La NSA savait aussi ce qui se passait à Abbottabad
La "découverte" d'un Ben Laden vivant reclus et amoindri à Abbottabad était du flan complet, nous avait dit Seymour Hersh, et un élément fourni récemment par Edward Snowden renforce encore l'idée d'une mise en scène totale de la fin du terroriste le plus recherché par les américains. Car les USA savaient tout ce qui se passait à Abbottabad, grâce à la NSA et ils savaient surtout qu'un poseur de bombes connu venu de Bali était en train de rejoindre la ville, comme j'avais pu vous l'expliquer ici-même à plusieurs reprises (*). Etonnamment, deux français désireux de s'enrôler dans le jihad avaient participé sans s'en rendre compte à la traque, dont le point central était un guichetier de la poste d'Abbottabad. A partir de là ; tout ne pouvait être que manipulation : l'histoire de la campagne de vaccins, l'hélicoptère qui s'écrase sans faire de morts, ou bien l'improbable saga du corps héliporté pour être balancé dans l'Océan Indien, tout ne pouvait qu'être fausse information, abondamment diluée dans la presse, au point d'en conclure sans hésiter que de Ben Laden, il n'y en avait pas, mais que l'on a habilement profité d'une situation pour évacuer un problème, celui d'un mythe entretenu par les deux adversaires en présence : l'un pour maintenir un état se permettant toutes les surveillances individuelles illégales, l'autre pour fédérer la haine des américains autour d'un personnage disparu en 2002, mais dont l'image était telle qu'elle présentait un intérêt à être entretenue bien après son décès. Zero Dark Thirty, film sponsorisé par la CIA pour répandre une seule idée, celle de la torture nécessaire pour capturer Ben Laden, en devient encore plus grotesque. Grâce à la NSA et à l'étendue gigantesque de ses investigations, les USA ne pouvaient ignorer où se cachait l'homme qu'ils recherchaient. De faire croire à sa capture, en ce sens, n'est qu'un mensonge supplémentaire.
C'est le Washington Post qui le confirme hier au milieu de l'annonce de la surveillance d'américains ordinaires et innocents : "à partir des mois de suivi des communications sur plus de 50 comptes d'alias, les fichiers conduisent directement à la capture en 2011 à Abbottabad de Muhammad Tahir Shahzad, un constructeur de bombes basé au Pakistan, et à Umar Patek, un suspect dans un attentat terroriste en 2002 sur l'île indonésienne de Bali. A la demande de responsables de la CIA, Le Post détient d'autres exemples dont les fonctionnaires affirment qu'ils pourraient compromettre les opérations en cours". Le problème étant que ce sont les pakistanais qui ont arrêté Patek : le Post indiquant donc que la NSA échangeait ses infos... avec l'ISI ! Umar Patek, rendu responsable des attentats de Bali, était donc étroitement surveillé de près par la NSA !!! Cette annonce est primordiale, car la venue de Patek au Pakistan début 2011 (peu de temps avant le raid connu) est loin d'être anodine. Dealer d'héroïne, ce dernier était venu s'approvisionner ou conclure un nouvel approvisionnement, avant de repartir aux Philippines via la Thaïlande. La preuve en est que Patek avait été en effet arrêté lesté d'un million de dollars en billets sur lui, alors qu'il vient de rencontrer un obscur employé de la poste principale d'Abbottabad, Tahir Shehzad, qui était lui le véritable responsable du réseau Al-Qaida à cet endroit. Difficile d'ignorer alors la présence de Ben Laden à proximité : la propre fille de Shehzad travaille alors comme servante dans la villa du supposé fugitif... !!! Impossible alors de croire à la fable de Zero Dark Thirty !!! Obligatoirement, avec cette annonce de mails ou d'échanges téléphoniques sur la venue d'Umar Patek, Ben Laden était localisé !!! Sachant que la surveillance intensive par écoutes du même Patek datait de plusieurs années, et que ce ne devait pas être son premier voyage à cet endroit....
