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Accueil du site > Tribune Libre > La superpuissance chinoise : nouvelle Route de la soie et internationalisation

La superpuissance chinoise : nouvelle Route de la soie et internationalisation du yuan

 

L’internationalisation du Yuan et l’initiative de la nouvelle route de la soie sont deux priorités politiques pour la Chine

La Belt and Road Initiative (BRI) ou nouvelles routes de la soie n’a peut-être qu’une poignée d’années derrière elle, mais de nombreux fondamentaux étaient en mouvement depuis des années avant le lancement officiel en 2013.

Il y a près de deux décennies que le gouvernement chinois a commencé à encourager les entreprises publiques à investir à l’étranger avec sa politique d’ouverture. L’objectif : l’internationalisation. Cette volonté est également devenue centrale dans la stratégie de la BRI qui consiste à investir dans des infrastructures maritimes et ferroviaires pour faire le pont entre la Chine et l’Europe. Pour l’empire du Milieu, il s’agit de s’intégrer plus profondément dans le système économique internationale pour asseoir son hégémonie commerciale.

Un élément clé de cette intégration est également la fameuse internationalisation de la monnaie renminbi (RMB), plus communément appelé yuan. Les efforts de la Chine ici ont officiellement commencé en 2009, lorsqu’elle a permis le premier pool de devises offshore à la disposition des entreprises nationales. Les avantages sont les suivants :

  1. Réduction les risques de taux de change pour les exportateurs et les importateurs ;
  2. Soutien du commerce chinois pour limiter les risques de choc de l’offre sur le dollar américain (comme ce fut le cas pendant la crise financière de 2008).

L’économie internationale en bénéficierait également : l’internationalisation du renminbi offre un accès plus large aux marchés de capitaux offshore du renminbi, ce qui peut réduire les coûts d’emprunt. En effet, les taux d’intérêt sur le marché obligataire offshore en renminbi, basé en grande partie à Hong Kong (également connu sous le nom de « marché des dim sum »), sont généralement inférieurs à ceux des marchés chinois onshore. Et pour les entreprises internationales opérant en Chine, l’utilisation du renminbi réduit les risques de change et peut offrir de meilleurs prix.

Il reste néanmoins des inconvénients. L’internationalisation du renminbi pourrait compliquer la politique monétaire de la Banque populaire de Chine (PBOC), rendant difficile le maintien de la libre circulation des capitaux, la stabilité du taux de change et une politique monétaire indépendante. Plus précisément, cela élargirait la possibilité pour les résidents et les non-résidents d’acheter et de vendre en monnaie nationale (des actifs financiers par exemple). Ceci limiterait ainsi la capacité de la banque centrale à influencer les taux d’intérêt intérieurs et la masse monétaire par le biais d’opérations d’open market (achat/vente de titres publics).

De plus, si le renminbi devient une monnaie de réserve, la banque centrale assumerait davantage de responsabilités vis-à-vis du reste du monde, car les politiques macroéconomiques des pays émetteurs de monnaie de réserve ont souvent des retombées importantes. Cela pourrait réduire la marge de manœuvre de la Chine pour sa politique économique interne.

Etant donné que l’internationalisation du renminbi et la BRI continuent d’être des priorités pour la Chine, nous entendrons de plus en plus parler de ces initiatives dans les années à venir.

Le yuan et les routes de la soie

Les politiques chinoises sont axées sur le long terme

Bien que le renminbi ne représente que 1 % des réserves de change allouées dans le monde (contre 63 % pour le dollar) et environ 2 % des paiements mondiaux, sa portée s’est accrue et notamment cette année 2020.

Environ 60 pays détiennent des réserves de renminbi, et la Banque populaire de Chine (PBOC) a signé des accords bilatéraux d’échange de devises avec 32 pays, destinés à soutenir le commerce et l’investissement et à accroître l’utilisation du yuan à l’échelle internationale. La pondération de la devise chinoise dans les paniers de devises régionaux d’Asie a également augmenté régulièrement depuis 2008.

Cependant, avec les contrôles des capitaux en place, aucun calendrier clair n’est fixé pour la convertibilité totale du renminbi. Il ne semble pas y avoir de déclencheurs évidents pour propulser la croissance de la monnaie dans le commerce international, à l’exception justement de la BRI.

