j’arrive un peu tard sur ce forum , mais je voudrais vous faire partager un article de sami el Mouny pour mena
Le Wall Street Journal a publié hier, vendredi, une
interview exclusive accordée par le chef du Hamas, Khaled Mashal, depuis son
domicile dans la capitale syrienne.
Dans ses propos, Mashal revient sur des déclarations que nous
avions déjà mentionnées dans ces colonnes, et qui annoncent un changement de
cap fondamental dans l’option politique du mouvement terroriste islamiste.
Mais, alors que les affirmations précédentes de Mashal manquaient
de traçabilité, en choisissant de les énumérer dans l’un des supports
médiatiques les plus exposés de la planète, le WSJ, il a décidé de les
transformer ainsi en un pronunciamiento quasi officiel.
Voici précisément ce qu’a dit le leader du Hamas à nos
confrères : "Nous avons, en consensus avec d’autres factions
palestiniennes, accepté un Etat palestinien sur les lignes de 1967 ; ceci
constitue notre programme national, c’est notre programme. C’est une position
que nous adoptons et que nous respectons".
Mashal a ajouté : "Le Hamas, ainsi que d’autres groupes
palestiniens, acceptent de collaborer à tout effort, qu’il soit américain,
international ou régional, visant à trouver une juste solution au conflit
israélo-arabe, à mettre fin à l’occupation israélienne, et à attribuer au
peuple palestinien le droit à l’autodétermination".
Le bureau du 1er ministre israélien a immédiatement
réagi à cet article, par la voix du porte-parole Mark Regev, rejetant les propositions
de Mashal, en les considérant comme "des tentatives de jeu de langage,
arrangées de façon cosmétique, de manière à donner l’impression d’un éventuelle
modération politique". Mashal, a poursuivi le porte-parole de Binyamin
Netanyahou, "demeure enraciné dans une théologie extrémiste, qui s’oppose
fondamentalement à la paix et à la réconciliation".
Si l’entourage de Netanyahou entend par là que le Hamas demeure
un mouvement islamiste djihadiste, visant, en fin de compte, à l’islamisation
du monde, il a parfaitement raison. C’est sa raison d’être, sa marque de
fabrique.
En revanche, si le gouvernement israélien est authentiquement
persuadé qu’il s’agit d’un changement uniquement cosmétique, il commet une
erreur d’appréciation grossière.
De plus, il convient de le rappeler à Mark Regev, tous les
gouvernements israéliens ont toujours accepté le principe d’une discussion avec
le Hamas, à la condition que ce dernier accepte, même en théorie, le principe
de l’existence et du maintien de l’Etat hébreu. Je crois que cette condition
est en passe d’être remplie.
Non que le Hamas nous soit devenu sympathique, lui qui vient d’alourdir
encore les privations de libertés individuelles pour les habitants de Gaza, et
d’empêcher, manu militari, aux délégués du Fatah vivant dans la Bande de se
rendre aux assises de leur parti en Cisjordanie.
Mais là n’est pas la question.
Pour qui connaît le mode opératoire des organisations islamistes
au Moyen-Orient, tels le Hamas ou le Hezbollah, une déclaration du genre de
celle de Mashal ne peut pas procéder d’un travestissement de leur opinion
réelle. Le croire, consisterait à commettre une erreur d’appréciation
stratégique.
Car le nouveau manifeste de la « Résistance islamique »
(Hamas), acceptant l’idée d’une solution au conflit autre que celle de la
destruction physique de l’Etat hébreu, et acceptant l’établissement d’un Etat
de Palestine sur la portion contrôlée par la Jordanie au 2 juin 1967, aura des
implications pratiques immédiates au sein du Hamas et du monde arabe.
Une sphère dans laquelle on n’a jamais joué sur les mots – à l’exception
de Yasser Arafat – dès lors qu’il fut question de la reconnaissance ou non de l’entité
sioniste.
Cette question participe de la définition même, de l’identité, du
fondement des Arabes. Le Hamas s’est disputé sur chaque virgule des textes
proposés, des années durant, par l’OLP et l’Egypte, pour, en fin de cause,
exclure toute interprétation qui aurait laissé entendre qu’il était prêt à
cohabiter avec Israël.
Si tel n’avait pas été le cas – la reconnaissance du droit d’Israël
à l’existence était tout ce qu’on lui demandait – l’organisation de Khaled
Mashal dirigerait actuellement le gouvernement de l’Autonomie Palestinienne,
après avoir remporté les élections générales de janvier 2006.
Mais c’est justement l’intransigeance du Hamas, celle de Mashal
en particulier, sur le point précis de la coexistence avec l’Etat hébreu, qui
leur a valu la situation catastrophique dans laquelle cette organisation se
trouve aujourd’hui.