Fort étrangement, l'Agence Associated Press présentera un récit ahurissant de l'arrivée de Patek dans les environs, ignorant totalement l'argent qu'il portait sur lui :"le résident d'Abbottabad Abdul Hameed Sohail est allé dire à la presse que son fils a trouvé la femme de Patek et Patek lui-même morts de froid et couverts de et frissons dans la rue, et qu'il avait fini par se sentir désolé pour eux au point de leur permettre de rester dans sa maison. Ils ont eu une chambre à l'étage, et pendant neuf jours, ils ont rarement quitté la pièce ou même mangé la nourriture qu'il leur restait. Enfin, les autorités pakistanaises ont attaqué la maison, ont tiré sur Patek, et l'ont emmené. Sohail n'a pas pas arrêté. Cependant, son fils Kashif a été arrêté comme complice, et était toujours en garde à vue trois mois plus tard. Patek et son épouse étaient arrivés au Pakistan cinq mois plus tôt, en voyageant avec de faux passeports, mais on ne sait pas où ils se trouvaient au Pakistan avant d'Abbottabad". Une bien étrange arrestation de celui présenté comme un clochard mort de froid mais qui portait sur lui un million de dollars en billets cousus dans sa tenue (ce qui sera ensuite attribué à Ben Laden en personne, par les storytellers du Pentagone en mal de racontars !) ! Un "clochard" qui dort dans la rue, muni de téléphones et suivi de près par la NSA !!! Arrivé dans la ville où on "découvrira" caché Ben Laden, dans une villa munie d'une énorme antenne satellite (visible de l'espace !)... dont il ne se serait pas servi pour communiquer à l'extérieur ! Mais qui peut encore croire à toutes ses sornettes ?
Patek est en effet un cas plus qu'intéressant, car lui-même et l'artificier des attentats de Bali, en 2002, qui ont tué on le rappelle 202 personnes et en ont blessé 209 autres, nommé Omar Al Farouk -, ont été accusés à plusieurs reprises de travailler ensemble pour la CIA. "Le responsable du Conseil de Coordination du renseignement de l'Ancien État indonésien (BAKIN), le chef AC Manulang a cité par le magazine Tempo, suggère qu'Al-Farouk était un agent recruté par la CIA. Le citoyen koweïtien Omar Al Farouk a été arrêté à Bogor, le 5 Juin 2002 et remis aux autorités américaines. Al Farouk a été ensuite en mesure d'échapper à ses gardes. Selon un article de nouvelles dans le Sydney Morning Herald, le 2 Novembre, 2002, "Vers le 30 Octobre 2002, des officiers supérieurs de l'état-major militaire indonésien ont donné une information à un attaché militaire d'une ambassade occidentale en Indonésie, comme quoi la source d'explosif utilisé dans l'attentat du 12 octobre à Bali était à la tête de unité des forces spéciales de l'armée de la lutte contre le terrorisme. Le beau-père de l'agent concerné est Hendropriyono, l'ancien espion en chef de l'Indonésie". Lourd héritage familial en effet ! Omar Al-Farouq, sera tué en Irak le 25 septembre 2006 par l'armée britannique, à Bassorah : exit le personnage. Autre étrangeté, il s'était échappé du camp de Bagram en juillet 2005, un camp alors gardé par l'armée américaine...
Ce n'était pas le premier, mais c'est de l'avoir dissimulé qui rendait son cas "passionnant" : "En Juillet 2005, al-Farouk s'est évadé de la prison de Bagram avec trois autres suspects d'Al-Qaïda. Les États-Unis n'ont pas reconnu son évasion avant novembre quand ils ont été incapables de le produire comme témoin, appelé par l'avocat de la défense Michael Waddington, dans le procès d'un sergent américain, Alan Driver, accusé d'abus dans la prison". De quelle mansuétude avait-il bénéficié, voilà qui remettait le couvert sur les accusations de faire partie de la CIA... tout comme Umar Patek. Pourquoi donc dissimuler ainsi une fuite, sinon ne pas reconnaître une faille dans l'organisation de la surveillance des prisonniers ? A Bagram, on a torturé aussi : alors pourquoi donc un tel traitement de faveur concernant Al-Farouq ? Pourquoi l'avait-on envoyé à Guantanamo et ensuite à Bagram ??? Sinon pour le laisser s'échapper plus facilement ?
