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La première manche du cirque électoral français étant terminée quel bilan en tirer ?

On ne peut prétendre analyser une campagne électorale sans d’abord identifier les objectifs stratégiques et les moyens tactiques d’une telle mise en scène.

 

La finalité d’une mascarade électorale.

On ne peut prétendre analyser une campagne électorale sans d’abord identifier les objectifs stratégiques et les moyens tactiques d’une telle mise en scène. Pourquoi, après des années de magouillage électoraliste le démocratisme capitaliste a-t-il pris la forme de ces foires d’empoigne partout acceptées ou imposées ? Quelles sont les règles implicites, non écrites, qui régissent ces messes de la démocratie ? Quelles sont les classes sociales et les forces politiques en présence dans une telle rixe électoraliste ? Analysons maintenant ces questions de fond.

Le 2e tour des présidentielles du cirque électoral « démocratique » et médiatique français met fin à la première manche de ce pugilat burlesque. Les élections françaises sont intéressantes à étudier, car elles furent un modèle du genre. Trois forces sociales s’affrontaient dans cette mascarade qui n’est pas terminée puisque la manche législative arrive avec le même scénario alambiqué concocté à l’échelle des 577 circonscriptions législatives.

Que ce soit en France ou ailleurs, le Grand capital organise de telles mises en scène ubuesque afin de permettre à ses fonctionnaires politiques de se colleter afin de s’approprier la gérance momentanée de l’appareil d’État convoité. Dans ce théâtre de Panurge l’électorat joue le rôle du public et est invité à conspuer les frasques ou à acclamer les performances des artistes politiques s’échinant sur la scène médiatique. On aura constaté que dans plusieurs pays régis par le mode de production capitaliste cette joute électorale entraine l’alternance aux manettes de l’État fétiche entre la faction gauche et la faction droite du caléidoscope politique capitaliste.

Dépendant de la conjoncture économique (phase de crise économique systémique ou phase de prospérité relative) ces jeux électoraux se déroulent dans la sérénité ou dans l’âpreté vindicative. Le cru 2017 de la mascarade électorale présidentielle française fut particulièrement agité étant donné l’accentuation de la crise économique qui saccage l’hexagone depuis des années. Nous allons maintenant analyser les forces en lutte dans cet affrontement intercapitaliste ainsi que les tactiques des protagonistes.

 

Quelques constats sur le cirque électoral en général.

Au préalable quelques constats à propos de ces mises en scène bancales. Premièrement, sous le mode de production capitaliste c’est la sphère économique qui détermine la configuration des sphères politique et idéologique, jamais l’inverse. Ce qui signifie que jamais l’idéologie néolibérale promondialisation ou encore l’idéologie isolationniste soi-disant antimondialiste n’expliqueront l’approfondissement de la crise économique, mais que ce sera toujours l’inverse, à savoir, que l’approfondissement de la crise économique explique les contorsions politiques dans le cirque électoraliste on l’on passe du nationalisme isolationniste à l’ultralibéralisme mondialiste. C’est un point crucial à considérer puisque l’ensemble de la foire électorale vise à faire élire par la populace un larbin politique présentant un programme politique bidon et une approche idéopolitique utopique sous laquelle le peuple sera amené à endurer les conséquences de la crise débridée alors que nul politicien ne saurait inverser la « Marche » vers l’abime économique d’une nation capitaliste aussi bien en France qu’ailleurs dans le monde.

Deuxièmement, de ce premier constat il découle que celui qui détient le pouvoir économique détient aussi le pouvoir politique, le pouvoir médiatique et idéologique. En France, il s’agit d’un groupe de ploutocrates milliardaires, de banquiers, de financiers et de grands industriels actionnaires d’entreprises multinationales interconnectées à d’autres entreprises internationales selon un jeu de partage d’actions qui explique la configuration des alliances et des traités de libre échange internationaux. Nous sommes ici bien loin du pugilat médiatique avec lequel on amuse les brebis en attendant de les tondre – quel que soit le candidat qui monte sur le strapontin présidentiel.