Cette situation qui la force désormais à modifier entièrement son
manifeste, au risque de devenir une composante négligeable du processus
international de solutionnement du conflit israélo-arabe.
Il est absolument clair que Mashal ne fait pas cette déclaration
de gaîté de cœur, et qu’elle représente un revers pour son clan et ses commanditaires,
en Iran et en Syrie.
Tout comme il est clair qu’il serre la main qui lui est tendue,
du bout des doigts, par les émissaires officieux du Président Obama, entrés en
contact avec son mouvement. Que c’était soit saisir cette main, soit couler au
fond de la piscine.
Je le répète une fois encore sur les pages de la Ména, c’est l’opération
militaire israélienne Plomb fondu qui a planté les clous dans le
couvercle du cercueil des islamistes palestiniens. Cette opération a fonctionné
au-delà des pronostics les plus optimistes de l’état-major de Tsahal.
Elle a fait de l’assistant de Mashal sur place à Gaza, Ismaïl
Hanya, le gestionnaire, pour Israël, d’un territoire en ruines ; son
répondant pour le maintien du calme qu’elle a imposé par la guerre. La preuve
indisputable de cette équation, c’est qu’on dort très bien à Sdérot.
Une preuve qui établit que la décision du Hamas de dénoncer la
trêve et de lancer des bombes sur ses voisins était une erreur d’estimation
stratégique triviale.
Or, grâce à la coopération militaire grandissante entre Israël et
l’Egypte, inspirée par leur opposition commune aux ayatollahs et à leurs porte-flingues,
au refus obstiné de ces deux pays d’ouvrir le robinet d’aide permettant la
reconstruction de Gaza, aussi longtemps que cela ajouterait du crédit aux
islamistes, l’organisation de Mashal est condamnée à jouer les concierges de
Jérusalem.
D’autre part, en Cisjordanie, la situation a passablement évolué.
L’administration Netanyahou- Barak a effectivement levé tous les check-points
principaux qui entravaient la libre circulation des Palestiniens. Nous passons,
sans nous arrêter, là où, il y a seulement quelques semaines, nous mettions
trois ou quatre heures à franchir un barrage.
Les ponts sur le Jourdain, reliant la Rive Occidentale au royaume
hachémite, vont, très bientôt, demeurer ouverts jour et nuit. Les contrôles
douaniers et policiers, ici aussi, ont été considérablement allégés, au point
que l’on traverse cette frontière en l’espace de quelques minutes.
Ces mesures ont instantanément donné un coup de fouet à notre
économie, ce, d’autant plus que des milliers de Palestiniens sont à nouveau
autorisés à franchir la ligne verte et à aller travailler en Israël. A nouveau,
ils en rapportent des sommes considérables, qui font repartir les affaires.
Toutes les villes de Cisjordanie profitent de la manne, mais
Ramallah, à la lisière de Jérusalem – notre « capitale » temporaire –
plus que les autres. On y voit des centaines de véhicules neufs, les
restaurants de luxe font le plein, une génération de yuppies palestiniens est
en train de voir le jour.
Ils ressemblent aux yuppies israéliens, européens et américains,
ils pensent à s’enrichir, à bien vivre, et non à se faire sauter dans les
autobus de Tel-Aviv. Ils définissent également les besoins de la société qu’ils
incarnent.
A ce titre, et en contraste édifiant avec ce qui se passe à Gaza
sous le régime du Hamas, l’alcool coule à flots dans les restos et les bars de
la West Bank, les boîtes de nuit à l’occidentale se multiplient plus
vite que les fruits du figuier, et personne ne craint plus les sentinelles de
la chasteté islamique, ni l’imposition du voile sur le visage de nos femmes.
Les brigades de soldats-Dayton (formés par les Américains) y sont
également pour beaucoup, elles ont fait que nos forces de l’ordre sont enfin
devenues crédibles, même aux yeux des responsables israéliens. Elles sont
venues à bout des nids de cellules du Hamas, qui ont pratiquement disparu de la
carte sécuritaire de Cisjordanie.
Ce regain d’activité économique, ce mieux-vivre partout
perceptible, l’instauration de véritables forces de l’ordre font évidemment
reculer les intégristes islamiques. Ainsi, d’après tous les instituts de
sondages, au cas où des élections auraient lieu aujourd’hui, les candidats du
Fatah l’emporteraient haut la main.
Il faut encore ajouter à ces facteurs, que les Etats-Unis ont
reconduit, cette semaine, les sanctions qu’ils imposent à la Syrie, pays hôte de
la direction du Hamas ; en expliquant, justement, que Damas persiste,
malgré son rapprochement avec Washington, à soutenir les organisations
terroristes de la région.
Et la dictature des Al-Assad a encore plus besoin que le Hamas de
sortir de son isolement pour subsister.
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on avance on avance.....