Cela je vous l'avais déjà écrit ici en 2010 : "(Abu Yahya al-Libi) se fera arrêter en 2002 en effet avec trois autres de ces amis : la presse avide de BD les appellera alors les "quatre de Bagram" : avec Abu Abdallah al Shami, Abu Nasir al Qahtani et Omar al Farouq. Enfermés ensemble à Bagram dans la "cellule 119", loin du regard des autres prisonniers. Omar al Farouq avait été capturé tôt, en 2002, à Djakarta, en Indonésie, amené à Guantanamo et renvoyé à Bagram pour des raisons qu’on ignore. Farouq est un cas un peu spécial : il avait fait la une de Time magazine en 2002 sous le titre "confessions d’un terroriste d’Al Qaida". Dans ce texte, on en avait appris de belles : Farouq avait très vite et sans tortures avoué qu’il était bien un des leaders de la branche indonésienne d’Al Qaida. Il était chargé des attentats à la voiture piégée, préparés avec Abu Zubaydah et Ibn al-Shaykh al-Libi. Zubaydah sera lui aussi arrêté, à Faisalabad, au Pakistan, et sombrera dans la folie en raison des tortures infligées. Farouq était bien un leader véritable, en cheville avec Rohman al-Ghozi, un Indonésien arrêté pour les attentats de Singapour et possédait le numéro de Ibin al-Khattab, le dernier combattant Tchétchène lié à al-Qaida, de dernier l’ayant appelé sur son téléphone a plusieurs reprises". En somme, il avait tout avoué... avant de se laisser ouvrir les portes de sa prison ? C'est ahurissant !
Au Pakistan, l'arrestation du postier Shehzad est tout aussi surprenante : il se fait pincer par les pakistanais (et donc par l'ISI) alors qu'il allait entrer en contact à Lahore avec deux français, deux apprentis jihadistes :"le 25 janvier, les services de renseignement pakistanais arrêtent deux Français âgés d’une vingtaine d’années, à Lahore. L’un s’appelle Sharaf Din (c'est Charaf-Din Aberouz, 27 ans, et son collègue Zohab Ifzal, 24 ans). Le 14 janvier, l’ambassade du Pakistan à Paris lui a accordé un visa touristique d’un mois. Il veut aller au Pakistan avec son ami Zohaib Afzal. Ce Franco-pakistanais a de la famille sur place. Les deux hommes affirment être venus pour le mariage d’un proche de Zohaib. Mais le contre-espionnage les accuse de faire partie du groupe d’Umar Patek. Cet Indonésien, réputé proche d’al Qaeda, est soupçonné d’avoir préparé les attentats de Bali en 2002". Le contre-espionnage français aurait-il été le grain de sable qui aurait tout bloqué ? C'est possible, car Shehzad leur aurait révélé que l'homme à rencontrer était bien Patek, et non Ben Laden. A-t-on craint que Patek ne révèle le morceau, à savoir qu'il n'y a pas de Ben Laden sur place, mais un important responsable de trafic d'héroïne, dont se nourrit l'ISI en utilisant ses jets privés pour amener la drogue dans le pays ? Un de mes lecteurs attentifs ("Falcon") l'avait ainsi récemment formulé : "dans son livre récemment paru « Marchand d'armes », Bernard Cheynel affirme que la président du Pakistan, Benazir Bhutto, lui affirma que les véritables maîtres du pays étaient les militaires qui tiraient leur puissance du trafic de drogue, de l'héroïne en provenance d'Afghanistan : « Ils sont tous solidaires entre eux et sont dirigés par le chef de l'ISI, les services secrets extérieurs », auquel appartenaient les deux Hawker 4000"... Un Cheynel vendeur d'armes malin et roué, évoquant des contrats véreux aux enquêtes prescrites seulement (il n'est pas fou !)... ou bien explique que le jour où Maurice Gourdault-Montagne, l'envoyé de Jacques Chirac, s'est fait doubler par Alexandre Djouhri, Nicolas Sarkozy est devenu l'interlocuteur exclusif de Bachir Saleh à Tripoli, faisant dire à Cheynel que "j'ai compris que c'en était fini pour nous", à savoir pour les chiraquiens (relire ici le détail des relations exécrables entre chiraquiens et sarkozystes, pour des questions... d'argent).
