La patrouille perdue
Frontière du Tchad et du Soudan, mars 2008. Le lundi 3 mars, le sergent Gilles Polin a été tué. Originaire de Lorraine, il avait 28 ans et était célibataire. Après un BTS, il a rejoint le 1er RPIMa en 2000. Il devait passer sergent-chef cette année, il a été nommé adjudant à titre posthume.
Le sergent Gilles Polin, du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine (RPIMa), a été tué par des tirs provenant, selon toute vraisemblance, de l’armée soudanaise.
Le sergent Gilles Polin appartenait au groupe de forces spéciales de l’Eufor, la force européenne au Tchad et en Centrafrique. Ce détachement est composé de militaires français, suédois, irlandais, belges et autrichiens. Il est placé sous le commandement du capitaine de vaisseau Olivier Coupry, chef des opérations au COS. Cet officier est, en principe, placé sous le commandement de l’Eufor, c’est-à-dire du général irlandais Nash. Selon un article "La P4 du COS a pénétré de 2,6 kilomètres à l’intérieur du Soudan. A bord, un adjudant et le sergent Polin. Dans un paysage d’herbe à éléphant, où la visibilité ne dépasse pas cent mètres, les deux hommes ont été pris sous le feu d’armes automatiques. Le sergent Polin a été touché et s’est effondré sur l’adjudant. Celui-ci, légèrement blessé, s’est enfui - estimant que son camarade était déjà mort. Il a rebroussé chemin en dérobant manu militari un cheval à un cavalier qui passait par là... Il est alors parvenu à rejoindre son groupe, avec lequel il n’avait pu établir aucun contact radio. Le chef de groupe (grade inconnu, mais sans doute adjudant-chef ou lieutenant) a pris la décision d’aller rechercher le sergent Polin. C’est-à-dire de pénétrer une nouvelle fois au Soudan. Arrivé sur les lieux, ils ont trouvé la P4 incendiée, mais pas le corps du sous-officier. Le détachement du COS a, à nouveau, été pris sous les tirs des soldats soudanais et ils ont répliqué. On ignore s’ils ont fait des victimes. Ils ont finalement dû décrocher, alors qu’ils étaient encadrés par des tirs de mortiers qui se rapprochaient. Au total, l’affaire a duré deux heures, de 15 heures à 17 heures. Le résultat de cette incursion a été un échec, puisque le corps n’a pas été retrouvé. Au bout de plus de trente minutes d’accrochages, les forces spéciales ont dû décrocher - en clair, fuir - sous les tirs de mortiers des Soudanais". Les informations du côté soudanais, comme vous pouvez vous en douter, diffèrent de la version "officielle" française. Le gouvernement français change alors de tactique et demande « l’aide du Soudan » pour retrouver le corps du sergent Polin. Le corps du sergent Polin n’a été rendu que quatre jours plus tard par les autorités soudanaises dans la capitale Khartoum, à la suite de démarches diplomatiques françaises et européennes.
Que faisons-nous au Tchad ? Nous sommes « officiellement » présents sans interruption sur le territoire depuis le 10 février 1986, date du déclenchement de l’opération Epervier. En outre, les éléments français au Tchad ont principalement pour vocation d’apporter un soutien à l’armée nationale tchadienne en contribuant à l’instruction et en apportant une aide matérielle aux différentes armées, de venir en aide à la population civile, sans se substituer aux administrations ou organisations gouvernementales compétentes en apportant notamment une aide médicale gratuite à tous ceux qui en expriment le besoin et de participer au soutien des opérations humanitaires (Opération Dorca au Darfour). Ces éléments sont implantés sur trois sites, à N’Djaména - base « sergent-chef Adji Kosseï », à Abéché - camp Croci et à Faya Largeau. La distance entre Njamena et le port de mer le plus proche est de 2 250 km. De plus, la capitale tchadienne est à 700 km du QG d’Eufor à Abéché. Et le Tchad ne compte que 500 km environ de routes goudronnées.
L’Eufor Tchad-RCA est chargée de veiller à la sécurité d’une mission de police de l’ONU ainsi qu’à celle des centaines de milliers de réfugiés soudanais du Darfour et de personnes déplacées dans l’est du Tchad et le nord-est du Centrafrique. Une mission à haut risque pour l’Eufor.
