Le solférinien n’est pas un Dahu : il existe !
Il était une fois - mais c'était il y a longtemps - un Parti Socialiste. Un vrai de vrai, qui avait le Socialisme comme base, comme moteur et comme carburant. Il vivait pour le Socialisme, il se battait pour le Socialisme et même que dans ses statuts son fondement anticapitaliste était clairement spécifié.
Mais tout ça, hélas, c'est de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, le Parti Socialiste a gardé son nom. Parti, on le lit bien. Socialiste, on le lit aussi. Mais en pratique, on se demande où est parti le Socialisme.
Dans les années 80 et davantage dans les années 90, le PS a opéré un virage libéral, avec une bande de petits copains qui se sentaient l'âme libérale. Certes, il a réalisé encore quelques belles choses à gauche, comme la retraite à 60 ans, les 35 heures et quelques poussières socialistes. Certes, c'était le temps ou le rouleau compresseur du libéralisme - et plus tard du néolibéralisme - avançait sans pitié, écrasant tout sur son passage. Petit à petit, le Socialisme s'est vu grignoter comme une vulgaire cacahuète et des Hollande, DSK et autres Valls s'imposèrent lentement, mais inexorablement. Et c'est ainsi qu'on a pu voir le Parti Socialiste afficher un rose de plus en plus pâle et un bleu de plus en plus étincelant. Le défaitisme, la couardise et l'inculture idéologique ont servi d'engrais au libéralisme que la droite a su imposer sans grande difficulté.
A partir de 2005, le virage néolibéral est devenu serré. Il fallait les voir comment ils tiraient le volant à droite, comment les roues crissaient et les enjoliveurs sautaient, les uns après les autres... Et à chaque enjoliveur rose qui sautait, le trou hideux du néolibéralisme apparaissait dans toute sa laideur. Il fallait voir les gros pontes du PS mener campagne mensongère pour le OUI au Traité Constitutionnel Européen (TCE). Main dans la main avec l'UMP, main dans la main avec les sociaux-libéraux européens. Soyons pragmatiques, il n'y a pas d'alternative ! Il n'y a pas d'alternative ! There is no alternative ! TINA ! TINA ! L'Internationale n'était plus chantée au Parti Socialiste : TINA était devenu son hymne.
Quand Sarkozy décida de s'asseoir sur le rejet français du TCE , on pouvait espérer encore que le PS se ressaisisse, qu'un sursaut de conscience le ramène à gauche, mais rien ! Le Traité de Lisbonne fut pondu rapidement - triste copie du TCE rejeté - et une fois de plus le PS se retrouva du côté de l'UMP pour construire une politique supranationale néolibérale. Même chose en 2012, avec le MES et le TSCG. Pire encore pour le TSCG Merkozy, le PS étant majoritaire au Parlement : la ratification s'est passée comme si rien n'avait changé avec le retour du PS au pouvoir !
Depuis un an, la politique néolibérale et le langage qui va avec fleurissent au PS, dans sa plus haute expression politique : compétitivité, réduction du coût du travail, cadeaux au MEDEF, flexibilité du travail, austérité, troupeau de ministres envoyés à l'université d'été du MEDEF et des cars de CRS envoyés aux travailleurs en lutte, défense de Mittal, pragmatisme néolibéral, la-Finance-on-ne-peut-rien-contre, il n'y a pas d'alternative, TINA, TINA...
Dans le plus grand amalgame et avec une hypocrisie sans limites, ces gens qui parlent comme l'UMP se prétendent de gauche. Socialistes, osent certains. Sociaux-libéraux, avouent d'autres, plus décomplexés. Mais comment peut-on encore les appeler socialistes, quand les digues avec l'UMP ont sauté ? Comment peut-on encore les appeler socialistes, sans offenser et blesser les camarades socialistes qui se trouvent encore au PS et qui luttent réellement pour faire entendre leur voix socialiste ? Comment faire la différence entre les véritables socialistes PS et les néolibéraux déguisés se servant du nom du parti pour imposer les idées du parti d'en face ?
Vu que le PS refuse de changer de nom au profit d'un honnête Parti Social Démocrate (PSD) ou d'un plus honnête encore Parti Social Libéral (PSL), il ne nous reste plus qu'à profiter du S de son acronyme et l'appeler Parti Solférinien. Respect total pour les camarades socialistes qui composent l'aile gauche (et quelle douleur de devoir parler d'aile gauche dans parti qui se prétend de gauche !). Mépris et combat total du solférinien, ce soi-disant socialiste qui a tourné le dos au Socialisme et qui impose aujourd'hui le plan de la Finance, faisant voter avec des pratiques honteuses l'Accord National Interprofessionnel (ANI) made in MEDEF. Ou qui refuse l'amnistie sociale à ceux qui luttent pour le social et contre les ravages du capitalisme néolibéral !
Le solférinien, malheureusement, existe. Les socialistes, heureusement, existent aussi. Étouffés au PS, ils se regroupent de plus en plus en dehors, au Front de Gauche, où ils retrouvent un Socialisme courageux, pragmatique et réaliste : l'écosocialsme !
Alin Tranca
Billet publié initialement sur Gauche au Front.
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