Un lecteur très bien renseigné, que ce "Falcon", comme il le précise ici : "l'histoire du Hawker 4000 A6-SHH est curieuse : il a été immatriculé en août 2009 à Empire Aviation Group / Elegant Aviation Ltd, Dubai / UBS Leasing AG, Zurich, puis « vendu » au Gouvernement du Pakistan, Ministère de la Défense, Bravo Flight à une date inconnue, sous l’immatriculation HBC21, puis « revendu » à Elegant Aviation Ltd, Dubai sous l’immatriculation N23EA en octobre 2012, et enfin redevenir A6-SHH en février 2014. Elegant Aviation Ltd a une adresse officielle à Tortola, Iles Vierges Britanniques, et à Dubai, mais le mail de contact est à Islamabad, Pakistan ! En effet, le dirigeant d’Elegant Aviation est aussi Directeur Général de la compagnie pétrolière pakistanaise Ocean Pakistan Ltd et Colonel Honoraire. Elegant Aviation est une filiale d’Ocean Pakistan Ltd (ex Orient Petroleum International inc.). L’ensemble appartient à la société pakistanaise Hashoo Group. Cet avion a toujours été pakistanais. De là à penser que le trafic d’or auquel il a participé au Congo - avec un ressortissant pakistanais à bord, était organisé par et pour les autorités pakistanaises, il n’y a qu’un pas ..." Le Congo, oui, car l'appareil y a été vu... impliqué dans une autre sombre histoire. Des vols que ne peuvent ignorer les USA, même s'ils ne savent pas compter leurs propres appareils correctement....
L'un comme l'autre, CIA comme ISI, se retrouvent donc piégés par cette arrivée de combattants potentiels européens qui touchent au but et risquent de révéler le pot aux roses, celui du trafic d'opium comme fondamental, et non le jihad. On retrouvera aussi Mohamed Merah en train de visiter Abbottabad (après l'attaque de la villa), preuve que beaucoup savaient l'importance de la ville dans la saga d'un groupe terroriste dissimulant un énorme trafic d'héroïne. Il fallait bien évacuer la production afghane, devenue pléthorique, et sur le sujet, CIA et ISI se retrouvaient à se partager les parts de gâteau. Les français recrutés, à leur procès, tiendront un propos clair et sidérant sur leur engagement, sans se douter de ce qui se passait sur place, explique radio Notre-Dame : "comment sont-ils arrivés si loin ? Grâce à un groupe français chargé de recruter et de préparer idéologiquement, et physiquement de jeunes musulmans à une action armée aux côtés de terroristes. Sept des huit membres du groupe comparaissent devant le tribunal jusqu’à vendredi. Le huitième membre est toujours en fuite. « J’ai toujours eu une fascination pour les armes, et notamment pour la kalachnikov », un célèbre fusil d’assaut, a raconté Charaf-Din Aberouz devant le tribunal. « Je voulais me défouler. On discutait du jihad avec le groupe et cela s’est fait naturellement » a-t-il expliqué devant la cour, évoquant une « dynamique collective ». L’endoctrinement. Un lavage de cerveau assez important pour le faire passer des lumières d’un islam modéré à l’obscurantisme du jihadisme. « On a voulu jouer à la guéguerre. L’islam modéré ne m’attirait pas, pas assez sulfureux. On a utilisé des versets du Coran pour justifier nos actions » a reconnu Charaf-Din Aberouz, avouant qu’il ne serait pas tombé dans le panneau s’il avait « mieux connu » sa religion. Toujours cette question de l’interprétation…" Son « compagnon d’armes » Zohab Ifzal, a relativisé pour sa part son envie d’en découdre avec les « infidèles » et le grand capitalisme. Selon lui, il aurait été désigné d’office pour se rendre au Waziristan, alors qu’il n’était pas encore prêt. Tous les deux ont reconnut avoir participé à des séances sportives, mais contestent le moindre entraînement paramilitaire. Ils avouent en revanche avoir été troublés lorsqu’on leur demanda d’égorger cinq lapins, « pensant qu’on pouvait utiliser cette technique pour égorger des êtres humains ». Charaf-Din Aberouz héritera à son procès en octobre 2013 de 5 années d'emprisonnement. Zohab Ifzal, moins impliqué semble-t-il, à 42 mois de prison dont 18 mois avec un sursis.
Le procès avait révélé l'importance dans l'endoctrinement de Mohamed Niaz Abdul Raseed, 34 ans, un véritable gourou manipulateur qui s'était équipé chez lui d'une abondante "documentation" : "l'examen des ordinateurs et du téléphone de Mohamed Niaz Abdul Raseed a mis en évidence une abondante documentation islamiste. Elle fourmille de vidéos sur la "légalité des opérations martyres" et d'images d'attentats. Il y a même un guide pour déjouer les surveillances policières et un autre pour apprendre à confectionner des explosifs. Sur la partie effacée d'un disque dur d'un de ses ordinateurs, les policiers ont reconstitué une vidéo macabre, d'une durée de "16 minutes et 39 secondes" : des scènes d'égorgement s'attardant sur l'agonie de soldats russes au Daghestan". Il a hérité depuis de 8 années de prison et d'une interdiction de séjour définitive du territoire (il est ressortissant indien). Un seul a échappé au coup de filet, Yoan Glet, 32 ans. RFI concluera : "le procès de cette filière jihadiste, c’est surtout le procès de jeunes désœuvrés, un peu paumés et facilement influençables". Des proies faciles, des brebis égarées, dont certaines sont devenus aussi des loups en Syrie. La NSA, elle, devant alors savoir que le meneur professait aussi une passion pour... Bruce Lee !
