La Retraite de M Hollande
La divulgation du montant de la retraite de M Hollande choque.
Combien va toucher de retraite notre cher (ô combien cher !) président de la république ?
Environ 36.000 euros brut par mois, sans compter les avantages d'ancien président. cf http://www.marianne.net/Francois-Hollande-une-retraite-normale_a243195.html
- 6.000 euros, comme ancien conseiller puis président de conseil général, adjoint au maire puis maire de Tulle, conseiller régional
- 6.800 euros, comme ancien député pendant 20 ans et ancien député européen pendant 5 mois
- environ 300 euros, comme ancien prof à sciences Po
- 6.000 euros, comme ancien président de la république, soit la « dotation annuelle d'un montant égal à celui du traitement indiciaire brut d'un conseiller d'État en service ordinaire »
- 12.000 euros comme membre de droit du conseil constitutionnel (je croyais qu'il avait abrogé cette disposition ?)
- 5.000 euros, pour avoir cotiser continuellement à la Cour des Comptes, malgré le peu de fréquentation : 3 ans puis quelques mois, et encore on ne parle pas de l'intensité du travail fourni. Contrairement à ce qu'il avait fait savoir, il est en "détachement" de la fonction publique – et non en disponibilité comme cela est imposé aux membres du gouvernement depuis la loi sur la transparence de la vie publique - du coup ses points de retraite se cumulent ainsi que son avancement de carrière.
Dans une vidéo datée de 1989, François Hollande explique qu’il est un « privilégié » et qu’il a longtemps été payé par l’État français, à ne rien faire. Une vidéo édifiante ... « Si je ne faisais absolument rien à la Cour des comptes, je continuerais à gagner 15 000 francs par mois, 25 000 si je faisais des rapports, mais sans forcement en faire énormément. Je pourrais doser mon travail, rester chez moi quand je suis fatigué, aller à la Cour des comptes dans mon bureau pour passer des coups de téléphone. Bref, je serais totalement libre. Je serais un vrai privilégié comme je l’étais avant d’être élu député ». cf http://24heuresactu.com/2012/03/09/hollande-avoue-quil-est-paye-a-ne-rien-faire-video-scandale/ http://youtu.be/_Z3Hx14QkbY
Quels sont les avantages non comptés dans les 36.000 euros mais que paieront nos impôts ?
Comme ses prédécesseurs, il pourra, s'il le souhaite, disposer d'un bureau mis à sa disposition par l'État. Dans les beaux quartiers de la capitale, de préférence :
Valéry Giscard d'Estaing s'est installé boulevard Saint-Germain,
Jacques Chirac a choisi la rue de Lille.
Il aura par ailleurs droit à 7 collaborateurs dont le traitement est pris en charge par l'État :
1 directeur de cabinet, fonctionnaire de catégorie A (la plus élevée),
1 employé des archives nationales,
2 secrétaires particuliers
et 3 secrétaires dactylo
et d'autres collaborateurs et avantages :
2 chauffeurs avec une voiture de fonction
2 fonctionnaires de police chargés d'assurer sa protection.
des officiers de police pour garder son domicile personnel
une carte illimitée pour voyager en classe affaires sur les réseaux SNCF et Air France
un hébergement dans l'ambassade de France s'il se rend à l'étranger, où il sera accueilli par l'ambassadeur
Tous ces avantages ont un coût, difficile à évaluer car il dépend des choix de chaque ancien président. Dans son livre L'Argent de l'État, le député apparenté socialiste René Dosière, spécialiste du train de vie de l'État, l'évalue à 1,5 million d'euros par an et par ancien président.
A président normal, retraite de président normal, mais pas de citoyen normal.
La Direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (Drees) détaille le montant des retraites. En 2012, les retraités tous régimes confondus (salariés du privé, artisans, indépendants, agriculteurs, etc) ont touché en moyenne 1.288 euros par mois, soit 3,6 % (=1.288 / 36.000) de la future pension présidentielle, sans compter ses avantages en nature.
