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La République au service des marchés

 
Imaginons un individu qui, possédé par le démon du jeu et particulièrement malchanceux, multiplie les comptes en banques, et les découverts sur ses comptes, pour alimenter son obsession.

Imaginons ensuite que cet individu criblé de dettes et totalement dépendant, organise une fraude lui permettant de jouer avec une fortune fictive bien plus grande que celle qu’il possède en réalité.
Imaginons enfin qu’à l’issue de ces arnaques, incapable de rembourser ses dettes, notre ami se retrouve face aux inspecteurs de la Brigade de Répression des Fraudes.

On découvre alors que la fortune fictive avec laquelle il cherchait à s’enrichir était constituée de fonds appartenant à d’honnêtes citoyens, qui croyaient naïvement que notre margoulin investissait leur argent dans des projets à la fois utiles, sûrs et concrets.

Que mérite notre homme ? Une interdiction définitive de jeu ? L’obligation de rembourser ceux qu’il a arnaqué ?

Non. Il verra l’ensemble de ses dettes remboursées par les autorités, et repartira libre commettre de nouveaux forfaits du même acabit.

C’est un scénario absurde non ? C’est pourtant en substance cette logique qu’applique le gouvernement envers les financiers, courtiers et autres spéculateurs.

Mieux, le gouvernement cherche à les rassurer.

En effet, dernièrement, dans le contexte de la fameuse « crise grecque », Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont présenté un vaste plan de rigueur pour « assainir les finances publiques » et « rassurer les marchés ».
Il s’agit en clair de diminuer encore davantage la puissance publique, afin de coller servilement à ligne néo-libérale de l’Union Européenne, dans un geste particulièrement incohérent.
Car ces mesures s’accompagnent en parallèle d’un plan d’aide de 16,8 Milliards d’euros (voté par l’UMP et le PS) destiné aux créanciers de la Grèce. Ces derniers pourront à nouveau se servir de ce joli pactole pour alimenter leur démon du jeu, et spéculer sur tout et n’importe quoi (y compris les ressources naturelles, les dettes publiques, les monnaies), du moment que ça rapporte.

Ainsi, la France, non contente de voir son économie s’effriter jour après jour à cause de la spéculation, fournit à ces mêmes spéculateurs davantage de moyens pour accomplir leur besogne.

Le gouvernement français se montre ici plus soucieux pour les marchés que pour les Français, qui eux ne bénéficient ni de plan d’aide, ni même d’un quelconque soutien.

Il apparaît clairement que ce gouvernement n’est pas au service des français, mais à celui des marchés, et de l’Union Européenne.

Et si au lieu de rassurer les marchés, on les fermait ? Et si on en finissait avec le règne de la spéculation, de l’enrichissement, de l’endettement sans limites ? Et si, tout simplement, le gouvernement français se mettait au service des français ?
Avec des « si » on ferait beaucoup de choses me répondra-t-on, oui, et il serait temps de les faire.

Car la France arpente depuis plusieurs années le chemin du déclin. La présidence Sarkozy ne fait que catalyser ce processus de délitement généralisé, qui est le fruit d’une série d’erreurs des gouvernements successifs.

Ce qu’il faut à la France c’est un nouvel élan, un vaste projet de société articulé autour d’une alternative systémique à la fois économique, sociale, politique, internationale et environnementale.

C’est une nécessité et un défi historique, dont la première étape est sans aucun doute la sortie de l’Union Européenne, dont nous n’avons plus rien à attendre.

 

Vincent Vauclin


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6 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 27 mai 2010 11:37

    voter sert aryen
    les bankster dirigent le monde
    le NWO est arriver


    • Alpo47 Alpo47 27 mai 2010 11:42

      Ce qui se passe est tragique pour toutes nos sociétés.

      Mais le drame, ce n’est pas le pillage et les mensonges, cela c’est dans la nature profonde des sociopathes, mais dans le fait que les peuples ne sont plus représentés ou défendus par leurs élus. Car il serait facile de changer ces règles et de laisser ces prédateurs s’effondrer.
      Le drame, c’est aussi qu’une effarante majorité d’entre nous, anesthésiés, regarde, constate et ... ne fait rien.