Des français égorgeurs frileux de lapins devenus plutôt embarrassants, depuis que l'un d'entre eux avait raconté que dans les camps d'entraînement financés par Ben Laden, tel celui de Khalden (voir image du Los Angeles Times à droite) on trouvait comme superviseurs conjointement l'ISI et la CIA, la main dans la main. Le juge Brugière avait mis le doigt sur le sujet qui fâche, parlant de manipulation signée G.W.Bush dans son ouvrage. Grâce notamment au témoignage de Willy Brigitte, recueilli par ce même juge Bruguière. Des français gênants, tel l'incroyable Naamen Meziche, membre de la cellule "historique" de Hambourg, qui a été annoncé un temps comme mort (moyen pratique de retirer de la scène un sujet posant problème) par les pakistanais et les américains, puis allait de nouveau réapparaître à la surprise général et se montrer bien vivant... pour se faire arrêter en 2012, lui aussi par l'ISI... qui va alors carrément l'expulser en France, où il se fait inculper dès son arrivée. Pourquoi donc le renvoyer en France, mystère encore ! Un Meziche, résident dans les années 2000 à Hambourg, tombé sous l'influence de son... beau-père :"c'est là qu’il a fait la connaissance de Mohamed Al Fizazi, prédicateur marocain extrémiste dont il a épousé la fille en mai 2001. Al-Fizazi sera condamné à trente ans de prison après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, qui firent 45 morts et dont les auteurs auraient fait partie de ses émules". Lors de son arrestation le 28 mai 2012 par la police pakistanaise, dans un bus dans le sud-ouest du pays, il était en compagnie de trois autres Français, de futures jeunes recrues pour le jihad. Les trois, originaires d'Orléans, expulsés eux aussi en France étant mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes » et placés en détention provisoire. Meziche en ayant beaucoup à dire, semble-t-il : "en octobre 2010, le Spiegel rapportait que Meziche était parmi les victimes potentielles d’une attaque de drone américain au Pakistan. Selon un article de CNN de la même période et citant des sources du renseignement allemand, Meziche était un ami proche de Mohamed Atta, un des terroristes qui ont détourné le vol d’American Airlines 11 lors des attentats du 11-Septembre. Selon les mêmes sources, Meziche a notamment été en charge du recrutement pour al-Qaida à la mosquée Taiba en Allemagne" avait rappelé Slate ; qui ajoutait dans la foulée que « le raid de la Navy américaine sur Abbottabad qui a tué Oussama Ben Laden l’année dernière a fait naître des interrogations autour de ce que savaient les forces de sécurité pakistanaises sur la présence du leader d’al-Qaida dans leur pays. Du côté pakistanais, le raid a fait enrager l’armée qui n’a pas été prévenue avant l’opération, et qui n’a rien pu faire après qu’elle a eu lieu. » Intriguant aussi quand on apprend que Meziche, qui fréquentait la la mosquée al-Qods de Hambourg, avait été pourtant arrêté plusieurs fois par la police allemande, sans jamais avoir été inculpé ou maintenu en détention, à l'image en France d'Abdelkader Merah !!! Auraient-ils tous deux servi d'autres intérêts (on songe au rôle d'informateurs) ?
Visiblement, l'ISI a donc cherché à écarter de la zone les curieux, avant, comme après, l'assaut américain. Le mythe Ben Laden servait à cacher une réalité simple : le volume d'héroïne afghane, il fallait bien l'écouler, et seules deux organisations s'en chargeaient en priorité. C'est aussi ce que dit Gretchen Peters, une productrice d’ABC News, auteur de Seeds of Terror, un documentaire passionnant sur l’opium afghan, mais aussi un livre, qui évoque les liens entre les seigneurs de guerre afghans et les cartels de l'Ouest, mais minimise par trop le rôle de la CIA ou de l'ISI. Car derrière l'image de Ben Laden il y a un vieux principe : la collusion de deux services secrets se nourrissant tous deux du trafic d'héroïne, qui a pris des proportions sidérantes depuis l'intervention américaine en Afghanistan.