Troisièmement, il découle également du premier constat que ce ne sont pas les polichinelles politiques qui construisent leurs électorats populistes, mais à l’inverse, que ce sont les électeurs sans grande illusion – suivant leur appartenance de classe – qui portent leur énergie et leurs appuis sur le thuriféraire qui a l’intelligence de leur plaire par des promesses d’espérance éphémères. Ainsi, le laudateur Emmanuel Macron n’a pas construit la clique « En marche », ce sont les rebuts paniqués des anciennes formations politiques discréditées (PS et LR) qui ont imaginé ce miroir aux alouettes afin de prolonger l’agonie du monde financier européen. La naviculaire Marine Le Pen n’a pas construit la clique du Front National, ce sont les rebuts épouvantés des anciennes formations politiques dépréciées qui se sont mobilisées pour construire cette alternative aux formations politiques engluées.

Quatrièmement, il existe une règle non écrite régissant ces joutes électoralistes. Chaque candidat peut proposer de réformer les conditions d’approfondissement de la crise systémique, mais aucun ne peut proposer de changer fondamentalement les règles du jeu économique, c’est-à-dire qu’aucun candidat ne peut sérieusement proposer de changer de mode de production. Les gauchistes répliqueront que cette règle est obsolète puisque Lutte Ouvrière et le Nouveau Parti Anticapitaliste ont présenté des candidats qui proposaient de remplacer le mode de production capitaliste par ce qu’ils appelaient le mode de production « socialiste » (sic). Leur participation à cette mascarade électorale, d’où ne sortira jamais l’insurrection populaire ni la révolution prolétaire, atteste de leur soumission aux règles de la démocratie fétiche. De plus, le score électoral misérable de ces formations de gauche – conséquence de leur abdication réformiste – n’inquiète nullement le Grand capital qui leur est plutôt redevable d’accréditer par leur présence complaisante le mythe « démocratique » capitaliste.

C’est pourquoi, à la limite, il indiffère au Grand capital, garant de la pérennité du système d’exploitation du travail salarié, que ce soient les réformistes de gauche ou ceux de droite ; que ce soient les fiscalistes ou les monétaristes ; que ce soient les européanistes ou les Frexit-Brexit ; que ce soient les Démocrates ou les Républicains ; que ce soient les Libéraux ou les Conservateurs qui l’emportent et s’installent dans la cabine du pilote pourvu que l’avion puisse changer de direction sans jamais changer de destination, et donc que rien d’essentiel ne change au mode de production capitaliste. En période de croissance économique, quelques concessions pourront être accordées aux ouvriers, si la productivité sert à compenser. Cependant, en période de crise systémique la politique d’austérité est de rigueur.

Enfin, cinquième constat, si par mégarde, l’une ou l’autre des sectes gauchistes ou fascistes s’approchaient de trop près du pouvoir étatique, jusqu’à s’emparer du contrôle d’une partie de l’appareil étatique, il serait toujours temps de faire sonner la charge à la garde républicaine contre ces dictateurs fascistes ou ces illusionnistes gauchistes. Le masque de la démocratie serait jeté bas et le plein poids de la loi bourgeoise s’abattrait sur les contrevenants (1).

 

Les forces en présence et leurs tactiques électoralistes.

 

La faction majoritaire du Grand capital pas encore en faillite.

La mascarade électorale française, tout comme la foire électorale américaine, mettait en présence trois grandes forces sociales antagonistes. Le Grand capital financier et industriel, les milliardaires et les grands actionnaires capitalistes résidant dans l’hexagone, mais possédant des actifs – du capital – essaimés partout sur la planète, des actions « cooptées » et des obligations entremêlées sur les parquets boursiers du monde entier. C’est cela la mondialisation, dont la délocalisation, la fuite des capitaux, la dévaluation des monnaies, et la dette souveraine ne sont que des manifestations ostentatoires. Cette fraction majoritaire du Grand capital profite encore de la mondialisation, quoique de manière plus conflictuelle vis-à-vis ses alliés et concurrents européens et américains. Cette caste voit bien que ses affaires vont mal, que le capital ne circule pas et donc que les profits ne s'accumulent pas. Aussi, réclame-t-elle le soutien de son « État providence » pour les riches.

