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La politique expliquée par le foot

Voilà comment les choses se passent : il y a deux équipes, le camp des gentils, et celui des méchants. Les supporters, qui représentent les peuples, sont donc les plus nombreux, et se croient chacun dans le camp des gentils. Ce sont eux qui font tourner la machine, en payant leurs places, en s’abonnant aux chaines sportives, en lisant les revues et en achetant les journaux.

Viennent ensuite les équipes, qui pourraient être les gouvernements de chaque camp. Ils font de leur mieux pour gagner le match, mais toucheront leur salaire même s’ils le perdent. D’autant que, s’ils sont payés en plus pour le perdre, certains seraient sans doute tentés de ne pas faire trop d’efforts.

Il y a bien sûr les arbitres, qui sont eux censés représenter la justice, et qui se targuent d’être incorruptibles et sans faille. Des erreurs sont souvent commises, mais la justice ne commet pas d’erreurs. Tant pis pour le classement ! les joueurs, eux, savent qu’en réalité les arbitres commettent des erreurs, et ce à tel point parfois que c’en est presque louche. Mais que voulez-vous, personne ne veut introduire la vidéo pour plus de justice ! personne ? si, le public bien sûr, mais pas les dirigeants.

Parce qu’il y a quelqu’un au dessus du gouvernement ? et oui bien sûr, il y en a du monde, au dessus, et autour même : des entraineurs, des présidents de club, une règle nationale, internationale enfin. Et puis des agents, des équipes techniques, des industries formidables par leur poids économique : des produits dérivés, des journalistes, des sponsors, des millions et des millions chaque année…

Le système qui englobe tout est le même en politique qu’au foot, c’est le capitalisme. Il n’y a que le public, et quelques jeunes joueurs pour croire que c’est le sport qui est important.

Regardons un peu comment cela se passe : les plus grosses équipes, celles qui gagnent les championnats (les élections), sont toujours les plus riches. D’une part parce qu’elles ont le pouvoir de s’offrir les services des meilleurs, et d’une autre parce qu’elles réussissent parfois à s’offrir certains arbitres importants. Mais qui finance les grosses équipes ? ce sont les annonceurs, qui par l’intermédiaire des diffuseurs (qui sont rétribués pour ça) arrivent à vendre leurs produits au public. C’est donc le public qui nourrit tout ce petit monde, et avec le sourire en plus. 

Mais les financiers ne sont pas naïfs, et veulent continuer de vendre leurs produits. C’est pour cela qu’ils sont tentés de s’assurer des résultats : la fin justifie les moyens. Les intermédiaires ayant tous un intérêt commun à continuer de faire venir le public, ils se sont donc réunis en instance internationale, qui définit les règles du jeu. Ici comme en politique s’assoient à la même table le Bien et le Mal, et il semble bien qu’ils parviennent à se mettre d’accord. Ensuite, il n’y a qu’à continuer de tricher, en s’assurant des arbitres en leur promettant de ne pas installer la vidéo ; ou tout simplement d’acheter les bons joueurs formés et repérés par les petites équipes, pour se maintenir en haut du tableau.

Mais depuis l’arrivée de la vidéo, il est possible que le prix des arbitres ait été largement revu à la baisse : la menace de la vidéo est une possibilité de pression qui peut permettre aux organisateurs de gagner un peu plus. 

Maintenant, étudions un peu le match : les adversaires se connaissent bien, et s’aiment ou se détestent, mais acceptent de jouer ensemble. Le match, perdu ou gagné, avec ou sans tricherie, n’a pratiquement aucune conséquence sur le salaire des joueurs. Ils savent que les matchs sont truqués, ne serait-ce que du point de vue capitaliste : les meilleures équipes sont les plus riches.

Pour le public, qui s’indigne de la non-transparence de certains matchs, il accepte cependant les jugements des arbitres, et oublie les erreurs d’arbitrage pour se projeter dans le soutien de son équipe au match suivant. Il ne remet en question ni la valeur des arbitres, ni celle des joueurs, et encore moins des règles élaborées en haut lieu. Bien sûr, les petites équipes du bas du classement ne participent pas forcément à la duperie des grosses, et font ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles ont. Mais une chose est sûre, elles ne gagneront pas de coupe.

Bien sûr, un jour la vidéo sera autorisée, et les arbitres seront ou supprimés, ou inutiles. Le public aura l’impression d’avoir gagné en transparence, mais en réalité il se sera fait berner : car alors les matchs n’auront plus aucune saveur, et seront uniquement régentés par la capacité économique des équipes. Au lieu de discuter l’arbitrage, qui se fait en direct, des analystes chevronnés interprèteront les images à leur sauce, dans le secret de leurs studios, et émettront leur jugement sans qu’il soit possible de le contester. Ainsi il y aura l’apparente transparence, et la réelle institutionnalisation de la dictature par l’image. Le public aura encore été, comme toujours, le dindon de la farce.


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6 réactions à cet article    


  • fouadraiden fouadraiden 15 avril 2009 13:17

    tiens ,qd les footballeurs sont des politiques les noirs n’existent plus. voilà une explication hautement politique...


    • Fergus fergus 15 avril 2009 15:10

      Le pire n’est pas dit dans cet amusant article : à la fin du match, ils vont tous picoler ensemble au club-house !

      PS : Hollande et Besson dans la même équipe, c’était avant le mercato ! 


      • caleb irri 15 avril 2009 23:25

        bonne remarque, surtout à propos de Hollande et Besson ! mais la photo n’est pas de mon fait. dommage !!


      • lanoux 15 avril 2009 15:13

        Je n’ai qu’une chose à dire : VIVE LE HOOLIGANISME !


        • LE CHAT LE CHAT 15 avril 2009 16:05

          les matchs sont tellement nuls que les gradins vont bientôt être vides !


          • Louisiane 16 avril 2009 10:37

            Hé non, les gradins ne seront jamais vides ! Le cyclisme, par exemple, avec le dopage quasi généralisé, continue à faire recette. Et même plus encore puisque le scandale possible à chaque course attire encore plus l’intérêt.
            Lorsque l’on démontrera que le foot est truqué, comme la politique, il se trouvera des gens dans les tribunes ou les bureaux de vote pour participer parce qu’il s’agit d’un mouvement d ’amplaur.
            Qui s’arrête de fumer lorsqu’il apprend les méfait de la cigarette ?

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