History Commons en a dressé un tableau historique édifiant : "les livraisons d'armes clandestines de la CIA sont envoyées par l'armée pakistanaise et l'ISI dans des camps rebelles dans la province du Nord Ouest, près de la frontière afghane. Le gouverneur de la province est le lieutenant-général Fazle Haq, que l'auteur Alfred McCoy appelle « le plus proche confident et le seigneur de facto de la guérilla moudjahidine." Le président pakistanais Muhammad Zia ul-Haq Haq (ici à droite avec Reagan) permet alors à des centaines de raffineries d'héroïne de se mettre en place dans sa province. À partir d'environ de l'année 1982, les camions de l'armée pakistanaise transportant des armes de la CIA de Karachi ramassent la drogue dans la province de Haq, et reviennent chargés de l'héroïne. Ils sont protégés de la recherche de la police par des documents de l'ISI. (McCoy, 2003, PP. 477)."
Une collusion au plus haut niveau de l'état, où dès les années 80 apparaissent des américains bien connus : "en 1982, Haq est listé par Interpol comme un trafiquant de drogue international. Mais Haq devient également connu comme un agent de la CIA. Malgré sa réputation aggravée, il reçoit les visites de politiciens américains comme le directeur de la CIA William Casey et le vice-président George HW Bush qui continuent de le rencontrer lors de leur visite au Pakistan. Haq place alors son argent de l'héroïne dans la Banque criminelle de crédit et de commerce international (BCCI). Un responsable américain haut placé dira plus tard que Haq "était notre homme ... tout le monde savait que Haq faisait également le commerce de la drogue » et que « la BCCI était complètement impliquée" (Scott, 2007, PP. La police 73-75)". Haq devenu gênant sera éliminé, comme dans toute cellule mafieuse. "En 1989, peu de temps après que Benazir Bhutto soit choisie comme nouveau dirigeant du Pakistan, la police arrête Haq et l'accuse d'assassinat. Il est considéré comme un multi-milliardaire à ce moment-là. Mais Haq sera abattu et tué en 1991, semble-t-il avant son procès. (McCoy, 2003, PP. 483). Même le président Zia est impliqué dans le commerce de la drogue. En 1985, une enquête du gouvernement norvégien va conduire à l'arrestation d'un trafiquant de drogue pakistanais qui est aussi gestionnaire de finances personnelles du président Zia. Lors de son arrestation, sa mallette contient les relevés bancaires personnels de Zia. Le gestionnaire sera condamné à une longue peine de prison. (McCoy, 2003, PP. 481-482)". Zia connaissant une autre fin plus brutale :
Rappelons que Zia était mort en 1988 dans un accident d'avion militaire, un C-130 crashé au sud d'Islamabad.Le crash d'avion, une technique répandue chez les services secrets. Tombé après trois loopings et tonneaux successifs, ce qui laissait entendre un sabotage en règle de la gouverne de profondeur. Avec lui, parmi les victimes, l'ambassadeur US au Pakistan, Arnold Raphel, et le Brig. Gen. Herbert M. Wassom, à la tête des forces armées US au Pakisan. Benazir Bhutto, rappelons-le aussi, étant celle ayant évoqué officiellement la mort de Ben Laden en 2002... elle avait aussi affirmé que la disparition de Zia était pour elle une "intervention divine"...
Ben Laden n'étant pas le dernier à trafiquer l'opium, dans les années 90, selon History Commons toujours : "Ben Laden établit et maintient un rôle majeur dans l'opium commerce de la drogue, peu après son arrivée la base de ses opérations en Afghanistan. L'argent de l'opium est essentiel pour garder les talibans au pouvoir et le financement du réseau Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden. Un rapport estime que Ben Laden prend jusqu'à 10 pour cent du commerce de la drogue en Afghanistan au début de 1999. Cela lui donne un revenu annuel d'un maximum de 1 milliard de dollars à 6,5 milliards de dollars à 10 dollars de bénéfices annuels provenant de la drogue à l'intérieur de l'Afghanistan. (Financial Times 11/28/2001). Et cela, les américains ne l'ignorent pas ajoute HC : "les États-Unis surveillent le téléphone satellite de Ben Laden depuis 1996 (voir Novembre depuis 1996 Fin Août 1998)". Un téléphone satellitaire de marque connue et dont s'occupe avec attention la NSA... "Selon un journal, "Ben Laden a été entendu conseiller aux chefs talibans de promouvoir les exportations d'héroïne à l'Ouest." (Guardian, 9/27/2001).
