La Psychanalyse pour les Nuls - Deuxième partie
On a eu le plaisir de lire sur Agora-Vox des articles fort savants et fort bien documentés sur la psychanalyse, sur Freud, sur Jung… et il n’est pas dans nos intentions de rivaliser avec les auteurs de ces articles. Notre but, plus modeste, est de présenter un vocabulaire de la psychanalyse, accessible à tous, aussi bien à l’analyste praticien, ayant déjà une certaine expérience de l’analyse de l’âme humaine et qui désire approfondir son savoir, qu'à toute personne avide de se familiariser avec les concepts psychanalytiques modernes. Voici la seconde partie de la présentation de ces concepts.
Politiquement correct (psycho-sociologie néo-moderne, en provenance des États-Unis) : surmoi (voir ce mot) social extrêmement coercitif et inhibiteur. Le politiquement correct est une solution qui a été trouvée par les minus habens afin de museler la pensée occidentale. Le PC est surtout propagé par les media et par ce qu’on appelle « réseaux sociaux », véritables gendarmes de la bien-pensance qui n’hésitent pas à vous condamner au pilori pour toute pensée jugée déviante. Le génial George Orwell avait appelé ça la Police de la pensée.
Mot d’ordre du politiquement correct : « Sois bête et tais-toi ! ». La meilleure thérapie contre cette forme insidieuse d'aliénation est le sain exercice de l'anarchie, agrémenté de cassoulet avec un bon verre (pourquoi seulement un ?) de pinard.
Principe [J] : « Les principes de la psychanalyse sont valables pour tous, – excepté pour l'analyste » (Carl-Gustav Jung).
Psychanalyse : conte à dormir allongé.
Psychose : état mental perturbé. Différence entre névrose et psychose ? Quand un patient souffre d'une névrose, il se sent « tout chose ». Quand il est atteint de psychose, il se sent « tout psy-chose ».
Pulsion [F] : le terme Trieb du vocabulaire freudien peut se traduire par poussée, instinct, tendance, dérive, inclination, inclinaison, penchant, aspiration, etc. C’est ce qui fait que vous cédez sans résister à une brusque et forte envie de faire quelque chose, assez souvent désapprouvé par papa-maman ou par la société. Quand les hommes politiques ne peuvent s’empêcher de mentir aux citoyens ou de les insulter, vous avez là un magnifique exemple de pulsion. Voir Compulsion de répétition (article précédent).
Refoulement [F] : le surmoi (voir ce mot) oblige le moi à ne plus penser à quelque chose, souventes fois pénible ou défendu. Si un de vos amis désire votre femme, il faut qu'il refoule ça et au plus vite, sinon vous seriez baisé (et cocu). Dans ce cas, la plus simple mesure pour le refoulement de telles pulsions libidineuses est de parler doucement à l’ami en question, mais avec un gros bâton à la main. Ça intimide, en général.
Résistance [F] : on appelle résistance le fait que le client n'a pas envie d’accepter certaines vérités dérangeantes ou pénibles. Mais la résistance, c'est surtout le fait qu’il n’a pas envie de payer son analyste. C'est TRÈS grave. Le bâton sus-mentionné est en l'occurence la meilleure thérapie, qui opérera des miracles.
Rêve [F, J] : il paraît que les rêves ont un sens. Notre École ne s'en est jamais aperçue. De toute façon, l'on peut dire n'importe quoi sur le sens d'un rêve. Le client ne comprend jamais rien, ou alors, il a toujours tort (bien insister là-dessus).
Sadisme [F] : c’est le fait de jouir de la souffrance d’autrui. En tant qu’analyste, vous pouvez tout faire à un patient, qui est là pour ça : lui faire l'arnour, lui cracher dessus, le tabasser, l'insulter etc. Le fait qu'il ne proteste pas excitera votre sadisme naturel. L'analyste forme avec l'analysand un couple sado-masochiste.