Cette faction a réussi à rameuter, électoralement s’entend, toute une frange de petits capitalistes menacée par la mondialisation ; des segments de retraités apeurés ; une pléiade de petits bourgeois effrayés de voir leurs revenus expropriés ; des jeunes endettés ; des employés des services et de l’industrie expulsés ; ainsi que des engagés de l’industrie des ONG et des apparatchiks syndicaux et politiques stipendiés. Cette faction du grand patronat, sachant les vieux énarques de l’alternance gauche-droite totalement discrédités et ne pouvant faire croire à leur virginité retrouvée, compte tenu des casseroles accrochées à leurs souliers, a fait surgir de sa manche un joker « centriste de la droite modérée », « En Marche » vers la gérance de l’Élysée. Combien de fois pourront-ils créer la surprise et inventer une nouvelle alternative truquée pour ralentir leur déchéance économique, sociale, politique et idéologique ?

Certaine de sa victoire cette alliance opportuniste de banquiers, de financiers et d’industriels européanisés à pousser le mépris et l’arrogance jusqu’à afficher triomphalement sa victoire avant même le dépouillement du scrutin. Elle a conscrit ses scribouilleurs médiatiques de service pour qu’ils affichent avec impudence leur allégeance inconditionnelle au statuquo économique, politique et idéologique malgré trente années catastrophiques de crise économique. Elle a averti le prolétariat qu’il passera à la cravache sans compromis au cri de « Voter Macron le père Fouettard du capital ».

 

La faction du capital déjà malmenée alors que la crise n’est pas terminée.

L’autre force en présence était constituée par une fraction du Grand capital boursier espérant faire grimper spéculativement ses actifs suite à ce galimatias déglingué (le CAC 40 a gagné dix points après la confirmation du sacre de Macron). Ces spéculateurs se sont entourés, électoralement parlant, d’une frange de petits et de moyens capitalistes nationalistes effrayés par la mondialisation, par l’Europe et par l’euro qui ne cesse de les pousser vers la faillite. Ces désespérés croient que le capital – s’il était re-nationalisé – pourrait redémarrer et apporter un baume sur leurs plaies non cicatrisées. Futile espoir, la roue de l’histoire économique ne tourne jamais à reculons. La mondialisation, Bruxelles et l’euro sont les manifestations et non l’explication de leurs maux. C’est au plus profond des rapports de production du mode de production capitaliste que réside le mal incurable que nul n’a proposé d’éradiquer au cours de cette chimère électorale.

Cette faction est parvenue à rameuter des petits bourgeois paupérisés, des ouvriers malmenés, des travailleurs saqués, des pauvres rejetés par le système et une kyrielle de naufragés de la globalisation autour du Front National et de Marine Le Pen. Nous sommes ici dans l'anecdotique contrairement à ce que laisse croire la campagne hystérique des médias des riches les idiots utiles de la gauche futile.

La tactique de cette clique fut d’exposer les plaies et les violences sociales provoquées par la mondialisation, par l’Union, par l’Euro, et par la perte de souveraineté nationale bourgeoise, toutes ces misères sociales que le grand patronat fait subir au peuple français en laissant croire que le retour en arrière est nécessaire et praticable, ce qui est évidemment illusoire. Bien entendu que cet étalage de violence sociale à Bully-les-Mines et sur toute la France d’en bas ne pouvait qu’être abominable, à la limite du tolérable, ce qui ne pouvait que désarçonner les énarques et la petite bourgeoisie des bobos, mais pas les victimes de cette violence au quotidien (2). Dans toute cette cabale électorale jamais la scission entre la France d’en haut et la France d’en bas n’est apparue avec tant d'évidente. Et ce fut une avocate, soi-disant fasciste, plutôt opportuniste, qui se permit de l’étaler alors que la go-gauche cherchait à épingler « Bleue Marine » afin de démontrer son utilité en tant de mouches du coche de la république bourgeoise.