      Tout le monde peut voir le pillage, la désinformation qui va en faire porter le poids par les peuples et quasi personne,notamment parmi les politiques « majeurs » ne s’oppose.
      Tout le monde peut constater qu’il y a un moyen très simple de remettre de l’ordre. D’abord, de laisser ceux qui ont pris les risques les assumer, ensuite de reconsidérer les taux de prélèvement des gros revenus et du capital, également les différentes cadeaux aux entreprises et aux mêmes « élites ». Les calculs sont simples et les chiffres connus.

      Qu’est ce donc le plus grave : Que le système bancaire privé s’effondre, aussitôt remplacé, ou que les peuples soient paupérisés pour des générations ? Les politiques ont répondu en faveur du système bancaire. Sauver les prédateurs est donc leur priorité.
      Le système prédateur est en train de réussir son hold-up sur les ressources financières de nos sociétés. 

      Faute de changement imposé par les peuples, soyons certains que DEMAIN SERA PIRE QU’AUJOURD’HUI .


      • LE CHAT LE CHAT 27 mai 2010 11:59

        sarko et les socialos main dans la main ont voté en catamini la constitution en s’asseyant sur notre légitime Non de 2005 , la France a perdu sa souveraineté , seul un vote pour des partis souverainistes qui nous feront sortir de ce merdier et qui ne sont pas à la botte des banques et des lobbies a encore un sens !


        • eclipse 27 mai 2010 15:45
          > C’est pourtant en substance cette logique qu’applique le gouvernement envers les financiers, courtiers et autres spéculateurs.

          La métaphore que vous développez dans les premiers paragraphes de votre article ne correspond pas du tout aux « financiers » et autres acteurs du marché, mais bien au gouvernement grec.

          Qui est totalement criblé de dette ? l’état grec
          Qui a falsifié ses comptes pour entrer dans la zone euro ? l’état grec
          Qui a demandé à Goldman Sachs de faire un montage financier pour s’endetter davantage ? l’état grec
          Qui a utilisé une « fortune fictive » à des fins dicutables ? l’état grec
          Qui ensuite demande aux contribuables européens de payer pour sa gestion calamiteuse ? l’état grec

          • Lucien Denfer Lucien Denfer 27 mai 2010 18:54

            Bonjour,

            C’est aujourd’hui une évidence que la république est au service des marchés même si cela ne semble pas inquiéter les « citoyens » qui sont piégés entre leurs difficultés au quotidien et le peu de cas qui est fait de leur volonté (référendum ou le non à l’europe s’est clairement exprimé).

            J’ai lu votre contribution « le moment est venu » et je l’ai trouvé intéressante (même si je ne partage pas votre opinion sur le réchauffement anthropique). Vos propositions pour une société post-capitaliste sont pragmatiques et humanistes mais je ne vois pas comment opérer une transition vers un ordre économique, social, politique, international et environnemental depuis le chaos.

            La situation actuelle que vous décrivez dans cet article montre que les politiques sont élus par le peuple pour servir une oligarchie toute puissante. Pourtant votre projet de société post-capitaliste s’appuie sur un état fort et omniprésent.

            Comment passer d’une citoyenneté qui ne donne que l’opportunité de voter de tant en tant pour des personalités qui finalement font des lois contraires à nos intérêts, pour aboutir à une société post-capitaliste où la notion de citoyenneté prendra sa pleine mesure ?


            • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 27 mai 2010 19:46

              Quand l’état ce mêle de la finance, il y a nécessairement collusion.

              Le seul rôle de l’état, est de contrôler la véracité des informations produites, et d’imposer une transparence.

              L’état est incapable de normaliser les systèmes financiers, et cela pour une raison simple : Ce sont ceux qui créent les réglementations qui sont ensuite débauchés pour les contourner, mais avec un temps d’avance. Ceux qui sont expérimentés travaillent pour les grandes banques d’affaires, et les débutants sont dans les organismes de contrôle. Les réglementations n’avantagent toujours que les plus puissants. Ca les protège même de la concurrence. C’est pour cela qu’ils en redemandent.

              Goldman Satch a été contrôlé. Murdoc a été contrôlé, c’était même un argument de vente. La Société Générale a été contrôlé peu avant l’affaire Karviel.

              En revanche, si les comptes sont librement accessibles, il y aura toujours des personnes qui analyseront les données et pourront les commenter.

              Enfin, une démocratie fonctionne sur un équilibre des pouvoirs. Si le politique a le pas sur la finance, son pouvoir devient immense : Qui va financer l’opposition ? qui va financer des contre-enquêtes ?

              Ne faites pas le jeux des grands groupes financiers en demandant plus de contrôles et plus de règles !

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