La planète des singes
Selon l'anthropologue Tim D. White, « nous sommes une espèce jeune, un singe technologiquement sophistiqué, bipède doté d'un cerveau, avec un impact planétaire et des aspirations extraterrestres ». Certains parleront de lucidité, d'autres d'autodérision, etc. Cette courte description résume-t-elle notre espèce ?
Source de la citation : https://citation-celebre.leparisien.fr/auteur/tim-white
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- Source : https://pixabay.com/photos/composing-monkey-woman-laugh-sepia-2925179/
Une espèce jeune
Notre durée d'existence actuelle représente 0.0067% de celle de notre planète. Nous multiplions les mauvais choix (conflits, tyrannies, pollutions, etc.) à l'image d'un enfant qui casse ses jouets. En fait, même si cela peut s'avérer dangereux, nous apprenons. Avant la révolution scientifique, nous stagnions car on se souciait peu de la maîtrise de notre environnement pour réduire nos maux : conflits pour les ressources, famines, épidémies, etc.
Un singe technologiquement sophistiqué
Nous nous gargarisons de découvertes scientifiques (récentes) pour nous créditer d'une maturité anticipée. Lorsqu'un puits de pétrole (au fond de l'océan) fuit, nous ne savons pas le refermer. Lorsque de l'eau de mer pénètre dans un réacteur nucléaire, nous ne savons pas la décontaminer. Lorsque nous rejetons du CO2 dans l'atmosphère, nous ne savons pas le recycler. Etc. Un singe sait dégrader son environnement mais il ignore la façon de le rétablir.
Un bipède doté d'un cerveau
Nous fonctionnions encore sur le modèle des clans. Or, ce modèle multiplie les inepties. Dans nos organisations, il perdure sous la forme de processus de cooptation privilégiant des membres du clan. La plus grande ineptie concerne possiblement l'énergie et date des années 1910. À cette époque, des clans marginalisèrent un ingénieur visionnaire. De nos jours, nous le connaissons sous le nom d'un constructeur automobile de véhicules électriques.
Dans un autre registre, un des archétypes les plus anciens peut se définir par la pensée unique. Des déclinaisons existent depuis la nuit des temps : l'idéologie manichéenne, la propagande induite, etc. De plus, de nos jours, la culture et la langue uniques s’affirment comme des objectifs commerciaux car des firmes transnationales ne veulent plus traduire des produits et ne souhaitent plus adapter la publicité à de multiples bassins culturels. Elles se retranchent derrière des économies d'échelle mais cela dissimule mal un trouble cognitif de notre jeune espèce.
Avec un impact planétaire
Notre impact planétaire complexifie notre environnement et notre premier réflexe consiste donc à uniformiser. Or, on assimile uniformisation et réduction de la complexité. Prenons un exemple. Un informaticien doit produire un programme (une interface homme-machine). Il code l'équivalent d'un roman-fleuve (non commenté) et ensuite, plus personne (sauf lui) ne peut maintenir ce programme. En fait, on pouvait faire aussi bien (sinon mieux) en diminuant le volume de rédaction par vingt. En plus, cela laissait du temps pour transmettre un héritage (la documentation).
Depuis quelques années, des bugs informatiques augmentent la précarité (retraites, allocations, aides, aides bis, aides ter, etc.). Or, des entreprises de renom produisent ces logiciels hors de contrôle. Pourtant, notre intellect sait déjà réduire la complexité. Le problème semble résider dans un archétype anachronique : plus on est inintelligible, plus on paraît intelligent.
Avec des aspirations extraterrestres
Dès que nous poserons le pied sur une autre planète, cette terminologie (au sens actuel) tombera en désuétude car nous deviendrons nous-mêmes des extraterrestres. Certains souligneront (non sans raison) que nos objectifs spatiaux ciblent des ressources minières. Ces dernières permettront au moins de diminuer la compétition locale. Enfin, une petite lumière s'alluma dans l'esprit humain un certain jour de juillet 1969. On peut donc penser que nous aspirons à la rallumer.
PS
Le titre provocateur de l'article permet également d'anticiper le 60è anniversaire de l'ouvrage de Pierre Boulle dont aucune adaptation à l'écran ne restitue fidèlement le contenu.
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