La République est-elle en danger ?
Répondre à l'aveu de M. Cahuzac en déclarant que les hommes politiques sont tous sans exceptions des modèles pour le citoyen (propos tenus le soir même par le premier ministre) n'est-il pas une atteinte grave à la vérité et aux bases mêmes d'une République qui vascille sous les "affaires"...
On peut s'étonner, à la suite de l'affaire des aveux de M.Cahuzac, qui touche à n'en pas douter en premier lieu le Président François Hollande lui-même, qu'une autre affaire, encore plus alarmante pour lui, éclate au même moment concernant le financement de sa campagne électorale.
Les maladresses
La défense organisée de façon bien maladroite par les "hommes du président" ne laisse de surprendre. On entend ici le Premier Ministre dire son indignation devant les procédés de son ancien ministre du budget, soit, pourquoi pas, mais on l'entend aussi dire que la classe politique est touchée dans son honneur parce qu'elle est un "exemple" de …vertus pour le peuple. On reste sceptique et ce d'autant plus que le même Premier Ministre donnera pour preuve quelques heures plus tard de la vertu de certains élus l'emploi immodéré de polices parallèles lorsque ces derniers étaient aux affaires. C'est à tout le moins paradoxal et bien ambigu. On a aussi bien du mal à croire que M. Cahuzac soit le seul homme politique français à avoir eu un compte bancaire en Suisse, même si la méthode qu'il employa ne relève pas d'une science consommée de la finance et de ses "astuces".
On entend ensuite que la magistrature doit être "indépendante". Ce vieux cheval de bataille fait frémir plus d'un lorsque l'on se souvient que sur les 4200 magistrats qui officièrent sous Vichy, 20 seulement furent poursuivis pour des "manquements divers" et 2 furent exclus définitivement. Comment d'ailleurs être indépendant, lorsque votre vie est marquée par votre "notation", notation qui de façon totalement indépendante est le fait du Prince.
Cette impression de malaise fut encore amplifiée par le Garde des Sceaux qui n'hésita pas à donner la preuve de l'indépendance de la magistrature en déclarant à l'Assemblée Nationale qu'elle connaissait un certain nombre de dossiers menaçants pour des personnes de l'opposition. Puisque les magistrats sont indépendants, qui a bien pu lui fournir ces indications ?
Les choses cafouillent encore plus lorsque l'on soutient que l'on ne pouvait être au courant. Toute la presse a repris la petite formule : si le président ne peut pas savoir ce que peuvent savoir des journalistes, comment peut-il gouverner ? Est-ce sur des impressions aussi vagues qu'il a pris la décision d'envahir le Mali et d'engager la France dans une lutte solitaire contre le "terrorisme international" ?
Passons sur le courroux de Mme Aurélie Filippetti qui avoue qu'elle ne voit pas comment on peut faire 600 000 euros d'économies avec un salaire comme le sien de 9000 euros par mois. C'est vrai que M. Apparu, montrant son bulletin de salaire à la télévision, proférait le même constat attristé. C'est vrai aussi que nous connaissons beaucoup de couples de retraités qui vivent avec 9000 euros…par an. Mais, ces derniers méritent-ils de vivre ?
On a pensé "naïvement" pendant un temps que 17 ans loin du pouvoir avaient permis au PS de comprendre les erreurs à éviter...
Le nouveau coup
La situation de M. François Hollande était à l'évidence délicate après l'affaire Cahuzac. Elle devient très préoccupante après l'affaire du financement de sa campagne par le biais des réseaux de l'argent pas très propre qui circule dans certains enfers que la presse a pris l'habitude d'appeler des paradis. On espère qu'il pourra se justifier rapidement, car il y va de la stabilité même des institutions de la France. On remarquera aussi que beaucoup de critiques visent l'honneur même du Président de la République et cela est quand même d'une extrême gravité.
Le Washington Post et les "hommes du Président"
Toutes ces affaires ont été amenées à la connaissance du grand public, par des journalistes. On retrouve même le célèbre Washington Post, celui-là même qui fut à l'origine du Watergate. L'opération apparaît mondiale. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), a reçu d'un correspondant anonyme (on ne peut s'empêcher de penser à "gorge profonde") 260 gigas de données bancaires touchant des centaines de milliers de sociétés factices et près de 130 000 fraudeurs. Ces documents sont "bruts" et réclament un long travail de décryptage…C'est autour du Washington Post que ce travail s'organise.
Mais, quel est le but visé aujourd'hui ? La question est d'autant plus angoissante que l'on ne peut nier que si le Président est directement touché, la classe politique française l'est tout autant et plus d'un est resté pantois devant les hauts cris de personnages qui paraissent avoir une mémoire très … courte.
Il est également difficile de ne pas voir dans tout cela une "main invisible", comme l'aurait dit Adam Smith, mais ici une main invisible qui ne semble pas avoir pour but de faire fonctionner la machine, mais plutôt de la détruire. Au profit de qui ?
L'indépendance de "Bordeaux"
Au moment où je termine ce billet, je viens d'apprendre avec un certain effroi, que par le plus grand des hasard, et alors que l'instruction n'a pas encore commencé, que le Procureur de Bordeaux a décidé de demander un non lieu pour l'homme aux mille milliards dans l'affaire Bettencourt. Faut-il croire au hasard ou à une sorte de "marché" inavouable ?
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