Scène primitive [F] : les clients prétendent avoir vu dans leur tendre jeunesse leurs parents faire l'amour. Mais incrustez-vous ceci dans la tête : ils ne racontent que des mensonges — ou alors, ce sont de grands saligauds. Voir Voyeurisme.
Schizophrénie : maladie sans nom, ou plutôt nom sans maladie. Voir Paranoïa (article précédent).
Sexualité [F] : les analysés — et les analystes — ne pensent qu'à ça. C'est pourquoi il est de bon ton, dans les cabinets de consultatlon psychanalytique, de suspendre aux murs des gravures graveleuses et, dans la salle d’attente, de projeter des films pornos pour faire patienter les clients. Récemment, un accord commercial a été conclu entre notre École et les syndicats de sex-shops, qui promettent la livraison de livres et de matériel érotiques au meilleur prix. (Forts rabais. Profitez-en, MM les analystes !)
Soi [J] : selon Jung, c’est la totalité psychique, l'ego fondamental, la véritable personnalité d’un être, son axe central, lui permettant de se rassembler en un point et de rayonner. Ça fait bien de parler de soi et du Soi. Placez donc le Soi de temps à autre dans la conversation. Placé, il vous rapporte 100 teuros.
Stade oral, stade anal, stade génital [F] : théorie freudienne de base. Si vous aimez bien bouffer, c'est le stade oral. Si vous aimez rester une heure sur le trône, c'est le stade anal. Enfin, si vous aimez faire l'amour, c'est le stade génital. C'est pas plus difficile que ça. (Il existe aussi d’autres stades, par exemple des stades de foot, lieux privilégiés de défoulement sensoriel : lancer de canettes de bières, gueulantes, insultes racistes, tenue débraillée…).
S.P.A. [J] : Société de Psychologie Analytique. Une société bien de chez nous, dont je suis (moi, Thomas Lenfoirus) le président. Les autres membres n'ont qu'une importance secondaire. Dans la pratique, nous nous distinguons par notre aptitude à faire de l'argent avec rien (nous sommes en cela beaucoup plus forts que les autres sociétés de psychanalyse). Sur le plan conceptuel, nous brillons par notre absence, mais, du moment que nous avons les poches et le ventre pleins, le reste n'est que foutaise, pour reprendre l'expression d'un de nos patients.
Subconscient [Pierre Janet] : machin bizarre où se passent des choses encore plus bizarres. Si vous faites un faux-pas dans la rue, ou si vous oubliez un nom, vous pouvez vous exclamer : encore un tour de mon subconscient ! Freud s’est emparé de ce concept pour édifier sa théorie de l’Inconscient— tout comme Einstein s'est emparé des travaux d’Henri Poincarré, d'Hendrick Lorentz et de Maxwell pour édifier sa théorie de la Relativité.
Sublimation [F] : « socialisation » d'une pulsion. Si un patient est resté fixé au stade anal, et s'il fabrique des crottes en chocolat, vous tenez là un magnifique cas de sublimation.
Symbole : quand vous ne comprenez pas quelque chose, exclamez-vous : « Il doit y avoir un symbole là-dessous ! » Ça épatera le client.
Topique [F] : moi, surmoi, ça. Le moi, c'est quand vous dites : moi, je. Vous avez conscience de vous ; vous voulez quelque chose. Le surmoi, héritier du Père Fouettard, c'est un petit bonhomme intérieur qui interdit au moi de dire : moi, je. Le ça, on se demande ce que c'est que ça. Le génial Groddeck pense que c’est un petit machin qui se fourre partout (lire à ce propos Le Livre du Ça).
Transfert [F] : il y a différentes formes de transfert. Le transfert positif, c'est quand par exemple une cliente veut vous embrasser. Quand on vous crache dessus, c'est un transfert négatif. Si vous répondez par une paire de gifles, c'est un contre-transfert. Enfin, si un client vous remet un chèque, et si vous le faites virer à votre compte en banque, c’est un transfert de fonds, la forme de transfert de loin la plus intéressante. (Nota : il existe aussi des transferts latéraux. Mais nous pensons qu'il doit s'agir là d'un terme technique de rugby, où l'on passe le ballon à un coéquipier en le lançant latéralement et en arrière. Notez au passage la connotation anale.)
