La SACEM a-t-elle exporté son modèle et ses méthodes ?

Lorsque le chœur entonna la chanson "Smouglianka,
Puis les vétérans entonnèrent "Feu éternel" (Youtube), et les hommes notèrent à nouveau quelque chose. Et ainsi de suite jusqu’à la fin du concert, quand les "artistes" se rendirent à un modeste buffet, où ils burent un peu de cognac et reçurent de petits cadeaux.
Le choeur de vétérans a tout récemment appris qui étaient ces hommes mystérieux : les "fans" aux calepins se révélèrent être des collaborateurs de la Société des auteurs de Russie (RAO). Après le concert, ils firent un rapport qui fut envoyé… chez le procureur.
La raison est la suivante : l’administration de la ville, qui a organisé le concert, n’avait pas le droit de permettre aux vétérans d’interpréter des chants patriotiques sans avoir acheté la licence chez la RAO. Autrement dit, il faut payer pour chaque chanson interprétée ! Les vétérans, évidemment, n’avaient pas d’argent - ce sont les autorités de la ville qui ont dû casquer. C’est ce que dit la loi sur les droits d’auteur.
C’est ainsi, mais ça sonne comme un blasphème la veille du Jour de la victoire (9 mai), quand il faut rendre hommage aux vétérans, plutôt que de leur rappeler des problèmes de licences…
Marina Mouradova, porte-parole de la RAO :
« Nous avons une politique souple envers les concerts caritatifs. Si pour un concert commercial nous prenons 5% de revenus, les organisateurs d’un concert caritatif ne nous doivent qu’un pour cent. »
Le compositeur Anatoli Novikov et le poète Iakov Chvedov (auteurs de "Smouglianka") ne sont plus de ce monde, mais la fille du compositeur, Marina Novikova (82 ans) est encore en vie. Elle a été très impressionnée par cette nouvelle.
« Je suis stupéfaite, - avoua-t-elle. - Je comprends qu’il y a la loi, grâce à laquelle je reçois des versements - des sommes très petites, croyez-moi. Mais je n’ai aucune exigence envers les organisateurs de concerts gratuits, où on interprète des chansons de mon père. Que les vétérans chantent gratuitement. Et l’anniversaire de la victoire - c’est sacré ! »
Le poète Ilia Reznik a dit :
« La RAO a mis ces adhérents devant un choix : soit ils font semblant s’être contents, soit ils quittent cette organisation et protègent leurs droits tout seuls. »
Cependant, sans cette organisation un artiste se retrouve sans secours. Pendant les 16 ans de son existence, la RAO a eu le monopole du marché, ayant supprimé tous les concurrents - les organismes qui proposaient aux organisateurs des conditions plus favorables.
De plus, le fonctionnement de cette organisation n’est pas des plus clairs… En 2009, la RAO a perçu 2,8 milliards de roubles, ses locaux se trouvent au centre-ville de Moscou (où le foncier est très cher), et d’impressionnants travaux de rénovation ont été engagés… Mais est-ce que les artistes reçoivent leur dû ?
Selon Andreï Agapov, impresario :
« Pendant 5 ans, j’ai organisé à Moscou les concerts de Slava Polounine, en payant à la RAO ce qu’il faut. Ça fait 5,5 millions de roubles environ. Mais… Polounine n’a toujours pas vu cet argent. Et la RAO évite de répondre. »
PS : Librement traduit de l’article original par des espérantistes russophones. Apprenons l’espéranto, la langue internationale équitable, « open source ».
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