La stratégie de Trump pour répondre à l’Iran
Il est clair que le président américain Donald Trump n’a pas l’intention de lancer une frappe militaire limitée ou à grande échelle contre le régime des mollahs iraniens en réponse à la menace que ce régime fait peser sur la sécurité énergétique mondiale en lançant des attaques contre les installations d’Aramco. C’est ce qu’attestent les déclarations claires du président Trump à cet égard, ou les déclarations du secrétaire américain à la Défense.
Mais la dernière preuve est venue des avertissements de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, au président Trump, contre une attaque militaire contre l’Iran en réponse à l’attaque d’Aramco. Les avertissements de Pelosi n’ont peut-être pas ajouté grand-chose à la position du président Trump, qui ne planifie pas essentiellement une action militaire. Mais elle a des implications importantes pour la vision du Congrès américain des relations stratégiques entre les deux alliés, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite.
Lors d’une interview à la radio, Mme Pelosi s’est déclarée convaincue que Washington n’était pas responsable de la protection de l’Arabie saoudite. Lorsqu’on lui a demandé si Washington devait mettre sur la table des options militaires contre l’Iran, après l’attaque d’Aramco, elle a répondu : « Je ne vois aucune responsabilité pour nous de protéger et défendre l’Arabie saoudite. De quel accord ça fait partie ? »
L’orateur a déclaré que Trump n’était pas autorisé à faire la guerre à l’Iran sans l’approbation du Congrès. Pelosi a clairement indiqué que les pouvoirs présidentiels permettent de prendre de telles décisions sans consulter les législateurs lorsque les États-Unis, et non l’Arabie saoudite, sont attaqués de l’extérieur.
Décidément, Pelosi est bien conscient que Trump n’a pas l’intention de le faire. C’est pourquoi Pelosi a voulu bloquer tout plan allant dans ce sens de la part d’autres institutions décisionnelles américaines. Dans la même interview, Pelosi a exprimé sa conviction que Trump ne cherche pas à faire la guerre à l’Iran, pointant du doigt les propres critiques de Trump sur l’invasion de l’Irak, que le président de la Chambre des représentants a décrit comme la plus grande erreur de l’histoire américaine.
La stratégie du Président Trump pour gérer la crise de l’attaque d’Aramco est basée sur deux points.
Tout d’abord, Trump a exclu l’action militaire et en a fait la dernière alternative stratégique disponible. Certaines de ses remarques suggèrent qu’une exclusion complète de cette alternative, au moins dans un avenir prévisible.
Le président Trump a déclaré il y a environ une semaine que les États-Unis ne veulent pas de guerre avec l’Iran. Interrogé juste après les attaques saoudiennes sur la question de savoir si la diplomatie avec l’Iran était maintenant épuisée, M. Trump a répondu :”Elle n’est jamais épuisée.« Trump restera attaché à l’option des négociations, même si cette option s’est heurtée à des échecs et au rejet iranien.
Le deuxième point de la stratégie du président Trump concerne le rôle des Etats-Unis dans la défense de la sécurité de l’allié saoudien. M. Trump a dit qu’il croyait que c’était en grande partie à l’Arabie saoudite qu’il incombait de se défendre et que s’il y avait une protection pour l’Arabie saoudite, c’était à elle de payer une grosse somme d’argent.
Cela n’est pas surprenant étant donné l’approche du président Trump à l’égard des alliés stratégiques des États-Unis, et pas seulement de l’Arabie saoudite. Trump traite de la même manière avec les alliés de l’OTAN en Europe ainsi qu’avec la Corée du Sud et le Japon.
Cette politique, que beaucoup critiquent, ne s’applique pas seulement au Royaume. C’est l’approche du Président Trump pour gérer toutes les crises qui n’affectent pas directement la sécurité américaine.
Compte tenu des deux points stratégiques de Trump, on ne peut pas dire que les Etats-Unis craignent une réaction iranienne. L’écart est énorme dans l’équilibre des forces militaires entre les deux pays. Mais ce que Trump craint, c’est tout impact négatif sur ses chances de gagner la prochaine élection présidentielle.
Un affrontement militaire torpillerait la campagne électorale du président Trump, qui appelle au retrait des troupes américaines des zones de conflit et au retour des troupes américaines chez elles. Le retrait est un aspect important du discours électoral du président Trump lors de sa première campagne. Il lui est difficile de revenir en arrière dans la campagne pour gagner un second mandat, sinon il perdra sa crédibilité aux yeux de ses supporters.
De plus, l’un des éléments de cette campagne est de faire payer les Alliés pour leur sécurité. Il lui est également difficile de se retirer de cet objectif.
Pour le président Trump, toute la question concerne sa campagne, pas autre chose. Le problème, cependant, c’est que le régime des mollahs le sait très bien. Ils pensent que la Maison-Blanche n’est pas du tout disposée à s’aventurer et vont donc trop loin dans leurs escapades. Ils continuent leurs abus sans s’inquiéter d’une réaction rapide des Etats-Unis.
La question est maintenant de savoir si le président Trump ne devrait pas exclure une telle option militaire et au moins équilibrer le gros bâton et la carotte dans ses rapports avec les mollahs ?
Le régime iranien, comme l’expérience l’a montré, ne comprend que le langage du pouvoir. Nous avons vu comment le régime a coopéré et s’est pleinement conformé aux exigences américaines par peur pendant les guerres en Afghanistan et en Irak.
Parce qu’il n’a pas d’histoire politique, qu’il a une confiance écrasante dans ses propres opinions et conclusions et qu’il n’écoute pas beaucoup ses conseillers et stratèges, le président Trump a envoyé des messages positifs excessifs aux mollahs, les encourageant dans leurs comportements régionaux irresponsables. Il est peu probable qu’ils reculent à moins de recevoir des messages fermes des États-Unis et de la communauté internationale.
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