La science est-elle devenue un problème ? Débattons !
C’est l’été, les préoccupations quotidiennes en suspens, l’esprit libre, pour ne plus penser ou pour réfléchir à des questions qui ne sortiront pas au bac de philo. Justement, ça tombe bien, j’ai une question assez décalée qui mérite le détour. La science a toujours été associée au progrès, même si elle occasionne quelques dommages que les plus optimistes pensent être solutionnés par d’autres moyens techniques rendus possible grâce à cette même science. La science est interprétée comme la possibilité de trouver des tas de solutions aux nombreux problèmes que rencontrent les gens et les sociétés. En matière de santé notamment. La science offre aussi des extensions techniques permettant à l’homme d’avoir de plus en plus d’emprise dans le champ des matérialités. Se déplacer, communiquer, calculer…
Et si maintenant on osait remettre en question ce progrès et se demander si la science n’est pas devenue un problème. Allez, une allégorie. Imaginons dans une contrée un type qui invente des outils pour creuser des trous. D’autres types l’observent et se disent, eh bien creusons aussi des trous, alors un banquier se propose de financer la production de ces outils alors qu’une administration se met en place pour surveiller les types qui creusent des trous et débattre pendant de longue réunion de l’endroit où il faut creuser les trous. Par la suite, un organisme est créé à l’initiative des autorités locales pour établir les normes spécifiant les diamètres des trous, leur profondeur et l’espacement. Des fonctionnaires sont chargés de surveiller la mise aux normes des trous. Pendant ce temps, quelques champs autrefois fertiles sont laissés en friche. Les gens s’aperçoivent que les fruits et légumes autrement présents sur les marchés ont disparu. En fait, ils étaient cultivés sur ces champs mais maintenant, les paysans sont employés pour creuser des trous et plus personne ne sait comment cultiver les anciennes variétés.
Cette fable montre comment les hommes se mettent à utiliser des techniques sans trop réfléchir à leur utilité ou du moins, en ne mettant pas en balance les deux options, utiliser une technologie ou bien s’abstenir. Etant entendu que les moyens financiers sont disponibles. Car évidemment, il y a le cas où un ménage par exemple, ne peut se payer un smartphone pour chacun des membres ou alors une berline super-équipée. Mais le banquier est là pour proposer un prêt. Du coup, le ménage s’endette et comme dans la fable, il n’y a plus de fruits et légumes dans l’assiette, pâtes tous les jours, cette fois parce qu’il faut rembourser les crédits contractés pour s’équiper de biens pas forcément nécessaires mais que la ruse de la technique a su présenter comme indispensables. Ces situations sont assez répandues. En allant un peu plus loin, on pourra questionner sur toutes ces innovations que les gens croient indispensables parce que c’est le progrès et que ça ne se refuse pas si l’on ne veut pas vivre au temps de la bougie. Actuellement, les Danois testent un nouveau mode de paiement par bracelet électronique. C’est un sacré progrès. Les gens gagnent 7 secondes à la caisse.
On pourra penser que le constat effectué ne remet pas en cause les fondements scientifiques du progrès et que l’homme étant imparfait, il se trouvera toujours quelques dysfonctionnements et autres excès mais que globalement, les gens y trouvent leur compte. C’est justement cette croyance que je mets en doute, en invoquant une sorte d’acharnement technologique qui pousse à user de manière intempestive des techniques au risque de perdre quelques sens fondamentaux de l’existence. Je pense par exemple à la médecine et l’acharnement sur ces personnes qui ne peuvent se défendre et qu’on maintient en survie comme une tuyauterie avec les perfusions. Souvent en fin de vie. Dans ces hôpitaux que pour ma part, au risque de choquer les bonnes âmes, je considère comme des camps de la mort.
Ecrire une analyse sensée de ces questions est une affaire de longue haleine. Je propose juste quelques pistes de réflexion, avec quelques arrière-pensées même pas dissimulées et une intention caricaturale dans le propos. La technologie est souvent addictive. Nul ne ferait l’éloge de l’alcoolisme alors que les masses se gargarisent de technologie avec la propagande des élites. La science fait des exploits. Elle permet à des grands prématurés de vivre. Elle produit des handicapés à vie. Si j’avais un proche victime d’un grave accident, je préférerais le voir mort plutôt qu’amoché à vie à cause de l’acharnement médical. Pareil pour la fin de vie et ces légumes sous perfusion. Ce ne sont que des détails. D’autres addictions technologiques rendent les hommes domestiqués, voire carrément idiots. Avec les tablettes numériques, la 3-D, les conneries virtuelles. La science se retourne et devient un fléau, comme les drogues. Mais c’est d’époque. Tous addicts. Tous morts dans l’esprit. Pas de guérison en vue. Qu’en pensez-vous ?
Allez, j’en rajoute une couche. Ce ne sont pas les hommes qui ont besoin de la technologie mais l’inverse. La médecine a besoin de grands malades, les industries de la culture et de la communication ont besoin d’imbéciles, les banquiers ont besoin des addictions consuméristes. Le système fonctionne en exploitant les faiblesses et la misère de l’homme. C’est presque pire que le nazisme. C’est aussi un magnifique thème pour un livre sur le Système et la déchéance technologique et crépusculaire de l’humanité.
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