résultats des sportifs. Si un athlète prend soudainement du muscle, cela ne passera pas inaperçu."
Et qu'en est-il du dopage génique ? Åke Andrén-Sandberg est convaincu : "Dans ce secteur nous devançons 99,99% de tous les fraudeurs. La thérapie génique est très difficile, elle nécessite l'aide de spécialistes très qualifiés."
Åke Andrén-Sandberg ne doute pas que tôt ou tard le dopage génique sera utilisé. Mais cela n'arrivera pas à court terme, selon lui. "Quand les méthodes de thérapie génique deviendront accessibles et répandues, alors apparaitront les premiers cas d'un tel dopage. Mais cela n'arrivera pas aujourd'hui ni demain."
Therese Bergstedt
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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2926
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