La réforme de l’Etat mérite un ministre « à part entière »
Article de la Gazette des Communes :
Pour réformer son secteur public, la France doit notamment se doter d’un ministre directement rattaché au Premier ministre et pleinement en charge de ce dossier, selon un rapport publié mardi par le commissariat au plan. "Il n’est pas vrai que les réformes soient plus difficiles à conduire en France qu’ailleurs", écrit Aurélien Colson, auteur de ce rapport sur "La conduite du changement au sein du secteur public" qui s’appuie sur les récentes réformes menées dans le secteur public, telles que celle des douanes ou celle de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). Critiquant le récent rattachement au ministère du budget de la réforme de l’Etat, précédemment associée au ministère de la fonction publique, le rapport énumère une dizaine de "propositions de réforme". Il juge ainsi que "la modernisation de l’Etat est une question de première importance (...) à laquelle doit se consacrer un ministre à part entière". Autre suggestion : développer la pluriannualité budgétaire pour assurer à ceux qui conduisent le changement, une "plus grande visibilité" sur les moyens à venir. La "réforme des corps de la fonction publique" et l’instauration d’une "procédure transparente de dépôt de candidatures" pour les nominations aux postes de direction d’administration centrale figurent parmi les autres pistes évoquées.
Le Grain de Sel de Yuca de Taillefer :
Réformes de l’Etat, Réformes des pouvoirs publics, Nettoyage des institutions ou changement d’institutions, Modernisation de l’Etat, Plus de visibilité, etc. bla bla bla...
Jolis Mots que cela, Belle Affaire, les institutions d’ailleurs, ça passionne les foules et la classe politique... bla bla bla
On en a tous rêvé de faire cela, des rapports des commissions, il y en a eu plein, tous les ans presque.. bla bla bla
Mais est-ce que cette fois-ci ce sera possible, et déconnecté des clivages politiques ??? ou ne serait-ce que du bla bla bla.. ?
Car va-t-on enfin s’attaquer aux vrais problèmes, dire enfin les vérités ??? De la volonté politique, des projets, nos politiques n’en manqunt pas toujours, ni de programme de "politique miracle". D’ailleurs chaque homme politique, soyez-en sûr, va se positionner pour 2007 pour "la rupture", "le changement", "le progrès".. réalité ou bla bla bla... ?
Bref, chacun va se montrer sous son meilleur jour, et surtout comme l’homme providentiel et bla bla bla...
Déjà, on peut presque se réjouir que la pratique politique soit contrainte d’évoluer : les candidatures des partis devront être soumises aux votes des militants, finies les investitures en sous-main dans des salons dorés et les parachutages de "grosses-têtes" en écartant les hommes de terrain (enfin on ne peut que le souhaiter !!).
Mais quel responsable politique, quel élu peut croire que l’on va insuffler du nouveau et fixer un cap en 100 jours ou en 20 mois ??? Quand on sait que la machine étatique, technocratique (donc de décision) a été multipliée de manière exponentielle ces dernières 80 années, et que tous les déficits ont explosé sous droite et gauche confondues depuis trente ans, celle-ci, pour exister, pour ne pas combattre le conformisme, préfère gérer à la petite semaine plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes et de fixer des horizons plus larges, en faisant participer le plus grand nombre. Des « plans de sauvetage » en 30 ans, il y en a déjà eu des milliers... La triste vérité, c’est qu’aujourd’hui les décisions ne se prennent que très partiellement au niveau des ministères et du gouvernement, tellement la société est multiple et paraît presque inchangeable... du moins sur le moyen terme ! Alors pourquoi parler de "ruptures" ou de "changements" ou du "progrès"... Cela semble bien vain !
S’il y a donc un ministère des pouvoirs publics et donc des mécanismes de prise de décision, donc de la "Réforme de L’Etat", celui-ci doit être bien sûr à part entière, et même indépendant, placer son action face à un horizon de long terme, au-delà des clivages idéologiques et des alternances de partis inévitables en régime démocratique.
De plus, il va falloir changer les pratiques politiques, et cela de plus en plus : les blogs sont l’illustration de ce phénomène ; car on ne veut bien s’intéresser à la politique, aux affaires de l’Etat, que si on comprend les mécanismes, et si le citoyen n’est pas pris comme un faire-valoir. Il va désirer de plus en plus être considéré comme un acteur à part entière, décidant de son avenir et de l’avenir de la collectivité.
Car l’Etat c’est "nous", l’Europe, c’est "nous", la région, c’est "nous" : « L’Etat est un produit de la société dans une certaine phase de son développement » (Engels).
Comment croire alors que les hommes politiques et les médias pourront toujours nous infantiliser, nous prendre pour des immatures ? Où sont les responsables : ceux qui veulent savoir, ou ceux qui pratiquent la politique de l’autruche ???
Et ce qui est encourageant, à mon niveau de citoyen, c’est que je pense que la démocratie ne pourra exister que si la citoyenneté va en s’approfondissant : on voudra bien payer (les impôts, taxes, prélèvements etc.) mais uniquement en sachant très exactement et précisément comment l’argent est utilisé, dépensé, aux centimes près.. et en acceptant de débattre, c’est-à-dire savoir parler et écouter sans « petites phrases » ou noms d’oiseaux..
... alors forcément la politique... tout le personnel politique, et tous les corps de décision vont devoir s’y faire... car la démocratie, pour perdurer, va obligatoirement changer les habitudes de pensée et de réflexion...
Et je pense également que l’on devra créer ou réinventer de vrais espaces de "démocratie à l’antique" et de « débat à l’athénienne » : certains s’y mettent déjà en bloguant, c’est un début intéressant, et on ne peut que les féliciter (au-delà des opinions de chacun) de le faire, de prendre ce temps, d’écouter et d’échanger, surtout quand ce débat est constructif (mais je constate que certains politiques ne font que discourir sur leurs blogs, alors que d’autres prennent aussi le temps de participer dans les commentaires de billets).
Qui pourra croire encore à une « politique miracle » ou à un « sauveur providentiel » ? ? ?
Pendant encore combien de temps pourra-t-on prendre l’électeur pour un godillot ?
Au contraire, faisons en sorte d’avancer, et la réforme de l’Etat doit être un chantier à part, à long terme, et en quête d’efficacité, de responsabilité, de visibilité.
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