Pour en revenir à Abbottabad, la NSA connaissait tout d'Umar Patek le dealer au million de dollars sur lui. Car la NSA, rappelle l'article du jour du Post, savait tout sur le terroriste : "beaucoup d'autres fichiers, décrits comme inutiles par les analystes, mais néanmoins conservés, ont étonnamment une qualité intime, même voyeuriste. Ils racontent des histoires d'amour et de chagrin, des liaisons sexuelles illicites, les crises de santé mentale, les conversions politiques et religieuses, les angoisses financières et espoirs déçus. La vie quotidienne de plus de 10 000 titulaires de comptes qui n'étaient pas visés sont néanmoins répertoriés et enregistrés". Comme elle savait pour Omar Al-Farouq, que les américains ont visiblement laissé s'échapper de Bagram. Difficile de croire alors que les américains ignoraient qui il allait rencontrer... Ben Laden, où le principal organisateur du réseau d'héroïne, le successeur de Ben Laden, devenu trop encombrant à la fois pour l'ISI comme pour la CIA ? N'a-t-on pas tout fait pour que la rencontre ne se fasse pas ? Les multiples voyages des militaires US au Pakistan avant l'intervention ne peuvent faire accepter l'idée d'une armée pakistanaise surprise par l'intervention. Le fait d'avoir plongé électriquement tout le quartier dans la pénombre lors de l'attaque de la villa laisse entrevoir une collusion sur place évidente. "Afin de laisser le temps à l'analyse et la communication en dehors, ni Snowden ni Le Post n'ont révélé jusqu'à maintenant ce que la NSA a obtenu et partagé du contenu des communications interceptées. Les éléments que Snowden a fourni provenaient des opérations nationales de la NSA dans le cadre du large pouvoir accordé par le Congrès en 2008, avec des modifications au Foreign Intelligence Surveillance Act. Le contenu du FISA est généralement stocké dans des référentiels de données étroitement contrôlées, pendant plus d'un an, ce que de hauts responsables gouvernementaux ont représentés comme hors de portée de Snowden". Si ce n'est Snowden, qui a donc pu transmettre ces données ?
Au delà de tout cela, le problème demeure : qui donc exactement a-t-on supprimé à Abottabad dans ce raid à la Eagle Claw de sinistre mémoire ? L'histoire est là pour nous le faire comprendre : un précédent a eu lieu, trois ans avant les faits. On peut en effet avoir une petite idée de ce qui s'est passé en étudiant ce qui ressemble fort à une répétition de cette expédition, menée en Afghanistan en 2009, à l'insu même des alliés allemands des USA, plutôt vexés par la tournure des choses... C'était le 21 mars 2009 exactement, jour où des forces spéciales américaines avaient abattu un rival de dealer déclaré dans le commerce de l'opium, selon les sources allemandes, fort surprises par la méthode et le but visé, qui s'annonçait comme une intervention militaire, officiellement. C'est encore une fois History Commons qui a exhumé cette affaire incroyable. "Les commandos américains Delta Force en Afghanistan auraient capturé un "officiel de haut rang d'Al-Qaïda" lors d'un raid secret qui a laissé cinq morts derrière lui, à la grande surprise des responsables militaires allemands et de leurs sources de renseignements, ce que raconte le magazine Der Spiegel, les forces américaines ayant effectivement utilisé les sources de renseignement d'un clan rival pour faire prisonnier un vendeur de drogue. Le raid secret, que les Allemands décrivent comme « unilatéral », a eu lieu dans la province de Kunduz, où les forces allemandes aident à la sécurité et à la reconstruction. Selon le rapport de Der Spiegel, l'opération a commencé quand un officier de liaison américain a demandé à une équipe de reconstruction allemande de garder l'aéroport de Kunduz, sans en informer les Allemands de l'opération imminente. Un avion de transport Hercules a atterri ensuite sur l'aérodrome avec une flotte de combat et des hélicoptères de transport, et a ensuite redécollé pour la ville voisine d'Imam Sahib.