Types psychologiques [J] : c'est très facile. Il y a d'abord l'Introversion (masturbation mentale) et l'Extraversion (voyeurisme-exhibitionnisme). Vous avez ensuite les quatre types fonctionnels : le type Pensée (qui ne pense qu'à ça) ; le type Sentiment (qu'on ne peut pas sentir) ; le type Intuition (ou sale type) ; et le type Sensation (ou bordélique). Ça se complique un peu du fait qu'un type fonctionnel peut être introverti, extraverti et enfin — last but not least — inverti.
Vieux sage [J] : espèce de vieillard barbu qui apparaît dans des rêves à contenu initiatique. Pourvu d’un savoir et de pouvoirs immenses, il vous indique la voie à suivre. La première mention du Vieux sage se touve dans Astérix, sous les traits du druide Panoramix (Note pour les téléphiles : le Père Fouras n'est pas du tout un symbole du Vieux sage).
Voie royale : la psychanalyse est considérée comme la Voie royale vers l'Inconscient. Cette Voie est une véritable autoroute psychologique — et comme toutes les autoroutes, cette autoroute est ponctuée de péages.
Volonté de puissance [A] : théorie qu'Adler a piquée à Hitler. Selon Adler, la volonté suffit à surmonter sa névrose. Quant à Hitler (qui s’est inspiré de Nietzsche — qu’il n’a d’ailleurs jamais lu), il a toujours martelé en bon allemand « Make Germania great again ».
Voyeurisme : pulsion érotique qui pousse un névrosé à jouir du spectacle de la nudité d’autrui ou de scènes de copulation. C’est pas bien du tout. La télévision a porté les pulsions voyeuristes à leur paroxysme. « Pendant qu’ils se rincent l’œil, ils ne pensent pas à manifester sur les Champs-Élysées » a déclaré un fameux ministre de la Police. Le contraire du voyeurisme, c’est l’Exhibitionisme ou pulsion instrumentale, car ceux qui souffrent de cette névrose prennent du plaisir à exhiber leur flûte enchantée et à en jouer (gratuitement, nous tenons à le préciser) devant tous les passants, surtout si ce sont de jeunes femmes.
Zone érogène [F] : selon les théories freudiennes, tout le corps humain peut être zone érogène. Ne serrez surtout pas la main à vos patients ! Ils seraient capables de bander (ils sont capables de tout pour vous em…, même d'une bonne action !) Et de plus ils n'ont peut-être pas les mains propres.
Pour terminer ce rapide panorama psychanalytique, nous aurions voulu pointer ici deux concepts-clés de la psychanalyse, à savoir l'Homme et la Femme. Mais pour cela, il aurait fallu que nous b… [censuré] notre secrétaire, et, diable, les temps sont difficiles. Pas d'argent, pas de cuisse !
C'est pour cette raison, d'ordre purement matériel, que nous nous voyons obligés d'interrompre ici nos considérations théoriques.
₪₪ QUELQUES GRANDS NOMS DE LA PSYCHANALYSE ₪₪
Tout d’abord, la « Bande des Quatre » :
FREUD (Sigismund Schlomo Freud, dit Sigmund Freud) : cocaïnomane notoire, obsessionnel (il devait saluer chaque matin une statuette égyptienne sur son bureau avant de commencer sa journée). Personnalité hautement répréhensible. Quand on dit de quelqu'un qu'il a des mœurs freudiennes, ça signifie que c'est un fameux cochon. Freud est le père putatif de la psychanalyse. Malgré son nom (qui évoque le mot Freude, qui veut dire joie en allemand), Freud est le plus pessimiste des psychanalystes. Son appartenance à la communauté juive l’obligea à s’exiler à Londres, où il mourut, durant la Seconde Guerre mondiale.