 

Les autres formations de gauche et de droite.

Les autres sectes et formations politiques, de gauche comme de droite, ont joué le rôle de marionnettes, de faire-valoir, de mouche du coche, d’amuseur public charger d’accréditer le mythe qu’une mascarade électorale répond aux aspirations de démocratie représentative et participative et permet au « peuple » de s’exprimer sur les enjeux de société (sic). À preuve, le plus insignifiant des candidats a pu dilapidé le temps de millions de téléspectateurs en évitant d’aborder le véritable enjeu que soulève la crise systémique du capitalisme, à savoir « Quelle classe sociale devrait imposer son hégémonie sur le pays et sur l’économie-politique ? »

Du début à la fin de cette foire d’empoigne électoraliste la gauche et la droite libérale ont travaillé de concert afin de réaliser l’union sacrée, le Front-Populaire-Patriotique comme en trente-six, l’une des grandes trahisons gauchistes-communistes qui explique la quasi-disparition de la gauche petite-bourgeoise que le prolétariat a fuie au fur et à mesure qu’il s’est senti trahi. Quelle fut la conséquence de ces Fronts populaires et patriotiques, en France et dans tous les pays où la IIIe Internationale imposa cette tactique de Salut Public Patriotique en faveur du capital financier libéral contre le capital financier totalitaire ? La conséquence fut de mobiliser la classe prolétarienne derrière et au service de la dictature bourgeoise « modérée », impérialiste et mondialisée, libérale et néolibérale pour la défense du mode de production capitaliste « Allié » contre le mode de production capitaliste de l’Axe coalisé, le capitalisme nationaliste rétrograde et impraticable. La conséquence fut la Seconde Guerre mondiale et ses millions de morts prolétariens (3).

Ce n’est pas au Front national, vecteur du petit capital national français en perdition qu’il faut « faire barrage », mais au capital en général, et surtout le Grand capital financier impérialiste. La classe prolétarienne le comprend d’instinct et c’est la raison pour laquelle majoritairement elle n’a pas suivi la gauche dans ses mots d’ordre en faveur du banquier Macron et de ses associées « En Marche » vers l’Élysée.

Il faut rappeler à ceux qui s’inquiètent que le Front national ou le Parti Socialiste, ou Les Républicains disparaissent après cette joute électorale-2017, qu’il en est de ces appellations politiques comme des marques de commerce. Le FN poursuivra sa carrière politique parlementaire tant que le Grand capital français verra en lui une alternative dans ce cirque électoral qui jusqu’à maintenant proposait l'alternance gauche-droite « modérée ». Aux grands maux économiques, les grands remèdes politiques et idéologiques. Le FN est le joker de réserve qui aiguillonne aujourd’hui les apparatchiks politiques de droite comme de gauche, comme hier les Communistes étaient l’aiguillon qui taraudait les apparatchiks gauchistes et droitistes afin que ces fonctionnaires de l’État des riches demeurent en éveil et au service de la classe hégémonique. Quant à la gauche (nous n’avons pas écrit le PS, le NPA ou LO, mais bien la gauche dans ses différentes appellations markétings), elle restera l’illusoire alternance dont les appellations politiques pourront varier pourvu que leur adhésion au mode de production capitaliste reste entier… Les idiots utiles du système en somme, levant l’étendard du « vote rouge » pour faire barrage au « vote brun » afin de faire passer le « vote bleu » des banquiers internationalisés. Il apparait assez évident que les prolétaires n’ont rien à faire dans ce jeu électoral et parlementaire pour hommes d’affaires.

 

La classe prolétarienne au milieu de cette mascarade plébéienne.