Là, les commandos américains auraient pris d'assaut une maison d'hôtes détenue par le maire local, tuant son chauffeur, son cuisinier, son garde du corps, et deux de ses invités. Selon l'armée américaine, l'une des personnes capturées qui était la cible de l'opération, était un membre "de haut rang" d'Al-Qaïda", mais rapporte Der Spiegel, la localisation de la personne provenait d'une source d'un clan rival, proche d'un membre du gouvernement afghan réputé pour être profondément impliqué dans le trafic de drogue. Les commandants de haut rang allemands en Afghanistan ont ensuite alerté Der Spiegel de la mission et leurs services secrets ont expliqué comment les Américains se sont emparés de l'affaire. Il n'y aura pas de commentaire dans l'immédiat de l'armée américaine en ce qui concerne les allégations. (Der Spiegel, 3/30/2009, Daily Telegraph 3/30/2009)". "Les forces allemandes qui opèrent dans la région sont maintenant furieuses d'être blâmées pour l'incident" ajoutait FP, ajoutant que le maire emprisonné avait plutôt de bonnes relations avec les allemands. Relisez-bien ce qui s'est passé : vous avez là exactement le double de l'intervention d'Abbottabad, les moyens en moins (on ne précise pas si l'hélicoptère furtif a été employé ce jour-là) !!! On avait foncé sur une personne montrée du doigt par un dealer notoire, avec qui on était visiblement de mèche ! Les américains, ce jour-là, avaient montré qu'ils fermaient les yeux sur le trafic d'opium, et pire encore, qu'ils le facilitaient , en enfermant ceux qui s'opposaient !!! L'affaire d'Abbottabad avait bien eu une répétition préalable !
La NSA savait donc (où il se cachait, ou plutôt depuis combien de temps il était mort !), et entretemps, il a bien fallu meubler ou inventer pour le dissimuler. L'une des dernières entendues dans le genre a atteint un niveau de ridicule supplémentaire. Pour justifier le fait de ne pas montrer le corps meurtri de Ben Laden (enfin du prétendu reclus d'Abbottabad) voilà qu'est sortie il y a quelques semaines déjà une nouvelle "explication" du scénario hollywoodien de sa disparition. On n'aurait pas pu montrer le corps, selon cette version, car il devait ressembler plutôt à du pâté, d'après ce qu'on a appris, les Navy Seals lui ayant tiré "une centaine de balles dans le corps", selon un dénommé Jack Murphy (*). Pour des professionnels tireurs d'élite censés en balancer qu'une seule grâce à un entraînement intensif si vanté dans les documentaires à leur gloire, voilà qui fait très amateur ! La conclusion s'impose d'elle-même dans cette histoire : de photos jamais montrées : on n'en verra pas, ou quand bien même l'administration d'Obama s'apprête à les révéler, ce qu'on vient d'apprendre semble bien être une préparation au fait qu'on ne distinguera rien, dans le pâté que serait devenu le corps de l'homme le plus recherché au monde. Retour rapide sur une mise en scène qui a débuté tôt : on a bel et bien fabriqué une légende, et tué... une légende... à cent balles ! La NSA surveillant tout, l'histoire sentait de toute façon le pâté depuis longtemps déjà !
(*) l'auteur se présente ainsi : "Jack Murphy est un vétéran huit ans d'opérations spéciales dans l'armée qui a servi comme tireur d'élite et chef d'équipe en 3e Bataillon de Rangers et comme sergent d'une équipe militaire de chute libre au 5ème groupe de forces spéciales. Après avoir quitté l'armée en 2010, il travaille aujourd'hui à un diplôme en sciences politiques à l'Université de Columbia. Murphy est l'auteur de Reflexive Fire, Target Deck, the PROMIS series, et de nombreux articles de non-fiction sur les armes, la tactique, les opérations spéciales, le terrorisme et contre le terrorisme. Il est apparu dans des documentaires, la télévision nationale et des groupes de radios. Le premier roman de Jack Murphy est une incursion dans le monde des mercenaires des temps modernes et les ordres du jour de leurs employeurs de l'ombre. Si vous aimez beaucoup l'action, une intrigue et un méchant aux nombre de morts élevés, vous allez adorer Reflexive Fire". C'est dire le niveau...
(*) dans la saga intitulée "Les américains et l'ISI ont toujours su où était Ben Laden", en 23 épisodes.
Note : les allemands avaient fait une excellente analyse de la situation des différents réseaux talibans à Kunduz, c'est visible ici :
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