La résistance contemporaine au capitalisme
Mais qui s’oppose encore aujourd’hui au capitalisme en Europe ? Qui lui résiste encore et croit pouvoir le vaincre ? Des millions de citoyens. Ils ne sont pas rassemblés, ils ne sont pas réunis dans un même mouvement, ils n’ont pas encore conçu une politique nationale ou européenne capable de faire sortir notre société dans son ensemble de sa médiocrité capitaliste, mais ils sont bien là, vivants, épars, atomisés ou constitués en petits groupes, luttant et résistant à leur échelle à une logique qui ne cesse de leur apparaitre plus bête qu’humaine.
Le discours capitaliste ose proclamer que le bonheur consiste à s’enrichir, et encourage individus et collectivités à poursuivre les richesses. L’Etat vise alors la croissance économique de la nation et, par elle, son propre enrichissement, via l’impôt. Les entreprises et actionnaires réinvestissent leurs gains pour devenir plus riches. Les salariés sont amenés à manifester leur volonté de voir leurs salaires augmenter. Nul n’est plus méprisé que le pauvre, soit qu’on le plaigne, soit qu’on le désavoue, soit qu’on l’exorte à se hisser hors de la pauvreté. Ainsi murmure le cavalier à l’oreille du cheval : "Plus riche, plus riche" dans tous les coins de la société. Et le cheval toujours galope.
Mais qui résiste à ce commandement ? Tout ceux qui oeuvrent en vue d’une autre fin, tous ceux qui cherchent et trouvent leur bonheur individuel et collectif ailleurs que dans le simple accroissement des richesses. Tous ceux qui se détournent volontairement et consciemment de cette vulgaire éthique capitaliste, qui restent sourds aux appels de l’argent, ne se laissant pas charmer et distraire par la sirène vénale qui résonne aujourd’hui au coeur de la cité. De tels citoyens existent, ils sont à côté de nous, ils habitent notre ville. Ils sont déjà là. Nous sommes des millions, qui résistons dans l’ombre, résolument, sciemment et patiemment au capitalisme et à son mauvais esprit.
Mais quel mal causons-nous à ce système capitalisme ? En quoi notre présence lui est-elle néfaste ? En ceci que le capitalisme doit se développer : s’il cesse de se répandre, il meurt. Tout frein à l’idéologie capitaliste, tout refus d’obtempérer, toute résistance à sa diffusion au sein du peuple et au sein des peuples est pour lui coup mortel : le capitalisme est un mouvement, une dynamique tendue vers le "toujours plus". Lui dire "assez !", c’est le tuer.
En se contentant de la pauvreté, en refusant de trop consommer, en prenant garde à ne pas donner d’argent à ceux qui en sont avides, en ne cherchant plus à gagner plus, des millions de petits gestes, de petits actes, en Europe comme dans le monde, entravent et participent au blocage du bon fonctionnement de la machine capitaliste et préparent sa chute. Le gigantesque accroissement des efforts publicitaires soutenus par la société occidentale pour inciter à la consommation, l’énergie colossale développée par notre Etat, notre président de la République, son gouvernement, ses assemblées, ses administrations, son parti et ses médias pour pousser le peuple français au travail et à la poursuite des richesses, loin d’être des signes de bonne santé de notre économie capitaliste montre au contraire à quel point celle-ci se sent menacée dans son développement et cherche à s’imposer par force.
Le Dieu argent ne séduit plus, et il le sait. L’empire américain, son peuple élu, se trouve au bord du gouffre financier. La terreur est parmi les partisans du capitalisme : elle cèdera bientôt la place à la panique. Alors, n’oublions pas que le temps n’a besoin que d’un jour pour mettre à bas toute une économie capitaliste, quand bien même celle-ci serait mondiale.Je ne sais s’il choisira un jeudi pour orchestrer ce grand évènement, que nul ne peut empêcher ou planifier , mais je sais que ce jour-là ne sera pas pour moi un jour noir. D’un coup l’argent perdra toute sa valeur. Nul n’en voudra plus, tous le fuiront. Pour quelque temps. C’est ce moment qui est décisif, c’est ce moment qu’il faut guetter, c’est à ce moment que devront se manifester ensemble les combattants de l’ombre contre le capitalisme.
Mais c’est par la parole qu’il nous faut achever cette idéologie : aux mots doit revenir l’insigne privilège de porter le coup de grâce. Nous ne sommes pas des barbares, nous sommes des Européens libres, la joute sera verbale, le champ de bataille, politique, l’enjeu, notre bonheur. Mais il faudra bien du courage pour combattre publiquement le capitalisme, et la vision du bonheur qu’il propose aux humains, plongés que nous serons dans le chômage, la misère et l’insécurité, et face à un Etat dont l’impuissance à imposer de force le retour de la prospérité le rendra méchant et hargneux, voire fasciste. Trouvons ce courage ! Osons réduire en miettes cette idéologie des plus funestes pour notre humanité. Ne retenons pas nos coups, tranchons dans le vif, visons le coeur. Et croyons à la victoire. Croyons en la possibilité que s’épanouissent dans notre patrie d’autres discours, d’autres visions du bonheur, d’autres manières de vivre ensemble bienheureux. Croyons, nous aussi, au miracle : que le peuple français parvienne enfin à trouver une autre voie, par les mots plutôt que par les armes. Les Français sont-ils devenus un peuple d’incapables ? Ont-ils perdu leur instinct politique ? Peuvent-ils ne pas être à la hauteur des mots ? Je ne le pense pas mais tâchons de le prouver.
Où se trouve aujourd’hui le champ de la politique ? Quelles flèches meurtrières lancer contre le discours capitaliste et quelle défense lui opposer ? A chaque résistant de trouver ses armes favorites, et l’adversaire à sa mesure.
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