Enfin, une troisième force ignorée par les médias tant le mépris du système est grand pour la classe prolétarienne, et pour son fer de lance, la classe ouvrière. Le prolétariat est en difficulté, paupérisé, surexploité, malmené par la crise économique systémique et les politiques d’austérité mise de l’avant pour tenter de rescaper les profits des compagnies d’où les contorsions économiques, politiques, médiatiques et idéologiques des riches pour essayer d’imposer par la force brutale l’assujettissement des esclaves salariés (4). C’est à cette attaque généralisée contre le prolétariat globalisé qu’il faut faire barrage et non pas à l’une des options proposées par le Grand capital comme le proposait la gauche dégénérée et discréditée.

La présence de cette troisième force s’est manifestée par son refus obstiné – accentué chaque année – de participer à cette foire électorale. Au premier tour ce furent 11,5 millions d'inscrits sur 47,6 millions d’inscrits qui ont refusé de voter. À ceux-là, il faut ajouter les quelque 3 millions de non-inscrits, ainsi que quelques millions d’électeurs radiés des listes électorales. Donc, au Premier tour, sur 50 millions d’électeurs c’est au-delà de 15 millions qui ont refusé de voter (5). Au Second tour sur 50 millions d’électeurs potentiels ce sont 12,5 millions d’abstentionnistes + 3 millions de non-inscrits + 4,2 millions de votes nuls soient près de 20 millions (40%) d’électeurs désabusés qui à des degrés divers mettent en doute la démocratie bourgeoise et refusent de se compromettre dans ces mascarades électorales bancales.

Ce qui nous intéresse particulièrement c’est la composition de classe de cet électorat désabusé pour ne pas dire révolté. Ils auraient été entre 30% et 35% des ouvriers, des employés, des chômeurs et des pauvres à refuser de participer à ces billevesées alambiquées. Tous ces prolétaires peuvent aujourd’hui proclamer fièrement « Nous n’avons pas voté pour ça et nous conservons toutes nos options pour résister à vos politiques d’austérité ». Nous savons évidemment que cette résistance ne sera que la première manche de la lutte radicale pour renverser ce mode de production moribond et construire un nouveau mode de production. Mais nous savons aussi que cette guerre totale, classe contre classe, ne passera pas par les mascarades électorales. Parions que les élections législatives à venir confirmeront cette avancée de la conscience de classe du prolétariat français.

 

Notes

 

1. Mossadegh en Iran, Allende au Chili, Bokassa en République Centre Afrique, Amin Dada en Ouganda, Kadhafi en Libye, Milosevic en Serbie en sont quelques exemples.

2. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/225267/

3. http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-gauche-ne-fera-pas-au-proletariat-le-coup-des-annees-trente/

4. http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/un-debat-tres-revelateur/ et http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/qui-a-perdu-le-debat-le-nationalisme-francais/ 

5. http://tendanceclaire.org/article.php?id=1194

 


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4 réactions à cet article    


  • BA 14 mai 2017 20:31

    Le vrai visage de Macron :

    Comment Macron m’a séduit, puis trahi.

    EN 2010, LE JOURNAL LE MONDE EST AU BORD DE LA FAILLITE ET EMMANUEL MACRON PROPOSE SON AIDE « BÉNÉVOLE » AUX JOURNALISTES. MAIS LE BANQUIER D’AFFAIRES ROULAIT EN FAIT POUR UN DES GROUPES QUI VOULAIT RACHETER LE JOURNAL…

    Je suis Adrien de Tricornot, je suis journaliste au Monde. En 2010, le groupe Le Monde avait de grosses difficultés financières et j’étais vice-président de la Société des Rédacteurs du Monde.
    Nous les journalistes, au travers de la Société des Rédacteurs du Monde, étions les principaux actionnaires du groupe *. Nous savions que nous allions devoir faire appel à de nouveaux investisseurs, et voir nos parts diminuer. Nous allions perdre le contrôle actionnarial du journal. Il fallait nous entourer de spécialistes : avocats, banquiers d’affaires.

    C’est à ce moment là qu’Emmanuel Macron, jeune banquier chez Rothschild, fait savoir à une journaliste, qu’il est prêt à nous aider « pro bono ».