A noter qu'en 2012 l'écart de pensions entre hommes et femmes s'est creusé. La pension moyenne de droit direct s'élevait à 1.654 euros pour les hommes et à 951 euros pour les femmes. cf http://www.drees.sante.gouv.fr/retraites,52.html
Qu'en penser ?
Je pense à la séparation des pouvoirs qui n'est pas respectée.
Je ne pense pas ici à la séparation des pouvoirs exécutif et législatif, quoique Montesquieu se retournerait dans sa tombe s'il voyait à quel point les deux pouvoirs exécutif et législatif sont aussi peu séparés. Le chef du parti devient président et il sélectionne les candidats aux élections législatives. Ceux-ci lui doivent allégeance s'ils veulent avoir les moyens d'être élus. Les lois sont votées après avoir été préparées par le gouvernement suivant l'ordre du jour qu'il impose à l'assemblée. Le parlement est une chambre d'enregistrement.
Je pense à un manque de séparation des pouvoirs plus grave qui se situe entre les donneurs d'ordre (les politiques élus) et les exécutants (les fonctionnaires). La précarité qui résulte des aléas électoraux sélectionnent des candidats qui ont un parachute au cas où ils seront battus : en grande partie, ce sont les fonctionnaires qui bénéficient de ce parachute, ils peuvent retourner dans l'administration sans problème. Nous avons donc beaucoup de fonctionnaires aux commandes de l'Etat. Une carrière à vie. Un salaire qui évolue avec le temps. Une retraite garantie sur les 6 derniers mois, et non pas sur la moyenne des 25 meilleures années comme un vulgaire salarié du privé. Tout cela les maintient dans une bulle loin de la vie des gens normaux. A la fois décideurs et exécutants, ils modèlent la société à travers le prisme de leur perception.
Nous sommes ici proche de la société chinoise quand elle était aux mains des mandarins, quand elle se figeait et périclitait lentement avant de tomber aux mains de l'étranger.
La situation n'est pas nouvelle. Mais tout s'accélère.
Le 14 avril 2005, Jacques Chirac avait ressenti cette incompréhension devant des jeunes qui lui ont répondu "Monsieur le Président parlait de la peur. Excusez-moi, mais il ne s'agit pas de peur. Parce que, effectivement, on ne vit pas la même réalité et je ne pense pas que l'on vit la même chose et on ne parle pas de peur." cf http://www.lexpress.fr/actualite/politique/television-ces-francais-stars-face-aux-presidents_1619332.html
Enfermé dans sa bulle, la perception qu'a le président de la société diffère grandement de la réalité. Les signaux qu'il envoie pour communiquer sont interprétés à l'opposé de ce qu'il voulait dire, comme ce discours en Bretagne sous une pluie battante, où il avait sans doute à l'esprit la photo du président Mitterrand jouant au golf malgré le gros temps. C'était une image forte, prise apparemment à son insu, mais qui renvoyait un homme déterminé face à l'adversité.
Mais ce 25 août 2014 dans l'ile de Sein, sous une pluie battante, sans parapluie, le chef de l'État multiplie les bafouillages et évoque notamment le « parti échoué » à la place de la « patrie échouée ». Les réseaux sociaux se moquent. L'image est épouvantable. Pourquoi subir les éléments pour un discours que tout le monde va oublié aussitôt dit ? Gérard Lanvin n'y va pas par quatre chemins "Quand il pleut, il vaut mieux avoir un parapluie que passer pour un con devant le monde entier..." cf http://www.youtube.com/watch?v=VcIgh9c5f2c
Le montant de la pension n'est qu'un élément qui s'ajoute aux autres. En un mois, ce montant correspond à ce que vont toucher d'autres en plus de deux ans, à ceux-là mêmes à qui les nantis et protégés demandent des sacrifices, repoussent l'âge de la retraite et diminue la pension. C'est l'un des signes de ce système de privilégiés qui façonne la société pour eux-mêmes aux dépens de la majorité.
La retraite de Hollande est comme la retraite de Russie. Elle n'est pas la fin d'un système politique, mais elle l'annonce.
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