La pluralité de la famille en question
L'air de rien, la loi Taubira change en profondeur notre lien social. Cela aurait mérité au moins un échange d'idées ouvert
La médecine « procréative » ne bouleverse pas seulement la procréation, en la séparant à la fois de la sexualité, de l’amour et de la filiation. Elle bouleverse du même coup la notion dite « traditionnelle », de la famille.
On dit volontiers aujourd’hui que nous sommes passés de la famille « modèle », qui est sagement constituée de deux époux et de leurs enfants, à la famille « module » fruit des compositions et décompositions par lesquels les individus s’accrochent et se décrochent les uns aux autres pour partager des « tranches de vie ».
Il en est pour se féliciter de ce qu’ils considèrent comme une « belle diversité ». Or s’il est évident que nous devons accueillir toute réalité telle qu’elle est, il ne s’agit pas de tout mettre sur le même plan. Ce n’est pas faire injure à un estropié que de lui dire qu’il est estropié, et il est même salutaire de le contredire s’il prétend que l’estropié est aussi valide qu’un autre. Si en outre il se montre si fier de son amputation qu’il encourage ses voisins à s’estropier et à estropier leurs enfants, peut-être faudra-t-il élever la voix.
La décomposition de la famille en familles est-elle une évolution sociale à laquelle nous devons nous résigner par réalisme, ou bien est-elle un pas de plus vers la dissolution du lien social sous les coups répétés de l’individualisme et du relativisme ?
Prendre acte, mais ne pas se résigner. Accueillir les personnes avec bienveillance et charité, mais sans relativisme. Tel est le défi à relever.
Il n’est pas absurde de penser que la monogamie, la fidélité et l’indissolubilité de la « société conjugale » que forme les époux est plutôt un progrès social, dans la mesure où il est protecteur pour les plus faibles, et en particulier pour les enfants qui naîtront. D’autre part, la consistance de la famille protège l’enfant de la tentation pour l’Etat, toujours présente et souvent masquée par de bonnes intentions, de se saisir des enfants pour les modeler à sa guise.
L’institution du mariage, son inscription dans le droit civil, est en soi un progrès. Les époux s’engagent pour la vie pour le bien des enfants. Si l’on y regarde de plus près, c’est le bien des enfants qui en justifie la structure : Il faut être deux, de sexe opposés, pour que l’enfant puisse apparaître. La limite de l’inceste se justifie de la même façon.
Mais si toute référence à l’enfant, c’est-à-dire ce lien social de parentalité qui n’est pas un simple contrat, est exclu, alors la notion de famille en pouvant tout signifier ne signifie plus rien. Pourquoi alors ne pas marier ensemble quatre frères et parler de « famille » ?
Le refus d’une réalité aussi fondamentale que celle de la famille ne relève pas seulement d’un individualisme qui, peu à peu, sape notre capacité à nous engager au service d’un bien commun et donc à vivre ensemble. Il installe un peu plus dans les esprits l’idée qu’il n’y a aucune vérité que nous devrions reconnaître, et que les choses n’ont de consistance que celle que leur accorde notre volonté la plus arbitraire.
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