La réalité toute crue de l’activisme impérialiste occidental au Sahel…
Après avoir rappelé que le G5 Sahel couvre une zone géographique équivalente à l’ensemble du territoire européen – ce qui doit sans doute nous persuader du fait qu’il s’agit d’une contrée que l’Europe est tout à fait en capacité de mettre à sa botte -, le rapporteur de la délégation de la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale française, qui s’est rendue, tour à tour, au Niger et au Mali en octobre 2018 pour y faire les constatations d’usage et poser les bonnes questions aux responsables locaux, poursuit son exposé.
Nous l’avions entendu parler de sous-développement endémique, de pauvreté plus ou moins entretenue au sein d’une économie souterraine insaisissable pour les différents gouvernements africains concernés par cette zone, et puis de corruption… La suite ne fait que confirmer l’impression générale que nous avions ressentie :
« Autour de tout cela, nous trouvons des tensions inter-ethniques et un djihadisme d’opportunisme, en fait, différentes milices, ou chefs de guerre locaux, trafiquants, qui profitent de cette situation instable pour prospérer sur le plan d’une économie parallèle. »
Avant d’y regarder de plus près, voyons quelles sont les solutions dont les Occidentaux, qui mènent la danse au sein du G5 Sahel, se prétendent porteurs en face de populations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne se sont jamais remises des décennies de colonisation qui ont servi à découper irrémédiablement leurs géographies politique, ethnique et religieuse, ainsi que le soulignent parfaitement les termes ici utilisés de « tensions inter-ethniques », de « djihadisme d’opportunisme » et de « chefs de guerre locaux »…
Continuons notre lecture :
« La réponse doit être globale : un aspect militaire, la défense ; un aspect diplomatique ; mais aussi une aide au développement. Mais, bien entendu, nous n’oublierons pas aussi : favoriser la démocratie, favoriser la possibilité dans ces différents pays d’une représentation des populations et des différentes ethnies qui participent aussi à la stabilisation des instances locales. »
Le premier point rappelle que la force armée étrangère est ici indispensable… Pour quelle raison ? Parce que les armées locales ne suffisent pas à la tâche… Quelle est cette tâche ? D’où vient qu’il faille que, dans cette région, le maintien de l’ordre intérieur soit placé sous la responsabilité des hommes de guerre ? Ou bien, ces armées sont-elles sournoisement concurrentes entre elles sous un contrôle plus ou moins appuyé de certains pays occidentaux ?…
D’ailleurs… N’est-ce pas la diplomatie occidentale, et depuis si longtemps, qui joue ici un rôle qui n’a jamais été vraiment dissimulé aux yeux des diverses populations occidentales « informées », et donc intéressées par certaines parts du gâteau africain des périodes coloniales ou néo-coloniales ?
De plus, prétendre faire jouer la « démocratie » en Afrique, où aucune des structures de l’économie capitaliste ne se trouve véritablement insérée dans la vie de l’ensemble de la population, cela revient à s’en tenir à la stricte fiction de l’élection… Ce qui est non seulement dérisoire, mais criminel, puisque cela revient à ne pouvoir compter que sur la plus extrême corruption pour aboutir à des processus institutionnels qui ne peuvent être toujours qu’une complète mascarade…
Bien sûr, régulièrement, le château de cartes issu de telle ou telle élection s’effondre. Cela peut se faire sous les coups de révoltes intérieures dont il n’est pas interdit de penser qu’elles interviennent en synergie avec différents intérêts étrangers qui savent que, dans des pays aussi fragiles, la coupe des richesses à exploiter n’est jamais très éloignée des lèvres des plus habiles et les plus dépourvus de scrupules.
Ainsi sommes-nous actuellement dans un moment où les divers jeux de ces cartes, que l’impérialisme occidental aime tant à agiter devant les possibles responsables africains pour préparer avec eux la construction des châteaux du pouvoir, sont présentés comme autant de solutions qui n’auraient besoin que du minimum de cette paix sociale transitoire qui est toujours plus ou moins au bout du fusil du fantassin africain, mais surtout à la portée des avions, des hélicoptères, des drones et de toute la sophistication dont sont capables les armées de métier occidentales :
« La priorité est de produire de la sécurité pour favoriser la reconstruction d’États aujourd’hui contestés. Sans sécurité, il ne peut y avoir de développement. »
… de développement des intérêts impérialistes qui ne veulent, en aucun cas, retrouver devant eux des Etats solidement installés au coeur de sociétés africaines structurées en véritables démocraties économiques tout autant que politiques… N’est-ce pas, d’ailleurs, ce qu’autrefois on désignait du terme de socialisme au sens de Vladimir Ilitch Lénine ?… N’est-ce pas ce que les Occidentaux ont détruit en éliminant physiquement des Patrice Lumumba, des Thomas Sankara, des Muammar Gaddhafi…
La suite du rapport confirmera-t-elle ce que nous venons de dépister ?…
NB. En ce qui concerne les gros appétits de la France et les moyens qu’elle est prête à mettre en jeu pour les satisfaire, je renvoie à l’article que j’ai publié ici.
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