 

 

 

La BRI va-t-elle renforcer le renminbi ?

La question est maintenant de savoir si la BRI peut à terme renforcer le rôle du renminbi dans l’économie mondiale ? Et quels seraient les avantages potentiels pour les nombreuses entreprises associées au projet de la BRI ? Une grande partie de la réponse réside dans la compréhension du succès de l’internationalisation à ce jour.

La Chine a jusqu’à présent emprunté la voie la moins fréquentée pour l’internationalisation de sa monnaie, essayant de développer un marché du renminbi offshore tout en maintenant des contrôles stricts des capitaux et en réglementant étroitement les marchés financiers.

L’internationalisation du renminbi a semblé décoller entre 2010 et 2015. Les paiements à l’importation ont dépassé les paiements à l’exportation en renminbi, créant une sortie de devises qui a vu les dépôts offshores de renminbi passer de presque zéro à plus de 300 milliards de dollars en 2015. Les attentes du marché pour un renminbi plus fort ont boosté les flux et accéléré l’internationalisation de la devise.

Mais le processus a ralenti entre 2015 et 2017 alors que la banque centrale chinoise a atténué son contrôle monétaire. Les paiements en renminbi pour les importations ont diminué, tandis que les attentes du marché sur la dépréciation du renminbi se sont accrues. La valeur du renminbi offshore a donc chuté, le flux de devises est revenu de l’étranger et le stock de dépôts de renminbi offshore a diminué de moitié. Les contrôles des capitaux et la politique de désendettement financier ont également pesé sur l’internationalisation, limitant le flux de capitaux vers les investissements à l’étranger. Nous avions vu précédemment que le contrôle des capitaux de ses citoyens était une problématique essentielle du pouvoir communiste.

Il semble aujourd’hui que tout l’occident soit d’accord pour stopper l’expansion chinoise qui se traduit par ses deux projets principaux d’internationalisation du yuan et de nouvelles routes de la soie.

La diabolisation de la Chine sera-t-elle suffisante face à ce changement géopolitique et économique structurel ?

Franck Pengam

www.geopolitique-profonde.com

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3 réactions à cet article    


  • Arogavox Arogavox 24 décembre 2020 11:55

    En matière de géostratégie mondiale, serait-il pertinent et crédible de s’attarder sur des questions sentimentales en spéculant sur des ’diabolisations’ prêtées à on ne sait qui ?

     Les curieux, pas tous atteints d’Alzheimer, peuvent avoir le souvenir d’une ancienne enquête diffusée sur chaîne TV française de la plus grande audience ... curieusement oubliée depuis presque des décennies ... et qui témoignait déjà de la proclamation par un officiel Chinois de visées à long terme des ’représentants’ des Chinois ... 
     La vidéo suivante évoque une date charnière (2049) qui serait visée par des dignitaires chinois ... video : https://youtu.be/75BkDzBGo3M


    • Arogavox Arogavox 24 décembre 2020 12:16

      extrait de : http://institut-thomas-more.org/2019/09/17/2049-la-chine-de-demain-et-son-ombre/  =

      " tournons-nous d’abord vers ce que nous dit l’actuel souverain, Xi Jinping, du futur de la Chine.

      Demain, en 2049, pour les cent ans du Parti communiste, le grand projet de restauration de la nation chinoise sera réalisé, et de nouveau le monde-Tianxia sera sous l’emprise du pouvoir chinois. Car la restauration d’une Chine puissante et resplendissante, ce sera aussi la restauration des vertus politico-religieuses de son principe actif, c’est-à-dire de son gouvernement et de ce qui le détermine, le Parti Communiste Chinois (PCC).

      Ainsi le futur dans lequel se projette la Chine, sera un retour vers le passé de la Chine impériale : un futur où le monde-Tianxia sera non seulement contrôlé par l’Etat-Parti, mais aussi, comme sous la dynastie Shang, produit par les mots et les actes de celui qui aura installé son trône dans le sens de l’Histoire : le président de la République Populaire de Chine (RPC), et mandataire du Ciel, aidé de sa bureaucratie céleste, le susnommé PCC.

      "


    • zygzornifle zygzornifle 25 décembre 2020 10:16

      On attend toujours la superpuissance Française, ha on est déjà les premiers au niveau taxes et prélèvements divers, on ne peut pas jouer sur tout les tableaux ....  

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