La Parité dans les Assemblées Publiques, un mirage ?
La Parité Femmes-Hommes fait, épisodiquement, de timides apparitions dans les débats de cette campagne présidentielle.
Cela a été le cas lors du dernier de la primaire socialiste, mais a concerné essentiellement ladite parité dans le milieu professionnel.
Dans le milieu politique, tous faisaient preuve d'autosatisfaction, considérant que c'était une affaire réglée depuis 2013.
Il est vrai que dans les assemblées régionales, départementales et communales, on a, à présent, autant de femmes que d'hommes.
Mais est-ce vraiment une parité satisfaisante ?
Qu'on institue enfin la parité homme-femme au sein des assemblées publiques n'est que justice.
Et pourtant, j'ai ressenti une double frustration à la lecture des dispositions adoptées, au moment de voter, aux dernières élections départementales et régionales :
<> Pourquoi, s'agissant d'une loi dans le cadre de la décentralisation, avoir instauré un mode de représentation différent (en quelque sorte une parité différente) dans les Assemblées Régionales et dans les Assemblées Départementales ? Des listes conséquentes dans un cas, des binômes dans l'autre. Qu'est ce qui le justifiait ? N'y avait-il pas, là derrière, de sombres calculs électoralistes (comme cela a, sans doute, été le cas pour le découpage des régions) ?
<> Quelle idée saugrenue que ces binômes (aux élections départementales) ! Cela m'évoque les couples de cyclistes sur tandem : Ils vont tous deux dans la même direction, mais il n'y en a qu'un qui conduit (et devinez qui la plupart du temps).
Pour ma part, je m'attendais tout naturellement à ce que, lors de chaque élection, femmes et hommes soient élus séparément, selon un mode dont je n'avais d'ailleurs pas encore trop idée.
Ce n'est pas ce qui a été proposé et adopté.
J'ai compris après coup que le système des binômes, comme celui des listes, convient tout à fait aux grands partis, de quelque bord qu'ils soient En effet, il leur permet
<> de beaucoup mieux anticiper sur le résultat et éviter les mauvaises surprises (un vote séparé serait, pour eux, beaucoup plus hasardeux) et, ainsi, d'ajuster leurs stratégies (ne se chipotent-ils pas sur le découpage ?),
<> de peser davantage sur les candidats et d'évincer plus facilement des candidats "indisciplinés" ou les "électrons libres" (et, ainsi, éviter que ne se reproduisent, à leurs dépens, des désagréments comme ceux subis à La Rochelle par le Parti Socialiste, en la personne d'une de ses éminentes personnalités, lors des dernières élections législatives).
Cela m'a été confirmé par ce qui s'est passé dans ma circonscription lors des élections départementales de 2015, où la conseillère générale (socialiste) sortante, qui n'avait par ailleurs pas démérité (action en faveur des enfants, de la famille…), a été ainsi "éjectée", le PS local ayant imposé un binôme de son choix, sans doute plus obéissant.
Certes, dans les deux cas (région, département), la parité est scrupuleusement respectée, et c'est heureux. Mais qui peut affirmer en conscience qu'il ne s'agit jamais d'une parité de façade ?
Qui peut croire que, au sein d'une liste majoritaire dans une assemblée régionale, liste dont la campagne s'est faite sur le seul nom d'une tête, un élu figurant tout en bas de cette liste, et à fortiori une femme, puisse avoir le moindre poids, la même liberté dans sa parole et son action au sein de cette assemblée ?
Qui peut croire que, en désignant les binômes candidats aux assemblées départementales, les partis ne cherchent pas d'abord à caser leurs personnalités auxquelles il serait malvenu d'adjoindre un candidat trop pugnace et influent, à fortiori une femme ? Une bicyclette a toujours besoin de deux roues, mais seule la roue avant peut imprimer la direction.
Une réelle parité entre les hommes et les femmes ne va pas sans une indépendance des un(e)s par rapport aux autres, ce qui n'exclut nullement qu'ils travaillent en parfaite entente. Et cette indépendance ne peut se concevoir que s'ils sont élus séparément.
Avant d'envisager des alternatives, essayons de faire le point assemblée par assemblée.
Très schématiquement, et sauf erreur de ma part, la situation actuelle est la suivante :
1/ Assemblée Nationale : Les députés y sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Aucune condition de sexe n'est imposée aux candidats, mais les partis supportent théoriquement des sanctions financières en cas de non respect de la parité lors des candidatures. Pas de parité, donc.
A noter que ce sont néanmoins les députés qui ont voté les textes imposant la parité dans les autres assemblées.
2/ Assemblée Régionale : Scrutin proportionnel de liste, chaque liste devant comprendre un nombre égal d'hommes et de femmes. Ceux-ci doivent alterner au sein des listes.
Parité respectée, donc. Mais
<> aucune obligation n'est faite aux partis de respecter la parité au plan national en ce qui concerne les têtes de liste.
<> je n'ai pas creusé la question, mais je me demande si cette parité est réelle dans les faits, lorsque une (ou plusieurs) liste a un nombre impair d'élus.
3/ Assemblée Départementale : Scrutin binominal majoritaire à deux tours.
A priori rien à dire sur le plan de la parité.
4/ Assemblée Communale (Conseil Municipal) : grosso modo comme pour l'Assemblée Régionale, en ce qui concerne les communes de plus de 1000 habitants (je fais l'impasse sur celles <1000 hab).
Quatre assemblées, trois cas de figure !
Ne pourrait-on harmoniser ou unifier tout cela, et le faire de telle sorte que ni l'un ni l'autre des deux sexes se retrouve à la remorque de l'autre ?
En permettant que femmes et hommes soient élus paritairement mais séparément, avec deux scrutins parallèles dans chaque circonscription.
Concrètement, comment faudrait-il s'y prendre ? Qui élirait qui ?
Les femmes pourraient voter pour les candidats hommes, et donc les hommes pour les candidates femmes . J'entends déjà les cris des féministes : "Oh Oui ! bonne idée pour éliminer les machos". Et les hommes : "Ouais, celle-là elle est canon".
Euh ! Je crains que mon idée paraisse malvenue.
Tout le monde a donc l'air d'accord pour la solution inverse : Dans chaque circonscription, les femmes élisent une candidate femme et les hommes un candidat homme, un redécoupage préalable devant, bien entendu, être effectué si nécessaire (cas des élections législatives) pour diminuer le nombre de circonscriptions.
Evident, non ?
Peut-être pas pour certain(e)s, je le sens déjà. Que va-t-on alors m'objecter ?
<>Sexisme, ségrégationnisme…, ça me pend au nez. Mais je ne peux répondre qu'une chose : Non, en toute honnêteté, non, il n'y a nulle intention de ce genre dans ma proposition.
Celle-ci n'a tout au contraire qu'un objectif : permettre aux hommes et aux femmes de travailler efficacement ensemble et sur un strict pied d'égalité.
<>Illégal, anticonstitutionnel… à voir, il est en effet possible que ça le soit. Mais une loi et même une constitution, ça se modifie (il y en a même qui préconisent de remplacer la notre, ne serait-ce pas l'occasion ?).
Et si cette idée séduit bon nombre de Français, ne pourrait-elle pas faire l'objet d'un référendum ?
Restera encore une question à résoudre, celle de la parité lors des votes, sans laquelle tous les débats ci-dessus ne resteront que des vœux pieux (tant pis pour l'entorse à la laïcité).
En d'autres termes, la délibération d'une assemblée pourra-t-elle être validée si son vote a eu lieu avec un nombre inégal de femmes et d'hommes (absences, désistements…) ?
A vos neurones.
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