La « Pax Hebraïca » ouvre la voie aux ventes du Rafale
Le véritable catalyseur qui a ouvert un boulevard dans le monde arabe au chasseur français et dont personne ne parle ou n’ose parler est le fait que Israël n’oppose plus de veto aux ventes d’armes sophistiquées par ses alliés américains et européens aux arabes.
La France "alliée majeure du royaume saoudien hors CCG"
Certes le travail en coulisses des conseillers de commerce extérieur en poste dans les ambassades françaises ainsi que la baisse de l’euro face au dollar sont autant de chances ayant fertilisé le terrain mais n’ont pas été les catalyseurs déterminants qui ont abouti au dénouement surprise du blocage commercial du super-chasseur Dassault Rafale dont 24 exemplaires ont été enfin vendus à l’Egypte en février 2015 , après 13 années de traversée du désert (1). Ce dénouement a ouvert la voie à une série de contrats similaires en « rafale » avec d’autres pays : l’Inde prendra également 24 unités en avril suivant (cinq fois moins que prévus) et le Qatar qui signera lui aussi pour la même quantité avec la condition que sa compagnie de transport, Qatar Airways, qui dessert déjà Paris, puisse désormais desservir Lyon et à Nice, « vraisemblablement trois fois par semaine » écrit le Monde du 4 mai 2015. Le véritable catalyseur qui a ouvert un boulevard dans le monde arabe au chasseur français et dont personne ne parle ou n’ose parler est le fait que Israël n’oppose plus de veto aux ventes d’armes sophistiquées par ses alliés américains et européens aux arabes, du moins du Moyen-Orient. En effet en dépit de ses capacités opérationnelles qui ne suffisant pas à expliquer son soudain succès commercial, les Etats arabes riches auraient toujours bien voulu mettre la main à la poche, du temps de Chirac et de Sarkozy présidents, ne serait-ce que pour gagner l’estime et le soutien politique de Paris (même si le Rafale du fait qu’il est biréacteur, « consomme par conséquent plus de kérosène et voit ses missions raccourcies d'autant (…) et possède moins d’autonomie que ses adversaires, et doit donc abréger le combat plus rapidement » mais le veto israélien a toujours réussi à bloquer les contrats de vente. Seulement, depuis 2012 au moins, il s’est créé une alliance objective entre les pays arabes du Moyen-Orient et Israël. Le nouveau commun iranien a rapproché l’Etat hébreu de ses anciens ennemis arabes en tête le royaume saoudien avec sa nouvelle configuration. Plus éloquente que des fatwas de cheikhs saoudiens qui ont clamé publiquement maintes fois que « l’Iran est le vrai danger et non Israël », cette déclaration d’un prince influent de la cour wahhabite : Courant 2013, l’influent et non moins richissime prince saoudien Al-Walid Ben Talal Ben Abdel Aziz lâcha cette petite phrase qui résume tout en expliquant bien des choses : « Nous, les Musulmans sunnites, sommes avec Israël contre l’Iran » a-t-il dit. Cet aveu princier officialisa ce qui était encore officieux à savoir la fin de la guerre sourde entre les Arabes et Israël qui se matérialise d’un côté par le boycott économique arabe de l’Eta hébreu et de l’autre par le veto systématique israélien sur les contrats d’armes importants. Il fait savoir qu’Israël ne ruinait pas seulement les transactions d’armes négociées par les pays arabes non signataires d’un accord de paix avec lui mais également avec les Etats arabes qui ont liés par accord de paix avec lui, à leur tête l’Egypte ! Ainsi après avoir (à titre d’exemple) fait capoter en 2007 un contrat de vente d'armes US sophistiquées à l'Arabie (comprenant des armements guidés par satellite), en 2010, rapportait le quotidien israélien Haaretz, « Israël tentait d’empêcher la conclusion d’un vaste contrat d’armement entre Washington et Riyad. Il portait sur la livraison de plusieurs dizaines de chasseurs-bombardiers F-15, ainsi que sur la modernisation de 150 appareils du même type qui figurent, déjà, dans la flotte aérienne saoudienne. » En 2011, ce sera le tour de l’Egypte de pâtir du véto israélien. Cette fois la cible à détruire était « un projet de vente de deux sous-marins allemands à l'Égypte. »
Le véritable catalyseur qui a ouvert un boulevard dans le monde arabe au chasseur français et dont personne ne parle ou n’ose parler est le fait que Israël n’oppose plus de veto aux ventes d’armes sophistiquées par ses alliés américains et européens aux arabes
Seul hic cette Pax Hebraïca qui bénéficie aux marchands d’armes autant qu’il embête l’Iran, ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique israélienne anti-arabe. Particulièrement les faucons alliés de Netanyahu comme l’ex ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, qui veut bombarder l’Egypte, vient d’annoncer qu’il rejoint l’opposition et donc ne fera pas partie du prochain cabinet de coalition nationale dirigé par Netanyahu. Le tonitruant chef du parti Yisrael Beitenu a justifié sa volte-face qui va fragiliser davantage son allié d’hier par le fait que le gouvernement que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est en train de former « n’est pas une coalition +nationale+ mais une coalition +opportuniste+ et +conformiste+. » « Le projet de loi sur l’Etat juif qui était si important lors de la dernière Knesset - soudainement personne n’en parle », a déploré Lieberman qui avait menacé en 2013 de bombarder le barrage d’Assouan pour inonder l’Egypte !
(1) Il semble que malgré le fait que le nouveau roi saoudien Salman, nommé par un décret publié le 29 avril matin, son fils et ministre de l'Intérieur Mohammed ben Nayef, (55 ans, jusqu'ici second dans l'ordre de succession et allié sûr de Washington), au poste d’héritier du Trône en lieu et place de son demi-frère Moqren, le poids de Riyad aux Etats-Unis ne cesse de baisser. Le rapprochement économique entre le royaume saoudien et l’Europe d’un côté et de l’autre la lune de miel politique avec Israël en sont-ils la raison ? Est-ce que pour calmer la Maison Blanche que Riyad s’est abstenu d’acheter des Rafales en se rattrapant par la permission donnée au président Hollande d’assister (une première) au sommet du CCG à Riyad en tant qu’invité d’holleur ? En tout cas connaissant le poids de Riyad aux Etats Unis et notamment au Texas, un concours de caricature sur le prophète Mahomet (qui faillit tourner au drame) n’aurait jamais lieu (qui faillit tourner au drame) n’aurait jamais lieu : les pétrodollars saoudiens l’auraient avorté dans l’œuf !
http://chankou.over-blog.com/2015/05/la-pax-hebra-ca-ouvre-la-voie-aux-ventes-du-rafale.html
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