Pourquoi ? L’an dernier, le principal groupe rebelle, l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) a décrété un "état de guerre" contre les Français et les autres forces étrangères, coupables selon eux d’avoir "apporté une aide diplomatique, stratégique et logistique" au président tchadien Idriss Deby. Et Kouchner de répondre « Il n’y a pas eu d’aides directes au combat ». Nous sommes au Tchad pour une bonne cause.
Selon un article de François Misser à BBC Afrique, Bruxelles « Le mensuel en langue anglaise de Bruxelles, The Bulletin, révèle ce mercredi que des blindés de conception française ont été remis à neuf en Belgique et expédiés au Tchad en juillet dernier. A cette époque, une société sud-africaine non citée par The Bulletin, remporte un contrat pour la livraison de 82 blindés légers de type Eland à la garde du président tchadien Idriss Déby. Ces blindés, de conception française, ont été vendus via la société française Sofema au Tchad, soutient l’hebdomadaire. C’est la filiale belge de la Sofema, la Sabiex, qui a les a remis en état, affirme The Bulletin. L’hebdomadaire dit aussi détenir un document révélant que la France a délivré le 25 mars 2007 une licence pour la fourniture de 25 blindés au Tchad. Une dizaine de blindés de type Eland auraient ainsi été livrés en juillet 2007. Ils ont été déployés dans la région d’Adré, à proximité du Darfour, affirme le magazine. Par ailleurs, des photos prises par l’AFP en décembre 2007 confirment la présence des blindés Elands conduits par des militaires tchadiens au Darfour ». Contacté par The Bulletin, un porte-parole de la société belge Sabiex s’est retranché derrière la confidentialité. Mais il n’a pas non plus démenti avoir remis en état du matériel destiné au Tchad. De son côté, la direction pour les licences d’armement de la région wallonne affirme qu’aucune licence n’a été attribuée pour la vente de produits quelconques au Tchad. La direction régionale ajoute que, si une telle demande était soumise, il serait très probable qu’elle ne soit pas accordée. Il n’y a pas d’embargo sur les ventes d’armes au Tchad, mais la région wallonne invoque le code de conduite de l’Union européenne. Celui-ci interdit de telles ventes s’il y a un risque que des armes puissent être utilisées pour une répression intérieure ou pour aggraver un conflit ». Un document PDF. Il y aurait donc « des blindés belges au Tchad... via la France », c’est une nuance, mais pas des moindres... Sans compter que chez les Suisses, ce n’est pas mal non plus. La Tribune de Genève fait remarquer que « Les emplois de Stans passent avant le Darfour ». Stans, dans le canton de Nidwald, construit des Pilatus PC-7 et PC-9 (tous deux contribueront à la réussite commerciale de l’entreprise, mais aussi à sa sinistre réputation. Parmi les acquéreurs, on trouve
Que faire pour contrôler ce commerce ? Un rapport rendu à Dakar, le 16 octobre 2007 (IRIN) nous dit que « La création d’un traité mondial sur le commerce des armes, dont le principe est actuellement débattu par la Première commission des Nations unies, bénéficierait tout particulièrement à l’Afrique », ont indiqué plusieurs spécialistes du contrôle des armes. « Les armes ne sont pas nécessairement la cause des conflits en Afrique, mais elles les alimentent, les rendent plus meurtriers et plus onéreux », a expliqué à IRIN Debbie Hillier, spécialiste du contrôle des armes à Oxfam. Mme Hillier est le principal auteur d’une étude publiée le 11 octobre et intitulée ‘Les milliards manquants d’Afrique’ (Africa’s Missing Billions, en anglais). Cette étude est considérée comme le premier rapport évaluant l’impact financier des conflits sur le produit intérieur brut (PIB) des économies du continent africain. D’après Mme Hillier, 95 % des fusils d’assaut kalachnikov, l’arme la plus utilisée dans les conflits en Afrique, sont produits à l’extérieur du continent. « Et aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’y a actuellement aucun contrôle international sur la vente de ces armes », a-t-elle fait remarquer. Mais qui les fabriquent et les exportent ? Pas mal de monde ! Elle a encore de beaux jours devant elle.
Car selon les informations obtenues sur ce site, tout est organisé de A à Z, et dans les normes. C’est à se demander pourquoi il y a encore de méchants « trafiquants » d’armes (Victor Bout a bon dos, lui aussi) et des organismes humanitaires qui pondent des études qui nous montrent la nécessité de faire des traités !
Traités qui, s’ils ne sont pas respectés, vont demander l’envoi d’une force de maintien de la Paix.
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