Il était cocaïnomane à cause de son cancer de la mandibule (stade oral prononcé), dont il pensait atténuer les souffrances avec la cocaïne. Mais il n’a jamais été inquiété, car la D.E.A. n’existait pas à l’époque. Malgré toutes nos recherches, nous n’avons pas trouvé trace d’un lien entre Freud et Pablo Escobar.
ADLER (Alfred) : son nom signifie aigle, en allemand. Le premier disciple de Freud qui ait volé de ses propres ai(g)les. Médecin viennois, handicapé par sa petite taille, il édifia la théorie de la compensation d'organe en développant un sexe démesuré au développé-couché. Sa lecture est recommandée aux hommes victimes d’un complexe d’infériorité.
JUNG (Carl Gustav) : son nom veut dire jeune en allemand. A donné un vrai coup de jeune à la psychanalyse et au vieux mysticisme juif de la psychanalyse freudienne. Adopter un sourire d'indulgence quand quelqu'un traite Jung de « débile moralisateur ». En fait, Jung est la métempsycose du Bouddha (je le sais ; je l’ai vu).
LACAN (Jacques) : son nom vient du méridional « la calm » qui désigne un plateau montagneux et aride — allusion évidente à la pensée aride de Lacan. Ce dernier est le plus génial de tous. A écrit un fameux livre : Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (à savoir : Freud, Adler, Jung et Lacan) et également un autre livre : Sur les avantages et les inconvénients de porter une cape en vison, avec le curieux sous-titre : Ainsi se portera cette cape – je parie. On lui doit cette phrase admirable : « La psychanalyse est un remède contre l'ignorance. Elle est sans effet sur la connerie ». On mesure ainsi, par cet aveu, les énormes et multiples échecs de la psychanalyse en général, et de la psychanalyse lacanienne en particulier, en ce qui concerne nos contemporains.
Ensuite, tous les autres :
Il y a bien d’autres noms de la psychanalyse : Ernest Jones, Karl Abraham, Mélanie Klein, Georg Groddeck… Une princesse (Marie Bonaparte) se pencha même avec délicatesse sur l’âme humaine. La propre femme de Jung, Emma Rauschenbach-Jung, fut psychologue analytique (on lui doit un livre sur l’Animus et l’Anima, ainsi qu’une étude sur le Graal) ; la propre fille de Freud, Anna Freud, fut analyste. Évoquer tous les noms prendrait des dizaines et des dizaines de pages A4, ce qui n’est pas dans les moyens de l’auteur.
La psychanalyse (appellation freudienne) et la psychologie analytique (appellation jungienne) dominèrent la vie psychologique au XXe siècle, pour lentement décliner. La psychologie, la vie intérieure — ça n’intéresse plus personne. Le XIXe siècle vit l’émergence de la psychologie individuelle, le XXe siècle « découvrit » l’Inconscient d’une part, la femme ainsi que l’enfant d’autre part. Quant au XXIe siècle, il se consacre principalement à l’adolescent et à l’homo numericus, prisonnier du numérique et des GAFA. Cet homo numericus est de plus en plus dépourvu d’intelligence naturelle, mais est archi-bourré d’I.A. (intelligence artificielle), l’une compensant l’autre.
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En guise de conclusion, et pour terminer sur une note non plus rieuse mais sérieuse, on peut avancer que Freud créa, à partir de sa propre névrose, un système scientifique d’exploration de l’inconscient et il en fixa les règles et la langue. Lacan proposa une relecture de Freud, mais dans une langue tellement admirable et savante qu’on n’y comprend plus rien. Jung, lui, apporta une dimension plus spirituelle — et plus poétique. Et, finalement, le but de tout être humain n’est-il pas de devenir poète de lui-même — poète, du grec ποιεῖν (poiein) : « faire, créer » — c’est-à-dire de devenir créateur de sa destinée. « Trouve ton propre mythe » semble être aussi la grande leçon de Jung.
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