    Emmanuel Macron se présente à nous comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens, membre de la Fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse, ancien assistant de Paul Ricoeur… Et donc prêt à nous aider bénévolement.

    Et Emmanuel, puisque c’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque, devient vite un conseiller important pour nous. On allait le voir le soir chez Rothschild, quand tous ses collègues étaient sortis ou dans des cafés pour se tenir au courant discrètement. On le trouvait formidable, super brillant…

    Le 2 septembre 2010 après-midi, on se retrouve une nouvelle fois dans le bureau d’Emmanuel Macron. On lui rend compte de l’état de nos négociations. On s’apprête à conclure avec l’offre Bergé-Niel-Pigasse, qui n’était pas la direction vers laquelle il nous avait conseillé d’aller. Mais l’entretien reste très cordial.

    Le 3 septembre au matin, nous avions une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé [un des futurs repreneurs du Monde], 10 avenue George V. La coïncidence, c’est qu’à la même adresse, il y a les bureaux… d’Alain Minc. Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, conseille à l’époque le groupe Prisa qui est un des autres candidats au rachat de notre journal.

    Après notre rendez-vous, nous discutons quelques minutes entre nous avec Gilles Van Kote, président de la Société des rédacteurs du Monde, notre avocat et sa collaboratrice, en bas de l’immeuble. Je vois la porte de l’immeuble s’ouvrir. Un petit groupe sort autour d’Alain Minc, pour aller déjeuner ; le dernier à sortir est Emmanuel Macron. Je croise son regard, il me semble qu’il me voit également  ; il échange quelques mots avec Minc tout en restant sur le pas de la porte, puis Macron disparaît derrière la porte cochère et ne sort pas.

    Là je dis à mes collègues : «  vous n’allez pas me croire, mais avec Minc, il y avait Macron ». Mes amis me disent que je suis peut-être un peu fatigué, mais que ça n’est pas possible.

    Je décide d’aller voir si Macron est toujours derrière la porte. Je ne vois personne dans l’entrée, personne derrière la porte, personne dans la cour.
    Je reviens sans l’avoir trouvé. Mais avant que nous nous séparions, je décide de faire une autre tentative, et je demande aux autres de m’attendre.
    Je monte à l’étage et je sonne au bureau de Minc, mais tout le monde est parti manger. Et je me dis, tiens, si j’allais monter voir aux autres étages.
    J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu que Macron se cachait, or quelqu’un qui se cache doit continuer à se cacher.

    Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché.

    Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée – et effectivement quand j’avais essayé de prendre l’ascenseur, il n’était pas dispo. Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron qui s’était bien « replié » au moment où il m’avait vu !

    https://www.streetpress.com/sujet/1486723160-macron-le-monde


    • George1969 George1969 14 mai 2017 21:14

      Bonjour,

      Le constat est simple camarade, tant que la majorité des esclaves continuerons a travailler pour les esclavagistes, rien ne bougera. « Il forgent leurs chaines ».

      Bien sur il y a une certaine surfacturation des services et des biens a destination des puissants, comme une sorte de représailles, car nous sommes également capitalistes.

      Mais trop peu de gent sont prés a refuser du pognon, a refuser de servir. Pourtant la grande part de leurs revenus proviennent de personnes modestes, ca ne leur couterais pas grand chose...

      Il n’est pas possible d’acheter, certaines choses que nous voyons les puissants acheter, avec l’argent d’un salaire honnête. Même d’un très très gros salaire honnête de 7 ou 9K...

      Franchement je sais pas, en dés années que j’explique, je trouve des tas de gents qui pigent le principe de ne pas accepter « l’agent sale ». Mais qui le font il y en as pas tant.

      ++


      • Gavroche 14 mai 2017 22:38

        Trop tard. Il fallait voter Mélenchon, y avait rien à jeter.


        • Lengage Lengage 15 mai 2017 16:30

          Il faut arrêter de faire des analyse sociétales ou de classe sociale. Il faut penser global comme eux ! Et la nomination du premier sinistre vient confirmer que nous sommes en perdition.

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